Du grand n'importe quoi !

- 26 mai 2023 - Par Ragnar Atimgonn

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La première bulle de ce SISMIX 2023 éclate après une dernière main à coucher dehors
Le taulier espagnol Javier Tsunamy a tout emporté sur son passage et termine en tête
Main Event 5 500 dirhams (Fin du Day 1A)

Tsunamy
L'organisation du tournoi nous avait annoncé une fin de journée autour d'une heure du matin, au mieux. Un excès de prudence dont n'ont aucunement fait preuve les joueurs de ce Day 1A. Dès 23h10, on connaissait les 71 premiers joueurs in the money sur ce SISMIX 2023, survivants d'une journée éclair ayant rassemblé 421 entrées. Alors que s'est-il passé ? Accrochez-vous bien, c'est sportif. Pour commencer, jamais le rythme des éliminations n'a semblé vouloir faiblir, même à une quinzaine de places du moment fatidique. Au point de faire chuter d'un coup le compteur de 76 à 72 restants. Après une brève vérification, le main par main est déclenché. Il durera... une main.

Hossam
Table 12, tout part en vrille. Derrière une ouverture du joueur au hi-jack, payée un cran plus loin par Mohamed Hossam (photo), Javier Tsunamy, pilier du Es Saadi depuis les temps immémoriaux, porte-parole, mascotte du clan espagnol à Marrakech, et dans les hauteurs du classement du haut de son tapis de 750 000, envoie la boîte. Le relanceur initial s'écarte mais pas Mohamed, qui met en jeu ses 25 blindes. Le temps que toutes les autres tables en terminent, les jeux sont dévoilés. Par mesure de précaution, nous vous demanderons d'écarter les enfants de l'écran, ce qui suit est d'une violence inouie : 92 chez Javier et... 32. Tous les observateurs sont estomaqués, même un Pierre Calamusa qui en a pourtant vu d'autres. Personne ne sait vraiment comment réagir, ce qui n'empêche pas le croupier de dévoiler le board. Jusqu'au turn Q25T, on croit à un partage, mais la rivière 8 laisse les positions en l'état. Le choc est total mais qu'importe : tout le monde est dans l'argent, sauf Mohamed, qui reviendra vendredi pour tenter de faire mieux.

Anas Tadini
Cette bulle a bien failli faire une deuxième victime, en la personne d'Anas Tadini. Le maître des lieux a poussé ses 20 blindes au milieu dans le noir, et s'est fait payer par son voisin de gauche, le chipleader Mehdi Lebbadi. Avec 6-4 off, le Marocain est en mauvaise posture contre AQ mais trouve un 4 au turn pour rester en vie et doubler, à son grand mécontentement. Vous n'avez rien compris ? Nous non plus.

Un raz de marée nommé Tsunamy

Tsunamy
Cette dernière main nonsensique ayant rebattu les cartes, Javier Tsunamy endosse in extremis le costume de chipleader de ce Day 1A avec un millions de jetons tout pile, aux dépens de Mehdi Lebbadi, qui rétrograde en deuxième place (voire plus bas). Forcément, des explications s'imposent. "Mohamed me dit 'En fait, je n'ai pas envie de passer au Day 2 avec aussi peu de jetons.', nous raconte l'Espagnol. J'entends ça, je lui dis 'Mais tu as 25 blindes !' Mais il paie quand même en me disant 'J'ai une poubelle...' 'Elle ne peut pas être pire que la mienne !' Je pensais vraiment qu'il ne pouvait jamais me payer, mais pourtant." Pour ajouter un peu de contexte, en tant que grands habitués du Es Saadi, les deux hommes se connaissent très bien, pour avoir passé de nombreuses heures à s'affronter ici, aussi bien en tournoi qu'en cash game. Et l'un comme l'autre ne sont visiblement pas à un buy-in de 5 500 dirhams près...

