Winamax

Il a plané haut, très haut

- 29 avril 2018 - Par Benjo DiMeo

Guillaume "volatile38" Diaz remporte l'EPT National de Monte Carlo devant 1 500 inscrits
La plus belle victoire de la carrière du Grenoblois, quatre ans après son premier titre en live


Guillaume Diaz
Quatre ans qu'il l'attendait. Quatre ans qu'il courrait après cette adrénaline que tous les joueurs de poker recherchent, et que seule peut procurer une première place. Quatre ans à se remettre en question, à travailler sans relâche, à garder la tête dans le guidon pour s'améliorer, encore et encore, pour perfectionner sa stratégie, son mental, sa préparation. Quatre ans à s'entraîner et gagner en ligne, y compris à 30 000 mètres d'altitude. Quatre ans à engranger régulièrement des résultats certes beaux, des résultats certes lucratifs, des résultats qui rythment et entretiennent le train de vie de tout pro du poker, des résultats qui valent leur pesant de "VGG" par SMS ou sur Facebook, mais des résultats forcément frustrants, n'occasionnant pas de belle photo finale ni de trophée à poser sur l'étagère : qui d'une deuxième place sur un World Poker Tour à Paris, qui de finales achevées trop tôt à Las Vegas, Macao ou Amsterdam, qui d'un podium sur le Winamax Poker Open de Dublin. Au poker, les deep runs permettent de survivre : ce sont les victoires qui nous font vivre.

Ce soir à Monte Carlo, en remportant le monumental EPT National devant 1 500 inscrits, Guillaume Diaz a mis un terme à une frustration qui courait depuis janvier 2014, date de sa dernière victoire en live et de son entrée dans le Team Winamax. Le petit volatile de jadis a grandi : qu'il semble loin, le temps où le jeune grinder arrachait sa place dans l'équipe en remportant le concours Top Shark, opération de recrutement annuelle de Winamax, et enchaînait immédiatement en gagnant un side-event sur l'EPT Deauville, son premier déplacement avec ses nouveaux coéquipiers. Entre temps, le caractère, la bonne nature et le talent de Guillaume ont assuré sa pérennité au sein du Team, et c'est comme un seul homme que ses coéquipiers ont célébré la victoire de leur frère d'armes ce soir, lui assurant à quelle point cette victoire à 250 000 euros était méritée.

Guillaume Diaz
Méritée ? Un terme qu'il est toujours risqué d'employer quand on parle de poker, Guillaume le sait aussi bien que les autres. "C'est dur de parler de mérite.Tout le Team méritait de gagner ce tournoi, pourquoi moi et pas un ValueMerguez, par exemple ? Il joue le meilleur poker de sa vie en ce moment. Et Gaëlle ? Quand il reste 20 joueurs, on à la même tapis, elle aurait pu être à ma place. Mais elle n'a rien pu faire avec les cartes qu'elle a eues."

Guillaume Diaz
Dans les bras de Gaëlle Baumann, éliminée en dixième place aujourd'hui


Les cartes, parlons-en justement. En trois journées ayant défilé à une vitesse folle, Guillaume a joué assez de coups poker énormes et rocambolesques pour remplir une année entière sur le circuit. C'est comme si les Dieux du poker qui nous regardent depuis là-haut avaient décidé de lui offrir un parcours sur mesure pour lui faire oublier les quatre dernières années, et maximiser son bonheur. Inscrit pour la troisième fois à un tournoi offrant trois journées de départ et deux fois plus de chances de participer, Guillaume s'était retrouvé à tapis dès la première main, avec une paire de Valets jouée préflop pour trente blindes. Si un tournoi de poker est un film, alors le film de Guillaume Diaz a débuté par un rebondissement improbable : d'entrée de jeu, ces Valets ont réussi à gagner contre deux As. Un signe annonciateur de ce qui allait suivre : des grosses mains en pagaille, des éliminations à la chaîne, non pas un carré, ni deux carrés, mais trois, un gros coin-flip en fin de Day 2 pour se sauver, une séquence ahurissante en demi-finales qui l'a vu éliminer quatre joueurs en succession... Nous ne vous ferons pas la liste de toutes les mains gagnées par Volatile38 depuis trois jours : les articles ci-dessous sont là pour ça, et ces confrontations que l'on appelle communément des "setup" ne suffisent pas à résumer le travail qu'a du accomplir Guillaume pour rempoter la plus belle victoire de sa carrière.

