Joueur pro depuis six ans, Christopher Marcadet remporte son premier gros tournoi live pour un peu plus de 13 000 €. De quoi repartir à Budapest avec un paquet de bons souvenirs, avant de se concentrer sur d'autres projets et continuer à vivre de sa passion sans se prendre la tête.
Colossus KO 150 €
Il courrait après depuis un bail. Après six ans en tant que pro de poker, Christopher Marcadet y est enfin arrivé : en s'offrant le Colossus KO, il inscrit un premier top 1 sur sa fiche Hendon Mob ! Alors certes, il avait déjà gagné d'autres tournois non répertoriés, et il ne s'agit certainement pas du plus beau tournoi qu'il ait joué, lui qui avait par exemple atteint l'argent sur le Main Event des WSOP cette année : mais peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse. "Ce sentiment de gagner, d'être avec des potes, de soulever le trophée, d'avoir la photo souvenir qui va bien, c'est ce que je retiens, confirme Christopher, qui encaisse 7 000 € de gains, et un peu plus de 6 000 € de primes. Dans le poker, tu es content quand tu finis deuxième, mais tu as toujours un peu ce goût amer. En plus, c'était un tournoi bounty : il y avait pas mal d'argent en jeu, on jouait pour environ 3 500 € en heads-up, avec les bounties. Alors ça me fait plaisir, ce sont des souvenirs. Si j'ai des enfants un jour, c'est quelque chose que j'aurai envie de leur raconter."Pour commencer, Christopher, qui, on n'en doute pas, sera toujours aussi disert au moment de conter ses exploits, pourra par exemple leur narrer comment a été prise sa mythique winner's photo avec la présence (pas forcément voulue) de la police locale : "Cela n'a pas été évident, Caroline [notre photographe] a beaucoup d'imagination ! Le principe était de tenir le trophée dans une main et d'attraper ou d'agripper le tramway qui passait en bas du casino avec l'autre main. Le tout avec mes potes qui faisaient semblant d'attraper mon tee-shirt derrière moi, comme s'ils voulaient m'empêcher de partir avec le trophée ! Ce n'était pas hyper simple, d'autant que c'était pendant un break du Main Event, alors nous n'avions pas beaucoup de temps. Sauf que les trams ne s'arrêtent pas pour toi ! Mais le résultat est satisfaisant. Finalement, c'est celle avec les flics qui est sortie !"
Quand ils seront en âge de comprendre le déroulement des tournois de poker et la technique inhérente à notre jeu préféré, Chris pourra aussi raconter à ses gamins comment il a crush ce Colossus KO. Mais également pourquoi il a décidé de reprendre sur un 150 balles, alors qu'il n'avait pas tapé le carton en live depuis un été vegassien réussi : "On sortait du train, un peu fatigués, le Battle Royale se jouait en même temps, et il y avait pas mal de regs en table. Et je ne suis pas du genre à aller me casser les dents sur des regs..." Il ne le regrette pas : "Pour un 150 €, la structure était vraiment très belle, avec un dealer bonus. Les croupiers sont très compétents, c'est important de le souligner, ils dealent vite et font très peu d'erreurs. Je me suis qualifié pour le Day 2 avec une fois et demi la moyenne, et avec les levels qui passent à 25 minutes, tu as un peu plus d'edge. Il y avait quand meme de belles têtes en lice, comme zChance44 et K0ERING du Stream Gang, et Victor Fryda, quelques bons joueurs que j'étais surpris de voir sur un 150 €. Et le jour 2 s'est bien déroulé : il y a eu ce coup ou j'ai 3-bet shove 4-4 avec 20 blindes effectives, tombant contre deux Valets. Le flop est venu avec un Valet et deux piques. J'avais le 4, et ça a fait pique pique turn river... Ça m'a propulsé, j'avais deux fois et demi la moyenne en arrivant en TF, un tiers des jetons."Une finale qui s'est jouée comme dans un rêve : "Après, franchement, j'ai déroulé. Il y avait des petits stacks, j'ai pu mettre la pression sur les stacks moyens, car il y avait quand même de l'ICM. Du coup, ça s'est super bien passé. En heads-up, j'avais 16,8 millions et mon adversaire avait quelque chose comme six millions. Et je ne suis pas trop mauvais en duel : j'ai joué un peu en Expresso, un de mes meilleurs potes Leandry, est pro du format Expresso, et parfois on parle stratégie, mon meilleur ami franco-espagnol était joueur de HU avant... Je pense aussi que l'expérience a joué, j'ai eu la chance de tomber sur un adversaire moins expérimenté. Et comme le tournoi n'est pas cher par rapport à ce que je joue d'habitude, je n'avais pas la pression de l'argent. C'était un heads-up à 4 000 €, et j'en ai déjà joué à 6-8 000 € online, 18 000 $ à Vegas."
