Dix ans, déjà, que le format Expresso de Winamax distribue des jackpots à un million d'euros... Parmi les joueurs et joueuses qui ont réussi, non seulement à trouver la rarissime table dorée, mais surtout à la gagner (107 à ce jour), nombreux sont ceux qui acceptent de nous confier leurs impressions après avoir vécu ce moment unique.
Forcément, on cherche beaucoup moins à entendre la version des "perdants" de ces tables à un million d'euros... Et c'est sans doute une erreur de notre part. Car dans chaque histoire, la voix des perdants devrait compter autant que celle des vainqueurs. Lorsque l'on écrit "perdant", les guillemets sont de rigueur, car un cinquième du million est gardé au chaud pour le runner-up (120 000 €) et le troisième (80 000 €). Mais on devine sans peine que chez tous ces "déçus du million", le lot de consolation est fatalement accompagné d'une bonne dose de regrets.
"C'est arrivé vers trois ou quatre heures du matin, sur un 25 €", commence Carlos à propos de cette soirée de septembre. "Je n'en étais pas à mon premier de la soirée, évidemment. Je gagnais un peu, je reperdais un peu, je relançais une nouvelle table, puis une autre..." Quand soudain : "La couleur en or apparaît. Le gros jackpot. Au début, je me dis que c'est un 100 000 €. J'ai recompté les zéros. Un million !"
Comme on l'a raconté au moment des faits, le destin de Fafe 59 (son pseudo de l'époque) s'est joué à deux coups de pile ou face : une paire de 2 qui ne tient pas contre le As-Valet du futur vainqueur, puis, dix mains plus tard, une paire de 3 qui subit le même sort, contre la même main, et le même joueur.
"J'aurais pu jouer stratégie, attendre, sécuriser au moins la deuxième place. Mais là, j'ai eu des mains à jouer. J'étais obligé d'y aller."
Des regrets ? Bien sûr. "Je l'aurai toujours en travers, cette troisième place ! Quand la table à un million apparaît, tu ne penses pas du tout aux 80 000 €. Tu t'en fous, du gain de la troisième place !"
Ne croyez pas pour autant que la vie de Carlos a basculé du jour au lendemain du côté obscur de la force, avec un échec le transformant en un joueur aigri et désabusé. Nous avons affaire à un père d'une grande famille ("J'ai huit enfants !"), à la tête d'une entreprise dans le secteur du bâtiment dans la région lilloise ("On rénove des maisons"), qui semble tout à fait heureux de faire quelques centaines de kilomètres pour venir jouer un freeroll à Dijon, au volant de la BMW X6 qu'il s'est payée avec sa troisième place sur l'Expresso Million. Un achat qui lui a au passage donné l'idée d'un nouveau pseudo sur Winamax : X6 59.
"Il faut profiter de la vie ! Elle est courte !" s'exclame Carlos en évoquant une vie bien remplie. "J'ai toujours joué au poker. J'ai tenu des cafés, des salles de billard. D'ailleurs j'avais un bon niveau en 8-pool. Champion de France en 1995 !"
Au poker, pas encore de titre majeur, mais des souvenirs au kilomètre. "Las Vegas, quelle ville, quand même ! J'y suis allé en 2017, pendant les WSOP." Pour accompagner un autre de ses rejetons, devenu professionnel après avoir longtemps épié son papa qui jouait dans les cafés. "Et on va y retourner bientôt." En France, Carlos espère bien gagner son ticket pour la Grande Finale WiPT en freeroll. Mais si ça ne passe pas, aucun problème : "Je m'inscrirai direct pour 500 euros."