La belle (et longue) histoire de Christopher Marcadet

- 22 septembre 2023 - Par Rootsah

Joueur pro depuis six ans, Christopher Marcadet remporte son premier gros tournoi live pour un peu plus de 13 000 €. De quoi repartir à Budapest avec un paquet de bons souvenirs, avant de se concentrer sur d'autres projets et continuer à vivre de sa passion sans se prendre la tête.

Colossus KO 150 €

Winner Marcadet 1
Il courrait après depuis un bail. Après six ans en tant que pro de poker, Christopher Marcadet y est enfin arrivé : en s'offrant le Colossus KO, il inscrit un premier top 1 sur sa fiche Hendon Mob ! Alors certes, il avait déjà gagné d'autres tournois non répertoriés, et il ne s'agit certainement pas du plus beau tournoi qu'il ait joué, lui qui avait par exemple atteint l'argent sur le Main Event des WSOP cette année : mais peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse. "Ce sentiment de gagner, d'être avec des potes, de soulever le trophée, d'avoir la photo souvenir qui va bien, c'est ce que je retiens, confirme Christopher, qui encaisse 7 000 € de gains, et un peu plus de 6 000 € de primes. Dans le poker, tu es content quand tu finis deuxième, mais tu as toujours un peu ce goût amer. En plus, c'était un tournoi bounty : il y avait pas mal d'argent en jeu, on jouait pour environ 3 500 € en heads-up, avec les bounties. Alors ça me fait plaisir, ce sont des souvenirs. Si j'ai des enfants un jour, c'est quelque chose que j'aurai envie de leur raconter."

Pour commencer, Christopher, qui, on n'en doute pas, sera toujours aussi disert au moment de conter ses exploits, pourra par exemple leur narrer comment a été prise sa mythique winner's photo avec la présence (pas forcément voulue) de la police locale : "Cela n'a pas été évident, Caroline [notre photographe] a beaucoup d'imagination ! Le principe était de tenir le trophée dans une main et d'attraper ou d'agripper le tramway qui passait en bas du casino avec l'autre main. Le tout avec mes potes qui faisaient semblant d'attraper mon tee-shirt derrière moi, comme s'ils voulaient m'empêcher de partir avec le trophée ! Ce n'était pas hyper simple, d'autant que c'était pendant un break du Main Event, alors nous n'avions pas beaucoup de temps. Sauf que les trams ne s'arrêtent pas pour toi ! Mais le résultat est satisfaisant. Finalement, c'est celle avec les flics qui est sortie !"

Marcadet Winner 2
Quand ils seront en âge de comprendre le déroulement des tournois de poker et la technique inhérente à notre jeu préféré, Chris pourra aussi raconter à ses gamins comment il a crush ce Colossus KO. Mais également pourquoi il a décidé de reprendre sur un 150 balles, alors qu'il n'avait pas tapé le carton en live depuis un été vegassien réussi : "On sortait du train, un peu fatigués, le Battle Royale se jouait en même temps, et il y avait pas mal de regs en table. Et je ne suis pas du genre à aller me casser les dents sur des regs..." Il ne le regrette pas : "Pour un 150 €, la structure était vraiment très belle, avec un dealer bonus. Les croupiers sont très compétents, c'est important de le souligner, ils dealent vite et font très peu d'erreurs. Je me suis qualifié pour le Day 2 avec une fois et demi la moyenne, et avec les levels qui passent à 25 minutes, tu as un peu plus d'edge. Il y avait quand meme de belles têtes en lice, comme zChance44 et K0ERING du Stream Gang, et Victor Fryda, quelques bons joueurs que j'étais surpris de voir sur un 150 €. Et le jour 2 s'est bien déroulé : il y a eu ce coup ou j'ai 3-bet shove 4-4 avec 20 blindes effectives, tombant contre deux Valets. Le flop est venu avec un Valet et deux piques. J'avais le 4, et ça a fait pique pique turn river... Ça m'a propulsé, j'avais deux fois et demi la moyenne en arrivant en TF, un tiers des jetons."

