5 Français et l'increvable Imed Ben Mahmoud passent au Day 4, qui débutera avec 30 joueurs restants
Seul Antoine Saout démarrera dans le top 10
Main Event 5 300 € (Fin du Day 3)
Antoine Saout - 1 570 000
On commence avec le chipleader du clan bleu, Antoine Saout, qui termine avec 1 570 000 jetons. Comme souvent, le Breton a fait le boulot discrètement aujourd'hui. Enfin, sauf quand il a réussi à craquer les As de Pascal Lefrançois avec deux Dames en table télévisée, alors qu'il ne jouait plus qu'une carte dans le paquet ! Un monster pot qui a permis à Antoine de se propulser vers les sommets du chipcount, puis de gérer tranquillement sa fin de journée. Il sera dans le top 10 pour débuter le Day 4 demain, avec un stack au dessus de la moyenne, et aura de quoi faire parler son expérience, lui qui a déjà joué une finale EPT, à Monte-Carlo en 2016.Bigot - Cardot, duel de pros - 825 000 et 755 000
Ils sont allés à la guerre ensemble. Pendant plus de six heures, Yannick Cardot et Fabrice Bigot ont multiplié les duels, dans toutes les situations possibles. Correctement stackés au moment de démarrer les hostilités, les deux joueurs ont dicté le rythme de leur table, avant de connaître chacun des reflux dangereux, tout près de la chute, puis de de ramasser leur arme et de revenir dans la bataille.
La rencontre entre les deux hommes commence avec un duel bouton contre BB. Open Cardot, 3-bet Bigot, 4-bet shove et snap-fold, comme pour annoncer qu’il n’y aura pas de slow-play.
Bigot est encore bien tranquille, tandis que Yannick trébuche à deux reprises, pour se retrouver dans la zone rouge. Il trouvera le salut avec la meilleure main du poker, dans une rencontre contre les deux Valets… de Fabrice Bigot. Inversion des stacks.
Cardot revient dans le match et profite de son tapis renaissant pour mettre la pression. Il multiplie les 3-bet, trouve quelques fines values, un joli check-raise sur un flop K2
10
après un iso-raise de son voisin Ionut Voinea en bataille de blindes. En patron, Cardot passe au dessus du million.
À l’inverse, Bigot tombe sous les 20 blindes, et tente de revenir à coup de resteals. Avec 16 BB, il se lance alors dans une démonstration de 3-barrels shortstacks face à... Yannick Cardot.
Open UTG + 1, défense de "Yayapro" en BB et le flop vient K8
2
. C-bet 1 BB, 20 000, payé. Turn 6
, 2-barrel 2,5 BB, payé encore. River 9
, tapis Bigot pour 150 000 jetons. Cardot paie avec son K
10
. Mais Fabrice tient la pointure juste au-dessus et double avec K
J
contre son compatriote : "Yepaki" est relancé !
Il poursuivra sa remontée toute la fin de journée, ponctuée par ce joli move contre Parker « Tonka » Talbot, venu animer la table et boire quelques bières sur la dernière heure. Open Bigot EP, call Talbot, et call Cardot en SB. Puis les trois joueurs voient le flop 99
10
. Check-check et bet 1 BB (20 000) du Canadien. Il fait fuir le premier Français, mais pas le deuxième qui check encore sur la turn 8
. Check-back de Parker et nouveau check de Bigot sur la river J
. Cette fois, Parker envoie une petite praline à 105 000, snap-call, Tonka balance son 2
2
au milieu du tapis et Fabrice retourne alors son A
Q
pour la quinte. Un dernier coup finement joué pour valider son premier Day 4 EPT avec 750 000 jetons, 30 blindes pour demain.
« Je joue Tonka très souvent online, je savais exactement qu’il allait faire ce genre de move après son bet 1 BB, raconte Yepaki, qui dit normalement ne jamais checker ce genre de spot sur la river. On s’est bien 'battle' avec Yannick, on a chacun doublé sur l’autre pour rééquilibrer nos stacks. Il reste encore de très bons joueurs, comme Tonka justement ou C.Darwin (Simon Mattsson), ça peut faire une belle bataille pour la suite », raconte le grinder, qui retrouvera donc en Live ses adversaires quotidiens du Online.
Comme le souligne Fabrice, les deux Français ont joué les vases communicants pour terminer tous deux avec des stacks très corrects à l’aube d’un Day 4 EPT. Malgré son jeune âge, Yannick sait ce que c’est que d’enchaîner les jours sur ces Main Events-là, et sera prêt à tous les scénarios. « Comme aujourd’hui : je suis descendu très bas, mais je sais que ce n’est jamais terminé. En demies à Monaco, il m’était arrivé la même chose, ça peut aller très vite ». Alors, on vise mieux qu’à Monte-Carlo ? « Je n’ai pas vraiment de limite, assure le joueur. J’ai une nouvelle occasion ». On peut lui faire confiance pour saisir l’opportunité.
Laurent Cessy - 675 000
Laurent Cessy, lui, est un peu le facteur X de ce casting : inconnu il y a quelques jours (il a tout de même deux ITM Main Event EPT à son actif), le Français fait preuve d'une grande maîtrise depuis trois jours, casque sur les oreilles toute la journée, et bien concentré sur son sujet. "C'était une bonne journée, nous a résumé le Bordelais. J'ai passé mon temps à maintenir mon stack entre 800 000 et 1 million à coups de 3-bet lights, car je n'avais pas de jeu. La seule fois où j'ai floppé brelan, tout le monde a foldé ! Pareil quand j'ai eu les As... Nous avions une table très difficile avec Pierre de Almeida, il y avait notamment Timothy Adams. Et c'est difficile de prendre des décisions avec des time banks de 30 secondes, on a tendance à privilégier le fold..." Avec 30 blindes pour le Day 4, Laurent, qui avait hâte d'aller se reposer après cette nouvelle longue session de poker, semble déjà avoir un plan en tête : "Oui, mais je ne vais pas le dévoiler ! Pour l'instant, je ne suis pas shortstack. On va regarder les tableaux... En tout cas, je vois sur ce tournoi que j'ai bien progressé. " S'il continue sur sa lancée, Laurent, qui rédémarrera demain avec le 23e tapis, peut rêver plus grand, c'est certain.
