Winamax
   

C'est Qui le patron

- 2 novembre 2016 - Par Benjo DiMeo

Qui Nguyen remporte une finale marathon

Un vainqueur hors du commun, et une durée XXXXXL : voilà les deux choses que l’on retiendra du cru 2016 de la finale du Main Event des World Series of Poker. Plus ou moins complètement inconnu de la communauté avant d’accéder à l’ultime table du plus gros tournoi du monde, Qui Nguyen n’était pas le plus technique ni le plus expérimenté des neuf finalistes, avec un palmarès composé en quasi-totalité d’ITM et finales sur des tournois au prix d’entrée compris entre 20 et 500 dollars, et un amour avoué pour le baccarat, jeu de casino où le skill n’a absolument aucune chance face au hasard. Mais au cours d’une partie marathon étalée sur trois soirées et 364 mains, dont un duel record de huit heures, l’Américain de 39 ans, qualifié via un satellite live, fut clairement celui qui a montré le plus de cœur, d’engagement, et de rage de vaincre.

En juillet dernier, lorsque le casting des neuf prétendants au titre fut officiellement connu, les bookmakers locaux donnaient les chances du résident de Las Vegas à 3,5 contre 1, faisant de lui le second favori derrière Cliff Josephy, clairement le visage le plus reconnaissable de la promotion 2016 des November Nine avec son background de légende du poker online bâti depuis le milieu des années 2000 et deux bracelets WSOP remportés en 2005 et 2013. Somme toute normal si l’on considère que les deux joueurs dominaient de la tête et les épaules le classement des jetons au départ de la finale. En définitive, « JohnnyBax » s’est incliné en troisième place après avoir perdu le gros de son stack sur une confrontation probablement inévitable (brelan contre brelan floppé, sur un pot sur-relancé préflop).

L’excellent Gordon Voyo avait débuté le duel avec un léger avantage face à Nguyen (125BB contre 85BB), mais l’agressivité constante de Nguyen lui permit de renverser la partie après deux heures de match. « Nguyen doit penser qu’un pot qui va au showdown est un pot pour le casino », a blagué quelqu’un sur Twitter. Cette tendance « maniac » bénéficia par exemple à Nguyen sur ce pot qui le vit envoyer son tapis avec As-9 dépareillés sur la rivière d’un board As-8-2-5-3 avec quatre piques : Vayo abandonne avec… la même main !

Nguyen ne rendit jamais son avance à Vayo, ce qui ne veut pas dire que le reste du match fut facile : les deux joueurs ne le savaient pas encore, mais il leur restait encore à ce moment plus de six heures d’affrontement. Jouée à quatre heures du matin ( !), la 364ème main de la table finale du Main Event des WSOP 2016 fut aussi la dernière : une confrontation entre le K10 de Nguyen et le J10 de Vayo, s’achevant par un tableau K7923 conservant les positions en l’état.

Les joueurs non-Américains représentaient 45% du casting des finalistes, un score au-dessus de la moyenne des quinze dernières années, mais ont dû finalement se contenter des places d’honneur. Avec sa cinquième place, le Tchèque Vojtech Ruzicka décroche la palme du meilleur Européen de cette édition, suivi de Kenny Hallaert (6e), qui a rendu les Belges fiers de leur poker pour la seconde année consécutive après la perf’ mémorable de Pierre Neuville en 2015. Le Canadien Griffin Benger termine septième, tandis que l’Espagnol Fernando Pons ferme la marche des November Nine 2016.

Félicitations à Qui Nguyen, vainqueur de la partie de poker la plus prestigieuse de l’année ! Ce soir, il est plus riche de huit millions de dollars, et sera l’ambassadeur numéro 1 de notre jeu favori pour les douze prochains mois.