Alors Javier, ça fait quoi de voir le SISMIX revenir à la maison ? "C'est super, j'adore ce festival, ce mélange de poker et electro. La journée on fait la fête à la piscine, le soir c'est au Theatro, ça ne s'arrête jamais. Histoire de chipoter un peu, j'aimerais bien que les buy-ins soient un peu plus élevés, parce qu'à Marrakech on a l'habitude de jouer plus cher. Mais je comprends que Winamax cherche à attirer davantage de joueurs, pour monter un énorme festival, sortir de super vidéos. En tout cas, je passe un super moment à chaque fois.- Flegmatic

Le Top 10

Bilan Day 1A

Prénom Nom Jetons
Javier TSUNAMY 1 000 000
Mehdi LEBBADI-BRETEAU 950 000
Pierre CALAMUSA 750 000
Davidi KITAI 680 000
Abderrahim INEFLAS 665 000
Sion MADAR 578 000
Valentin PINAULT 573 000
CONFIA88 566 000
Christophe BEYER 558 000
Flaviano CAMMISULI 553 000

Day 1A : le chip-count officiel

Mehdi Lebbadi, une journée au paradis

Mehdi Lebbadi
Même s'il rate la place de chipleader pour quelques jetons au profit de l'Espagnol Javier Tsunamy, le Français Mehdi Lebbadi (photo) aura vécu une journée de rêve. Avec 950 000 jetons bagués à l’issue de ce jour 1A, le natif de Toulouse a réussi le coup parfait pour son tout premier tournoi à ce niveau en finissant à la seconde place du classement ! À 47 ans, Mehdi est plutôt un joueur de cash-game mais ce qui le fait vibrer, ce sont les tournois. Le mois dernier, il a remporté son premier tournoi, un 210 euros dans la ville rose, dans un festival bien-nommé "Pink City" pour un gain de 2 190 euros. Et s’il a mis du temps avant de sauter le pas, c’est aussi parce que Mehdi a un métier plutôt prenant : ce radiologue aura passé sa journée à lire à travers les cartes, et parfois les joueurs.

S’il a longtemps vécu avec son stack de départ, sa journée aura vraiment décollé à partir des niveaux 5 et 6. Mehdi a alors enchaîné les bluffs et les hero calls, dans un timing parfait où toutes les décisions prises sont les bonnes. Une journée comme en rêvent tous les joueurs de poker. « Je me suis fait vraiment plaisir. C’était incroyable et pour tout avouer, je n’en reviens toujours pas. » me confie-t-il quelques instants après avoir officiellement emballé son stack. Désormais assuré de revenir au jour 2, et dans l’argent, puisque tous les qualifiés sont ITM, le joueur de Haute-Garonne laisse libre cours à sa joie d’être ici, et dans une telle position.

« Franchement, c’est un rêve. Je suis ici, au SISMIX, dans un tournoi entouré de toutes ces stars du poker que je regarde en vidéo au quotidien. Quand je vais raconter ça à mes potes, ils ne vont pas en revenir. »  Et de poursuivre : « J’ai eu à ma gauche la joueuse pro Leo (Margets) et j’en avais presque les mains qui tremblent. C’est quelque chose pour un amateur comme moi de côtoyer des professionnels du poker qui sillonnent la planète toute l’année. » Assis à la même table une bonne partie de la journée, il aura longtemps bataillé avec un local de l’étape, l’expérimenté Anas Tadini.

« Je ne le connaissais pas, mais on s’est beaucoup frotté. C’est quelqu’un au fort caractère, mais il a l’air gentil. J’ai vite compris quel genre de joueur c’était et il a amené beaucoup de dynamique à la table, une belle agressivité dans le jeu. Malheureusement pour lui, j’ai tout rentré dès qu’on s’affrontait. » enchaîne-t-il. Et de conclure, philosophe : « Finalement, le seul coup que je perds contre lui, c’est le dernier. Quand j’ouvre As Dame à trèfles, je suis obligé de le payer. Et quand je vois son 6-4 off, je me dis que je peux finir encore mieux. Malheureusement, il fait son 4 à la turn. Tant pis pour moi, tant mieux pour lui. Il sera aussi là au jour 2, il mérite. Mais je lui aurais bien pris ses 115 000 derniers jetons quand même. » conclut-il dans un rire fataliste.