Puis, quand ses progénitures seront assez grandes pour faire la teuf, Christopher pourra peut-être leur donner un petit aperçu des nuits de Bratislava. "Après la victoire, j'ai régalé, avec mes amis proches. On était huit, en petit comité, puis tout le monde nous a un peu rejoint. C'était bien d'avoir quelque chose à fêter, de se dire : c'est mon tour. Car je restais sur quelques places de deuxième récemment, une deuxième place à Vegas sur un 600 $ au Venetian il y a un an, c'était un beau trophée... J'avais un peu cette frustration, j'étais un peu resté là-dessus." En revanche, pas sûr qu'il puisse vanter les mérites d'un travail acharné menant à la réalisation de ses objectifs : "Pour être totalement honnête, je ne suis pas vraiment un bosseur. Je pense que c'est pour ça que je n'ai jamais joué très très cher, ni les grosses limites online. Je ne me mens pas à moi-même, je joue les tournois où j'ai de l'edge."
Mais pour commencer par la base, Christopher pourra aussi rendre visite en famille à l'Orléans Poker Club, dont il est toujours le vice-président, même s'il réside depuis deux ans à Budapest : "Je gère notamment le partenariat avec Winamax. Je suis toujours actif, je prends toujours du temps pour aller les voir quand je rentre à Orléans voir ma famille. Le club se porte super bien, on a fini à 120 licenciés l'année dernière. On veut privilégier cette ambiance familiale. On ne veut pas retomber dans nos travers quand on avait 400 licenciés en 2014, c'était l'usine. On veut que les gens viennent pour le plaisir, prendre l'apéro. C'est ma petite fierté, c'est mon bébé, c'est mes couleurs, c'est ma ville... Je suis fier de dire que je viens d'Orléans."Enfin, Christopher pourra aussi faire visionner à ses chérubins des vidéos de ses streams poker, une activité qu'il a récemment fait évoluer : "Je prends moins de plaisir à jouer online, mais j'ai une communauté de 7 000 followers, j'étais l'un des premiers streamers poker. Sur les events Wina, il y a même des followers qui me demandent des photos, c'est étrange. En tout cas, je n'ai pas envie de m'imposer un planning de stream. J'adore streamer, échanger avec les gens, interagir. Même si des fois je sais que je peux froisser les gens et que je suis un peu vulgaire. Mais je suis-moi même, je ne fais pas semblant."
En tout cas, Christopher ne compte pas s'arrêter de jouer, même s'il porte désormais un regard différent sur la pratique de son activité : "Sur les six dernières années, j'ai passé quatre ans et demi à ne faire que jouer au poker. J'aime bien être sous pression, mais il me faut aussi ce coté plaisir. Pour les Series, je lance les deux premiers jours, et après je le fais presque par obligation. Je vois trop de joueurs de poker qui ne font ça que pour l'argent. Mais il faut prendre du plaisir. On fait un métier aux yeux des gens qui parait simple, mais qui est loin de l'être en vérité. Il y a une vraie pression. J'ai vu des gens avec une mauvaise gestion de bankroll, des exemples de gens qui ont fait des années à 150 000 €, et qui maintenent jouent les 10 € ou les 20 €. Et vivre du circuit live, ce n'est pas évident."
D'ailleurs, l'Orléanais compte ajouter d'autres cordes à son arc : "J'ai un projet par rapport au poker, qui fera peut-être un peu de bruit dans les prochaines semaines. Ce n'est pas un énorme projet, mais c'est quelque chose qui me tient à coeur depuis un moment. Après, j'ai le projet d'ouvrir un commerce dans la restauration à Budapest en début d'année prochaine." De quoi mettre temporairement ses déplacements sur le circuit en pause : "Je vais me calmer. J'aurais bien aimé aller à Vegas pour le WPT comme l'année dernière, mais sinon le projet n'avance pas, j'ai énormément voyagé depuis janvier, il est temps de se poser." Après cette victoire, il l'a assurément bien mérité !Colossus KO 150 €
853 inscrits (re-entries inclus) - Dotation 110 890 €
# | Nom | Prénom | Pays | Prix (sans les bounties) |
---|---|---|---|---|
1 | Christopher | Marcadet | France | 7 000 € |
2 | François | Gozzelino | France | 7 000 € |
3 | Raphaël | Houmard | Italie | 4 890 € |
4 | Mathias | Sidhoum | France | 3 650 € |
5 | Alexis | Gotail | France | 2 700 € |
6 | Lionel | Muggeo | France | 2 100 € |
7 | Tony | Veille | France | 1 650 € |