Résultats – Main Event WSOP 2016
10 000$ - 6 737 participants

Vainqueur : Qui Nguyen (USA) 8 005 310 $
Runner-up : Gordon Vayo (USA) 4 661 228 $
3e : Cliff Josephy (USA) 3 453 035 $
4e : Michael Ruane (USA) 2 576 003
5e : Vojtech Ruzicka (Rep. Tchèque) 1 935 288
6e : Kenny Hallaert (Belgique) 1 464 258
7e : Griffin Benger (Canada) 1 250 190 $
8e : Jerry Wong (USA) 1 100 076 $
9e : Fernando Pons (Espagne) 1 000 000$

Photo de tête d'article : @WSOP
Photo November Nine : Jeff Ragazzo / WSOP
Photo de fin : Jayne Furman / WSOP

Out de toute cette folie

- 19 juillet 2016 - Par Benjo DiMeo

Rideau sur les WSOP 2016

1h19 du matin à Las Vegas : une Amazon Room desertée s'étend devant moi. Presque personne, si ce n'est pour un photographe triant ses dernières photos, un journaliste bouclant son papier, et une armée de gros bras vidant la salle de fond en comble. Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, les WSOP seront chassés par une nouvelle convention. A priori un gros tournoi de billard... Que nous ne serons pas là pour observer : après 45 jours de reportage consécutifs en direct du plus gros festival de poker du monde (assurés tour à tour par Steven, Harper, Flegmatic, Jay Pee et moi-même), il est plus que temps de partir.

Ci-dessous, vous trouverez quelques liens pour vous replonger dans ces six semaines de folie où les Français n'ont hélas pas triomphé mais nous auront tout de même bien fait vibrer. A Adrien, Antoine, Fabrice, Alex, Rémi, Aurélien, Thi, David, Sébastien et les 136 autres Français primés cet été au Rio, nous disons bravo et merci pour le kiff. Ce fut un plaisir de vous suivre, même lorsque l'on a du se coucher très tard.

Il nous faut aussi remercier l'équipe organisatrice des World Series of Poker, qui fait tourner une machine aussi énorme que bien huilée. Merci à Seth Palansky et Nolan Dalla pour l'accueil reservé aux journalistes. Merci à tous les arbitres et croupiers pour leur incroyable énergie, et aux petites mains des coulisses pour leur gentillesse et leur disponibilité : serveurs, chip-runners, hommes de ménages, etc. Merci à Grégory Chochon, le Frenchie des WSOP pour ses coups de mains multiples et fort appréciés. Merci aux confrères sur le banc de presse pour leur serviabilité et leur bonne humeur : les équipes du reportage officiel WSOP.com, les Canadiens de Poker Listings, Lance de Pocket Fives, Brad et Howard de PokerStars, et tous les autres. Merci au coach du Team Stéphane Matheu pour avoir trouvé un degré supplémentaire dans ses blagues (on doit en être au sixième, à ce stade). Merci aux techniciens d'ESPN qui ne nous ont pas marché sur les pieds une seule fois en se précipitant vers une table avec leur grosse caméra pour filmer un coup à tapis préflop entre As-Roi et deux Dames. Merci aux équipes techniques du Rio qui, par deux fois, ont accepté de nous rendre les tables et câbles du studio radio qu'ils nous avaient volé la veille tandis que nous avions le dos tourné. Merci aux serveurs du Hooker Bar du Rio qui ont constitué notre seul lien social en dehors du poker pendant toute la durée du Main Event. Merci au In-N-Out burger, fournisseur officiel de notre carburant principal cet été. Et merci à Raymond Barre, pour des raisons qu'il comprendra.

Il est temps d'appuyer sur "pause" pour quelques temps... Oh, si peu : le Multiplex Poker est de retour dès dimanche, et la saison Européenne débute dans un mois à Barcelone. On ne vous manquera pas bien longtemps ! Merci à toi, ami lecteur, pour ta fidélité.

En direct de Las Vegas, à vous Cognac-Jay.

