Winamax
   

Main dans la main jusqu'en finale

- 18 juillet 2017 - Par Veunstyle72

saout pollak
Ils se connaissent par coeur, ou presque. C'est dans l'adversité mais main dans la main qu'ils ont fait le chemin vers la finale du plus gros tournoi de poker de l'année. Ils la disputeront assis côte à côte.

Benjamin Pollak et Antoine Saout ont désormais ce point commun d'être finalistes du Main Event des WSOP ! Et forcément, quand on ne connait pas encore cette sensation, la nouvelle à de quoi secouer, même quand on est un grand gaillard comme Benjamin Pollak : « C’est dur à réaliser. D’habitude, les scénarios catastrophes, on les accumule au poker, et puis là… PAN ! Ça y est, c’est maintenant ! Donc c’est dur à réaliser. Dis toi que ma mère n’était même pas au courant, elle m’a dit OK, on viendra te voir en novembre ! »

Talentueux, expérimenté, collectionneur de deep-runs depuis 2007 (mais n'ayant jamais connu de gagne à un million de dollars : voilà qui est chose faite !) Benjamin ne va pas forcément craindre beaucoup de joueurs lors de cette finale, excepté peut-être les deux joueurs qui ont le plus de jetons : « Le joueur le plus dangereux pour moi, ce sera le chipleader, Scott Blumstein. Parce qu’il est foufou et que c’est une calling station. J’ai la position sur lui, donc je ferai attention aux spots que je vais prendre et je vais éviter de trop gamble contre lui. Mais la situation est quand même pas mal. »

En 2013, Ben Pollak avait déjà gouté aux joies d'un deeprun sur le Big One, mais avait terminé son parcours sur une frustrante 27e place. Un souvenir quelque peu difficile à digérer, mais finalement, avec le temps, cette expérience fut plutôt enrichissante : « Je connais déjà cette sensation, de rater la table finale et donc les gros chiffres… mais maintenant je connais l’autre sensation, l’envers du décor, et c’est juste magique et magnifique ! » Quatre ans plus tard, le voilà propulsé en final, ayant bénéficié d'un énorme craquage de Christian Pham, qui a véritablement gâché son deep-run avec un coup joué beaucoup trop agressivement. « J'avais presque de la peine pour lui. Il était chip-leader à 27, il termine 20e, il ne gagne même pas un palier ! Il est comme ça ce tournoi : très long, très très long, la fatigue te fait faire des erreurs. »

Le Français tentera de mixer son jeu, entre agression sur quelques spots bien précis, et patience ultime. L'objectif est différent que sur n'importe que tournoi... car il ne s'agit pas de n'importe quel tournoi ! Il faudra garder la tête plus froide que ses adversaires : « Je vais mettre la pression sur les tapis moyens, et essayer d’avoir une bonne image, d’être fort et de ne pas faire d’erreurs. Certains vont surement craquer, il faut être solide, c’est un jeu de mental de toute façon. »

Bon et sinon Benjamin, entre toi et Antoine, qui est le meilleur joueur alors ? « Il a plus de gains que moi… mais on verra en table finale ! »

saout
Antoine Saout devient quant à lui un habitué de ces deepruns sur le Main Event. Réaliser plusieurs deepruns, c'est possible, mais réaliser deux tables finales sur le tournoi le plus long du monde, ça commence à dépasser la réalité. Peu de joueurs, dans l'histoire des World Series Of Poker ont réussi à faire ce que s'apprête à faire le Breton. « C’est un accomplissement, c’est cool, c’est super. On va encore me traiter de double chattard en revanche ! » C'est le Antoine Saout qu'on connaît, celui qui préfère mettre en avant sa réussite (il aura du passer deux fois par la case "coin-flip" aujourd'hui, lorsqu'il était short-stack en début de journée), et non pas son talent, qui est pourtant immense. Combien de fois aujourd'hui l'avons nous vu placer des 3-bets ou 4-bets avec un timing parfait, lorsqu'il sentait que ses adversaires tentaient de le voler. Et ce pot de 10 millions remporté avec un As-Roi qui n'avait même pas touché une paire ? Du caviar : après avoir 4-bet préflop, Antoine a réussi à faire passer John Hesp avec une simple mise sur un flop hauteur Dame, celui-ci détenait pourtant deux Valets ! Là aussi, Antoine refusera d'y voir autre chose que de la réussite : "En fait, il y avait un coup à tapis sur l'autre table, du coup il n'avait même plus envie de jouer le coup, il a dit 'allez, je vais pas me prendre la tête'", et il a jeté ses cartes avant d'aller voir ce qu'il se passait à côté."