Guillaume Diaz
"La chance est la rencontre de la préparation et d'une opportunité", dit le célèbre proverbe. Prêt, Guillaume Diaz l'était, s'engageant dans ce tournoi immédiatement après le séminaire annuel du Team Winamax organisé à quelques dizaines de kilomètres de Monte Carlo. Trois jours "au vert" à faire du sport et discuter théorie avec les coéquipiers. Trois jours à se ressourcer en groupe, à "construire un collectif", trois jours à poursuivre la réflexion qui anime le groupe le reste de l'année : comment progresser ? Comment gagner encore un peu d'avance sur le reste de la compétition ? Comment minimiser le facteur chance ? Car si il n'était question que de chance, vous ne seriez pas en train de lire ces lignes. Si Guillaume a soulevé le trophée ce soir, c'est aussi grâce à ses gros bluffs, ses prises de risque, ses gros folds aussi, l'intense pression qu'il a fait subir à ses adversaires lorsqu'il avait des jetons, sa patience infinie dans les moments de creux. Toutes les choses que le travail, et non la chance, sont en mesure d'apporter à un joueur.

Architecte de ce grand rendez-vous annuel, le coach Stéphane Matheu savourait l'instant tout autant que son poulain, appréciant une nouvelle réussite post-séminaire. "En 2014, Davidi a gagné le SISMIX tout de suite après, et a ramené un bracelet de Vegas. En 2016, LeVietF0u allait en finale sur l'EPT Monte Carlo, et l'année dernière, c'était encore Davidi qui allait en finale sur le Rocher. Il y a toujours une part de chance, mais j'aime à penser que le Team sort toujours gonflé à bloc du séminaire !"

Guillaume Diaz
"C'est une sensation kiffante, la plus kiffante", nous confiait Guillaume à chaud, alors que l'excitation de la victoire était loin d'être retombée. "Ca n'arrive pas souvent, et dans mon cas ça faisait longtemps, je commençais à en avoir un peu marre ! Mais je ne peux même pas me plaindre : quatre ans, en termes de tournois live, ça ne représente pas grand chose. Une victoire, ça dépend forcément du run, et là, j'ai eu toutes les cartes que je voulais. Forcément, c'est agréable."

"Hier, sur le Day 2, j'ai vraiment cru que j'allais me faire éliminer tout à la fin, sur le coin flip. J'étais trop excité, la journée avait été folle. Aujourd'hui, je suis arrivé en confiance. J'avais bien analysé mes adversaires, je sentais que je pouvais faire quelque chose. En finale, quand le joueur Italien a pris le contrôle, je me disais que la deuxième place était possible. Puis j'ai doublé deux fois contre lui au retour du dîner : il a joué trop agressif, et derrière il a pris un coup au moral pour la première fois, je me suis autorisé à me voir finir gagnant. A trois joueurs restants, j'étais 'dans la zone', comme disent les sportifs."

"Le rôle de Stéphane dans tout ça est crucial. Il te parle en permanence, il t'aide à te calmer, il t'aide à clarifier ce que tu penses, il te fait te poser les bonnes questions. S'il n'était pas là, j'aurais sans doute beaucoup plus de mal !"

Guillaume Diaz
Guillaume retrouvera dès dimanche le chemin des tables de poker, pour participer au Day 1B du Main Event. Recommencer à zéro dès le lendemain de la plus victoire de sa carrière, n'est-ce pas un peu absurde ? La réponse est catégorique : "Non, pas depuis que je vois le circuit comme un long travail ininterrompu. On travaille toute l'année pour être capable de rejouer et se remotiver après avoir perdu cinq tournois de suite : on doit pouvoir être capable de jouer au lendemain d'une victoire, non ? [rires]. En tout cas, je préfère la seconde situation à la première !"

Et puis, au vu de la forme actuelle du Team Winamax, déjà gagnant à Paris en mars via Ivan Deyra, puis à Barcelone en avril via Davidi Kitai, on aurait tort d'en vouloir à nos pros de battre le fer tant qu'il est chaud...

Benjo

Et un freeroll à 30 000 $ en bonus !