Benjo

Galerie des vainqueurs
Les ITM Français

Las Vegas : le guide Winamax

MAIN EVENT : 6737 JOUEURS

Compte-rendus
Day 1A / Day 1B / Day 1C
Day 2A/2B / Day 2 / Day 3
Day 4 / Day 5 / Day 6

Classements
Day 1A / Day 1B / Day 1C
Day 2 / Day 3 / Day 4
Day 5 / Day 6

La bulle : récit
Les 20 Français ITM
Victor Saumont dans l'écran
Gaëlle, meilleure femme
Saout en demi-finales
Saout : comme un mauvais rêve

VIDEOS
From Vegas to the Moon

Episode 1
Episode 2
Episode 3
Episode 4

RADIO
Podcasts

November Nine : la promo 2016

- 19 juillet 2016 - Par Benjo DiMeo

Qui avait prédit que les demi-finales du Main Event seraient interminables ? C'est nous, et on s'est salement plantés : la dernière main des WSOP de l'été s'est jouée à minuit. Il faut nous excuser : d'ordinaire, il faut toujours un temps fou pour passer de 27 à 9 joueurs - on se rappelle de certaines éditions où l'on jouait encore alors que le soleil était levé depuis longtemps. Pas cette fois : les joueurs (ainsi que les organisateurs, journalistes, fans) ont devant eux de longues heures avant leur accession à la plus grosse partie de poker de l'année (ou se consoler de leur élimination aux portes de la finale). Un petit arrêt au bar pour commencer ? Suivi d'une table à 10,000 dollars en boîte de nuit ? Un strip-club pour se finir proprement. Hé, démerdez-vous les mecs : moi, je vais me coucher aussitôt après avoir publié ce topo.

Cette rapidité est en partie due à Qui Nguyen, pris d'une boulimie d'éliminations avec pas moins de trois scalps arrachés avant que la pré-finale à dix ne soit constituée. L'ultime élimination de l'été ? Josh Weiss, dont le tapis a lentement fondu avant de disparaître définitivement dans les mains de Gordon Vayo.

"Il s'agit de la table finale la plus chiante depuis... la table finale de l'édition 2015", a persiflé une mauvaise langue sur Twitter. On se permettra de ne pas être d'accord. Certes, nous autres Français ne sommes pas invités en Novembre, et nous sentons donc un peux exclus, mais comment faire la fine bouche devant une finale du Main Event où Cliff Josephy démarrera aux avants-postes ? Ce mec est tout simplement une légende du poker en ligne, peut-être la première légende de l'histoire du online. Je me rappelle de toutes ces nuits passées à le regarder en finale des tournois à 11$ rebuy ou des Sunday Millions de la grande époque du point com, il y a (déjà) douze ans ans de cela, alors que le jeu sur Internet commençait seulement à décoller au moment de la victoire de Chris Moneymaker sur le Main Event : deux bracelets et des centaines de finales et victoires plus tard (total de gains en ligne : plus de quatre millions !), "JohnnyBax" a disputé cet été son premier tournoi Seniors, et sera en finale du plus gros tournoi live du monde. Josephy sera d'ailleurs accompagné en finale par l'un de ces disciples, Gordon Vayo, qui lui aussi a grandi en regardant Bax sur son écran d'ordinateur.

Pour le reste, ce cru 2016 des November Nine a, comme beaucoup des éditions récentes, une saveur résolument internationale. On retrouve un Espagnol (le premier depuis Carlos Mortensen ? Il me semble bien*), la grande inconnue de ce casting avec un palmarès presque vierge en live : Fernando Pons, qui entamera la finale avec une douzaine de blindes. Vojtech Ruzicka est le deuxième joueur Tchèque de l'histoire a atteindre la finale du Big One. Pour faire mieux que Martin Stasko en 2014, il lui faudra remporter le tournoi ! On l'a déjà vu soulever un trophée : c'était sur une épreuve High Roller du défunt EPT Deauville. Le Canadien Griffin Berger est très apprécié sur le circuit, où il a accumulé 2,4 millions de dollars depuis 2011, tout en ayant déjà atteint la première place au classement mondial des joueurs en ligne. Après Pierre Neuville, Kenny Hallaert permet à la Belgique d'être présente en finale pour la deuxième année consécutive : Kenny est lui aussi un joueur apprécié de la communauté, qui sera sans doute soutenu par pas mal de joueurs Européens. On l'a déjà vu en finale sur le circuit EPT (Deauville, 2011), et sur le Colossus des WSOP (2015).

