Event #35 : NLHE 6-max 5 000$ - Sylvain Loosli dans les hauteurs du classement
C'est que le début, d'accord, d'accord, espérons juste que ça continue, encore et encore. Ouais, j'ai de solides références musicales. Tout va plutôt bien pour le team dans ce day1, qui a rameuté plus de 520 joueurs jusque là. Et la bonne nouvelle, c'est la montée en puissance de Sylvain Loosli dans ce tournoi.
Sylvain a réussi à se bâtir un tapis digne de ce nom. En deux coups. Attention, si vous voulez vivre les prochains épisodes de « Dans la tête d’un pro » sans le moindre spoil, je vous conseille de filer directement au prochain paragraphe…
1ere main :
Un jeune Portuguais ouvre cette main depuis le hi-jack en relançant à 700 (sur 150/300). Sylvain ouvre deux beaux valets et 3-bet à 2 200 en petite blinde. C’est payé.
Puis sur un tableau 53228, Sylvain effectue sa mise de continuation à 2 000 au flop, puis envoie 4 500 sur la turn et 9 500 sur la rivière. Mais il doit répondre à ce moment là à son adversaire qui lui envoie la couscoussière, pour un montant de 23 500. Sylvain prend le temps de la réflexion, et fait jouer son instinct : « J’ai vu des tells de faiblesse… » Il décide de payer et découvre avec bonheur AT pour un flush draw et un tirage par le ventre qui passent à côté.
2e main :
La dernière avant d’aller manger. Et c’est bien connu que la dernière main avant le break est souvent pleine d’action, les joueurs veulent tous la gagner, aller savoir pourquoi. C’est le cas ici on dirait bien…
Un joueur amateur ouvre à 1 000 (sur 200/400) et Sylvain paie depuis le bouton avec 33. Attention bonheur : le flop vient T34. Son adversaire mise 2 000 et Loosli fait monter les enchères à 5 500, fort de son brelan. La turn 9 apporte un nouveau tirage couleur, et le Français propose 6 500 cette fois. C’est encore payé. Enfin, sur la rivière 8, son adversaire donk bet à tapis, pour 13 500. Sylvain pose la somme réclamée et le joueur amateur montre A3. Merci et bon appétit monsieur.
Ça ne va pas trop mal du côté de Davidi Kitai également. Le génie est de retour aux affaires et n’a pas eu trop de mal à monter un joli petit tapis de 65 000. « J’ai eu de la chance sur un coup en début de partie », m’a-t-il glissé. Quand la chance croise le talent, ça nous fait un joueur de plus à surveiller dans cette arène. Davidi a trouvé Zvi Stern à sa table, juste en face de lui à la place d'Andre Akkari. L’homme qui mettait 2 minutes à réfléchir avant chaque décision préflop, l’an passé, sur le Main Event. Je l’ai vu fold une main en moins de 3 secondes, il a du changer le copain Stern.
Non loin de là, Guillaume Diaz avait l’air en souffrance à sa table, avec 22 000 devant lui : « Mon voisin de droite… j’aurais du le bust depuis longtemps, j’ai fait un mauvais fold. Puis j’ai perdu flush over flush et set over set contre lui… je n’en peux plus. » Attention, un « Volatile38 » titillé, c’est un oiseau de malheur qui va forcément se rebiffer. Ce qu’il a fait quelques instants plus tard, toujours contre ce poids lourd du poker Américain. Suite à une ouverture de ce monsieur à 1 500, Guillaume va simplement call avec 99, car il y avait deux shortstacks à parler derrière lui. Mais c’est en heads’up que va se dérouler ce coup : sur un tableau Q82AT, Guillaume va call 2 000 au flop, 3 000 à la turn… et un petit 3 000 suspect sur la rivière. Son adversaire ne peut montrer mieux que… 67. Bien tenté.
Gaëlle Baumann est un peu moins bien fournie. Tout le monde ne peut pas crush ce tournoi. Il lui reste 11 000 devant elle… mais surtout, Gaëlle a rencontré un souci assez classique pendant ces WSOP : une croupière pas vraiment douée. Cette dernière n’avait par exemple pas compris que lorsqu’un joueur posait un jeton au milieu de la table, cela signifiait un call. Elle n’a pas saisi non plus que les joueurs protégent aussi leurs cartes avec leurs mains. « Un joueur a relancé, et c’était à moi de parler. J’avais les mains sur mes cartes…et là elle donne les jetons au type qui a relancé ! C’était assez gênant, surtout que j’avais les as ici ! » Heureusement, les croupiers ne restent que très peu longtemps à une même table, et Gaëlle a pu rapidement se reconcentrer sur le jeu, au lieu de faire la police à table.
