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Y'a de quoi se la prendre et se la mordre

- 16 juillet 2016 - Par Benjo DiMeo

Level 20 - Blindes 8000/16,000, ante 2,000

Sorti en 1993, le film Last Action Hero racontait les aventures de Danny, un gamin de New York solitaire séchant les cours pour voir et revoir au cinéma les aventures de son héros Jack Slater, interprété par Arnold Schwarzeneger. Par la magie d’un ticket de cinéma ayant appartenu au magicien Houdini et mis dans ses mains par le vieux propriétaire d’une salle de cinéma miteuse, Danny se retrouve soudain projeté dans le film, aux côtés de son idole qui, puisqu’il s’agit d’un film, ne se fait jamais mal, arrive toujours à se tirer des situations les plus désespérées, gagne toujours contre les méchants, et trouve cela parfaitement normal. S’en suit ce qui restera sans doute comme la seule comédie relativement réussie de Schwarzie, galvanisée par la réalisation riche en testostérone de John McTiernan (Die Hard, Predator), bourrée de scènes d'action mémorables et de dialogues devenus cultes.

J’ose espérer que Victor Saumont, grand cinéphile devant l’éternel et auteur de plusieurs longs-métrages et documentaires (pas tous à propos de poker) appréciera la comparaison avec cette délicieuse série B : cette semaine, dans le Main Event, Danny, c’est lui.

Il faut le voir lorsqu’il se retrouve assis à côté d’Aurélien Guiglini, un joueur qu’il connait bien pour l’avoir suivi tant de fois lors des étapes de l’European Poker Tour. Cela fait cinq ans que Victor parcourt inlassablement le circuit du poker, racontant ou filmant les exploits des joueurs Français, depuis l’amateur qualifié via Internet jusqu’aux cadors de la planète high-stakes. Ce qu’on appelle dans notre milieu, par une déformation de langage amusante, un couvreur : le mec qui couvre des tournois de poker.

Et voilà que Victor est maintenant à l'intérieur du coverage. Comme Danny rencontrant Schwarzie derrière l’écran, il est passé de l’autre côté pour se retrouver, non plus debout derrière les pros, mais assis à côté d’eux, les cartes et les jetons dans ses mains. Et comme dans le film, Victor est invincible. Il évite les balles, jetant une paire de Rois préflop après que Shaun Deeb l’ait sur-relancé avec deux As. Il imite les pros qu’il a observés des centaines d’heures, plaçant de petits 4-bet lights par-ci par-là, attendant le turn pour placer un bluff bien senti. Comme les cadors, il attend d’avoir des grosses mains pour jouer des gros pots, comme cet énorme double-up avec deux As contre As-Roi durant le Day 3.

Son tapis grossit, grossit et petit à petit, il se sent de plus en plus à l’aise dans ce Main Event qu’il rêvait de disputer depuis qu’il est tombé amoureux du poker. En vacances, il avait débarqué à Vegas fin juin avec l’objectif de disputer quelques tournois à buy-in modeste. Une finale à cinq chiffres plus tard, il s’inscrivait à une qualification pour le Big One, et la remportait au milieu de la nuit, sécurisant son inscription pour 500 dollars seulement. La suite, c’est l’histoire que nous vous racontons depuis quatre jours.

Les caméras d'ESPN l'entourent désormais, se précipitant dès qu'un gros pot se monte. Les objectifs sont braqués sont lui tandis qu'il se fait sur-relancer à 125,000 par un pro, Max Silver, assis en petite blinde. La parole revient à Victor. Le temps s'arrête. Le couvreur qui, en temps normal, serait en train de frénétiquement noter ce coup sur son carnet, prend cette fois les choses en main et décide de faire monter les enchères avec un 4-bet. Montant : 275,000. Une somme vertigineuse. La balle est dans le camp de Silver qui attend trois longues, très longues minutes avant de prononcer les mots magiques : "I'm all-in." Victor se tâte, demande le compte, il a vu ce coup tellement de fois mais là, c'est lui l'acteur, c'est lui le héros, la décision est la sienne, il n'a pas le droit à l'erreur. Il finit par abandonner, concédant quelques précieuses munitions.