*Perdu : Anthony Larrabe était en finale en 2014, merci à Max sur Twitter.

Le reste du casting se compose d'Américains avec lesquels nous avons trois mois pour faire connaissance : Qui Nguyen, Michael Ruane, et Jerry Wong.

1/ Cliff Josephy (USA) 74,6 millions
2/ Qui Nguyen (USA) 67,925 m.
3/ Gordon Vayo (USA) 50,45 m.
4/ Kenny Hallaert (Belgique) 43,425 m.
5/ Michael Ruane (USA) 31,6 m.
6/ Vojtech Ruzicka (Rép. Tchèque) 27,3 m.
7/ Griffin Benger (Canada) 26,175 m.
8/ Jerry Wong (USA) 10,325 m.
9/ Fernando Pons (Espagne) 6,15 m.

Blindes : 250 000/500 000, ante 50 000

Parmi les joueurs qui ont manqué de peu la finale la plus médiatisée (et la plus rentable) de l’année, citons le très solide Tom Marchese (14e), la grande gueule anglaise William Kassou (16e), et Kakwan Lau, qui n’aura fait que très peu usage des jetons d’Antoine Saout, car il s’est incliné une heure après l’avoir éliminé, en vingtième position.

Ainsi s’achèvent les World Series of Poker 2016… Pour l’été. Car les neuf derniers joueurs disposent de trois mois devant eux pour, pas forcément dans cet ordre :

1/ Se reposer
2/ Prendre des vacances
3/ Profiter de leur gain minimum de un million de dollars (qui leur a déjà été reversé)
4/ Réviser leurs stratégie pour le jour J
5/ S'adjoindre les services d’un coach afin d'améliorer leurs eventuels points faibles
6/ Refuser les offres de coaching de Phil Hellmuth qui ne manqueront pas d'arriver
7/ Jouer d'autres tournois sur le circuit Européen afin de s'échauffer
8/ Se regarder à la TV sur ESPN lors des diffusions du Main Event
9/ Et pourquoi pas trouver un sponsor…

Tout cela avant de revenir à Vegas du 30 octobre au 1er novembre pour jouer la partie de poker de leur vie, où une victoire les assurerait d'un prix de huit millions de dollars, un bracelet gros comme une plaque d'immatriculation, et la gloire éternelle dans le monde du poker. Tout un programme.

Les 20 Français ITM dans le Main Event des WSOP 2017

Day 7
25e / Antoine Saout 269 430$

Day 5
92e / Pierre Merlin
102e / Gaëlle Baumann (Team Winamax) 49 108$
197e / Lorenzo Lavis 42 285$
211e / Maxime Chilaud 32 285$

Day 4
257e / Victor Saumont 36 708$
294e / Martial Blangenwitsch 32 130$
363e / Aurélien Guiglini (Staff Winamax) 28 356$
396e / Jérémie Sarda 28 356$
467e / Benjamin Ané 25 235$
474e / Timothée Marlin 25 235$
483e / Aurélie Quélain (Team Winamax) 22 648$
484e / Thi Nguyen 22 648$
497e / Alexandre Réard 22 648$
544e / Nicolas Cardyn 20 499$
557e / Gaël Onillon 20 499$
582e / Jimmy Guerreo 20 499$
666e / Sébastien Comel 18 714$
739e / Ronan Monfort 17 232$

Day 3
833e / Allan Lorant (Vainqueur KING5) 16 007$

La vie continue

- 19 juillet 2016 - Par Veunstyle72

Le tournoi a légèrement perdu de son intérêt vous ne trouvez pas ? En tout cas dans les gradins, ce n'est pas la folie. Témoin cette photo qui vous montre l'un des floors du tournoi, micro à la main, qui détaille chacun des coups disputés sur la table télévisée... pour pas grand monde finalement. On a connu des finales de tournoi à 1500$ cet été avec beaucoup plus d'électricité dans l'air.

