"C'est dans cet endroit que j'ai véçu l'une des plus belles journées de ma vie."
Ainsi parle un des participants à l'étape de Grenoble au moment de pénétrer à l'intérieur du Summum. Je ne me suis pas livré à une enquête poussée, mais il est probable que parmi les 664 d'entre vous ayant pris le départ de l'étape de Grenoble, le joueur en question est le seul ayant déjà eu le plaisir de se produire dans cette salle en tant qu'artiste, et devant une salle comble.
Il s'agit bien évidemment de Mike d'Inca, le joueur de poker le plus célèbre de Grenoble, en sa qualité de chanteur et compositeur au sein la formation reggae la plus ancienne et la plus aimée de l'héxagone : Sinsemilia.
C'était il y a plus de vingt ans, en 1996. A l'époque, Mike et ses acolytes venaient d'accoucher en studio de
Première Récolte. Le gang enchaîne les concerts sans relâche : le bouche à oreille fonctionne et ce premier album s'écoule bien, mais Sinsémilia est encore un groupe confidentiel. L'idée de remplir une maxi-salle telle que le Summum est donc loin d'être évidente, quand bien même est-elle située dans leur ville.
"J'avais trouvé une brochure avec le tarif de location du Summum", raconte Mike. "15,000 francs de l'époque. Je m'étais dit, c'est pas si cher. Je suis aller trouvé le patron de la salle. Il faut m'imaginer à l'époque : je suis un gamin, je porte un boubou Africain, personne ne connaît mon groupe. Le mec m'a dit "Ecoute, c'est pas que je n'y crois pas, mais tu devrais quand même réfléchir un peu !" Au final, il nous a soutenus : il a pris le chèque de 15,000 balles de caution sans sourciller."
Commençait alors un intense travail de promotion de trois mois : "
On a collé des affiches dans toute la région, et au delà. Il fallait que tout le monde sache qu'on était au Summum." Arrive le Jour J : le 23 mars 1996. "
Je me souviendrai toute la vie de cette date. On avait calculé qu'on rentrait dans nos frais avec 1200 personnes. Le concert débute : on est 3500, on affiche complet !"
Deux ans plus tard arrivait Résistances, le deuxième album et la reprise de La Mauvaise Réputation de Brassens en rotation lourde sur les radios et M6, et les tournées à guichets fermés et festivals dans toute la France. Puis, en 2005, la consécration du grand public : Tout le bonheur du monde. Des millions de ventes et une mélodie encore reprise par les apprentis stars d'aujourd'hui...
L'actu immédiate de Mike, c'est la concrétisation d'un vieux rêve : faire la tournée des boîtes de France en mode "soundsystem" avec Riké, son compère de toujours chez Sinsémilia. Le soundsystem est un concept aussi vieux que le reggae : c'est comme ça que le reggae a grandi en Jamaique il y a cinquante ans. "Dans toute l'île, les DJs posaient les enceintes dehors, et poussaient le son à fond. C'était là que les disques se faisaient, ou pas : les producteurs ne pressaient d'abord qu'un seul exemplaire de leurs nouveautés : c'est seulement si le public réagissait bien que la galette était produite en masse." Cela faisait des années que Mike caressait l'idée de se frotter à ces scènes un peu spéciales. "L'idée, c'est d'adapter les textes et les mélodies de Sinsé aux vieux standards de reggae qu'on aime depuis toujours... Tout en y injectant les rythmiques dance-hall actuelles. On est accompagnés de CrucialB, un pote de vingt ans, qui se charge du DJing"
Le challenge est bien différent des concerts auxquels ils sont habitués depuis trente ans : "En général, on nous demande de passer à trois heures du matin ! C'est pas de mon âge !" Ben oui Mike : en boîte de nuit, trois heures, cela correspond au Main Event de la soirée ! "Mais c'est un vrai plaisir. On tient à ne faire que des petits endroits, 200 places max, pour être au contact des gens. Et avec Riké, on se connaît tellement bien, le truc fonctionne naturellement."