Guillaume Diaz
Cerise sur le gâteau de cette victoire à 250 000 euros : en remportant cet EPT National, Guillaume a gagné au passage un "Platinum Pass" pour la PCA 2019, offert par l'organisateur PokerStars. Le Platinum Pass, c'est un ticket d'une valeur de 30 000$ (tournois + frais annexes) pour le monumental Highroller que PS organisera en janvier prochain aux Bahamas. Encline à mettre le paquet face à l'emergence de la concurrence de Party Poker, la marque au pique rouge à garanti 8 millions de dollars sur cette épreuve à 25K$, et ajoute de sa poche 1 million pour le vainqueur ! Au total, 300 Platinum Pass seront distribués tout au long de 2018, pour moitié à des vainqueurs de tournoi, pour moitié... au hasard ! Ainsi, sur cet EPT National Monégasque, un tirage au sort a été effectué en début de Day 2, sous la forme d'un flip géant. Devinez qui a terminé en seconde place de cette loterie, pour un gain de zéro ? Un certain Frederico Petruzzelli. Décidément...

Revivez la victoire de Guillaume : tous nos articles sur l'EPT National Monte Carlo

Les mouches n'ont pas changé d'âne

- 29 avril 2018 - Par Benjo DiMeo

Frederico Petruzzelli éliminé en seconde place (143 000 €)
Guillaume Diaz avait décidément toute la baraka de son côté
Event #3 - EPT National 1 100 € (Day 3 et Finale)


Deal ?
Pendant un instant, un deal a semblé possible entre les deux derniers joueurs de l'EPT National. Cette entente cordiale serait arrivée comme une conclusion logique à une finale disputée sur un ton amical et enjoué, avec plus de blagues et fous rires que la moyenne habituelle. Mais après une brève discussion, que les deux joueurs souhaitaient avoir, l'idée a rapidement été abandonnée. Le directeur du tournoi Toby Stone a montré aux deux joueurs ce que donnerait un partage des gains au pro rata des jetons : c'est là que Frederico Petruzzelli a mis fin à la négociation. Sans animosité aucune : simplement, l'Italien estimait, probablement à raison, qu'il n'avait pas assez de jetons pour parvenir à un arrangement pouvant satisfaire à la fois lui et Guillaume Diaz.

Heads Up
Alors le dernier duel a commencé. Frederico s'est jeté tout entier dans la bataille, poussant à fond ses tendances naturelles à l'agression. Sur le premier gros pot du duel, il parvient à faire douter Guillaume sur la rivière : le pro du Team Winamax abandonne sa main sans payer pour voir un showdown. L'Italien remonte, un peu. Tout est encore possible.

Frederico Petruzzelli
Jusqu'à cette main, jouée à vitesse grand V, à l'image de la finale, à l'image de la journée : relance à 650,000 au bouton, 3-bet à 2,2 millions chez Guillaume, click-back à 4,8 millions chez Frederico, snap-shove, snap-call, les jeux sont retournés, le public s'avance tout entier pour ne rien rater :

99 chez Guillaume,
AQ chez Frederico.

Le proverbial coin-flip d'une vie ! Et même si l'auteur de ces lignes sait que rien n'est jamais joué d'avance, le déroulement des trois derniers jours ne me laissait envisager qu'un seul scénario possible. Un scénario où le croupier retournait le dernier tableau du tournoi. Un tableau du genre... 1010783.

Victoire
Ainsi se terminait l'EPT National de Monte Carlo : l'expérimenté et agressif joueur de cash-game Frederico Petruzzelli, stacké, dit-on coulisses, par quelques sharks Italiens, s'inclinait en seconde place face à un Guillaume Diaz intouchable de bout en bout, remportant sa première victoire en live depuis 2015, et de loin la plus belle victoire de sa carrière.

Hug
A venir : le compte-rendu de la belle victoire de Guillaume !

Il aura chèrement vendu sa peau

- 28 avril 2018 - Par Benjo DiMeo

Adbullatif Attia achève son combat de short-stack ninja en troisième place (100 000 €)
Event #3 - EPT National 1 100 € (Day 3 et Finale)


Abdullatif
Il n'était pas le finaliste avec la stratégie la plus flamboyante. Ses prises de risques furent peu nombreuses. Son tapis a rarement dépassé les dix blindes. Mais ce n'est pas pour rien si une partie du rail Français massé derrière la table était venue pour lui : Abdullatif Attia a mené un impressionnant combat de short-stack tout au long de la finale, avec le sourire et une énergie communicatives, ne cessant de se tourner vers ses supporters pour plaisanter.

Partant peu, mais partant bien à tapis - les rares fois où on l'a payé, il a réussi à doubler - l'amateur originaire de Nancy a survécu tellement longtemps avec peu de jetons qu'il a fini par en rigoler lui-même. "Mais c'est pas possible ! Quand est-ce qu'ils m'achever ?"