Néanmoins, le tournoi se poursuit, avec ou sans Antoine, avec ou sans rail en feu. Un tournoi toujours dominé de la tête et des épaules par Michael Ruane, qui a passé la barre des 40 millions de jetons. Il a même trouvé le moyen de faire doubler Qui Nguyen récemment, avec un petit A4 bien maigre par rapport à la paire de Valets de son adversaire, sans que son tapis ne soit affecté tant que cela.

Depuis l'élimination du Français, quatre joueurs ont également pris la porte :

- Valentin Vornicu, chipleader du Day2 et longtemps dans les hauteurs du classement, a été éliminé 23e. C'est Jared Bleznick qui l'a renvoyé chez lui. Vornicu a tenté de resteal à tapis avec A9 mais s'est cassé les dents face à AT chez Bleznick.

- Jeffrey Hakim a fait à peu près ce qu'on vous avait annoncé dans la présentation de cette journée : il a été loin dans ce tournoi, mais n'a finalement pas été au bout, éliminé 22e. Souvenez-vous : toujours bien placé, jamais gagnant. C'est l'Espagnol Fernando Pons qui l'a éliminé sur un joli setup post flop. Sur la rivière d'un tableau AA85J, Jeffrey Hakim a envoyé son tapis avec AT pour un brelan d'as, mais Pons l'a snap call avec KQ pour flush max. Même pas peur du full. A ce propos, puisqu'on parle de Fernando Pons, il paraitrait, selon nos collègues espagnols, qu'il possède en réalité un peu plus que 10 000$ de gains dans sa vie. Simplement, en bon ibérique qu'il est, il joue caché, sans forcément donner sa vraie identité sur tous les tournois qu'il dispute. Nous aurions donc face à nous un joueur un peu plus expérimenté qu'on pouvait l'imaginer à la base.

- Matthew Moss termine 21e. Le jeune Anglais a subi la loi de Jared Bleznick, sur un coup où les joueurs sont partis à tapis au flop : 964. Moss a retourné 87 pour un tirage quinte par les deux bouts, tandis que l'Américain détenait AA. La meilleure main de départ à ce jeu a tenu bon jusqu'au bout. Malgré une double élimination, le tapis de Bleznick n'a pas pour autant décollé, puisqu'il était compté à un peu plus de 13,15 millions de jetons (44bb).

- Kakwan Lau finit lui 20e. On a appris des choses à son sujet. Il est bien de Hong Kong... mais il est aussi Espagnol. Il a simplement profité de sa double nationalité pour tenter de passer incognito vis à vis du Fisc. Comme beaucoup de joueurs pro de issus de pays. Bref, son élimination est la dernière en date, et c'est Vojtech Ruzicka qui l'a éliminé sur un bon vieux coin flip des familles, AT contre 22 chez l'Espagnol. Le flop a apporté deux Dix pour que le suspens ne soit pas trop long.  

Le seul joueur qui fait vibrer les foules finalement, c'est donc ce Tchèque, Vojtech Ruzicka. Cinq amis à lui (photo) sont positionnés juste devant notre espace média et juste devant l'une des deux tables annexes donc. Ils discutent dans une langue absolument incompréhensible, mais au moins, ils font un peu de bruit, et rien que pour ça, on est content que ce Vojtech Ruzicka soit encore là. Sur la photo, vous l'apercevez heureux d'avoir trouvé les as contre As-Roi chez l'Anglais Andrew Christoforou. Ça c'était pour doubler et passer à 22 millions. Après avoir éliminé Kakwan Lau, il a encore un peu plus fait progresser son tapis pour passer à presque 27 millions, près d'une centaine de blindes. Life is good pour lui, surtout quand on se souvient que c'est lui qui avait mangé en pleine tête un carré de deux floppés chez Bleznick, quand il faisait full sur la turn. Mais si, souvenez vous.