Désormais, place au travail, tout Antoine Saout qu'il est, ça ne l'empêche pas de vouloir faire ses devoirs dès demain. « Je vais essayer de regarder les streamings, les coverages pour choper d'autres infos sur comment ils jouent. Je n’ai qu’une vingtaine de millions de jetons, mais ça va tellement vite à ce niveau là. Tu prends un 3-bet ou un squeeze et hop, tu gagnes 5 millions. Il faudra mettre la pression sur les tapis moyens, Je suis confiant pour moi-même et j’aime bien ma position à table, avec des deux gros tapis sur ma droite [John Hesp et Scott Blumstrein], c'est encore mieux »

Avec la fin du concept des "November Nine" Antoine et Benjamin entament une nouvelle ère. Deux jours seulement les séparent de la table finale, ce qui n'est pas spécialement pour plaire à tout le monde. Antoine, lui, est 100% pour. "Ça me va très bien d’enchainer. Les joueurs moins affûtés n’auront pas le temps de bosser leur jeu pendant trois mois. Ce sera un avantage pour moi. »

On terminera en posant à Antoine Saout la même question qu'à Benjamin Pollak : lequel est le meilleur ? Le Breton se fendra d'un sourire taquin. « Je ne sais pas, mais... Qui a fait deux tables finales ? » 

Finale du Main Event : le programme

Jeudi 20 juillet : coup d'envoi à 17h30 - arrêt à 6 joueurs restants
Vendredi 21 juillet : coup d'envoi à 17h30 - arrêt à 3 joueurs restants
Samedi 22 juillet : coup d'envoi à 17h30 - jusqu'au vainqueur

17h30 = 2h30 du matin en France

Qui seront les adversaires d'Antoine et Ben en finale ?

- 18 juillet 2017 - Par Flegmatic

Siège 1 : John Hesp (UK) - 85,7 millions (107BB)

John Hespe
Sans aucun doute l'élément perturbateur de cette table finale. Le X-Factor comme on dit chez lui, du côté de Hull City. Car oui, depuis le début de ce tournoi, où sa veste façon patchwork à donner des sueurs froides à n'importe quel ophtalmologue nous a immédiatement tapé dans l'oeil, John Hesp détonne, et pas qu'un peu. D'abord par son style de jeu, qui a éclaté au grand jour depuis le Day 6, sous la lumière des caméras de PokerGO. Longues réflexions préflop avec des poubelles, min-raises en value sur le flop et autres bizarreries : il l'a avoué lui-même, l'ami John, qui sera aussi le doyen des neuf finalistes, n'a jamais lu aucun livre de poker, et ça se voit. Dans un monde professionnel où le jeu GTO prend une place de plus en plus grande, l'Anglais fait clairement figure d'épouvantail, et ce jusque dans ses lignes Hendon Mob, que l'on a bien eu du mal à prendre au sérieux. La raison à cela ? Au nombre de sept, elles ont toutes été acquises sur le même tournoi, le Sunday Rebuy à dix balles organisé dans un petit casino de Hull. Pas tout à fait le même buy-in ni le même prestige que le Main Event des World Series of Poker. Pour embellir encore un peu plus le tableau, le bougre est l'heureux détenteur d'une voiture aussi rare que légendaire, une Delorean. Il n'en fallait pas plus pour que John Hesp devienne le chouchou de ses compatriotes outre-Manche, qui ne jurent que par lui sur les réseaux sociaux, ainsi que d'une bonne partie des observateurs privilégiés de notre jeu. "Nous avons besoin de quelqu'un comme vous en finale," lui aurait même soufflé Phil Hellmuth en lui remettant une copie de son autobiographie. Parti sixième au départ du Day 7 avec un tapis de 20 millions, Johnny n'a eu de cesse d'augmenter son capital, en mettant un maximum de pression sur ses adversaires, en plus de bénéficier du soupçon de réussite à tout deep run, de l'As au flop qui lui a permis de sortir Randy Pisane, au board tout à trèfle pour signer l'élimination de Pedro Oliveira et constituer la pré-table finale à 10. Aussi incongru que celui puisse paraître, c'est ainsi assez logiquement qu'il attaquera la table finale du plus beau tournoi du monde avec un net avantage sur ses poursuivants directs. "Je suis au poker ce que Trump est à la politque : un amateur," a-t-il lâché à nos confrères de PokerNews. Et on se souvient tous du résultat des élections de l'an dernier. Ça promet.

