Winamax

Les légendes ne meurent jamais, elles gagnent

- 25 février 2024 - Par Fausto

Le vétéran Barny Boatman renverse deux jeunes top regs pour s'offrir sa plus belle victoire et un gain de 1 287 800 €. À 68 ans, le fondateur d'Hendon Mob devient le joueur le plus âgé à s'imposer sur le circuit EPT, dont il observait les premiers pas il y a vingt ans.

5 300 € Main Event (Fin)

Barny Boatman

Une dernière river. Le “All-in & call” a été annoncé, les deux joueurs sont debout et les observateurs se ruent autour des barrières du spot télévisé pour voir ce qui pourrait être le dernier coup. Avec J2 contre A9 sur un board J965, Barny Boatman, la légende du poker britannique, est à une carte d’un exploit retentissant. Tout le monde retient son souffle… Q, c’est gagné !

Barny serre la main de son opposant David Kaufmann puis reste cloué sur place quelques secondes. Le joueur farceur, espiègle, détendu qu’on a vu pendant une semaine se métamorphose soudainement. Barny est submergé d’émotions, il n’en croit pas ses yeux, qui laissent apparaitre de fines larmes le long de ses joues creusées.

« Tu as toute l’adrénaline, toute la concentration et au moment où c’est fini, toutes ces choses s’écoulent de vous. C’est un moment très fort, confie Barny, quelques minutes après sa victoire. C’est aussi là que je me rends compte à quel point ce trophée comptait pour moi. Quand vous jouez, cela aide de ne pas penser aux montants, à l’importance du tournoi. C’est grâce à ça que j’ai fait certains calls, certains plays… Je ne pensais qu’au jeu, pas aux enjeux. Mais quand c’est fini, tu réalises ce que tu as fait. Et il y a tous les amis qui m’ont écrit, ma famille, et bien sûr ma fiancée Catherine. J’ai pensé à eux à ce moment là, et c’est pour ça que j’étais ému ».

Barny Boatman

C’est effectivement vers sa femme que se dirige tout droit Barny, quelques secondes après la dernière main. Vient le moment de la traditionnelle remise du trophée, pour apprécier les discours des représentants Pokerstars et Barrière, mais surtout observer la joie d’une légende du jeu, un ambassadeur mondial, le créateur d’Hendon Mob, qui vient à 68 ans, d’inscrire la plus belle ligne de son palmarès.

Barny Boatman

En 30 ans de carrière, Barny a pourtant eu le temps de s’en forger un beau. Le Britannique multiplie les casquettes avec brio, mais avant tout, il est un joueur passionné, qui a enchainé les coups d’éclat avec une régularité étonnante.

Runner-up WSOP en 2002, finaliste Aussie Millions en 2009 finaliste EPT San Remo en 2011, vainqueur WSOP en 2013, puis WSOP Europe deux ans plus tard, finaliste du Millionaire Maker, du Main Event WSOP Europe et d’autres WSOP en No Limit, en PLO, en Hi-Lo ou même en Pot Limit Hold’em… Barny a connu le succès partout, à tous les âges, dans toutes les variantes. Aujourd’hui, il signe une victoire d’une autre envergure, à sept chiffres, sur le plus prestigieux circuit européen. Un circuit qu’il côtoie depuis la toute première saison, en 2004. 20 ans plus tard, Barny Boatman devient, à 68 ans, le joueur le plus âgé à s’imposer sur un Main Event EPT. Une statistique qui en dit long.

Barny Boatman

 « Elle montre d'abord que je suis toujours vivant » plaisante Barny, qui a tenu en respect deux grinders de la nouvelle génération, des joueurs venus du Online, qui partaient favoris en termes de stack ainsi qu’en compétence théorique. « Ces deux là en particulier étaient des supers joueurs. Ils connaissent les bons plays, les bonnes lines dans chaque situation. J’ai joué mon jeu et puis j’ai touché mes mains. Et on ne peut pas battre ça ».

Barny a eu le run, et il a eu l’instinct. Le déficit technique qui le séparait potentiellement de ses adversaires, il l’a comblé par sa capacité à sentir les bonnes décisions dans les bons moments. Sa non-utilisation des “time extensions” (il se vantait sur Twitter être le chipleader des cartes ”Time Banks”) témoigne de son style de jeu, guidé essentiellement par son expérience et son sens de l’intuition.