Une finale qui s'est jouée comme dans un rêve : "Après, franchement, j'ai déroulé. Il y avait des petits stacks, j'ai pu mettre la pression sur les stacks moyens, car il y avait quand même de l'ICM. Du coup, ça s'est super bien passé. En heads-up, j'avais 16,8 millions et mon adversaire avait quelque chose comme six millions. Et je ne suis pas trop mauvais en duel : j'ai joué un peu en Expresso, un de mes meilleurs potes Leandry, est pro du format Expresso, et parfois on parle stratégie, mon meilleur ami franco-espagnol était joueur de HU avant... Je pense aussi que l'expérience a joué, j'ai eu la chance de tomber sur un adversaire moins expérimenté. Et comme le tournoi n'est pas cher par rapport à ce que je joue d'habitude, je n'avais pas la pression de l'argent. C'était un heads-up à 4 000 €, et j'en ai déjà joué à 6-8 000 € online, 18 000 $ à Vegas."

Puis, quand ses progénitures seront assez grandes pour faire la teuf, Christopher pourra peut-être leur donner un petit aperçu des nuits de Bratislava. "Après la victoire, j'ai régalé, avec mes amis proches. On était huit, en petit comité, puis tout le monde nous a un peu rejoint. C'était bien d'avoir quelque chose à fêter, de se dire : c'est mon tour. Car je restais sur quelques places de deuxième récemment, une deuxième place à Vegas sur un 600 $ au Venetian il y a un an, c'était un beau trophée... J'avais un peu cette frustration, j'étais un peu resté là-dessus." En revanche, pas sûr qu'il puisse vanter les mérites d'un travail acharné menant à la réalisation de ses objectifs : "Pour être totalement honnête, je ne suis pas vraiment un bosseur. Je pense que c'est pour ça que je n'ai jamais joué très très cher, ni les grosses limites online. Je ne me mens pas à moi-même, je joue les tournois où j'ai de l'edge."

Marcadet 3
Mais pour commencer par la base, Christopher pourra aussi rendre visite en famille à l'Orléans Poker Club, dont il est toujours le vice-président, même s'il réside depuis deux ans à Budapest : "Je gère notamment le partenariat avec Winamax. Je suis toujours actif, je prends toujours du temps pour aller les voir quand je rentre à Orléans voir ma famille. Le club se porte super bien, on a fini à 120 licenciés l'année dernière. On veut privilégier cette ambiance familiale. On ne veut pas retomber dans nos travers quand on avait 400 licenciés en 2014, c'était l'usine. On veut que les gens viennent pour le plaisir, prendre l'apéro. C'est ma petite fierté, c'est mon bébé, c'est mes couleurs, c'est ma ville... Je suis fier de dire que je viens d'Orléans."

Enfin, Christopher pourra aussi faire visionner à ses chérubins des vidéos de ses streams poker, une activité qu'il a récemment fait évoluer : "Je prends moins de plaisir à jouer online, mais j'ai une communauté de 7 000 followers, j'étais l'un des premiers streamers poker. Sur les events Wina, il y a même des followers qui me demandent des photos, c'est étrange. En tout cas, je n'ai pas envie de m'imposer un planning de stream. J'adore streamer, échanger avec les gens, interagir. Même si des fois je sais que je peux froisser les gens et que je suis un peu vulgaire. Mais je suis-moi même, je ne fais pas semblant."

En tout cas, Christopher ne compte pas s'arrêter de jouer, même s'il porte désormais un regard différent sur la pratique de son activité : "Sur les six dernières années, j'ai passé quatre ans et demi à ne faire que jouer au poker. J'aime bien être sous pression, mais il me faut aussi ce coté plaisir. Pour les Series, je lance les deux premiers jours, et après je le fais presque par obligation. Je vois trop de joueurs de poker qui ne font ça que pour l'argent. Mais il faut prendre du plaisir. On fait un métier aux yeux des gens qui parait simple, mais qui est loin de l'être en vérité. Il y a une vraie pression. J'ai vu des gens avec une mauvaise gestion de bankroll, des exemples de gens qui ont fait des années à 150 000 €, et qui maintenent jouent les 10 € ou les 20 €. Et vivre du circuit live, ce n'est pas évident."

Marcadet 4
D'ailleurs, l'Orléanais compte ajouter d'autres cordes à son arc : "J'ai un projet par rapport au poker, qui fera peut-être un peu de bruit dans les prochaines semaines. Ce n'est pas un énorme projet, mais c'est quelque chose qui me tient à coeur depuis un moment. Après, j'ai le projet d'ouvrir un commerce dans la restauration à Budapest en début d'année prochaine." De quoi mettre temporairement ses déplacements sur le circuit en pause : "Je vais me calmer. J'aurais bien aimé aller à Vegas pour le WPT comme l'année dernière, mais sinon le projet n'avance pas, j'ai énormément voyagé depuis janvier, il est temps de se poser." Après cette victoire, il l'a assurément bien mérité !

