Vendredi 10 heures, City West Hotel. Salon du petit déjeuner. Toutes les tables sont occupées. Personne ne semble bien réveillé. Tout le monde a la voix cassée.
« - Elle est où, l’eau ?
- A priori, pas à Dublin. »
« Ah tiens, c’est marrant, y’a le sosie d’Antoine en vieux.
- Non non, c’est bien Antoine. Il a pas encore été se coucher. »
« Il paraît que Patrick Bruel est arrivé à Dublin.
- Tu crois qu’il a déjà un binôme pour l’hippoglouton ? »
« - Hé, Youki ! T’as pris combien à Guignol hier ?
- 150 ! »
« -Incroyable : hier, j’ai vu un mec choper une meuf.
- Tu déconnes, y’a pas de meufs au WPO.
- Si si. J’avais jamais vu ça en huit éditions. »
« -Comment ça va ?
- Pas mal, à part que je suis suicidaire. »
« - C’est quoi, cette odeur ?
- C’est moi. »
« Hier, j'ai vu un mec en cash-game, il a réussi à perdre 8 000 en une heure. »
« Putain, j'ai jamais perdu ma voix aussi tôt en cinq éditions. »
« Le beer pong, c’est de la merde. »
« En fait, Dublin c'est le pire tournoi à couvrir ! Tout le monde est là en train de s'éclater du matin au soir et vous, vous devez produire du contenu, du contenu, et encore du contenu. »
Auteur de cette dernière citation (prononcée ce matin au milieu d'une salle remplie de mines pas encore bien levées après une nuit très courte) mon ami Laurent Dumont, fondateur du ClubPoker, ne pouvait mieux décrire le dilemme de nous autres "couvreurs" censés vous raconter le festival de A à Z.


Je me rappelle tout de même de deux ou trois trucs. Les noms des 64 équipes, fièrement affichées sur écran géant, tous plus débiles les uns que les autres, voire même franchement olé olé pour certains. Les déguisements : un Walter White par-ci, un alien par-là, une bière géante ici, un chevalier Jedi et un Dark Vador là-bas. Les hôtesses attifées à la bavaroire, apportant les pichets de bière en flux tendu. Les premiers tours de jeu, tout de suite très bruyants, il n'y a pas eu de round d'échauffement.
Cette équipe de collègues travaillant aux paris sportifs de Winamax qui s'était entraînée des mois durant (avec de l'eau à la place de la bière !) pour... se faire éliminer dès le premier tour, bravo les gars. L'équipe des fondateurs de Winamax, qui n'ont jamais manqué une édition du WBPO. Cette défaite 10-0 infligée au second tour par l'équipe des Grumeaux, constituée pour moitié de Matthieu, compétiteur aussi bavard balle de ping pong en main qu'à une table de poker. Du jamais vu !


Les retournements de situation improbables, les 1 à 9 qui se terminent en 10 à 9, les balles qui ressortent du gobelet après avoir tourbillonné sur le bord du gobelet, les cris de joie poussés trop tôt. L'agonie de la défaite, l'exhaltation de la victoire, qu'est-ce qu'il est débile, ce jeu, délicieusement débile.


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