« Mes plays viennent naturellement, explique Boatman. Les informations, tu les reçois avant que ce soit à toi de jouer. Parfois, tu lèves la tête pour regarder le gars en face de toi, pour sentir quelque chose. Les Live reads servent à ça. Mais je n’ai du utiliser que deux ou trois time-banks durant tout le tournoi ».

"Le poker a beaucoup changé, pas moi"

Barny Boatman

L’impact de Barny Boatman sur le poker moderne est inestimable. Avec sa bande de potes londoniens, composée de son frère Ross, Joe Beevers et Ras Vaswani, surnommé les Hendon Mob, il créé l’un des sites les plus indispensables du poker. Une base de données que nous autres journalistes utilisons quotidiennement, tout comme chaque joueur s’asseyant à une table et désireux de connaître les visages qu’il a en face de lui. Il est un visage mythique, un joueur qui a traversé toutes les époques du jeu et toutes les places du jeu.

Voyageur insatiable, il a baroudé sur tous les continents, tapé le carton dans mille casinos, toujours avec ce même enthousiasme, cette simplicité, son sens de la formule et de la dérision. « Le poker a beaucoup changé, pas moi » lachait-il à nos micros. Toujours aussi curieux, toujours aussi touche-à-tout. Sa polyvalence s’exprime dans les variantes de poker comme dans son quotidien, composé de poker, de voyages, ou encore d’écriture.

Barny Boatman

« Je ne sais pas ce que je peux faire encore dans le poker. Mais à côté des cartes, j’aime beaucoup écrire. J’aimerais consacrer plus de temps aux livres, plutôt des fictions. Il y a d’ailleurs un livre que vous ne connaissez peut être pas qui s’appellent “He played for his wife and other stories” (il jouait pour sa femme et d’autres histoires). C’est un recueil de nouvelles écrits par différents auteurs liés au poker. J’ai écrit la première et je vous recommande de lire ce livre. Ça vous donne un peu une idée du style d’histoire que j’aime écrire ».

Barny Boatman
Aujourd’hui, il avait trois stylos en mains pour écrire sa plus belle ligne Hendon Mob, l’histoire du circuit EPT et sa propre légende. Bravo Monsieur Boatman pour cette victoire historique, méritée et inspirante. Il est rare qu’on soit si heureux de voir un Anglais gagner en France.

EPT Paris 5 300 €
1 747 inscrits - Dotation 8 385 600 €

Barny Boatman

Rang Nom Pays Gain
1 Barny Boatman UK 1 287 800 €
2 David Kaufmann Allemagne 804 750 €
3 Aleksejs Ponakovs Léttonie 574 850 €
4 Owen Dodd UK 442 150 €
5 Peter Jorgne Suède 340 100 €
6 Eric Afriat Canada 261 650 €
7 Ami Barer Canada 201 250 €
8 Lorenzo Arduini Italie 201 250 €
9 Sindre Hansen Norvège 119 100 €

Paris, ville-monde

EPT Paris
Au sortir de douze jours d'EPT à la mode parisienne, le clan français est un peu comme quelqu'un venant d'organiser une soirée chez lui : on est content d'avoir vu passer autant de monde, on est heureux que tout le monde se soit bien amusé... mais on n'a pas beaucoup profité de la teuf. C'est un fait : les tricolores n'ont pas été prophètes en leur pays sur cette deuxième édition. Aucun finaliste sur le Main Event (pas même un demi-finaliste), rien ou presque sur le High Roller, et à peine quelques miettes sur les side-events : cinq victoires seulement en 46 tournois. Heureusement qu'on a Thomas Santerne : le jeune pro de 23 ans sauve presque à lui tout seul l'honneur du clan français avec une victoire historique sur l'épreuve la plus chère au programme, le Super High Roller à 50 000 €.

À part ça, il faudra donc se contenter d'une satisfaction : celle d'avoir une capitale attractive pour les joueurs de poker du monde entier. Il y a un an, le circuit European Poker Tour corrigeait une anomalie de longue date, en inscrivant Paris à son calendrier pour la première fois en vingt ans d'existence. Aujourd'hui, après une deuxième édition où le festival a battu sans peine ses propres records d'affluence, plus personne n'imagine une saison EPT où ne figurerait pas Paris en bonne place.