Colossus KO 150 €
853 inscrits (re-entries inclus) - Dotation 110 890 €

# Nom Prénom Pays Prix
(sans les bounties)
1 Christopher Marcadet France 7 000 €
2 François Gozzelino France 7 000 €
3 Raphaël Houmard Italie 4 890 €
4 Mathias Sidhoum France 3 650 €
5 Alexis Gotail France 2 700 €
6 Lionel Muggeo France 2 100 €
7 Tony Veille France 1 650 €

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Pas de répit pour les braves

- 22 septembre 2023 - Par Benjo DiMeo

24 heures après avoir franchi le Day 1A avec un énorme stack, l'amateur breton Abel Pruchon enchaîne avec une victoire sur le Sprint, sa première en live

Abel Pruchon
Qualifié pour le Day 2 dès sa première tentative, sur le Day 1A de mercredi (et avec le sixième plus gros tapis s'il vous plaît), Abel Pruchon pouvait jouir d'une denrée finalement assez rare sur un WPO : du temps libre. N'ayant pas besoin de remettre le couvert avec une nouvelle bullet sur le Day 1B (à l'inverse de tant de ses camarades), le Rennais n'avait aucun impératif poker hier. Délaissant les deux tournois annexes au programme jeudi, Abel a donc profité d'une journée de farniente... avant de se diriger, sur le coup de 19 heures, vers un des évènements majeurs de la semaine : le Beer Pong Open.

Avance rapide jusqu'au lendemain : c'est un Abel plein de reconnaissance envers ses adversaires sur le "BPO" que l'on retrouve devant le casino. "Je les remercie de nous avoir explosé dès le premier tour... et je remercie aussi mon binôme d'avoir été nul !" Car après cette courte prestation balle orange en main, Abel s'est finalement décidé à rejoindre les tables 6-max du WPO, et s'inscrire au dernier tournoi au programme de la soirée, le traditionnel Sprint de 21 heures à 100 € joué en mode turbo.

"On est arrivés avec six pintes dans le bide ! Et à table, on a commencé à se payer des tournées.", rigole-t-il. Six heures plus tard, le houblon était digéré, et la victoire consommée : Abel venait de finir de dominer un field de 186 joueurs pour remporter 3 860 € et le trophée, son premier en live. Ce n'était pas sa première "winner picture", en revanche. "J'étais en soutien sur la première de la semaine, celle de Théo Rebour..."

Breton exilé à Paris, Abel travaille comme ingénieur dans le domaine de l'environnement. À 27 ans, il se définit comme "joueur récréatif"... mais un récréatif bien entouré. "Malo Latinois ["MysteryMalsy", vainqueur de la Million Week sur Winamax, entre autres, NDLR] est un bon ami, on était au lycée ensemble." Mais sa pratique du poker est très récente : "J'ai commencé à jouer au poker il y a trois ans." La fameuse "génération confinement" que l'on commence petit à petit à croiser sur nos tournois live... Depuis le reboot de la planète poker, Abel n'a de fait loupé aucun de nos évènements. "Je les ai tous faits depuis Madrid [en mai 2022]." En ligne, il nous dévoile avoir déjà atteint la finale de notre Main Event hebdomadaire, dans sa version Master KO.

En finale du Sprint, Abel s'est lancé en remportant d'entrée un énorme pot. "Derrière, j'étais chip-leader, j'ai plus ou moins fait tapis toutes les mains." La finale n'a donc guère duré... mais cela n'a pas empêché Abel de faire une nuit blanche. "Avec l'adrénaline, je n'ai dormi que deux heures !" Pas de poker au programme ce vendredi soir : hors de question de risquer un nouveau deep-run qui l'emmènerait au bout de la nuit. Samedi dès midi, Abel aura un gros Day 2 à gérer sur le Main Event, muni d'un stack très confortable de 513 000. Après avoir porté le maillot de l'Ajax d'Amsterdam durant le Day 1, les choses sérieuses vont commencer : le Rennais portera demain le maillot de son club fétiche... de couleur jaune et verte. "Oui, je suis Rennais, mais je soutiens Nantes !"

