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Yoann Kaminisky remporte la Grande Finale du Winamax Poker Tour
Pour la première fois en 14 ans d'histoire, le circuit amateur de Winamax se concluait loin de Paris, au Pasino d'Aix-en-Provence. La fameuse épée, l'emblème du Tour, restera dans la région après la victoire d'un habitué des lieux, joueur de poker depuis cinq ans. Cette victoire acquise devant un field record de 3 503 inscrits lui rapporte 175 000 euros
"Il a deux outs. Steuplé... Deux outs..."
...
"OUIIIIIIIIIIIIIIIIII !"
Le cri s'est échappé du fond de ses entrailles, tel un diable sortant de sa boîte. Tout au long de la partie, Yoann Kaminisky était pourtant resté si calme, si stoïque, concentré des pieds à la tête sur le plateau télé. Mais on sentait bien qu'à l'intérieur, ça bouillonnait sévère. La veille, très tard durant les demi-finales, il avait révélé, l'espace d'une seconde, l'étendue du feu intérieur qui le brûlait lorsque, après avoir survécu à un coup à tapis, il avait laissé échapper un juron. Rageusement, mais surtout avec soulagement.
Mais la tension ressentie et perceptible chez ce joueur amateur venu de Trets – même pas vingt minutes de voiture pour rejoindre Aix-en-Provence – n'était dans le fond que le miroir du déroulement de la partie, une affaire que l'on pourrait globalement qualifier par le néologisme "turbolente". Traduction : personne n'avait de jetons, la profondeur était inexistante, et comme personne ne fut pressé de sauter, cela ne s'est jamais vraiment arrangé. Le Day 3 avait duré, et duré, les blindes étaient montées très haut... et ça avait d'ailleurs déjà été le cas sur la fin des Day 1, avec quantité de "stalling" longtmeps avant la bulle. Question pour plus tard : ne serait-ce pas temps d'introduire, sur nos évènements live, un dispositif pour contrer l'attentisme ? Par exemple la shot clock, déjà en vigueur sur nombre d'autres compétitions de haut niveau ?
Passons. Pourquoi Yoann Kaminisky et pas quelqu'un d'autre ? Il y a la variance, forcément. Le carrossier et peintre de profession en a bénéficié. Mais au-delà de ça, il a su faire preuve d'une subtile agilité dans son timing. De rares bluffs, mais toujours au bon moment. Beaucoup de patience et d'application. Oui, il est resté en retrait... si ce n'est pour ses deux derniers adversaires, il n'a éliminé personne en finale. Mais d'un autre côté, il n'a pas eu non plus à survivre plusieurs coups à tapis – il n'y en a eu qu'un seul, un As-2 gagnant contre Valet-7 qui le relance après la pause-dîner. Dans l'ensemble, il a été bon à rester en vie. Une grande qualité chez un joueur de tournoi. Dans le fond, peut-être qu'il a gagné parce qu'il était le plus stressé de tous à l'idée de ne pas gagner. Peut-être...
Non pas que ses adversaires n'étaient pas au niveau, on ne dira pas ça des locaux bardés de titre que sont Tahar Said et Jean-Yves Lestrade, ni des jeunes grinders comme Pierre-Louis Quandalle, le Red Diamond Florian Vauchez, ou le neo-pro Thibault Dumontier. Et encore moins Jérémy Cauchard, forcément pris au sérieux en sa qualité de tenant du titre.
Après la brève explosion de joie suite à la dernière main, le Kaminisky réservé est aussitôt revenu. L'interview post victoire fut donc brève – on théorisera qu'il était encore dans son match, crevé, physiquement comme mentalement, et ne réalisant pas vraiment ce qui lui arrivait. "J'ai eu du mal à dormir hier, on a terminé tellement tard. J'avais passé une après-midi compliquée, je me suis vu sauter quand j'ai perdu deux flips. Sur le troisième, j'étais sûr que j'allais perdre..."
Hier, il nous déroulait rapidement sa bio poker. 28 ans, découverte du jeu peu avant le confinement, du jeu online à gogo pendant (forcément !), avec quelques perfs qui lui donnent envie de poursuivre en live après la pandémie. Depuis : sept résultats sur des petits tournois, tous au Pasino qui accueillait le WiPT. Et c'est tout... jusqu'à cette soirée se terminant au firmament, et qui le rend plus riche de 175 000 €. Avec, déjà, une petite idée. "J'ai promis à mon fils que si je gagnais, j'achèterais une maison avec piscine."
