Antonin Teisseire remporte le Winamax Poker Open 2016
La table finale de l'édition 2016 Winamax Poker Open fut peut-être l'une des plus ouvertes de l'histoire du tournoi, avec six prétendants au titre aux profils certes hétérogènes mais ayant tous fait preuve d'un talent certain lors de leur long parcours vers l'ultime table. En clair : chacun méritait de gagner. Et en fin de compte, la victoire est revenue au plus expérimenté des finalistes. Et au plus coloré, aussi, ce qui n'est pas pour déplaire aux organisateurs d'un tournoi qu'ils veulent être le plus fun de l'année.
Antonin Teisseire ! Un joueur hors-normes, définitivement. Et pas que pour son talent - immense - de joueur de cartes, cultivé depuis trente ans dans les parties de cash-game du sud de la France et sur les tournois du circuit international. Un bracelet aux World Series of Poker en 2011, une troisième place lors de la première édition du Partouche Poker Tour en 2008 (c'est cette année-là que le public a fait connaissance avec le bonhomme) et plus de deux millions de dollars de gains de carrière sont là pour témoigner des compétences de 'Tonin'.
Mais c'est bien connu : sans personalité, les résultats ne sont rien. Et de la personalité, Antonin Teisseire en a des kilos à revendre. Que ceux qui n'ont jamais sursauté en entendant résonner son accent rocailleux dans les salles de tournoi de Deauville, Cannes, Vegas ou Prague me jettent la première pierre. Un homme capable, comme l'a écrit mon collègue Harper
lors de sa dernière perf' à Vegas, "
de vous faire rire une pleine tablée juste en racontant un coup de roulette."
Tonin, on le croirait tout droit téléporté d'un film de Marcel Pagnol, tendance "Tu me fends le coeur". Car du coeur, il en a aussi. Ne vous laissez pas tromper par sa silhouette imposante et sa voix bourrue : ce grand et gros bonhomme est un vrai gentil, dont la générosité est évidente dès qu'on l'entend parler des gens qui lui sont proches. Si l'on voulait juger de la valeur d'un homme au nombre de ses amis, alors on pourrait dire que Tonin est un homme très riche. Et ses premiers mots après avoir soulevé le trophée furent d'ailleurs pour l'un de ses copains les plus proches. "Je suis content, car en mai dernier, Kool Shen remportait le tournoi Winamax de Marrakech, et maintenant c'est mon tour à Dublin." Et une fois qu'il en eut fini avec la corvée des fins de tournois - interview, photo, trophée à soulever, et tout le tralala : Antonin est trop modeste pour prendre du plaisir à l'exercice - son premier coup de téléphone fut pour le rappeur du 93. L'amitié avant tout !
Antonin avait déjà rendu visite au Winamax Poker Open en 2015, se classant même dans les places payées. Un an plus tard, son retour s'est décidé à la dernière minute : on murmure que c'est son fils Artur, 24 ans, joueur de cartes comme le père, qui aurait insisté pour prendre un vol de dernière minute vers Dublin. Il a fallu lui tirer la manche : il faut dire qu'Antonin se fait discret sur le circuit ces dernières années. Compréhensible lorsque l'on sait les tracas administratifs qu'on subit nombre de joueurs Français stars des dix dernières années en ayant voulu faire de leur passion un métier. Mais Antonin n'a pas perdu ses vieux réflexes, et le plaisir de jouer : "Plus on avance, plus on se régale. Et comme j'ai un peu l'habitude, je me suis régalé plus longtemps que tout le monde !" Le fiston, lui, a terminé en 33ème position.
Légendaire fêtard sur le circuit, Antonin n'a pas manqué de rendre visite à la Leisure Room, participant au tournoi de beer pong officiel du WPO en tandem avec Michel Abécassis. "Il a deux mains gauches", se lamentait Antonin entre deux coups à propos de son partenaire. Ce qui n'a pas empêché la paire d'atteindre les demi-finales dans une ambiance survoltée, à la veille du Day 1B du Main Event. "On est à Dublin, tout de même, il ne faut pas oublier de s'amuser !"