Pierre Calamusa et Gaëlle Baumann qualifiés pour le Day 4
LeVietF0u encore et toujours dans le Top 10
Il reste 6 Français sur 41 joueurs
Main Event 5 300 € (Fin du Day 3)
Mes aïeux, que ce Day 3 fut riche en émotions, en gros pots (et pas seulement préflop), bluffs plus ou moins bien sentis, pièges tendus à bon escient et autres maux de têtes épineux. Avec tout cela, c'est peu dire que la casse fut au rendez-vous : très exactement cent joueurs ont dû quitter la salle de tournois principale de l'Atrium aujourd'hui, laissant là leurs espoirs de gain à sept chiffres, pour faire reculer le nombre de survivants de 141 à 41. Au milieu de cette hécatombe attendue, le clan français n'a pas trop à se plaindre : avec six représentants sur les quatorze présents à midi, l'Hexagone frôle les 50% de réussite et peut même continuer à regarder vers l'avant avec optimisme. Plongeons-nous sans plus tarder dans le vif du sujet.
Les récidivistes
Deux sur trois. Tel est aujourd'hui le bilan du Team Winamax, seulement délesté en cours de route d'un Davidi Kitai (114e) quelque peu migraineux aujourd'hui, et tombé bien trop vite sur un lancer de pièce discutable. Mais même sans son Génie belge, le W rouge brille encore de mille feux grâce aux flamboyants Pierre Calamusa et Gaëlle Baumann. Attaquons avec le premier, dont la présence au Day 4 d'un Main Event EPT ne surprend plus personne. 39e à Dublin en 2016, 5e à Monte-Carlo la même année (sa plus grosse perf' en carrière), le Grenoblois s'est fait une spécialité de ces événements phare du circuit, avec également à son tableau de chasse une 15e place ici-même en 2017, immortalisée par les caméras de Dans la Tête d'un Pro, et une 25e sur le PCA en début d'année.
Habitué à bâtir d'immenses tours de jetons sur ces épreuves au long cours, Pierrot a fait honneur à sa réputation ce samedi, ne quittant jamais le haut du classement, avec une accélération foudroyante en début de quatrième niveau, pour passer de 700 000 à 1,4 million, quasiment sans aucun showdown. C'est la méthode Calamusa, celle qui continue de nous impressionner de tournoi en tournoi : get chips or die trying. LeVietF0u n'est pas fait pour rester sagement au milieu du peloton, à jouer une main toutes les demi-heures. Il aime créer, tenter de nouvelles choses, à l'image de ce bluff passé et montré lors du dernier level. Mais on le sait aussi capable de se faire rattraper par ses propres démons, de dévier d'une stratégie pourtant bien établie en amont. Ce soir, il a bouclé sa journée avec 1,5 million de jeton, pour figurer en sixième position parmi les 41 derniers joueurs. Aux avant-postes, comme une évidence.
— Winamax (@Winamax) December 13, 2019
Allez Pierre, fais-nous mentir !
Pour Gaëlle Baumann aussi, le sentiment de déjà vu est réel. Vingtième de l'EPT Barcelone fin août, O RLY se verrait bien faire au moins aussi bien pour la deuxième fois consécutive. Montée à plus d'un million suite à deux énormes pots remportés en table télévisée, l'Alsacienne a cependant subi un véritable coup d'arrêt lors de la dernière heure. Tout d'abord en faisant doubler le short stack Carl Shaw et surtout en perdant un 3-way all-in contre ce même Shaw et Gab Yong Kim, avec une paire de Valets contre AK
chez le Britannique et deux Dames pour le Coréen.
Après une ouverture de ce dernier, Gaëlle a simplement payé au bouton, avant que Shaw n'envoie ses 24 blindes depuis la SB, imité par Kim et ses 48 BB. La parole revient à Gaëlle, qui couvre assez largement tout ce beau monde et décide rapidement de payer. "Le truc c'est que je ne peux pas faire grand-chose, explique-t-elle. Je fais exprès de flat à cause des short stacks dans les blindes. Le Coréen est un joueur plutôt agressif, et quand je le vois hésiter à faire tapis, je sais qu'il n'a pas deux Rois ou deux As. Il peut avoir deux 10 ou un gros As. Paire de Dames, c'était vraiment la seule main qui me bat." Tout n'est pas non plus perdu pour Gaëlle, qui aura tout de même 370 000 soit 23 blindes à faire fructifier dimanche, mais le scénario a de quoi faire rager.