Siège 2 : Scott Blumstein (USA) - 97,25 millions (121BB)

Scott Blumstein
L'homme qui attaquera cette finale dans la peau du chipleader est un pur grinder de la côte est des États-Unis. Originaire du New Jersey, il compte la majorité de ses 43 lignes sur des tournois entre 100 et 2 500 dollars du côté d'Atlantic City. C'est donc fort logiquement qu'il y a acquis celle qui reste de très loin sa meilleure perf' à ce jour, une victoire sur un énorme tournoi à 500 dollars au Borgata pour près de 200 000 billets verts. Relativement discret en début de Day 7, il a passé la surmultiplié au retour du dinner break, pour éliminer coup sur coup Scott Stewart (13e) et Richard Dubini (12e), avant de prendre la tête grâce à un bon call réussi face à Jack Sinclair, avec une paire de 10 sur un board hauteur As. Double avantage pour l'ami Scott, il aura la position directe sur celui qui le suit au classement, John Hesp. Peut-il poursuivre sur sa lancée et garder la première place jusqu'au bout, comme Joe McKeehen en 2015 ? Ou va-t-il complètement s'effondrer tel Philipp Hilm en 2007 ? On vous avoue que les circonstances penchent plus en faveur de la première option.

Siège 3 : Antoine Saout (France) - 21,75 millions (27BB)

Antoine Saout

Siège 4 : Benjamin Pollak (France) - 35,175 millions (44BB)

Benjamin Pollak

Siège 5 : Jack Sinclair (UK) - 20,2 millions (25BB)

Jack Sinclair
Du haut de ses 26 ans, Jack Sinclair est en pleine découverte des tournois live. S’il n’affiche que 13 500 dollars de gains sur Hendon Mob, il ne s’agit en fait que d’un trompe l’oeil. Sa vie de joueur de poker se déroule majoritairement derrière un écran d’ordinateur. Oui, Jack Sinclair est avant tout un joueur de poker online. Avec des amis comme Anton Morgenstern et Philipp Gruissem, on peut aisément imaginer que le jeune Anglais sait parfaitement manier les cartes. Troisième au chipcount au matin de ce Day 7, Sinclair a d’abord roulé sur cette journée, réalisant au passage un très bon fold contre Antoine Saout (il avait floppé quinte, mais Antoine avait transformé son brelan en full sur la turn) avant de terminer la journée beaucoup plus dans le dur, la faute à un 3-barrel bluff mal placé, qui lui a couté près de 30 millions de jetons ! À la reprise, il ne possédera plus que 20 millions, soit le deuxième plus petit tapis de cette finale.

Siège 6 : Damian Salas (Argentine) - 22,175 millions (28BB)

Damian Salas
Dès le milieu du Day 4, qu'il a terminé en tant que large chipleader suite à un good run mémorable, pendant lequel il n'a montré que les meilleurs jeux plusieurs heures d'affilée, Damian Salas nous faisait penser à un certain Cliff Josephy. Beaucoup moins pour son palmarès - que nous ne connaissions pas à l'époque - que pour sa certaine prestance à table, de celle que peuvent avoir les quarantenaires/cinquantenaires sûrs d'eux. Nous ne pensions pas si bien dire. Car même s'il n'est pas la légende online qu'a pu être - et est encore - 'Johnny Bax', l'Argentin n'est pas franchement ce qu'on peut appeler un manchot dès lors qu'il s'agit de cliquer avec une souris. Selon nos confrères de PocketFives, Damian fait ainsi preuve de plus de 3 millions de dollars de gains remportés sur Internet. Ajoutez à cela plus de 900 000 dollars de gains en live, une présence constante sur le circuit sud et nord-américain depuis 2009, et comme meilleur résultat la gagne d'un (petit) Highroller à 5 000 dollars à Punta del Este pour 107 800 dollars, et vous obtenez un joueur d'expérience qui n'a pas peur de faire bouger les masses. Car dans la foulée d'un Day 6 apathique, où son tapis n'a suivi qu'une lente progression vers le bas, il a ressorti pendant le Day 7 la panoplie du parfait cliqueur online, à base de relances et surrelances pré et post-flop avec des mains que beaucoup n'envisageraient même pas. Reste à voir s'il continuera de jouer cette carte agressive qui semble lui réussir à merveille. Une chose est sûre, s'il parvient à monter suffisamment de jetons, il peut se révéler comme l'un des dynamiteurs de cette finale. À noter que si ce joueur va plus loin que quatre de ses adversaires (Lamb, Saout, Blumstein, et Hesp), Benjo empochera plus de 1800 dollars suite à un last longer géant organisé en salle de presse. Comme s'il n'allait pas déjà vibrer suffisamment sur cette finale.