Ils sont joyeux, ils ont des bières et ils crient seulement une fois que le coup est fini. On vous présente les supporters de Vojtech Ruzicka 

Anecdotes, statistiques et citations à la con

L'an passé, l'ambiance dans les gradins était assez extraordinaire. Avec la présence de Daniel Negreanu bien évidemment (11e), mais aussi d'un Italien (Federico Butteroni) soutenu par tout un pays, on ne s'ennuyait pas. Mais cette année, comment dire, et bé on s'ennuie un peu à mourir...

"Mon choix, c'est Griff !", signé Ness Reilly, dernière Française aperçue autour de l'une des trois tables de ce Main Event, en parlant donc de Griffin Berger.

68 858 : en dollars, ce que chaque joueur sera assuré de remporter en plus, une fois qu'une nouvelle élimination interviendra. De 269,430$, on passera à 338,288$.

Chipcount selon WSOP.com
1/ Michael Ruane (USA) 40 070 000
2/ Cliff Josephy (USA) 32 675 000
3/ William Kassouf (GB) 28 450 000
4/ Kenny Hallaert (Belgique) 27 700 000
5/ Vojtech Ruzicka (Rep.Tcheque) 27 175 000
6/ Myung Mike Shin (USA) 24 020 000
7/ Jerry Wong (USA) 23 125 000
8/ Fernando Pons (Espagne) 22 750 000
9/ Joshua Weiss (USA) 16 450 000
10/ Griffin Benger (Canada) 16 320 000

11/ Qui Nguyen (USA) 14 950 000
12/ John Cynn (USA) 14 675 000
13/ Tom Marchese (USA) 13 350 000
14/ Michael Niwinski (Canada) 9 750 000
15/ Andrew Christoforou (GB) 9 075 000
16/ Jared Bleznick (USA) 8 600 000
17/ James Obst (Australie) 6 225 000
18/ Gordon Vayo (USA) 5 250 000
19/ Thomas Miller (USA) 4 075 000

Ils remportent 269 430$
20e / Kakwan Lau
21e / Matthew Moss
22e / Jeffrey Hakim
23e / Valentin Vornicu
24e / Adam Krach
25e / Antoine Saout
26e / Philip Postma
27e / Christopher Kusha

Tableau de bord
19 joueurs restants (sur 6737 au départ)
Blindes 150 000/300 000, ante 50 000
Tapis moyen : 17 728 947

Nous mettons en pause ce coverage le temps d'aller fêter avec Antoine Saout cette magnifique 25e place. Evidemment, nous ne vous oublierons pas, et reviendrons en fin de journée pour vous résumer tout ce qu'il s'est passé. 

Comme un mauvais rêve

- 18 juillet 2016 - Par Veunstyle72

L’histoire eut été belle, mais elle n’arrivera finalement pas : Antoine Saout ne deviendra pas November Nine pour la seconde fois, sept ans après sa troisième place sur le plus beau tournoi du monde. Son aventure sur ce Main Event a pris fin en 25e position, pour un gain de 269,430 dollars. Que la déception est grande…

Le coup de poker en lui même est assez standard, mais spectaculaire à la fois, car il intervient à un moment clé du tournoi, à quelques encablures de la table finale : relance d’Adam Krach à 500,000 en milieu de position, Antoine est au bouton et annonce tapis pour 3,2 millions. La parole arrive chez son voisin, Kakwan Lau, qui 4-bet depuis la petite blinde, et Adam Krach pousse également son tapis dans la foulée, pour 5,84 millions (24 BB).

Antoine Saout : 77
Kakwan Lau : AA
Adam Krach : QQ

La meilleure main est chez le joueur qui couvre ses deux adversaires et déjà, on a déja de la peine pour Antoine en réalisant que ses chances de survivre sont très maigres. Le flop 988 est sorti après d’interminables secondes (la magie de la télé) et il n’arrange les affaires ni d’Antoine, ni d’Adam Krach. Dans la tête, on appelle tout de même très fort la carte magique, celle qui va sortir Antoine de la mouise, celle qui va nous faire hurler de plaisir. Tout le monde retient son souffle, la tension est évidemment palpable, et on entend déjà Norman Chad aux commentaires hurler « Antoine needs a seven ! »… Comme dans un rêve éveillé, le 7 arrive sur la turn ! Antoine fait un léger bond, ce qui ne lui ressemble pas vraiment, lui qui conserve généralement ses sentiments tout au fond de sa poche. Mais il a pleinement conscience que cette carte le relancerait totalement dans ce Day 7.