Loin de se plaindre, Mehdi admet avoir aussi beaucoup touché de premiums tout au long de la journée. « Maintenant, je vais essayer de décompresser. Je n’ai pas le choix de toute façon, parce que je dois aller chercher ma fille à l’aéroport. Elle a 18 ans et me rejoint ici ce soir. J’ai voulu venir avec elle parce que j’ai gagné un pack sur Winamax : vol, hôtel, buy-in du Main Event, la totale. Franchement, c’est le kiff ! À présent, je vais pouvoir profiter de la piscine et du soleil avec ma fille. Je vais voir peut-être pour disputer un autre tournoi avant le jour 2. Mais je n’ai même pas vraiment encore regardé le programme en fait… » poursuit-il dans un sourire sans fin.

Les chipleaders sont généralement plutôt contents de terminer leur journée de poker dans cette position, mais rarement un joueur aura affiché autant d’enthousiasme sincère d’avoir vécu la journée idéale. C’est aussi ça la magie du SISMIX : vivre son rêve, tout simplement. - Ragnar

Team W : ils sont peu mais ils font des envieux

SISMIX
On évoquait une fin de journée accélérée et foutraque. Ce fut le cas pour aussi pour le Team Winamax à la conclusion du Day 1A. Sortie en 80e place pour Mustapha Kanit, bad beat en 75e position pour Gaëlle Baumann (As-Roi contre As-Dame), extinction deux places plus tard pour Leo Margets... une hécatombe parfaitement synchro avec l'arrivée du main par main. Pas grave : sur nos tournois live, c'est toujours la fête, y compris dès qu'il s'agit de re-entry. On retrouvera donc tout ce beau monde vendredi dans les starting blocks du Day 1B. Et avant ça, on a tout de même deux grandes figures du Team à célébrer dès ce soir. Vainqueur de la toute première édition du SISMIX en 2014, Davidi Kitai a régalé les spectateurs du stream avec une prestation à la hauteur de son statut. "On m'a beaucoup bluffé ! J'ai joué beaucoup de coups, et finalement je n'ai pas run si good. Les coups faciles, je les ai pas gagnés. Regarde par exemple : deux As, j'etends tapis, tapis. En face : 99 et Roi-9. Je l'ai perdu, celui-là ! Non au final, je suis arrivé en me disant 'tu ne vas pas re-entry, tu vas tout donner sur la première bullet. J'ai joué sérieusement ! D'ailleurs, tant que j'y repense, quand j'ai gagné en 2014, j'avais re-entry le maximum : 6 fois. Et au dinner-break du dernier Day 1, j'avais la moitié du starting stack." Trêve de nostalgie : Davidi sera au Day 2 avec 680 000, en quatrième position au classement provisoire.

Pierre Calamusa
Mais, malgré sa stature de patriarche de l'équipe, le Génie doit s'incliner ce soir face à son cadet Pierre Calamusa, dont le Day 1A s'arrête un cran au-dessus, avec 739 000. « Que des coups de dingue », rigole Pierre en comptant ses jetons. Allez, raconte-nous juste le plus fou d'entre eux. « Il y a cette dame âgée, qui avait joué très serré jusque-là. Et là, elle annonce 'Je vais maintenant jouer tapis ou fold.' En fait, elle n'avait plus que des gros jetons de 5 000 et elle refusait de faire de la monnaie par superstition ! La voilà donc qui open shove UTG pour 20 blindes. Derrière, Rabah Ait Abdelmalek, reshove au bouton, 30 blindes. Et moi : deux Dames de petite blinde. Bon, ben tapis 20 blindes. Et là : grosse blinde qui snap call. » Les jeux, Pierrot ! « La dame âgée Roi-9 avec le 9. Rabat : deux Valets. Grosse blinde : deux Rois. Je commence à râler, genre bordel, c'est pas possible. Flop : Valet-2-3, Rabat passe devant. Turn : Dame de cœur, les deux autres ont tirage couleur. » L'inoffensif 7 sur la rivière offrira au VietF0u un rare quadruple up sur un plateau oriental.