Siège 7 : Ben Lamb (USA) - 18,05 millions (23BB)

Ben Lamb
Rebelote pour l’Américain Ben Lamb, qui, à l’instar d’Antoine Saout, s’immisce pour la seconde fois de sa carrière sur la table finale d'un Main Event WSOP. Mais après sa troisième place en 2011 - édition qu'il boucle d'ailleurs en tant que Player of the Year après avoir notamment décroché le bracelet sur l'épreuve de Pot-Limit Omaha à 10 000 dollars et terminé runner-up d'un autre tournoi de PLO à 3 000 dollars -, si ce n'est pour deux brèves excursions à Seminole en août 2014, puis à l'Aria début 2015, le second Ben de cette finale a complètement disparu de la circulation... jusqu'à ce printemps, où il est revenu en force avec une victoire sur un Highroller au Bellagio. Si l'on ne sait pas vraiment quelle mouche l'a piquée, force est de constater que le choix de ce retour était judicieux. Tout ne s'est en revanche pas passé comme prévu sur son Day 7, qu'il avait attaqué avec un tapis de 25 millions, supérieur donc à celui avec lequel il a terminé sa journée. Se maintenant de longues heures durant sous le tapis moyen, ce natif de Las Vegas a toutefois eu le mérite de ne jamais se mettre en danger, jouant de son expérience pour sécuriser ce deuxième exploit, six ans après. Son statut de short stack officiel de cette finale ne peut lui permettre de prétendre simultanément à celui de favori, mais avec des écarts très resserés en bas de classement, tout est encore possible pour lui.

Siège 8 : Bryan Piccioli (USA) - 33,8 millions (42BB)

Bryan Piccioli
Parce que le joueur au siège 8 n'a pas le monopole du bracelet autour de cette table finale, Bryan Piccioli aussi a déjà décroché un titre WSOP. Tuons le suspense tout de suite, son sacre n'a pas eu lieu en été à Las Vegas, mais un soir d'avril du côté de Melbourne, dans le cadre des World Series of Poker Asia-Pacific, sur un tournoi à 1 100 dollars australiens. Si nous vous laissons seul juge du prestige d'une pareille victoire, les faits sont eux indéniables. Et si, avec 1,9 millions de dollars de gains en tournois live, l'Américain - originaire du comté d'Allegany dans l'État de New York - peut aisément être estampillé joueur pro, ce chiffre représente moins d'un tiers de ses quelques 6,3 millions encaissés depuis des années sur les tables online. D'assez loin le meilleur total de tous les finalistes. Sur ce Main Event, il est - et restera probablement longtemps - celui qui a infligé un deux outer à Antoine Saout juste avant la réunification sur une table, sous la forme d'un 8 apparu sur la rivière d'un board 9-As-As-Dame, transformant sa paire de 8 en full pour battre le As-4 du Français. Mais c'est aussi lui qui met fin aux espoirs de back to back de Michael Ruane, en doublant sur lui en toute fin de journée via un bon vieux flip des familles avec une paire de 10 contre As-Roi. Deux coups qui lui permettent d'aborder cette table finale avec un confortable tapis de 42 blindes, laissant la porte ouverte à toutes les fenêtres perspectives. Enfin, la présence de Bryan autour de cette TF, c'est aussi l'assurance de bénéficier d'un rail fourni et motivé, qui a déjà plus d'une fois fait monter les décibels au sein d'une Brasilia Room qui ne demandait que cela pour se réchauffer.