Unlucky Sevens

On pense alors à Joe Cada, il y a 7 ans, qui lui aussi avait trouvé son deux-outer pour se sortir d’une situation impossible et mettre un énorme bad beat à notre Breton préféré. On se dit qu’il y a finalement une justice à ce jeu, on se dit qu’Antoine va connaître le retour de variance qu’il avait pris en pleine tête ce fameux soir de novembre 2009. On se dit qu'avec 86% de chances de gagner le coup, il ne peut plus rien se passer. On se dit que cette journée va être folle, et désormais, on n’a surtout pas envie d’entendre Norman Chad dire « Lau needs an Ace to eliminate both players ». On se dit que ça fait beaucoup de fois le chiffre Sept, et qu'il ne peut rien lui arriver... La rivière est un A, offrant un full supérieur à Kakwan Lau !

Cruelle, maudite, sadique rivière qui élimine Antoine Saout et Adam Krach, d'un coup d'un seul. Un seau d'eau en pleine tête, c'est un peu la sensation que ça donne : fin du rêve, retour à la réalité. Le temps s’arrête quelques secondes pour Antoine, après l'apparition de celle qui est donc l'ultime carte de son tournoi. Il reste sur sa chaise, stoïque, impuissant, abattu, avant de finalement saluer son bourreau et de quitter cette antépénultième table. Son tournoi est terminé et ses espoirs d’aller se venger sur une seconde table finale du Main Event se sont brusquement envolés d'un coup d'un seul. Les WSOP des Français sont officiellement terminés.

Forcément, après une sortie aussi cruelle, il n'y a pas de place pour grand chose d'autre que de la frustration. « Ce tilt... » nous a brièvement soufflé Antoine avant de se soumettre à la tradtionnelle interview face aux caméras d'ESPN (photo). « Pourquoi est-ce qu'il faut qu'il y ait un 7 ? » Mais au moment de revenir sur sa journée quelques minutes plus tard, c'est sur une autre main jouée aujourd'hui qu'Antoine formulait des regrets. « Sur le coup contre Griffin, je dois suivre ma ligne et partir à tapis sur la rivière. Ou à la rigueur check au turn pour perdre un peu moins. Mais si je shove je peux le faire passer je pense. Je n'ai pas osé. »

Pas de quoi remettre en cause pour autant tout ce qu'a accompli le Breton cette année à Vegas. Car avant ce formidable parcours sur le Big One, Antoine s'était déjà classé 3e d'une épreuve à 1100 dollars au Wynn (109,544$) et runner-up d'un autre tournoi à 1600 dollars pour 259,114 dollars. « Je suis très content de mon été, et très content de mon jeu sur l'ensemble du tournoi. Et puis j'étais déjà parti à tapis au Day 2, c'est la rivière qui m'avait sauvé. Après ça, j'ai terminé chaque jour en positif, jusqu'à ce Jour 6 qui ne s'est pas très bien passé. Il me reste deux jours à Vegas, je ne sais pas encore ce que je vais faire. La reprise ce sera en août pour l'EPT Barcelone. » Un terrain de jeu traditionnellement prisé des Français et où Antoine ne pourra pas se cacher comme à Vegas. Pas sûr que cela le dérange beaucoup. Après avoir autant marqué ce Main Event de son empreinte, il y a fort à parier que les futurs adversaires du Breton auront bien plus peur de lui que l'inverse.

En ce qui nous concerne, humbles couvreurs qui, pourtant, te suivons pour la plupart depuis des années, tu nous as impressionné un peu plus chaque jour par ta maîtrise, ta capacité à mettre la pression à table, mais surtout par un relâchement et un détachement assez bluffant par rapport à la grandeur de l'événement. Antoine, une dernière fois, bravo.