Fin du Day 3
Il était 23 heures 37 quand les superviseurs ont donné le signal au micro, ordonnant la fin de la journée alors qu’il restait encore 53 minutes à jouer au programme du Day 3. La salle Brasilia était entièrement vide, si ce n’est pour une ultime table encore active où neuf joueurs tapaient le carton dans un silence absolu. Le passage du compteur à 747 restants signifiait la fermeture de cette table esseulée : à 50 éliminations de l’argent, le moment était opportun pour arrêter les frais, et donner rendez-vous vendredi midi à tous les survivants dans une seule salle : l’Amazon Room. Là, Jack Effel pourra prendre le micro pour dire « Mesdames et messieurs, le prochain Champion du Monde de poker se trouve parmi vous dans cette salle », faisant frissonner de plaisir tous les prétendants, qu’ils soient short-stack ou chip-leader. Ensuite, le coup d’envoi sera donné, et les places payées ne seront plus très loin…
Mais je m’avance. Parlons un peu de ce Day 3 accéléré, qui a vu 60% des 1864 partants du jour passer de vie à trépas. Encore une fois, les cartes n’ont pas été tendres pour nos Français. Dès le premier niveau, nombre de short-stacks ont mordu la poussière : Gabriel Nassif, Fabien Perrot, Ilan Boujenah, Imad Derwiche, Etienne Duran, notre qualifié Winamax venu de Tokyo… Même sanction pour Pierre Calamusa, Anthony Picault, Flavien Guenan, Grégoire Boissenot, Ronan Monfort, Quentin Lecompte, Julien Rouxel, Philippe Ktorza, Eric Sadoun, Michel Akrich, Benjamin Souriau et, en fin de journée, Clément Thumy.
L’international n’est pas en reste. On a beau avoir le talent, quand la réussite n’est pas là, il n’y a pas grand chose à faire. Toute la journée, les têtes de série ont défilé vers la porte de sortie : Dan Kelly, Daniel Negreanu, Theo Jorgensen, Johnny Chan, Jake Cody, Ted Forrest, Barry Greenstein, Ole Schemion, Erik Seidel, Marvin Rettenmeier, Antonio Esfandiari… La liste des éliminés sonne comme un who’s who du poker professionnel.
Jetons un oeil au Top 10 en fin de Day 3, selon PokerNews.com (des chiffres qui seront confirmés plus tard avec la publication du classement officiel)
Andrew Liporace (USA) 1,128 million
Mehrdad Yousetzadeh (USA) 1,124 m.
Raul Mestre (Espagne) 988,500
Jesse Wilke (USA) 975,500
Scott Blackman (USA) 935,000
Andoni Larrabe (Espagne) 923,000
Stephen Graner (USA) 911,000
Matthew Sedgeman (USA) 905,000
Magnus Karlsson 891,500
David Tuthill (USA) 850,000
Vous reconnaissez quelqu’un parmi ces détenteurs d’énormes tapis ? A la limite, Raul Mestre, et encore, il faut être un habitué des coverages EPT.
C’est l’une des choses que je préfère à propos du Main Event : son universalité. Certes, on aime voir en finale des JC Tran, des Phil Ivey (dont le gros tapis à stagné aujourd'hui, ce qui ne le rend pas moins dangereux), des Michael Mizrachi. Mais il est tout aussi excitant de se demander qui sera le prochain Jonathan Duhamel, le prochain Pius Heinz, le prochain Ryan Riess, Joe Cada ou Greg Merson, bref, qui sera le prochain joueur excellent-mais-pourtant-inconnu-auparavant à tirer son épingle du jeu. Nous entrons dans la phase du tournoi où nous allons de plus en plus écrire à propos de joueurs dont nous n’avions jamais entendu parler auparavant, y compris parmi les Français (souvenez vous de Sylvain Loosli l’an passé : seuls de très rares pros bien informés auraient pu prédire son parcours !), et nous sommes impatients de faire connaissance avec tous ces nouveaux visages venus du monde entier.
Le clan Français : réduit, mais costaud
Paul-François Tedeschi (470,000) : Décrit comme imperturbable et doté d'un sang froid à toute épreuve, Paul-François a semblé être rattrapé par la pression en fin de journée lorsqu'il a perdu quelques pots, étant satisfait que la journée soit écourtée par les organisateurs. Il faut dire qu'il a perdu un bon paquet de coups à tapis préflop où il était favori ! Néanmoins, une rencontre finale avec les as contre les dix lui a permis de garder son statut de chipleader tricolore pour le Day 4.
Tony Blanchandin (424 000 / en photo) : Appliqué et efficace, le qualifié Winamax a multiplié sa cave par deux durant la journée, bénéficiant notamment d'une rencontre où sa paire d'as s'est retrouvée à tapis avant le flop contre as-roi. Très respecté sur ses sur-relances à table, Tony n'a jamais semblé trembler durant la journée et a fait preuve d'une impressionnante décontraction.
Yorane Kérignard (410 500) : 13. C'est le coefficient multiplicateur du tapis de Yorane aujourd'hui ! Cantonné à un tapis de vingt blindes durant quatre niveaux, le Français a doublé avec As-Dame contre une paire de Dix pour se donner de l'air, et a ensuite martyrisé sa table, commençant par rentabiliser parfaitement un As-Roi avant de ne plus laisser respirer ses adversaires jusqu'à monter à un tapis de cent blindes.