Bilan : deux logos W déjà au Day 2... et il reste encore aux autres trois Day 1 pour les imiter !

Du beau linge bien repassé

Nicolas Dumont
Outre nos deux têtes de gondole, les visages familiers étaient légion autour des dernières tables du Day 1A. Du détenteur de bracelet WSOP (Jonathan Therme, 260 000, Alexandre Réard, 203 000), du Red Diamond récemment vu en finale du WiPT (Christophe Beyer, 558 000), de l'abonné à vie à nos évènements live (Mathieu Lamagnère, 105 000), du taulier du streaming (Hadrien « Chance44 » Gallois, 354 000), du top reg online (Maxime Chilaud, 496 000)... Mention spéciale à Nicolas Dumont (photo) : le champion EPT a joué sa botte secrète favorite, à savoir s'inscrire en super late reg juste après l'atterrissage de son avion. « Je suis arrivé à 17h, j'ai pris une douche, à 19h j'étais à table. On était au Level 11. » Dumont sera au Day 2 avec 300 000, et souvenez-vous : la dernière fois qu'on l'a vu faire cette manip', c'était sur le Main Event des WSOP 2021. Il avait terminé 23e sur 6 650 joueurs, pour 242 000 dollars de gains...

Christophe Beyer
Christophe Beyer : n'est-il un Main Event Winamax où cet homme n'inscrit pas son nom ?


SISMIX
Des gros joueurs à table, du gros son au bord de la piscine, des mines réjouies de part et d'autre : ce SISMIX est définitivement lancé sur de bons rails. Et côté chiffres, l'affluence sur le premier Day 1A (421 inscrits) frôle celle de la même journée sur le WPO Bratislava d'octobre dernier. Vous savez, le tournoi qui a battu le record du monde pour une épreuve 6-max. Si vous voyez là où on veut en venir...

SISMIX
Le Day 1B du Main Event débutera à midi (13h en France). En attendant, on va aller faire un tour du côté d du tournoi de beer pong, dont on entend encore les beuglements à 10 kilomètres à la ronde malgré l'heure tardive. À très vite ! - Benjo

Galerie photo officielle du SISMIX

Servis sur un plateau

- 25 mai 2023 - Par Benjo DiMeo

Main Event 5 500 dirhams (Day 1A)

Winamax SISMIX 2023
Les équipes de Winamax TV nous ont habitué à des installations TV grand luxe. Mais là, on peut dire que les collègues se sont surpassés, sans doute galvanisés par le décor tout à fait paradisiaque des jardins du Es Saadi Resorts. A-t-on jamais observé une partie de poker streamée cards up dans un tel écrin ?

La nuit est désormais tombé sur le plateau, mais prenons un moment pour revenir en arrière et admirer les lieux de jour, avec ces photos désormais un poil obsolètes puisque Mehdi Chaoui, entre autres, n'est plus des nôtres dans ce Day 1A.

Winamax SISMIX 2023

Un mariage et ça repart

- 25 mai 2023 - Par Flegmatic

Main Event 5 500 dirhams (Day 1A)

Yasser - Yerim

Le Main Event n'avait pas encore démarré que nous étions déjà au courant de l'histoire, colportée par notre photographe Caroline Darcourt. "Il faut absolument que tu ailles leur parler, c'est un père et son fils, ils viennent de Dakar et ils jouent tous les deux sur le festival." Ni une, ni deux nous avons filé sous la géode du plateau télévisé, pour faire la rencontre de Yasser (à gauche), devenu dans un premier temps personnage secondaire de notre scénario culinaire impliquant Davidi Kitai. C'est une fois le coup passé et la tension retombée que l'échange a pu avoir lieu. "Nous étions venus depuis Dakar la semaine dernière à Marrakech avec mon fils Yerim, pour le mariage du fils d'un ami, raconte le papa. C'est là que nous avons vu Caroline [qui travaillait sur l'événement, NDLR], que je connaissais déjà un peu. Et elle nous a embarqué dans l'histoire : 'Hors de question que vous partiez alors que le SISMIX va avoir lieu dans quelques jours !'"