Kaminisky nous confirmera aussi avoir ressenti la pression. "Je n'avais jamais joué de finale aussi grosse. Je me suis beaucoup appliqué. Gagner à la maison, c'est incroyable. Et c'est la preuve que tout est possible." La suite ? Pas de projets précis, c'est encore trop tôt. On devine qu'il ne va pas s'enflammer avec cette bankroll. Mais on ne prendra pas de risques en pariant que d'ici à un an, tel son prédécesseur, Yoann Kaminisky sera de retour pour défendre son titre. Lors d'une nouvelle édition sudiste de la Grande Finale WiPT à Aix-en-Provence ? On ne dirait pas non, mais ce ne sont pas nous qui décidons !
Grande Finale Winamax Poker Tour 2025 - 500 €
PASINO Grand Partouche - Aix-en-Provence
3 503 inscrits (re-entries inclus) - Dotation 1 479 667 €
Rang | Joueur | Gains |
---|---|---|
Vainqueur | Yoann Kaminisky | 175 000 € |
Runner-up | Patrice Espinasse | 127 500 € |
3e | Jean-Yves Lestrade | 90 000 € |
4e | Thibault Dumontier | 63 800 € |
5e | Tahar Said | 46 500 € |
6e | Jérémy Cauchard | 35 300 € |
7e | Florian Vauchez | 27 700 € |
8e | Pierre-Louis Quandalle | 22 400 € |
9e | Alexis Delhomme | 18 400 € |
Les vainqueurs des tournois annexes
Le traditionnel défouraillage de l'épée avec Matthieu Duran (c'est lui qui insiste à chaque fois pour utiliser ce terme !)
En famille
De bons problèmes
3 503 inscrits : l'affluence sur cette édition 2025 de la Grande Finale du Winamax Poker Tour est déjà entrée dans l'histoire, pour des tas de raisons.
Parce que – on l'a déjà dit – c'est un record dans les quatorze années d'histoire de notre circuit amateur.
Parce que – on vous l'a avoué – c'est un chiffre que chez Winamax on ne pensait jamais pouvoir atteindre en prenant la décision de déménager l'évènement loin de Paris.
Parce que – on continue de s'en réjouir – cela prouve une fois de plus le formidable pouvoir fédérateur de notre jeux de cartes préféré, capable de rassembler des milliers d'individus de tous âges, origines et milieux autour d'un enthousiasme commun.
Et surtout parce que – cela semblait impossible – la foule massive n'a en rien menacé l'ambiance, qui ne fut jamais autre que joyeuse, légère et conviviale du début à la fin. Vous nous l'avez tous dit, on l'a tous ressenti.
Organiser un tournoi de poker est une entreprise périlleuse, qui demande de savoir composer avec un paradoxe : si votre événement est un succès, si le collectif répond présent en nombre, alors le risque sera grand que chacun en ressorte avec une expérience individuelle dégradée : qui d'une file d'attente un peu trop longue, qui d'un tournoi de consolation annulé en dernière minute, qui d'un Main Event affichant « sold out ».
À Aix-en-Provence, rien de tout cela ne s'est produit, ou alors si peu. Le pari n'était pas gagné d'avance, les souvenirs de frayeurs passées étaient vivaces dans l'esprit du staff.
Si, en définitive, le pari semble avoir été gagné, dans nos esprits comme celui des joueurs, le mérite revient en grande partie au travail extraordinaire réalisé par nos partenaires, TexaPoker et Partouche.
Pour vous dire la vérité, ils ont tellement bien bossé que cela va probablement nous poser un petit problème pour le futur... Car, maintenant que l'on vous a montré qu'on était capable de ça, plus jamais vous ne vous attendrez à moins bien de notre part. Voyons le bon côté des choses : c'est un bon problème à avoir !
Benjo, avec Flegmatic, Rootsah, VictorP et Phil Anthropik
Photos par Caroline Darcourt et Guillaume Gleize