Et les autres français ? On va parler des choses positives : Thi N’Guyen, la star de la dernière saison des Winamax Live Sessions est en forme, elle possède 80 000. Elle a fait quelque chose que vous avez déjà vu à la télé : mettre un maximum de pression à ses adversaires. Sauf que si sur la table de cash game de Winamax, ses adversaires avaient l’air de la craindre un peu, ici j’ai bien l’impression qu’ils ne voient en elle qu’un stéréotype d’une Asiat’ gambleuse. Alors que Thi sait exactement ce qu’elle fait, ne vous inquiétez pas… Elle m’a raconté le coup qui l’a propulsé : son voisin de droite (photo) a ouvert au bouton à 1 200 et Thi a fait monter les enchères à 3 100 depuis la petite blinde. Invitation acceptée par son voisin, puis sur un tableau 4-4-7-6-J, Thi va c-bet à 3 400 au flop, « et je pense qu’ici il peut call hauteur as de toute façon, c’est ma lecture à ce moment là », avant de check la turn, imité par son adversaire. Il y a quelque chose comme 13 ou 14 000 dans le pot à ce moment là, et Thi annonce tapis pour 18 000. « Je fais exprès de faire un overbet sur la rivière pour qu’il pense que j’arrache avec hauteur as. Et puis il peut très bien avoir pris le valet sur la fin ». Son adversaire va call… puis muck ses cartes à la vue d’une paire de dames chez Thi ! Allez ouste.
On continue dans les bonnes nouvelles, cette fois avec « Yoh Viral ». Le voilà à 78 000. Du coup tout va bien ? « Mouais, je viens de perdre AA contre KK et 88 chez Joseph Cheong. Il a trouvé un 8 sur la turn d’un tableau J-2-4-8-7. Bon, c’était un pot pour passer à plus de 100 000. » Et malgré ce coup perdu, Johan est toujours là et bien là : « Non c’est sur, je suis au top, mais j’aurais pu être beaucoup mieux. » Patience, ce n’est que le day1…
Allez on passe aux mauvaises nouvelles, et oui, il y en a. Adrien Allain est au fond. Il possède 30 000, mais le problème ne vient pas de là : « J’ai mal au ventre, quelque chose de violent ! On a été manger au « in&out » pendant le dinner break, on a mangé en plein soleil parce que c’était rempli à l’intérieur, et depuis, ça ne va pas du tout ». J’ai bien proposé à Adrien de lui montrer les toilettes les plus proches, mais les cartes ont pris le dessus : « Ça aurait été un 1000$, je serais déjà parti faire un tour, mais là c’est 5 000$ et c’est du 6-max. Au pire, il y a une poubelle juste à côté de moi. » Priez pour le ventre d’Adrien s’il vous plait, amen.
Autre mauvaise nouvelle, c’est élimination de Paul François Tedeschi sur la table juste derrière celle d’Adrien. Les jetons ont filé chez le Belge Michael Gathy : « Tedeschi a open 700, je l’ai 3-bet à 1 900 avec une paire de dix et il m’a 4-bet à 6 000 avec 16 000 derrière. J’ai simplement payé, puis sur un flop 4-4-2, il a misé 4 000, je l’ai mis à tapis et il a call avec AK ». Facile ces petits flips quand on est Belge sur les WSOP 2016. Michael Gathy fait partie des gros stacks de ce tournoi, avec 109 000 devant lui. Et en plus, il a le t-shirt qui va bien et la joie de vivre.
Autre nouvelle moyennement bonne, c’est Yorane Kerignard qui est « en pleine souffrance » de ses propres dires. Depuis la reprise du dinner break, il ne gagne plus un coup et pointe à 36 000. Ça va, ce n’est pas encore catastrophique. Juste le temps pour moi de lui demander ce que ça fait de jouer contre Joe Mckeehen juste à sa gauche. « Mais c’est qui ? J’ai vu une photo de lui, mais je ne vois pas qui il est ». Oh, c'est juste le champion du monde en titre, rien de très flamboyant. C’est à ce moment précis que je lui annonce que McKeehen a run comme Jesus l’an passé pour gagner. Et là, l’Américain part à tapis préflop, paire de rois contre paire de valets chez un adversaire. « Tiens tu vois », ose-je dire. Ça, c’était avant l’apparition d’un valet sur le flop pour l’éliminer. Oups, le run est fini Joe ?
La journée se termine à la fin du 10e niveau, c’est à dire très bientôt finalement. En espérant ramener encore plus de bonnes nouvelles dans le prochain post...
Jamie Gold
Fedor Holz