Connaissant sans doute le passif de joueur du père et du fiston, elle n'a semble-t-il pas eu beaucoup de mal à les convaincre. "Mon fils a terminé quatrième du Dakar Poker Tour cette année, et moi j'ai beaucoup joué à une époque. Nous sommes basés au Sénégal maintenant, mais j'étais au Canada avant," où il a notamment tapé le carton dans le très beau cadre du Playground Poker Club à Montréal. Avant de transmettre la passion au rejeton ? "Je le suspecte d'avoir appris en cachette !"

Revenu au Es Saadi, où il n'avait pas joué depuis longtemps, Yasser découvre l'ambiance si particulière des festivals Winamax, et leurs tables 6-max. "C'est la première fois de ma vie que je joue à six par table. C'est super, surtout pour moi qui suis un joueur agressif." Après avoir récupéré les 35 000 derniers jetons de Louis, son voisin de droite qui avait tenté de bluffer Kitbul, il poursuit. "J'étais comédien de théâtre depuis 2004, et on le sait, le poker, c'est beaucoup de comédie. Surtout, j'adore lire sur les visages, imaginer la vie des gens. Et je pense être plutôt bon pour déterminer à leurs expressions si quelqu'un est du genre flambeur ou radin..."

Une carrière qui se conjugue cependant aujourd'hui au passé. "Le Covid a mis un terme à ça. À la place, je me suis reconverti en promoteur immobilier au Sénégal. Mon fils, qui a fait des études de marketing, travaille lui dans une grosse boîte de construction... mais pas avec moi !" Le temps de taper ces lignes, le parcours de Yasser sur ce Main Event a pris fin peu après le dinner break, tandis que Yerim, engagé sur le Tornado, fera son entrée vendredi sur le Day 1B. Mais quoi qu'il en soit, le ton est donné. "Le mariage, c'était une semaine de fête. C'était brutal." Parfait, le SISMIX, c'est la même chose !

Coup de barre et barre de rire

- 25 mai 2023 - Par Ragnar Atimgonn

Main Event 5 500 dirhams (Day 1A)

Kanit
Mustapha Kanit : le team pro Winamax a perdu les mauvais coups au retour du dinner break

Retour de dinner break pour la grosse centaine de joueurs toujours en lice. Parmi eux, le team pro Winamax Mustapha Kanit se maintient discrètement dans le ventre mou du tournoi. Et malheureusement pour lui, il enchaîne les mauvaises rencontres, à l'instar de ce coup joué à tapis préflop contre un petit tapis. Après une relance avec les Rois en main, le short-stack de small blind pousse tout avec KQ et se voit bien entendu payé sans coup férir. Mais avec un Valet et un 10 au flop, les tirages mettent à mal Kanit : un As au turn clôt le débat pour une quinte qui vient rogner le stack dangereusement atteint du team pro.

Calamusa
Pierre Calamusa, qu'on ne présente plus (à droite, pour ceux qui ont encore un doute...)

À l'inverse, son collègue Pierre Calamusa, à la table d'à côté, anime brillamment et bruyamment sa table, tel un G.O. du Club Med survitaminé qui serait payé à la vanne. Entre deux capsules vidéos pour la caméra maison, dont Pierre s'acquitte avec le talent et la gouaille qui ont construit son charme désormais légendaire, les échanges à la ronde fusent. Avec un journaliste poker de passage, qui lui lance : "J'ai joué avec ta copine toute la soirée hier (faisant a priori allusion à leur participation commune au tournoi media qui avait lieu hier soir).", Pierre lui répond : "Tu parles de poker j'espère ?", déclenchant un rire général.