Quatre autres raisons d'y croire
Si l'on devait décerner un maillot de meilleur grimpeur à un Français aujorud'hui, il retomberait sur les épaules de Sylvain Loosli. En 7h30 de jeu, le Toulonnais a transformé ses 171 000 de départ en tapis de 715 000, soit près de 45 blindes pour demain. S'il manque d'un cheveu d'atteindre la moyenne, c'est en bonne partie à cause de Giuseppe Zarbo, qui l'a 3-bet préflop puis check/raise à tapis pour sa trentaine de blindes restantes sur un flop 87
6
. Amateur de montagnes russes, le Franco-Italien termine avec 525 000 pions, plus de deux fois moins que son plus haut point atteint ce samedi.
Gius' est devancé par un habitué du Club Poker, loorent, qui a profité de son passage en table TV pour transformer le petit tapis avec lequel il s'est battu une large partie du Day, en un stack tout ce qu'il y a de plus décent de 540 000. Certes, cela représente 10 000 de moins que son capital de fin de Day 2, mais l'important n'est-il pas de toujours être dans le coup ?
Enfin, saluons la prestation de Roland Chassing (photo), qui composte son ticket pour le Day 4 dès son premier Main Event EPT... et ce à 68 ans ! "J'ai gagné un peu de sous sur les derniers DSO que j'ai joués et pour lesquels je m'étais qualifé, précise-t-il, je me suis donc dit que je ne devais pas être si mauvais que cela !" Preuve supplémentaire que ce n'est pas le cas, il a réussi à s'attirer la sympahie d'Akin Tuna. "Respect, monsieur !," lui a glissé le Turc une fois les jetons placés dans les sacs. Descendu à 312 000 après "avoir fait quelques bêtises," Roland sera le moins bien loti du clan tricolore mais, quoi qu'il se passe, on peut lui faire confiance pour savourer chaque moment.
Où sont les stars ?
Parcourir du regard ce qui sera le Top 10 au départ du Day 4 (voir plus bas) a tout de même de quoi laisser perplexe. En dehors du déjà cité Tuna, hyperactif aujourd'hui, nous n'avons pas réussi à y décéler le moindre nom un tant soit peu connu. Il faut descendre en 13e position pour dénicher la bouille joviale de Dietrich Fast (989 000) et quelques crans encore plus bas pour apercevoir le masque caractéristique d'un autre high roller turc, Orpen Kisacikoglu (798 000). Et puis, tout de même, subsistent encore deux vainqueurs EPT et non des moindres : le chouchou de PonceP Dominik Panka, lauréat du PCA 2014 (559 000) et celui que l'on ne présente plus depuis mi-juillet, Hossein Ensan (520 000), Champion du Monde en titre et sacré sur ce même EPT Prague en 2015. [EDIT : manquait à ce listing Mikalai Pobal, vainqueur à Barcelone en 2012.] Quant aux autres, il nous reste une poignée d'heures pour apprendre à les connaître.
À la place des têtes connues habituelles, il faudra donc faire avec le jeune Luigi Shehadeh (photo), jeune Italien comptant tout de même quatre titres sur le circuit et 830 000 $ de gains, qui attaquera le Day 4 dans la peau du chipleader. Un casting hétéroclite qui s'explique par les disparations prématurées de plusieurs champions de renom, comme Steve O'Dwyer (99e), Ognyan Dimov (96e), Juan Pardo (83e), Timothy Adams (82e), Stephen Chidwick (79e), Thomas Boivin (68e), Dario Sammartino (60e) et enfin Bryn Kenney (42e), numéro 1 de la All-Time Money List et dernier sortant du jour.
Si l'on regarde le bon côté des choses, cela fait aussi moins de bâtons tranchants potentiels dans les roues de nos six Français, que nous aurons le plaisir de retrouver dimanche, à midi. Avec vous ? Allez, bonne nuit !