Romain Semler s'incline en troisième place après une succession de double ups
Le membre de la FNL empoche 65 000 € et pulvérise son meilleur gain
Main Event 500 € (Finale)
S'il peut exister des retours de pause dîner tranquilles, voire amorphes, sur un tournoi de poker, celui de ce Winamax Poker Open Bratislava est en revanche tombé dans la catégorie des animés. Voire déjanté. Pas une main ou presque ne s'est déroulée sans que le triangle jaune marqué "All-in" ne soit jeté au milieu de la table, et nombre de ces tapis ont été payés. Rembobinons.
Dans les minutes qui ont précédé le dinner break, Deividas Daubaris a posé sa patte sur cette phase à trois, remportant la majorité des pots pour s'envoler à 55 millions contre respectivement 31 et 25 millions chez Adrien Guyon et Romain Semler. Tombé à 19 millions, c'est le Poitevin qui lance le bal des "All-in and call". Mis à tapis par le Lituanien, il voit son A9 tenir contre 108. Des jetons qui repartent en partie du côté de la Baltique, lorsque, après avoir misé 7,6 millions sur la rivière d'un board 7252J, il doit faire face à un shove du Lituanien. Le Top Shark 2015 ne pouvait pas folder plus vite.
Qu'à cela ne tienne, l'ex W rouge retente sa chance dans la foulée avec un très bel AQ, qui reste en tête contre le A8 de Romain. Le pensionnaire de la French No-Limit chute alors à 10 millions soit cinq petites blindes. À son tour alors de prendre le taureau par les cornes, de nouveau muni d'une premium : une paire de Dames noires, qui manque de vaciller contre le K7 de Daubaris le long d'un board 1063810 du genre facétieux.
Mais Waterleau ne s'arrête pas là. Couvert cette fois par Adrien, il n'hésite pas à payer le tapis de ce dernier avec un K7 dominé par A2. Les quatre premières cartes du board laissent les positions en l'état, jusqu'au 7 river, faisant rugir tout le clan FNL, enfin réuni au grand complet dans la salle télévisée. Leur joie allait cependant être de très courte durée. Dès la main suivante, Adrien et Romain s'affrontent de nouveau sur le champ de bataille, pour un résultat inverse : le K10 du premier passe cette fois devant le AQ du second, grâce à l'apparition d'un Barbu dès le flop.
L'ultime escarmouche se profile et elle prend la forme - quoi d'autre ? - d'un lancer de pièce : paire de 5 pour Romain, A9 chez Adri. Cette fois encore, pour le suspense, la croupière aura le bon goût d'attendre la dernière carte pour délivrer la sentence : un 9 qui crucifie Waterleau et fait exulter le rail pictavien. Pour avoir dominé 2 218 entrants et bataillé pendant trois journées entières, Romain Semler remporte 65 000 €, de très loin son meilleur résultat à une table de poker, live ou online.
"Je ne suis vraiment pas déçu," commente-t-il aux membres de son rail, venus le féliciter un par un après ce qui reste un authentique exploit. Même après ce flot d'émotions contradictoires qui l'a submergé lors des ultimes moments ? "Après trois jours à jouer, on ne ressent plus vraiment grand-chose. J'étais surtout fatigué, occupé à rester concentré. J'ai toujours su quoi faire. En fait, je retiens surtout l'achievement d'être arrivé aussi loin." Surtout en ayant attaqué la finale à sept en position de short stack, assez nettement derrière les autres. "Le flip remporté d'entrée m'a bien aidé. Ensuite, j'ai pu jouer quelques mains avec un peu plus de profondeur. Je suis notamment content de mon call avec hauteur As contre Nacho. J'avais déjà pris ma décision turn en fonction de la river et de son sizing. Contre Adrien, je ne peux pas fold ce As-8. Et lui-même m'a dit que c'était une main légitime à call contre lui. Il a une tendance à prendre les ranges et à les étirer."
Avant toute chose, ce que l'on ressent en écoutant Romain, c'est la fierté d'avoir réussi à en découdre pendant aussi longtemps face à de tels joueurs. "Je ne suis pas du tout pro, je joue par périodes, surtout pour m'amuser. Je pense que j'avais un manque de confiance en moi jusqu'à il y a peu. Et le fait que mon Vegas se soit bien passé cet été m'a beaucoup aidé en ce sens. Ici, je n'ai pas 100% de mon action, mais quand même une bonne part. Ça ne va pas changer mes plans de grind pour autant. J'ai déjà pris quelques shots par ci, par là, mais je considère que c'est important de ne pas jouer au-dessus de son niveau. Ça va bien m'aider en revanche dans un projet immobilier que j'ai avec ma femme, et me permettre d'avoir un peu plus de côté dans la vie de tous les jours."
S'il y a un petit regret à avoir pour Romain, il se situe sur un plan qu'il n'a pas pu contrôler. "C'est dommage que le Lituanien n'ait pas voulu deal. Je pense qu'il est un peu trop confiant sur son niveau de jeu par rapport à nous Français." Pas de quoi entacher pour autant tout ce qu'il avait réussi avant ça. "J'ai tellement run good avant la finale que j'étais content de pouvoir enfin jouer des coups plus développés. Prendre d'autres décisions que simplement un call facile à tapis préflop ou dans un setup set over set." Une tranquillité d'esprit qui lui a sans doute facilité la tâche dans la dernière ligne droite. "Mentalement, j'étais frais." Une fraîcheur qu'on lui souhaite de conserver jusqu'à notre prochain festival live, où nous l'attendrons de pied ferme, lui et toute sa clique de la FNL. Bravo Romain et à très vite !