Siège 9 :  Dan Ott (USA) - 26,475 millions de jetons (33BB)

Dan Hott
Sur la photo ci-dessus, Dan Hott était alors le premier joueur de ce tournoi à passer le cap des vingt millons de jetons. Nous étions alors en milieu de Day 6, et le résident d'Altoona, Pennsylvanie était alors sur un nuage. Il n'attaque pourtant le Day 7 qu'avec le 20e tapis sur 27 - la faute à gros coups perdu en fin de Day 6 contre John Hesp - mais se remet très vite à flot d'entrée, grâce à un pot de 10 millions décroché contre un David Pham qui entamait sa descente aux enfers. Il fait ensuite parler de lui à l'occasion d'une double confrontation dantesque face à Scott Blumstein, enchaînée en quelques minutes à peine. La première, favorable, avec As-Roi contre Roi-Valet. La seconde, perdue avec Roi-Valet contre une paire de Rois. Mais au-delà de ce parcours chaotique, ce qui impressionne encore plus chez Daniel c'est le fait qu'il ne dispute là que l'un de ses premiers tournois live. Comme beaucoup, Ott découvre le poker en 2003 au moment de la victoire de Chris Moneymaker - il avait alors 12 ans - , s'intéresse au jeu et se lance sur les tables online dès que possible. Ce n'est finalement que cet été qu'il opère la transition avec le live, grâce à plusieurs perfs online, avec donc la réussite que l'on connaît. Voilà ce qui explique une page Hendon Mob presque vierge, où ne figurent que deux résultats... tous acquis cet été aux WSOP. Un one timer, un vrai, qui s'estimait déjà heureux lors du Day 6 de s'être assuré un gain de 100 000 dollars. Avec maintenant dix fois plus de billets verts dans sa poche, on l'imagine mal vouloir en rester là.

La finale débutera avec environ une heure restante sur le niveau 400 000/800 000 ante 100 000.

Les prix

Vainqueur : 8 150 000 $
Runner-up : 4 700 000 $
3e : 3 500 000 $
4e : 2 600 000 $
5e : 2 000 000 $
6e : 1 675 000 $
7e : 1 425 000 $
8e : 1 200 000 $
9e : 1 000 000 $

On n'est pas dans l'avion

- 18 juillet 2017 - Par Benjo DiMeo

Main Event
Le 15 mai 2017, lorsque l'organisation des World Series of Poker a annoncé l'abandon du concept de "November Nine", signifiant le retour de la table finale du Main Event au programme de l'été, dans la foulée des sept tours de jeu préliminaires, cela faisait un petit moment que nous autres reporters Winamax avions reservé nos billets d'avions et logements pour notre séjour annuel à Las Vegas.

Il faut dire que cette annonce capitale, qui signifiait que nous n'aurions plus à attendre trois mois avant d'assister à la conclusion du tournoi de poker le plus suivi de l'année, est arrivée un peu tard : deux semaines à peine avant le coup d'envoi des premières épreuves de la 47e édition ! Autrement dit bien longtemps après que le délai pour réserver quelque voyage transatlantique que ce soit pour un prix raisonnable ait expiré. Résultat : que ce soit Steven, Harper, Flegmatic, notre animateur radio Jay Pee où l'auteur de ces lignes, lorsque nous sommes arrivés à Vegas, notre billet d'avion retour à tous affichait une date qui n'était plus d'actualité, correspondant au lendemain des demi-finales du Main Event, et à l'avant-veille de la table finale. En un mot comme en cent : avec ce changement de programme de dernière minute, on avait un peu l'impression de s'être fait avoir !

July 9
Depuis 2008, année de naissance du concept de November Nine, nous nous étions habitués à l'atmosphère particulière, mi-figue, mi-raisin, qui régnait au centre de convention du Rio lors du Day 7 du Main Event, alias le dernier avant la finale. Joueurs comme organisateurs, couvreurs comme simple fans, tout le monde savait que cette ultime journée ne désignerait pas un gagnant, mais plutôt neuf moitiés de gagnants. Neuf finalistes qui seraient invités à revenir jouer une ultime partie de poker programmée trois mois plus tard, neuf joueurs avec qui nous aurions eu le temps de faire connaissance dans l'intervalle via les diffusions du Main Event sur la chaîne TV ESPN, des interviews, ou des apparitions sur d'autres tournois du circuit européen et américain.

