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Antoine Saout, éternel recours

- 17 juillet 2016 - Par Benjo DiMeo

Fin du Day 5
Antoine Saout est le dernier représentant Français dans le Main Event parmi 80 joueurs restants

 

Day 6 !

Son premier mot d’interview post-fin de journée, Antoine Saout l’a eu pour ses compatriotes qui n’auront pas la chance de l’accompagner au tour suivant : « C’est dommage pour les autres Français… » Tout au long de la journée, le Breton nous a régulièrement demandé des nouvelles de Gäelle, Pierre et les autres. Pour finalement se retrouver seul Tricolore à l’arrivée, alors que le field a rétréci à rythme soutenu pour passer de 251 à 80 joueurs restants aux alentours de minuit.

Comme lors de la mémorable édition 2009 du Main Event, Antoine Saout est donc encore une fois le dernier Français en course dans le plus beau tournoi du monde. A la différence près que cette année, cet accomplissement survient deux jours plus tôt qu’il y a sept ans, année où l’on comptait encore trois de nos joueurs autour des trois dernières tables de l’épreuve.

Ce qui revient à dire qu’il reste encore à Antoine pas mal de coups de poker à jouer, et à gagner, pour espérer rééditer son incroyable exploit de 2009 qui l’avait vu atteindre la table finale avec un stack moyen, avant d’accomplir la performance d’une vie sur le podium télévisé trois mois plus tard, n’échouant en troisième place qu’à cause de deux méchants bad beats infligés en l’espace de dix minutes par le vainqueur final de l’épreuve, l’Américain Joe Cada.

Mais admettons que demain, Antoine parvienne à jouer aussi bien que lors des deux journées qui viennent de s’écouler, et à garder la réussite de son côté… Alors il se pourrait bien que ses chances de devenir « November Nine » pour la seconde fois deviennent bien réelles.

Car Antoine a continué d’appliquer sa stratégie aujourd’hui, affinée au cours de sept années de présence intensive sur le circuit pro : un jeu sérieux, où l’on choisit ses spots avec soin, où l’on gagne le plus de petits pots avant le flop, où l’on construit de gros pots avec de grosses mains, sans oublier de saisir les opportunités de bluff qui se présentent à coups de 3-bets, 4-bets voire 5-bets judicieusement choisis. « Il y avait plus de très bons joueurs à mes tables aujourd’hui, du coup je n’ai pas relancé avec des mains ‘merguez’ », dit ce joueur finalement assez difficile à lire, peut-être à cause de son attitude perpétuellement nonchalante à table : en 2009 comme en 2016, pendant un coup, son visage ne trahit jamais la moindre émotion.

La journée d’Antoine avait très bien commencé avec l’élimination d’un joueur ayant tenté le tout pour le tout avec un tirage couleur : la top-paire d’Antoine a tenu, lui permettant de se placer parmi les chip-leaders. « Ensuite, je me suis maintenu. Comme les blindes sont grosses, on peut tenir très longtemps si l’on réussit à prendre les blindes ou passer un c-bet de temps à autre. »

Même si je me sens un peu bête de poser la question à l’un de ces rares joueurs qui ont déjà vécu l’expérience de disputer ce tournoi de huit jours jusqu’au bout (ou presque !), je demande tout de même : le tournoi est-il de plus en plus dur à mesure que l’on progresse ? « Il reste encore plein d’opportunités », me dit-il. « Même les joueurs qui sont censés ne pas faire d’erreur, je les vois faire des trucs bizarres. »

Prenons les choses dans l’ordre : avant de penser à la table finale, Antoine va devoir continuer de faire croître son tapis durant le Day 6, passer entre les balles, réussir ses bluffs, et ne pas voir ses grosses mains craquées. C’est ce que nous espérons observer dimanche à partir de midi, heure locale (soit 21 heures en France).

Le field est très, très costaud

On retrouve le mélange habituel de fin de Main Event : de grosses pincées de joueurs très connus, pas mal dont nous n’avons jamais entendu parler (jusqu’à aujourd’hui), une majorité d’Américains mais encore beaucoup de joueurs venus de très loin, bref : tout est envisageable pour la table finale.

Vous voulez du gros pro, de la tête de série qui déboîte ? Je vous déballe Paul Volpe (5 millions de gains, deux bracelets), Tom Marchese (énorme cador online ayant aussi beaucoup en live, dont un titre au Venetian), Daniel Colman (le vainqueur du One Drop à un million de dollars l’entrée), Cliff « JohnnyBax » Josephy (méga légende online et stacker extrême qui, au fait de sa gloire, finançait l’entrée de plus de 200 joueurs dans le Main Event, y compris les vainqueurs), Tony Gregg (11,5 millions de dollars de gains, un spécialiste des High-Rollers)…Citons aussi Valentin Vornicu, 11e au classement : il était chip-leader dès le Day 2A/B. Belle régularité !