Au final, c'est Guillaume Diaz qui se chargera de la chose, trouvant une paire de 6 au moment où Abdullatif avait envoyé ses jetons avec K2. Un 6 tombera dès le flop, témoignage, si besoin était d'en faire la preuve, de la qualité du run de Guillaume sur cette épreuve.

L'amateur signe là sa plus belle performance sur un tournoi live avec une troisième place valant 100 000 beaux euros. Jusqu'à ce soir, son meilleur score était une place de runner-up sur un tournoi à 170 € l'entrée !

Abdullatif


Abdullatif
Le heads-up final de l'EPT National opposera donc un Guillaume Diaz en position archi-dominante sur Frederico Petruzzelli, avec 35,55 millions de tapis contre 9,45 millions chez l'Italien ! La partie va reprendre aux blindes 150 000/300 000.

En jeu : 250 000 euros pour le vainqueur, et un sacré bonus : un "Platinum Pass" d'une valeur de 30 000 $ pour aller disputer le méga High Roller à 9 millions de dollars des Bahamas en janvier 2019 !

La Main de Dieu !

- 28 avril 2018 - Par Benjo DiMeo

Volatile38 élimine Danilo Cangianiello sur un coup d'une autre planète
Event #3 - EPT National 1 100 € (Day 3 et Finale)


Maradona
Il joue bien, il joue aussi bien qu'il a jamais joué de sa vie, et en plus... Il chatte. Comme un goret. Comme un mutant. Comme un Maradona en quart de finale du Mundial 1986, Guillaume Diaz vient d'être touché par la Mano de Dios. Cette main Divine qui vous envoie une rivière depuis le ciel pour vous permettre de remporter un gros pot, un de plus, et d'éliminer un adversaire à quatre joueurs restants de l'un des plus gros tournois de l'EPT Monte Carlo.

Dans les faits, le coup que Volatile38 a joué pour éliminer le sympathique Danilo Cangianiello est tout ce qu'il y a de plus classique. L'Italien a trouvé deux Rois au moment où Guillaume trouvait As-Roi : personne ne sera surpris en apprenant que les 5 millions (20BB) de Danilo sont partis au milieu, et que Guillaume était de la partie.

Non, ce que l'on retiendra, c'est le déroulé du board par le croupier. L'excitation dans le public Français massé en nombre derrière la table est montée crescendo. Jusqu'à cette incroyable rivière :

La Main de Dieu


Carré


Carré
Incroyablement, il ne s'agit même pas du premier carré de 5 trouvé par Guillaume aujourd'hui : en début d'après-midi, il éliminait Victor Ilyukhin avec une pocket paire de 5 qui faisait brelan au flop et trouvait le dernier 5 rivière !

Danilo
On tire un gros coup de chapeau à Danilo Cangianiello, qui a pris le bad-beat avec classe. "Irréel, irréel", a t-il répété en souriant avant de se diriger vers la caisse pour collecter son gain de 74 120 euros.

Guillaume Diaz est plus que jamais chip-leader, il n'a plus que deux adversaires à battre, et avec une telle combinaison de forme et de talent, on se demande comment Adbullatif Attia et Frederico Petruzzelli vont bien pouvoir remonter.

Les prix restants

Vainqueur  250 000 €
2e 143 000 €
3e 100 000 €

Mrakes, le bat blesse

- 28 avril 2018 - Par Benjo DiMeo

Event #3 - EPT National 1 100 € (Day 3 et Finale)

Michael Mrakes
Michal Mrakes était l'un des meilleurs joueurs de cette finale. Je dis "étais", car le Tchèque vient de sauter en cinquième place. Son retour de pause-dîner avait pourtant bien débuté, avec l'élimination d'Abraham Passet d'entrée de jeu. Las : l'heure qui suivit ne fut qu'on long "degrind" avec nombre de pots perdus pré ou postflop. Aux blindes 100,000/200,000, cela ne pardonne pas.

Au moment de jouer sa dernière main, Michal était favori avec As-Dame contre le As-9 de Frederico Petruzzelli. Après un flop 10-8-Valet, sa domination n'était plus si certaine. Un 10 a laissé entrevoir un frustrant split, mais la rivière 7 fut encore pire : Petruzzelli était passé devant.

Michael Mrakes
Michal Mrakes est éliminé en cinquième place : il remporte 57 840 €, quatre mois après sa troisième place sur l'EPT Prague.