L'EPT Monte Carlo débarque dans un contexte bien différent des années précédentes, avec un calendrier en plein chamboulement, et de nouvelles règles en vigueur sur les tournois. Quelles sont les interrogations les plus brûlantes de cette édition 2018 ?
Est-ce que la concurrence va entamer l'affluence ?
Vous êtes probablement au courant : en 2018, il est dans l'air du temps d'aller chercher des noises au géant PokerStars. Sur le terrain du live, cela se traduit par l'emergence de PartyPoker en tant qu'organisateur de festivals. La première tentative de l'ex-leader du pokeronline d'organiser un maxi-raout à Barcelone
fut couronnée de succès, avec un Main Event à 10 000€ dépassant largement sa garantie pourtant énorme (10 millions !), et un déroulé des opérations qui a séduit la majorité des joueurs présents. Avec un bémol, cependant : en terres catalanes, c'est un field majoritairement "reggish" qui s'est pointé, rendant les parties plutôt difficiles, même sur les épreuves les moins couteuses.
Investi dans une stratégie agressive, PartyPoker a directement enchaîné en organisant un autre gros festival avec de gros garantis, cette fois-ci à destination des joueurs nord-américains puisque localisé à Montreal. Le combo Barcelone/Québec proposé par PartyPoker va t-il faire mal à Monte Carlo, destination résolument très chère et ne bénéficiant plus depuis longtemps de l'attrait de la nouveauté ?
Les chiffres à garder en tête au moment d'aborder cette édition 2018 :

Main Event Party Poker Millions Barcelone 2018 :
1 175 joueurs, re-entry inclus (buy-in 10 000 €)

Main Event EPT Monte Carlo 2017 :
727 joueurs (buy-in 5 000 €)

Main Event EPT Monte Carlo 2016 :
1 098 joueurs (buy-in 5 000 €)

Main Event EPT Monte Carlo 2015 :
564 joueurs (buy-in 10 000 €)
Est-ce que le re-entry va plaire aux joueurs du Main Event ?
Au moment de faire renaître l'EPT en début d'année, PokerStars a brisé un véritable tabou pour nombre de joueurs de poker, en annonçant que les Main Event de son circuit phare passeraient au format re-entry. Une première en treize ans ! Là où d'autres opérateurs ont largement favorisé la course à l'inflation en autorisant les re-entry à qui mieux-mieux, PS avance à pas plus mesurés en donnant le doit à un seul re-entry sur l'ensemble des deux Day 1. Un puriste comme Davidi Kitai nous a confié accepter le changement sans grand enthousiasme ("J'espère qu'ils ne le feront jamais sur le Main Event de Las Vegas, cela serait terrible !"). On estime que cette évolution permettra d'augmenter l'affluence globale de 20 ou 30% environ, et de faire venir des joueurs dès le Day 1A (une journée de départ historiquement délaissée en faveur du Day 1B), car ils auront la possibilité de tout recommencer à zéro un jour plus tard en cas de contre-performance lors de leur première tentative. Quoi qu'il en soit, c'est un fait le Main Event du plus gros circuit Européen à quelque peu perdu de sa pureté : les joueurs aux bankrolls les plus confortables vont forcément gagner un léger avantage sur ceux qui jouent leur "one time" après avoir gagné un satellite.... Mais contribueront au passage à faire gonfler le prizepool, chose dont personne ne se plaindra.
Est-ce qu'il y aura plein de stars ?
Rien de moins sûr cette année. Le gros festival québécois cité plus haut a distrait l'attention de pas mal de gros noms nord-américains. Même un
Daniel Negreanu, pourtant l'ambassadeur numéro 1 de l'organisateur, ne sera pas du voyage monégasque cette année ("
mais il sera là à Barcelone", nous souffle t-on en coulisses). Parmi les légendes ayant fait le déplacement, on peut au moins compter sur l'indémodable
Erik Seidel (photo).
Est-ce qu'un français va gagner ?
Cela fait maintenant treize ans que Monte Carlo est visitée chaque année* par une meute de joueurs de poker, plus de 50% de nationalité Française. Pourtant, le titre nous échappe encore. A plusieurs reprises, nous avons cru très fort à une victoire tricolore dans le passé. En 2012, notamment, lorsque Lucille Cailly accomplit la performance d'une vie avant de chuter sur la dernière marche face à Moshin Charania. Puis en 2016, lorsque quatre Français étaient parvenus
à atteindre la dernière table :
Pierre Calamusa, Adrian Allain, Antoine Saout et
Jimmy Guerrero. Las : le patibulaire
Jan Bendik avait emporté le morceau. A en juger par le field du National 1K, nos joueurs sont toujours aussi friands de Monte Carlo. Cela se traduira t-il par une victoire sur le Main Event ? Réponse dans une semaine.
* Ou presque : en 2011, la Principautée s'est faite remplacer par Madrid au calendrier de l'EPT. Une expérience qui n'a laissé de bons souvenirs à quasiment personne, le casino de la capitale Espagnole étant situé en rase campagne, à quarante bornes de la ville.
Est-ce qu'il va faire beau ?
Qu'on aime ou pas Monte Carlo, ses gratte-ciels en perpetuel renouvellement, ses ruelles escarpées où foncent les voitures sport les plus coûteuses, ses boutiques de luxe où se promènent les milliardaires de toute la planète, ses restaurants à peu près tous chers et prétentieux, son gouvernement accueillant envers ceux pour qui contribuer à l'impôt relève de l'hérésie, il faut admettre que l'endroit n'est pas désagréable pour le visiteur séjournant le temps d'un festival de poker. Bon, en ce qui concerne le temps, c'est pas encore trop ça : le ciel reste désespérement couvert sur le Rocher, et les organisateurs n'ont pas encore osé ouvrir le toit de la Salle des Etoiles (un moment toujours inoubliable pour les grands enfants que nous sommes)
Est-ce qu'on pourra boire un coup sans se ruiner ?
Ha ha ha. Non.