Et les Européens ? L’Anglais Max Silver a pour modèle Davidi Kitai, et espère que son dixième ITM WSOP de l’été soit le plus mémorable. Il ne reste plus qu’un Suédois, mais pas n’importe lequel : le robotique Per Linde, 1 million de dollars de gains sur une troisième place au WPT Paris en 2010. Et le meilleur joueur du Vieux Continent dans le Main Event jusqu’à présent est Kenny Hallaert, figure incontournable du circuit - ce mec ne fait que voyager toute l’année, et s’il y a bien un reg qui méritait un deep run cette année, c’est lui. Il entamera le Day 6 avec le troisième plus gros tapis. Encore plus loin de Vegas : le Libanais Jeffrey Hakim incarne l’expression « Toujours placé, jamais gagnant ». Le mec a deep run des tas d’EPT sans jamais soulever de gros trophée. Il reste aussi des Australiens, des Brésiliens, des Russes, un Bulgare, un Israélien, un Hong-Kongais mais aussi un  habitant de l'île de Trinité-et-Tobago ! Il s'appelle Ryan Goindoo et on lui souhaite bonne chance.

Et les personnalités un peu folles, comme le Main Event nous en offre chaque année ? Allez, je vous en donne deux, pas identiques : le jovial Alex Keating, qui a mis tous ses adversaires dans sa poche avec ses tours de magie, chip-tricks et bons mots (c’est aussi lui qui élimine Gaëlle Baumann, ce qui est moins sympa), et le beaucoup trop bavard William Kassouf, dont le moulin à paroles lui a valu deux tours de pénalité rien qu’aujourd’hui. Mais il paraît qu’il est sympa !

Enfin, le chip-leader Jerry Wong ne sort pas de nulle part, mais son palmarès est loin d’être le plus impressionnant parmi les 80 joueurs restants. Serait-il en train d’utiliser son proverbial one time ?

Ils n'accompagneront pas Antoine au Day 5

Ce Day 5 n'a pas débuté de la meilleure des manières pour nos Français. Pour Lorenzo Lavis, il n'a en tout cas pas démarré à l'heure. Une panne de réveil subie au pire moment de l'année l'a fait manquer les 45 premières minutes de ce qui allait être sa dernière journée au Rio. Après un degrind progressif, Lorenzo n'a pu éviter une confrontation à tapis préflop avec As-Roi contre deux As, laissant dans l'affaire ses 33 dernières blindes. Sa première place payée sur un tournoi WSOP (197e) lui permet de repartir avec 42,285 dollars.

Quelques minutes auparavant, Maxime Chilaud avait ouvert le bal des sortants tricolores (211e). Le short-shart officiel du clan français (avec un tout petit moins de la moyenne) a tout d'abord perdu un gros pot avec top paire contre une couleur rentrée backdoor avant de subir un dernier badbeat avec Roi-8 contre 6-5.

Ce fut ensuite de Gaëlle Baumann, dernière joueuse en lice dans ce Main Event pour la deuxième fois après sa fameuse 10e place de 2012 – record de Maria Ho égalé – de nous quitter aux portes du Top 100 (102e, 49,108$). Assise en table télévisée une bonne partie de la journée, O RLY a vécu un Jour 5 assez catastrophique. Privée de cartes et en manque flagrant de spot favorables, l'Alsacienne a progressivement vu son tapis fondre comme neige au soleil de Las Vegas. Tombée à quatre blindes, la dernière des W rouges a trouvé un premier double up miraculeux, unanimement salué par une foule entièrement sous le charme, avant de prendre la porte sur une main anecdotique. Une dernière journée ô combien frustrante, que Gaëlle ne devrait pas porter dans son cœur, mais qui lui permet tout de même d'engranger 49,108 dollars.

Enfin, alors que nous pensions pouvoir suivre deux Français au Day 6, Pierre Merlin nous abandonna lors du tout dernier niveau au programme. Lenchanteur n'a pas réussi à se défaire d'une situation fort compliquée avec top paire et tirage couleur max au turn contre deux brelans. Il signe tout de même son meilleur résultat aux WSOP, le deuxième de sa carrière avec un gain de 57,494 dollars venant récompenser sa belle 92e place.

Parmi les éliminés internationaux du jour, on retiendra pas mal de joueurs célèbres, qui ont tous remporté entre 36 708$ et 67 855$ : Maria Ho (242e), Simeon Naydenov (230e),  Shaun Deeb (221e), Max Altergott (193e), Jordan Cristos (189e), Johnny Chan (180e), Adam Friedman (177e), Nathan Gamble (176e), Fernando Brito (163e), Sorel Mizzi (157e), Todd Brunson (154e), David Pham (152e), Alex Goulder (151e),  Scott Montgomery (140e), Marc Andre Ladouceur (139e), Dan Heimiller (137e), Melanie Weisner (127e), Greg Raymer (122e), Brandon Adams (117e), Andrew Chen (113e), Alexander Debus (112e), Michael Gathy (107e), Jon Turner (100e), Mike Gorodinsky (87e) et Bryan Piccioli (84e).

Rendez-vous à midi (21H en France) pour l'avant-dernière journée de Main Event de l'été !