Vous le verriez, emmitouflé dans son sweat à capuche, un vrai look de grinder à peine majeur qui se serait qualifié en ligne pour un gros tournoi du circuit européen. Comment croire un instant que Pierre Neuville a soufflé en janvier dernier ses 72 bougies ? Même si son visage commence à être marqué, comme tous les autres joueurs, de signes de fatigue certains liés à l'enchainement de longues journées de tournoi, le chevronné joueur belge est fascinant de facilité, autant dans la gestion de son énergie (bien meilleure que les plus jeunes de ses adversaires) que sur le tapis vert. Combien de fois ces derniers jours l'a-t-on vu placer d'intrépides bluffs à grands coups de check-raise sur le turn ou la rivière ? Dix fois, vingt fois ?
Car outre une endurance et une résilience à toute épreuve, il est indéniable que Pierre possède un sens du timing parfait, en tout cas dans ce tournoi, lui permettant de faire déjouer n'importe lequel de ses adversaires. Cela parait presque insensé lorsque l'on sait que la majorité des joueurs qu'il affronte actuellement ont quarante voire cinquante ans de moins que l'entrepreneur belge qui a finalement appris le poker en même temps que cette jeune génération.
C'est d'ailleurs grâce à un coup de poker sorti de son imagination débordante que Pierre a été regagner le sommet du classement. Une bataille de blindes dans laquelle Pierre s'est lancé avec fougue avec Roi-6, en relançant puis en plaçant un 4-bet derrière le 3-bet de son voisin Mario Sequeira, qui s'est alors contenté de payer avec deux Dames. L'Américain a fatalement transformé sa main en bluff en relançant à tapis sur le flop 7-10-Roi après une mise de continuation du vétéran belge, qui a réfléchi un moment avant de s'acquitter de la somme réclamée. La donne en est restée là et Pierre s'est ainsi envolé en tête du classement avec une belle avance sur ses poursuivants.
Parmi les joueurs ayant tiré une croix sur la finale, on compte notamment Anton Morgenstern. Si ce nom vous est familier, ce n'est pas du tout anodin. Ici-même il y a deux ans, l'Allemand, alors chipleader de l'épreuve, s'était fait remarquer en explosant en plein vol, dilapidant son énorme tapis en deux heures de jeu. Dans l'armada de mains perdues à tort et à travers par Morgenstern, on se souvient particulièrement d'une (vidéo ci-dessus) qui avait permis à Sylvain Loosli de faire un pas de géant vers l'ultime table. Encore une fois, l'élimination du teuton peut prêter à débat : Morgenstern a relancé avec une paire de 10 puis payé à tapis pour une vingtaine de blindes après un 3-bet et un 4-bet shove, pour finalement se retrouver confronté à As-Valet et paire de Rois. Le jeune allemand collecte décidément les frustrantes places d'honneur dans le Big One, avec une 20e place en 2013 et donc une 22e place pour cette édition.
Les deux dernières tables
Table principale
Siège 1 - Joshua Beckley (USA) 8,375 millions
Siège 2 - David Peters (USA) 4,985 m.
Siège 3 - Matt Guan (USA) 20,31 m.
Siège 4 - Justin Schwartz (USA) 12,07 m.
Siège 5 - Alexander Turyansky (Allemagne) 19,64 m.
Siège 6 - Joseph McKeehen (USA) 12,19 m.
Siège 7 - George McDonald (UK) 3,77 m.
Siège 8 - Federico Butteroni (Italie) 8,6 m.
Siège 9 - Daniel Negreanu (Canada) 5,415 m.
Table secondaire
Siège 1 - David Stefanski (USA) 3,46 m.
Siège 2 - Neil Blumenfield (USA) 8,455 m.
Siège 3 - Pierre Neuville (Belgique) 26,025 m.
Siège 4 - Zvi Stern (Israël) 16,865 m.
Siège 5 - Kilian Kramer (Allemagne) 3,3 m.
Siège 6 - Thomas Kearney (USA) 9 m.
Siège 7 - Thomas Cannuli (USA) 6,75 m.
Siège 8 - Patrick Chan (USA) 12,615 m.
Siège 9 - Max Steinberg (USA) 11,965 m.
Blindes 100,000/200,000 ante 30,000
Ils ont remporté 262,544 dollars...
19. Erasmus Morfe (USA)
20. John Allan Hinds (USA)
21. Mario Sequeira (USA)
22. Anton Morgenstern (Allemagne)
23. Blake Bohn (USA)
24. Chris Brand (USA)
25. Fedor Holz (Allemagne)
26. Chad Power (USA)
27. James Magner (USA)