Il y avait toujours comme un sentiment d'inachevé au moment de quitter le Rio au soir de cette ultime journée : notre dernier article de l'été ne ressemblait pas vraiment à une conclusion, avec une belle phrase se terminant un poil final. Il y manquait un gagnant, à cette conclusion, et la photo qui allait avec. Les lumières s'éteignaient, le plateau télé était demonté, et tout le monde rentrait chez soi avec seulement une moitié d'histoire à raconter. D'ailleurs, c'était souvent une histoire à la chute grotesque : l'élimination de Gaëlle Baumann en dixième place en 2012, celle de Daniel Negreanu en onzième place trois ans plus tard... Coitus interruptus : au moment où les lourdes portes du Rio se refermaient derrière nous, et à quelques heures du vol retour vers l'Europe, il était difficile de ne pas se dire : "Tout ça pour ça ?"

D'autant que, pour des reporters venant de loin tels que nous, la motivation à retourner à Las Vegas trois mois plus tard faisait souvent défaut. Certes, on salivait devant la perspective d'observer un Martin Jacobson dominateur de bout en bout, ou un Jonathan Duhamel au triomphe hilare devant des dizaines et dizaines de supporters québécois déchaînés. Mais ils nous fallait au minimum la présence d'un Antoine Saout ou d'un Sylvain Loosli, bref un joueur pour lequel nous avions développé un investissement émotionnel, pour nous pousser à se taper les vingt heures de voyage et assister en personne, plutôt que devant notre ordinateur, à la conclusion de la plus grosse partie de poker de la planète. Il en va ainsi du métier étrange que nous avons choisi de pratiquer sur les gros tournois de poker : une forme bâtarde de journalisme sportif, où plus souvent que jamais, nous mettons l'accent sur les joueurs dont le passeport est similaire au nôtre. Nous ne sommes pas nationalistes pour deux sous, mais à quoi bon faire 5000 bornes pour se rendre à Las Vegas si c'est pour écrire la même chose que les confrères américains qui l'écrivent bien mieux que nous ?

Saout et Pollak
Depuis 2007, nos reportages se concentrent sur les joueurs français, leurs bonheurs, leurs malheurs, leurs petites et grandes histoires parce que c'est sur ce créneau que nous nous sentons le mieux à même de proposer un travail original et le plus complet possible. C'est pourquoi, lorsque je me retrouve à vivre le moment que nous avons vécu ce soir aux alentours de deux heures du matin, en voyant Antoine Saout et Benjamin Pollak se tomber dans les bras devant un parterre de Français rigolards sur le point d'entonner La Marseillaise, je me retrouve dans la peau d'un Thierry Roland voyant Emmanuel Petit marquer le troisième but contre le Brésil le 12 juillet 1998. Quand il se passe quelque chose comme ça, difficile de garder son objectivité. Ces deux joueurs, comme des dizaines d'autres éliminés avant eux durant le tournoi, nous les suivons épreuve après épreuve, mois après mois. Nous les croisons dans les moments difficiles comme dans les moments de run good. Au fil du temps, on apprend à les connaître. On s'habitue à leurs défauts et à leurs excentricités. On développe des private jokes. On construit une histoire commune.

Et miracle : cette année, ce n'est pas un, mais deux joueurs français qui seront autour de la dernière table du Main Event des World Series of Poker autour de sept joueurs de talents venus d'Angleterre, Argentine, et des quatre coins des États-Unis. Qui plus est, cette fois, pas besoin d'attendre trois mois pour le dénouement : on connaîtra le Champion du Monde 2017 samedi soir, au terme d'une table finale étalée sur trois soirées. Pour la première fois de l'histoire du poker français, la partie de poker la plus importante de l'année va se transformer en sport collectif : le clan de supporters français n'aura pas qu'un seul joueur à soutenir !