Mais Pierre, dans son style entraînant et jovial, n'en reste pas moins un joueur attentif à sa table. La preuve ? Il déclare un stack conséquent, le plaçant dans le haut du classement. Et cette poussée de jetons est pour beaucoup dûe à une belle rencontre, quand Pierre avec les Dames fait sauter deux joueurs, titulaires d'une paire de Valets pour l'un et d'une paire de Rois pour l'autre. Tout est parti préflop, comme souvent dans une telle configuration et si le flop a offert un Valet, la turn a révélé une Dame pour un strike détente.

Kitbul Delight

- 25 mai 2023 - Par Flegmatic

Main Event 5 500 dirhams (Day 1A)

Il est temps pour l'auteur de ces lignes de vous faire une confession : c'est un grand gourmand. Et ce qu'il y a de bien à Marrakech, c'est que question petits plaisirs sucrés, il y a de quoi faire. Hors de question de rater un petit-déjeuner à l'hôtel si figurent au menu ces petites crêpes aérées et autres grandes galettes rectangulaires à badigeonner soigneusement de miel ou de confiture. Gourmand, on vous dit, on ne se refait pas. Mais depuis toutes ces années à suivre le poker en général et le Team Winamax en particulier aux quatre coins de la planète, on prend goût à une douceur d'un autre genre. La saveur n'est jamais tout à fait la même, mais on retrouve toujours le même parfum de suspense, les petits picotements qui nous parcourent la nuque et les poils qui se hérissent. Cette gourmandise, c'est le Kitbul Delight. Et son artisan confiseur Davidi Kitai vient de nous en confectionner un nouvel exemplaire à se damner.

Davidi Kitai

Nous arrivons sous le dôme jouxtant la piscine du Palace du Es Saadi, où quatre tables au casting alléchant ont été déplacées. À la table du Belge, le tableau affiche 952T. Nous ne le savons pas encore, mais l'action s'était emballée dès le flop, avec un check/raise de notre pro depuis sa grosse blinde... surrelancé par son adversaire au cut-off, un certain Louis. Ce dernier est même tellement enthousiaste, que quand vient le turn, il ajoute 40 000 au pot... avant son tour. "Si je check là, il est obligé de miser ?," demande Dav', tout en connaissant la règle par cœur. Beau joueur, le W rouge avance gentiment la somme demandée. On passe à la rivière, un 6.

Check et troisième banderille, nettement plus épicée, à hauteur de 120 000, Louis se laissant environ 30 000, soit une douzaine de blindes derrière. Préparez-vous : si vous êtes du genre à penser que les meilleures recettes se font dans les vieux pots, vous allez être servis. "J'ai du gros jeu, ça va être dur de passer, démarre Davidi, avant de faire mijoter patiemment son adversaire. Je ne crois pas que je vais pouvoir passer, mais je vais encore réfléchir, c'est un gros pot." Alors que Louis commence à frémir, Kitbul passe à feu vif. "T'as envie que je paie ?" "C'est comme tu veux franchement," souffle Louis. "Il faut être fou pour bluffer ça, reprend le Monégasque, avant d'égrenner les mains possibles de son adversaire. Brelan de 5, AQ, A4... Je peux réfléchir dix heures comme ça, il faut que je prenne une décision."

C'est alors qu'un nouvel ingrédient fait irruption dans la recette. "Tu crois que ça peut t'aider si je te time ?," demande poliment Yasser, le joueur au siège 3 (dont nous reparlerons dans un futur article), avant de se faire repréciser la règle par le croupier. Pour que le time soit déclenché, il faut le demander fermement, ce que Yasser fait immédiatement. Un superviseur se présente, lance le compte à rebours, précipitant le choix de Davidi. C'est un call. Louis ne retourne pas immédiatement, ça commence à sentir bon pour notre W rouge. Effectivement, son T9 est devant le AK de son adversaire, cramé en flagrant délit. "Tu avais l'air à l'aise," lâche tout de même Dav', refermant le couvercle sur ce spectacle gratiné. Et bon appétit bien sûr ! Ça tombe bien le dinner break vient de démarrer. J'ai faim, pas vous ?