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Million Euro Baby

- 22 septembre 2023 - Par Phil Anthropik

Un vainqueur Expresso à 1 000 000 € gagne son premier titre Winamax en live
Sprint Wednesday 100 €

Jose Quintas
À l'heure du café matinal, en se penchant sur les vainqueurs de la veille, nous voyons un nom poper dans la fiche de résultats du Sprint Wednesday : Jose Quintas. Le patronyme nous rappelait vaguement quelque chose... Il ne fallut pas enquêter longtemps avant de nous rendre compte du pédigrée du gaillard : 1,2 million d'euros collectés en live, un Expresso 1 Million décroché en 2020, ce Portugais de 35 ans ne rigole pas… enfin, sur les tables, car en dehors, c'est un tout autre personnage, éminemment sympathique. Retour sur un parcours hors normes.

"J'ai découvert le poker il y a quinze ans maintenant lors d'un home game festif. Vu que j'ai toujours été passionné par les mathématiques et le milieu informatique, je me suis penché davantage sur ce jeu. J'ai alors découvert qu'on pouvait jouer en ligne, grâce au site Pokerstrategy. Rapidement, j'ai été happé par la profondeur qu'offrait cette discipline. Compétitif de nature, je faisais du sport à un bon niveau en body board et en volley-ball. Allier ainsi la compétition, la stratégie, le calcul et l'informatique : c'était l'alchimie parfaite. J'ai découvert ensuite une communauté de joueur de poker portugais : PokerPT. Je commence par des Sit&Go sans vraiment mettre beaucoup d'argent. Mais en étant sérieux et motivé, je me retrouve souvent en haut du leaderboard de ma communauté, ce qui me donne accès à des tickets ou des packages."

Avec ce genre de débuts tonitruant, la suite semble inéluctable. "Forcément, je me lance dans le grind et rapidement, j'ai la chance de gagner un tournoi live au Portugal, pour 65 000 €." Par la suite, le Lusitanien déménage à Prague et se lance sur le circuit live : PCA aux Bahamas, EPT, UKIPT... tout y passe. Puis la vie de famille l'amène à changer de format, car les horaires des MTT ne conviennent plus à son mode de vie. Il décide alors de migrer vers le format Short Track (nos tables de CG avec très peu de profondeur). Quelques mois plus tard, José évolue vers les Expresso sur lesquels il trouve son rythme de croisière. 

Lorsque les Nitros débarquent, c'est la révélation : "J'ai senti un filon et j'en ai parlé à des amis en leurs disant 'Les gars, il faut qu'on se mette sur ce format maintenant !'". C'est ainsi que nait le projet Nitrology : un crew de grinders qui étudie le jeu pour éclater le game. Leur calcul est simple : avec un volume conséquent, le gros multiplicateur devrait tomber sous deux ans. Une année et demie plus tard, c'est effectivement les sept chiffres qui apparaissent sur la table au fond doré. "Au-delà de la satisfaction de gagner une telle somme, c'est surtout celle d'avoir prouvé que notre concept marchait." Aujourd'hui, le groupe Nitrology compte vingt-quatre joueurs dont une majorité de Portugais.

Mais si ce joueur semble extrêmement sérieux dans sa manière d'aborder son travail, il reste quelqu'un qui aime profiter de la vie : "J'avoue être super satisfait d'avoir pris ce titre. Gagner un trophée, peu importe le prix, c'est réellement la sensation d'un accomplissement. Les lives Winamax sont vraiment chouettes. La première fois que j'en ai fait un, c'était à Dublin en 2019, j'avais terminé deuxième sur le High Roller (pour un gain de 29 000 €). C'est d'ailleurs à cette occasion que l'embryon de notre projet s'est créé. C'est également sur les live Winamax qu'on met véritablement des visages sur des pseudos, qu'on peut échanger avec une tonne de gens. Le poker c'est bien, mais le contacte humain est extrêmement important. Ce soir, je pense que je vais faire le Main Event... mais il y a de forte chances que si je suis éliminé on puisse me retrouver au Beer Pong." Cette dernière phrase suffit à résumer la simplicité et la bonhomie de celui qui s'est fait connaître sous le pseudonyme BTCto1M.       