Foule
Même en l'absence de joueurs français à la fin du Main Event, la bulle de la finale du tournoi le plus suivi de l'année est toujours un moment électrique, auquel tout fan de poker devrait assister au moins une fois dans sa vie (et pourquoi pas le vivre !). Chacun des dix joueurs est soutenu par une cohorte d'amis, de proches, de membres de la famille ou de joueurs du même pays. On peut presque toucher l'intensité du moment avec le doigt. Aucun des mecs assis à la table ne veut être celui qui va sauter, celui qui va délivrer les autres, celui qui va s'en aller, certes très riche, mais avec un nuage de déception au dessus de sa tête, et la prise de conscience que peut-être jamais il ne vivra ce moment une seconde fois dans sa vie, que jamais il ne traversera sept journées de poker et plus de 7 000 joueurs pour se voir recalé aux portes de la dernière fête, la plus belle de toutes. Entre les coups, des chants se font entendre, dans toutes les langues représentées à table. Souvent, les drapeaux sont de sorties. Les serveurs font des allers et retours incessants à mesure que les factions de supporters commandent des nouvelles tournées de bières, de cocktails voire même de shots. Pendant les coups, le silence est total : respect pour la partie en cours ! Mais dès que deux joueurs partent à tapis, la bronca est assourdissante : les cartes sont appelées de part et d'autre avec fureur. "King ! King ! King !" "Deuce ! Deuce ! Deuce !"

Rail
Ce lundi matin à onze heures, nous attaquions notre dixième journée en immersion dans le Main Event. Face à nous, 27 joueurs seulement. Tout au long des neuf journées précédentes, nous avions traversé toutes les phases de cette épreuve interminable. Le gigantisme des trois Days 1 différents, et leurs quatre salles pleines à craquer de joueurs. L'éclatement de la bulle en fin de Day 3, seul moment où le poker devient un vrai sport collectif avec une émotion et une joie partagées simultanément par plus de mille joueurs, et les centaines de spectateurs les entourant. Puis la frénésie des éliminations des Day 4 et Day 5, où tous les joueurs ayant franchi l'argent avec un petit tapis se contentaient, la plupart du temps avec le sourire, d'une petite récompense et d'une belle histoire à raconter. Puis la longue marche vers la table finale, ponctuée d'éphémères success stories, de chip-leaders explosant en vol, de come-backs improbables, de stars du jeu malchanceuses devant les caméras, d'illustres inconnus se faisant un nom, de joies et de peines comme nul autre activité ludique ne sait en provoquer.

Saout Pollak
Tout au long de ces dix jours, nous avons vu le contingent français, énorme au départ (plus de 150 entrants) se réduire petit à petit, puis de plus en plus rapidement, la logique implacable des tournois de poker n'épargnant pas les joueurs tricolores, quand bien même leur talent est grand. Les premiers indices que nous n'étions pas en train de vivre un Main Event normal sont apparus dès la fin des trois Days 1, au moment de consulter les listings officiels : 117 Français avaient franchi le premier tour, un score au dessus de la moyenne des dix dernières années. Deux jours plus tard, ils étaient 34 à atteindre les places payées parmi un total de 1 084 joueurs. Là encore un bon chiffre, mais il était encore trop tôt pour s'enflammer.

Ce n'est qu'à la fin du Day 6 que nous avons véritablement pris conscience que, comme en 2009, comme en 2013 (quatre ans d'écart à chaque fois !), nous allions avoir l'occasion de vibrer autour de l'ultime table : ils étaient encore quatre Français parmi les 27 derniers joueurs. Et pas des moindres : des joueurs déjà titrés en live ou online, des joueurs ayant l'expérience des tables finales, des joueurs cumulant des millions de dollars de gains à eux quatre. Il aurait fallu sacrément jouer de malchance pour que tous échouent avant de rejoindre la dernière table. Le résultat final allait dépasser toutes nos espérances, et avant de se tourner vers la table finale, on terminera cet article avec une pensée pour ceux que l'on aurait aimé aussi y voir, ils le méritaient tout autant, Alexandre Réard et Valentin Messina, mais les cartes en auront voulu autrement aujourd'hui. Cela n'enlève rien à l'immensité de la performance qu'ils ont accompli aujourd'hui, durant sept jours d'un marathon ô combien épuisant et intense... La fin duquel nous allons assister aux premières loges, après avoir changé nos billets d'avion, et prolongé la chambre d'hôtel quelques jours de plus.