Imed le survivant - 600 000
« On souffre. Mais la souffrance, j’ai l’habitude. Je sais faire preuve de patience et j’arrive à trouver le premier spot pour tenir. Pas le deuxième ou le troisième pour décoller. Mais je m’accroche ». C’est en ces mots qu’Imed Ben Mahmoud évoquait la résistance héroïque dont il fait preuve dans ce Main Event. Rien d’étonnant quand on connaît la solidité du Tunisien, qui a traversé mille batailles en treize ans de circuit. Il lui suffit de quelques blindes, d’un simple couteau de chasse et Imed peut survivre au carnage jusqu’à la bataille finale.
Dernier ou presque du chipcount pendant les quatre dernières heures, il a encore lié les paroles aux actes… Sur la dernière main du Day, en trouvant le spot parfait avec AK
contre le A
Q
de Dmitry Shchepkin. La patience a encore payé, le détenteur de bracelet WSOP Europe revient à 600 000 jetons sur le gong et s’apprête à vivre un nouveau Day 4 EPT, dix ans après San Remo.
Pierre De Almeida - 540 000
Depuis le début du tournoi, on avait l'habitude de le voir dans les hauteurs du chipcount. Mais pour le Day 4, c'est bien parmi les shortstacks que Pierre De Almeida attaquera la journée (26e sur 30 joueurs restants), la faute à une fin de Day délicate : "Pourtant, j'était vite monté à 2 millions, déplore Pierre. Mais dès que je suis arrivé en table TV, j'ai eu des mauvais timings : à chaque fois que je décidais de 3-bet, je me faisais systématiquement 4-bet. Et en plus j'ai pris un petit bad beat à la fin avec As-Roi contre As-Valet pour un pot de 1 million. Je n'avais qu'une hâte, c'est que ça se termine." Pierre, visiblement bien crevé lui aussi, disposera de 21 blindes à la reprise pour tenter de revenir vers les sommets du classement.
Le roi high staker et les princes du Online
On ne s’étonnera pas de voir quelques grands noms à 30 left d’un EPT. En tête d’affiche, Timothy Adams continue de montrer pourquoi il fait partie des meilleurs joueurs de sa génération. Sur les petites mers des high stakers comme les océans de Main Event, le Canadien mène sa barque avec justesse et talent, comme en témoigne sa remontée fantastique sur la fin de journée. Un flip salvateur, un trap bien senti contre Pierre De Almeida, puis quelques petits pots grattés ici et là pour revenir demain avec 790 000. Au vu de l’enchaînement de crochets qu’il s’est pris en table télévisée, le voir si vivant à ce stade relève de l’exploit.
Le dernier runner-up UKIPT Londres Connor Beresford gravite lui juste au dessus du high staker, tout comme Simon « C.Darwin » Mattsson (photo), considéré par beaucoup comme l’un des meilleurs joueurs online au monde. Dans le haut du chipcount, le vainqueur WPT et finaliste EPT Javier Gomez Zapatero a conservé son beau tapis avec beaucoup d’assurance. Il faudra aussi compter sur le Team Pro Pokerstars Peter « Tonka » Talbot, gros stack tout au long de la journée et dont la technique n’est plus à prouver.
Tous ces top joueurs partiront en chasse derrière Luigi D’Alterio (photo) qui a encaissé une tonne de coups sur les deux dernières heures pour s’emparer du chiplead. Le runner-up de l’EPT National Prague 2019 aura une nouvelle occasion de briller au Hilton, avec l’idée de battre son record de 207 briques acquis il y a deux ans.
Gaëlle Baumann n'a rien pu faire
Elle était la dernière Team Pro Winamax en lice au coup d'envoi du Day 3 : malheureusement, Gaëlle Baumann n'aura pas passé une journée de plus. Après avoir perdu la moitié de son tapis d'entrée de jeu, O RLY a fini par se crasher en milieu d'après-midi, n'ayant jamais pu remonter un stack lui permettant de se maintenir à l'abri d'une élimination. La Strasbourgeoise termine 73e pour 13 150 € et prouve une nouvelle fois sa belle régularité, avec une troisième place payée sur les trois Main Events EPT qu'elle a disputé cette année. Ce Day 3 aura également été fatal à cinq autres Français bien connus de nos services : Alex Reard, Samy Dubonnet, Miro Alilovic, Antoine Labat et Sonny Franco. Mention spéciale à Alexandre Hocquaux, qui termine 53e pour son premier EPT.
Cinq Français en lice sur 30 survivants : oui, 16 % du field sera bleu blanc rouge demain. On espère que les Tricolores feront aussi bien que leurs compères footballeurs, finalistes de la Coupe du Monde : parce que franchement, ce n'est pas tous les jours que le clan bleu est aussi fourni et de cette qualité à ce stade d'un Main Event EPT. En mars, ils étaient également cinq à l'issue du Day 3 à Prague, mais il restait 12 joueurs de plus dans le field... Alors on y croit ! On se donne rendez-vous comme d'hab' à 12 heures dans ce reportage, pour une journée qui devrait nous emmener jusqu'à la dernière table de ce tournoi. Allez, s'il vous plaît, faites plaisir : on commence à aimer ça, les finales...
Rootsah et Fausto