Ma famille d'abord

- 21 septembre 2023 - Par Flegmatic

Thierry d'Espalungue remporte le Wanted Mystery à l'issue d'un deal à quatre

Thierry Despalungue Winner Photo Wanted Mystery

"Je suis venu avec mon neveu Enzo. Il vient de fêter ses 18 ans alors comme cadeau, je l'ai invité ici et je lui paie ses tournois." Avant même de parler de lui ou de la victoire qui lui vaut cet article, tels sont les premiers mots de Thierry d'Espalungue, lauréat dans la nuit de mercredi à jeudi du Wanted Mystery, l'un de nos tournois Knockout quotidiens organisés à 16 heures. "Je suis content pour lui, il a fait ITM dans le Sprint hier soir," poursuit-il. À la base, neveu et oncle étaient tous deux inscrits sur le Wanted, avant de suivre leurs progrès à distance.

Forte affluence oblige (405 entrants !), c'est sur les coups de 3 heures du matin que s'est faite la décision, les quatre derniers joueurs se mettant d'accord sur un deal à quatre. Légèrement mieux doté en jetons à ce moment-là, Thierry a de facto été couronné vainqueur. "Je sentais que mon adversaire néo-zélandais [Dylan Wrigley, NLDR] voulait vraiment le trophée. J'étais prêt à lui laisser, mais l'organisation a été claire."

Résultat des courses, Thierry encaisse 4 200 € (dont 300 € de bounties) et s'offre son tout premier titre en live, en une vingtaine d'années d'expérience à pratiquer notre jeu préféré. "Je joue depuis le début des années 2000, mais toujours de manière récréative. J'ai déjà fait les World Series mais je suis surtout un joueur online. Je suis tombé sur un jackpot x10 000 sur un Expresso 10 €, j'ai terminé 30e ou 40e d'un 3 Million Event..." Il faut dire que le jeu, ce Lyonnais expatrié à Montpellier a ça dans la peau. "Je fais aussi beaucoup de paris sportifs. J'étais trader avant, puis j'ai fait d'autres métiers dans la finance, je suis passé dans l'immobilier, les crypto-monnaies..." Une passion pour le gambling qui a donc infusé dans la famille. "J'ai joué aux cartes avant de jouer au foot, abonde Enzo, tombé dans la marmite dès tout petit. J'ai même gagné ma PS4 contre lui comme ça !"

Venu ici sans pression, presque en dilettante, Thierry a finalement parfaitement rentabilisé son temps. "On repart samedi, précise-t-il, donc on ne peut pas jouer le Main Event. Mais ces tournois sont très sympas, et pour Enzo, je pense que c'est mieux de commencer par ça plutôt que se lancer tout de suite dans un 500 € où il y a beaucoup de bons joueurs." À peine le temps de se prêter au jeu de la photo souvenir que les deux n'ont qu'une idée en tête : s'inscrire pour le Tornado qui démarre à 16 heures. "On se retrouve ici demain ?" Avec grand plaisir !

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Battle Royale : I'm Halin !

- 21 septembre 2023 - Par Benjo DiMeo

Le monégasque Bastien Halin remporte le Battle Royale KO (17 735 €)

HALIN	BASTIEN vainqueur du Battle Royale Winamax Poker Open Bratislava 2023
Bratislava, 20 heures 50. Le téléphone s'illumine d'une notification : Davidi Kitai. On clique sans attendre : les textos du Belge sont toujours une affaire urgente.

"Benjo, mon pote Bastien est à 3 left du Battle Royale. Super mec."

Pour une fois, j'étais en avance sur le Génie. Cela faisait un petit moment que j'étais installé devant la table finale du tournoi quasi-high roller de ce début de festival, le Battle Royale à 750 €. La phase de 3-handed durait depuis un moment, et j'avais bien repéré ce grand échalas à la casquette rigolote ("GTOTRIPOT"), tchatcheur en diable, qui semblait définitivement dans son élément sur la dernière ligne droite.

Redoublant d'attention, j'ai observé Bastien Halin entamer le heads-up final avec un net désavantage sur un Zoran Sesum qui venait d'éliminer Kevin Quillere grâce à un petit coup de pouce du destin (K3 contre A10, la rivière lui offre un 3). Le déficit de Bastien allait rapidement être retapé suite à une confrontation classique de fin de tournoi, un AJ vs A7 passé sans bobos. Comme ça, d'un coup, les deux derniers joueurs étaient désormais à égalité.

"Still no deal ?"
"Are you open for a deal ?
"

La proposition venait de Bastien. Son Serbe d'adversaire a rapidement opiné du chef. Puisqu'il s'agissait d'un tournoi Knockout, la négociation reposait sur le partage des primes d'élimination. Le floor a fait les comptes : il restait sur la table 9 300 € en bounties. Comme le règlement imposait de laisser au moins 10 % de cette somme à la gagne, l'arrangement ne tarda pas à être trouvé : 4 000 € chacun dans la poche, et 1 300 € à jouer, plus le trophée.