L'ambiance à deux heures du matin

Saout Pollak
1h du matin. Benjamin Pollak et Antoine Saout discutent entre deux mains. Ils ne le savent pas encore, mais la délivrance est proche.

1h18
1h18 : Michael Ruane est à tapis avec As-6 contre la paire de Valets de Damian Salas. November Nine en 2016, l'Américain est en train de jouer son dernier coup sur cette édition 2017. Les autres joueurs attendent le verdict : aucun n'est de son côté...

Damian Salis
Le board n'apporte aucune aide à Ruane : l'Argentin Salas peut exhulter auprès de son clan.

Français
Et le clan français d'en faire autant en compagnie de Benjamin et Antoine.

Pollak
Même un pro expérimenté comme Benjamin Pollak n'en revient pas : ses dix ans de carrière ne l'avaient pas préparé à l'intensité du moment qu'il est en train de vivre

Ben Lamb
Tournée de shots pour Ben Lamb en compagnie de Jay Farber. Comme Antoine Saout, Lamb atteint la finale du Main Event pour la seconde fois.

Serveur
Servez-vous : c'est offert par la maison

Interview
Jack Sinclair répond aux questions des médias

Bagging
Pour la septième et dernière fois, les survivants comptent et emballent leurs jetons

Salas
Philippe Poutou, euh pardon Damian Salas représentera l'Argentine en table finale. On a bien failli en avoir deux, des Argentins, avec un Richard Dubini sautant en 12e place

HEsp
Si vous ne connaissez pas encore John Hesp, vous allez l'adorer : le retraité anglais est d'ores et déjà le chouchou des médias et des spectateurs du streaming des phases finales

Hesp
Le public français est lui aussi sous le charme, et a reservé une belle ovation au joyeux anglais

Hesp
Les "July Nine" français passés sur le grill par nos reporters

Photo souvenir
Une photo souvenir avant d'aller se reposer (et se préparer !)

Vidéo : les réactions à chaud de nos français

- 18 juillet 2017 - Par Veunstyle72

pollak steven periscope
L'horloge affiche une heure passée de quarante minutes lorsque la bulle de la table finale éclate sur le Main Event. Un moment électrique, qui laisse une trace indélébile chez tous ceux ayant la chance de le vivre de près. Et le moment idéal pour dégainer le téléphone et se connecter sur Periscope ! 

Session de rattrapage pour ceux qui ont manqué ce moment historique pour le poker français, avec 26 minutes en immersion au beau milieu de l'ambiance post-bulle : neuf joueurs viennent d'entrer dans l'histoire, parmi lesquels deux Français que vous connaissiez probablement déjà bien Benjamin Pollak et Antoine Saout. Ils ne réalisent pas encore vraiment ce qui leur arrive, mais ils vont faire de leur mieux pour réagir à chaud devant notre objectif, entourés d'un parterre d'amis (et autres connaissances).

Installez-vous confortablement et savourez ce moment magique, comme si vous étiez au Rio, en direct des Championnats du Monde.  

Ils l'ont fait !

- 18 juillet 2017 - Par Benjo DiMeo

Table Finale WSOP 2017
Ils l'ont fait ! C'est un moment historique pour le poker français : jeudi, ils ne seront pas un, mais deux à tenter de décrocher le titre de Champion du Monde. Benjamin Pollak et Antoine Saout ont atteint ce soir la dernière table du Main Event des World Series of Poker.

Siège 1 : John Hesp (UK) 87,7 millions (107BB)
Siège 2 : Scott Blumstein (USA) 97,25 m. (122BB)
Siège 3 : Antoine Saout (France) 21,75 m. (27BB)
Siège 4 : Benjamin Pollak (France) 35,175 m. (44BB)
Siège 5 : Jack Sinclair (UK) 20,2 m. (25BB)
Siège 6 : Damian Salas (Argentine) 22,175 m. (28BB)
Siège 7 : Ben Lamb (USA) 18,05 m. (23BB)
Siège 8 : Bryan Piccioli (USA) 33,8 m. (42BB)
Siège 9 : Dan Ott (USA) 26,475 m. (33BB)

Blindes : 400 000/800 000, ante 100 000 pendant une heure environ

Restez branchés : nous vous préparons un compte-rendu complet de cette folle fin de journée, avec les impressions de nos deux prétendants à l'exploit, et une galerie photo haute en couleurs. A très vite.