« T’as vu, il y a un imposteur à ma table », me glisse t-il avec un sourire en regardant autour de lui : des pros, des grinders, des mecs avec des tas de titres. Et au beau milieu lui, et ses trois places payées dans des tournois de journalistes du circuit EPT. Il n’en revient pas. Il savoure. Un vrai gosse. Il est dans le film. Il est invincible. J’espère qu’il le restera jusqu’au générique de fin.

Retour vers le futur

Antoine Saout avec plein de jetons sur le Main Event ? Non, le Breton n’a pas volé la DeLorean de Marty McFly pour revenir en 2009. Regardez la barbe, quelque peu grisonnante depuis peu. Simplement, Antoine Saout se verrait bien retourner à l’endroit même où sa vie de joueur de poker a véritablement démarré, c’est à dire autour de la table finale de ce Main Event des WSOP.

Et ça tombe bien, puisque certains joueurs sembleraient assez favorables à un retour de notre Tonio national sur cette finale. Si si, je vous jure. Lisez donc : début de parole, Antoine Saout découvre deux beaux As et relance à 34,000. C’est payé une fois, une seconde fois, puis le joueur en grosse blinde annonce tapis pour 480,000. Antoine est le seul à suivre son adversaire, qui retourne… Dame-Quatre. On ne rêve pas. Un 4 est apparu sur la table, histoire qu’Antoine ne se voit pas non plus aussi facilement vainqueur, mais le reste du board est plutôt tranquille. Et voilà Antoine installé devant un tapis de 1,55 million. Nom de Zeus !

Guignol : le spectacle est fini

Après deux premières heures chaotiques bouclées avec un tapis d'environ 500,000 (moins de 40 blindes), qu'il n'aura finalement plus réussi à dépasser – il avait démarré la journée avec 808,00 – Aurélien Guiglini n'aura pas tenu plus de quelques minutes après le retour du dinner break. Tombé à 19 blindes, il pousse son tapis en premier de parole avec As-Dame mais trouve en face de lui une paire de Rois. Runner-up ici-même l'an dernier d'un Event à 1000 dollars, notre collègue chez Winamax ne retrouvera pas les frissons d'une nouvelle table finale. Il empoche tout de même 28,356 dollars pour sa 363e place, son premier ITM sur le Main Event des WSOP.

Bienvenue à bord du vaisseau ESPN

Les petites mains de la fameuse chaîne de TV américaine ESPN ont redoublé d'efforts ces derniers jours pour mettre en place le gigantesque plateau qui trône désormais au beau milieu de l'Amazon Room. Le Thunderdome 1.0 c'était déjà du propre, mais il faut reconnaître une certaine classe à cette nouvelle version.

Et quoi de mieux qu'une table regroupant deux champions du monde (Greg Raymer et Ryan Riess), un vainqueur de bracelet (Shaun Deeb) ainsi que le deuxième du chipcount provisoire (James Obst) pour inaugurer cette année ce nouveau dispositif ?

À noter que Maxime Chilaud et Martial Blangenwitsch ont reçu les honneurs de figurer sur l'une des deux tables annexes. On imagine que la présence à leurs côtés de Melanie Weisner et Sorel Mizzi a du aider à faire pencher la balance. Quant à l'autre table secondaire, on y retrouve notamment Maria Ho et Kenny Hallaert.

Anecdotes, statistiques et citations à la con

Tableau de bord
342 joueurs restants (sur 6737 au départ)
Blindes 8000/16 000 ante 2000
Tapis moyen 984 000

Ils remportent 28 356$ :
363e / Aurélien Guiglini (France, Staff Winamax)

Ne vous y trompez pas : la vraie star de tout ce cirque, c'est bien Harper

En me voyant les viser avec mon objectif, ces deux poilus se sont aussitôt mis à faire semblant d'avoir une conversation passionnante et animée. Merci pour l'acting, les mecs

Ce t-shirt The Big Lebowski porté par le vétéran Dan Heimiller est chaudement validé par toute l'équipe des couvreurs