Maxence Dupont (380 000) : Dans l'argent du tournoi en 2012 et 2013, Maxence va sans doute réaliser la passe de trois. Le jeune grinder, aussi discret qu'efficace, n'a jamais été en danger au cours d'une journée qui lui a permis d'accentuer un peu plus encore son avance en jetons. Il entamera le Day 4 avec 95 blindes.
Arnaud Mattern (321 000) : En démarrant à une table « facile », Arnaud Mattern n'a eu aucun mal à monter du pion durant les premières heures de jeu. Stoppé net dans son ascension à la suite d'un badbeat (une paire d'as vaincue par un as-roi faisant couleur), Arnaud n'a toutefois pas paniqué, et au contraire mis les bouchées doubles dans son entreprise de grind pour finir avec un tapis supérieur à la moyenne.
Hicham Hilmi (320 000) : Dans le ventre mou du classement une bonne partie de la journée, Hicham a lancé les hostilités avant la pause dîner, en multipliant par près de trois son tapis ! Il a ensuite déroulé, grimpant jusqu'à près d'un demi-million de jetons, avant de perdre quelques plumes sur la fin, la faute à une histoire de kicker sur un flop où lui et son adversaire avait trouvé trips. Pas de quoi frustrer Hicham qui termine avec plus que le tapis moyen.
Jean-Jacques Zeitoun (260 000) : On a encore jamais parlé dans notre reportage de ce régulier de l'Aviation Club de France que nous avons rencontré aujourd'hui. Mais à chaque fois que nous sommes passé devant sa table, Jean-Jacques avait un tas conséquent de jetons devant lui. C'est donc sans surprise qu'on le retrouve en fin de journée avec un tapis de 65 blindes.
Pedro Canali (145 000) : Assis à une table difficile, Pedro a avant tout essayé de maintenir son tapis à flot. Avec succès : restant en permanence assis derrière un tas de jetons représentant autour de 150 000, il se présentera à la bulle avec un tapis de 35 blindes. Pas de quoi martyriser la table, mais de quoi - sauf accident - entrer dans l'argent sans trembler.
Frederic Bertrand (141 500) : Lui aussi était inconnu de nos services jusqu'à ce jour. Frederic n'est cependant pas novice en matière de tournois live, ayant déjà à son palmarès quelques belles places d'honneur, notamment sur le circuit hexagonal. Au terme d'une journée où il s'est maintenu à flot, Frederic nous a confié avoir perdu un gros coup à tapis quelques instants avant le gong final. Il reviendra au Day 4 avec 35 blindes.
Giuseppe Zarbo (135 000) : Un bon départ et puis ensuite des heures un peu plus sombres pour Guiseppe qui a dû cravacher pour rallier le Day 4. Mais le Franco-italien est solide et n'a rien laché, trop enjoué à l'idée d'enchainer pour la quatrième année consécutive une place payée dans le Big One.
Alexandre Crouan (94 000) : Journée compliquée pour le qualifié Winamax ! Diminiué physiquement à la suite d'ennuis gastriques, le Day 3 d'Alexandre s'est limité à de la survie. Shortstack de bout en bout, il a réussi à se maintenir grâce à une paire de rois et une paire d'as lui ayant permis de doubler. Avec 23 blindes, il devra lutter pour intégrer les places payées.
Kool Shen pour la passe de trois
Après 2012 et 2013, 2014 ? Déjà payé dans la plus belle épreuve du monde ces deux dernières années, Bruno Lopes est en passe de se hisser dans l'argent pour la troisième fois consécutive. L'an dernier, il abordait la bulle avec un tapis de 168 000, et avait réussi à atteindre une très honorable 201ème place. Cette année, c'est avec 447 500 qu'il débutera cette quatrième journée !
"J'ai beaucoup touché" reconnait Kool Shen. Mais il a également pratiqué un poker agressif et audacieux, comme avec ce tirage couleur à trèfle où il a poussé son tapis dans un pot de deux fois la moyenne sur le turn, déclenchant d'importants maux de crâne à son adversaire qui a fini par passer.
Ce pot l'a hissé au rang de capitaine de la table, et Bruno a pu mettre une belle pression sur ses adversaires durant la dernière heure de jeu, ce qui lui a permis de multiplier sa cave initiale par cinq durant la journée, grâce notamment à un dernier 6-bet à tapis sur deux adversaires. "J'avais les rois", commente Bruno avec le sourire. Heureux que cette fatigante journée se termine, le joueur du Team Winamax abordera la bulle avec un tapis de 110 blindes.
Jeudi : le jour le plus excitant
Ah, la bulle du Main Event : chaque été, c’est le point culminant des World Series of Poker. On la préfère même à la conclusion des demi-finales et la découverte des November Nine, car rien ne peut dépasser le frisson ressenti devant une salle entière soulagée, joyeuse et émue d’écrire son nom au palmarès du plus beau tournoi de poker du monde.
Comme chaque année depuis 2008, ce moment sera à vivre sur Winamax.fr. On se donne rendez-vous à 20h (heure Française) pour le Multiplex Poker en direct du centre de convention. Puis une heure plus tard pour le coup d’envoi de notre reportage écrit.
Bonne journée à tous !
Benjo, Harper & Kinshu