HALIN	BASTIEN vainqueur du Battle Royale Winamax Poker Open Bratislava 2023
Le trophée, justement. "C'est pour ça que je joue", rigole Bastien. "J'ai acheté une étagère exprès !" Et Bastien de le démontrer aussitôt, envoyant son tapis à plusieurs reprises suite à des limps bouton de Zoran. Puis, rapidement, l'estocade : KK contre 44, tout part préflop, la meilleure main reste en tête. C'est fini.

Petit tour en tramway pour la photo, et rapide discussion à chaud devant le casino. "C'est bien ! Enfin un tournoi qui se finit bien." Mais avant ça : cette connexion avec Davidi ? Facile : ingénieur de son état, Bastien est de nationalité française, mais né à Monaco, terre d'adoption du Belge. "Mon frère est pote avec Caroline [l'épouse de Davidi], du coup, de fil en aiguille, je suis devenu pote avec Dav'." A 33 ans, Bastien a déjà passé un bon tiers de sa vie à jouer aux cartes. "Quand j'avais 21 ans, je suis allé à Las Vegas pour jouer en cash-game avec ma tête d'enfant. J'ai bien aimé. Ensuite, lorsque j'habitais à Paris, j'ai fait un peu de online. Mais plus les années passent, plus je passe de temps en live."

C'est en 2022 que Bastien a signé son premier résultat officiel sur un tournoi "en dur", sur un tournoi annexe de l'EPT Monaco. Un festival auquel il a participé grâce au soutien financier de Davidi. "C'était ma première vraie expérience sur un tournoi live." Derrière, Bratislava, la première édition, où Bastien est allé chercher deux places payées, sur le Starter et, déjà, le Battle Royale. En 2023, une excursion à San Remo, Monaco une deuxième fois... et, aujourd'hui, la validation : pas mal de blé, et un trophée. "Je kiffe grave, je suis heureux. En plus, il y a deux semaines, je n'étais pas encore sûr de venir !" Un des potes intervient : "Et il a failli louper la late reg du Battle Royale, à cause d'une valise perdue à l'aéroport." Bastien confirme : "Je suis arrivé avec deux heures de retard. Vendredi soir, sur le stream de Pierre Calamusa, j'écris dans le chat que j'hésite entre le Colossus et celui-là. Il me dit, ça dépend, ça te dérange de perdre 1 500 € en une journée ? Je me dis : vu comme ça, allez go, on va le faire." Au final, au lieu de perdre 1 500, Bastien en a gagné presque 25 000 !

En finale, Bastien a longtemps été short... une situation d'autant plus compliquée à gérer qu'il avait sur sa tête le plus gros bounty. "Du coup, j'ai dû faire un truc que je sais pas faire : rester patient." Quelques bluffs qui passent, un capital confiance au plus haut, et un chip-leader un peu trop passif lui ont permis de tenir la distance. "En heads-up, je faisais tapis à moitié en value, à moitié en bluff. J'ai un peu tremblé ! Mais dans l'ensemble, j'ai réussi à jouer détendu."

Comme souvent sur nos tournois, la venue de Bastien à Bratislava est une affaire de copains. Ils sont huit en tout, tous porteurs de la fameuse casquette reprenant le pseudo d'un des leurs. "Tous les vendredis, on joue en cash-game à la maison. C'est le tripot !" Initialement, Bastien avait prévu de rejoindre le Main Event sur le Day 1B de jeudi. Mais cette victoire acquise mercredi soir vient contrecarrer ses projets : il va d'abord falloir aller la fêter.

Battle Royale KO 750 €
166 inscrits (re-entries inclus) - Dotation 111 220 €

HALIN	BASTIEN vainqueur du Battle Royale Winamax Poker Open Bratislava 2023

# Nom Prénom Pays Prix
(sans les bounties)
1 Halin Bastien France 12 435 €
2 Sesum Zoran Serbie 12 435 €
3 Quillere Kevin France 8 450 €
4 Kovacs Zoltan Hongrie 5 600 €
5 Gabzdil Matus Slovaquie 3 750 €
6 Desset Dominik Slovaquie 2 550 €
7 Gauchet Goulven France 1 800 €

Tournois annexes : tous nos récits

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