WiPTParis, ville-monde... mais aussi : Paris, ville d'arrivée de la caravane du Winamax Poker Tour ! Dans deux petites semaines, notre grand tour de France du poker amateur va s'achever Porte de Versailles. En deux temps, avec d'abord un ultime freeroll rassemblant 1 500 joueurs (8 et 9 mars), puis la Grande Finale proprement dite, avec un million d'euros garantis, plus de 2 000 joueurs attendus, et des side-events non-stop du 11 au 17 mars. Une grande fête du poker à la française qui en suit une autre ? On est vraiment gâtés à Paris.

Reportage par Flegmatic, Fausto, Rootsah et Benjo
Photos par Caroline Darcourt

Toutes les photos de l'EPT Paris

David n'a rien pu faire contre Goliath

- 25 février 2024 - Par Benjo DiMeo

David Kaufmann est éliminé en deuxième position (804 750 €)
Main Event - 5 300 € (Finale)


Heads Up
De dernier retournement de situation, il n'y en a point eu lors de l'ultime étape de l'EPT Paris : Barny Boatman avait pris le contrôle de la partie à trois joueurs restants, et ce n'est pas la remontée de David Kaufmann, aux dépens d'Aleksejs Ponakovs, qui allait changer cet état de fait.

Heads Up
Entamant l'ultimo mano a mano avec un avantage numérique de deux contre un (71 BB vs 34 BB), le vieux loup de mer de la scène britannique n'a eu besoin que deux mains pour terminer le travail face à un adversaire deux fois plus jeune mais loin d'être inexpérimenté.

Sur la première main, le c-bet de Boatman sur JA4 a suffi pour faire fuir Kaufmann et son 83 : l'Anglais n'avait rien de mieux qu'un 73.

David Kaufmann
Main suivante : Boatman 3-bet la relance de Kaufmann avec guère mieux que J2. Kaufmann se contente de payer avec A9.

Le flop J96 améliore la main des deux joueurs : pour les spectateurs du stream "cards up", la suite n'est pas bien difficile à prédire.

C-bet de 2 millions chez Boatman, call de Kaufmann. Le turn est un 5 et Boatman recommence, misant cette fois tout son tapis.

Avec sa deuxième paire, Kaufmann se tâte quelques instants, mais ne parvient pas à trouver le bouton "fold".

Heads Up
Les cinq outs de Kaufmann resteront dans le paquet, la rivière un Q, sera la dernière carte du Main Event de l'EPT Paris.

Heads Up
De retour dans le poker après un break de huit ans, le pro online David Kaufmann ne remporte pas son premier titre majeur en live. Mais nul doute que les 804 750 € remportés aujourd'hui vont lui permettre de confortablement financer son come back au plus haut niveau.

Heads Up

Heads Up

David Kaufmann

Plus une goutte de Ponakovs

- 25 février 2024 - Par Fausto

Le High Staker Letton n'a pas su faire parler son edge durant le 3-left et se contente de la médaille de bronze, pour 574 850 €

Main event 5 300 € (Finale)

Ponakovs

Il était certainement le plus technique, le plus doué et le plus imperméable à la pression monétaire. Impeccable de précision et de mental durant toute la durée du tournoi, Aleksejs Ponakovs s’écroule finalement au moment du 3-max. Barny Boatman lui a piqué de nombreux jetons, le faisant redescendre sous les 8 millions. Le coup décisif arrive dans la foulée, un 60-40 presque décisif contre David Kaufmann, avec KJ, qui ne touchera pas contre le A8 de l’Allemand.

David donnera finalement le coup de grâce quelques minutes plus tard, sur un duel anecdotique avec 33 contre A8 chez Aleksejs.

« Le tournant ? Il y en a eu plusieurs, j’ai joué tellement de spots. Mais je dirai que ce sont les spots contre Barny Boatman, se remémore Ponakovs. Il m’a pris plusieurs petites values et j’ai perdu beaucoup de pots contre lui ».

Connu pour avoir intégré la famille des High Stakers, dans laquelle il a vite connu le succès, Ponakovs sort d’une semaine différente, passée cette fois en mode “Main Event”.

Ponakovs

« La grosse différence, c’est le côté émotionnelle. Sur les High Roller, ça ressemble plus à des parties entre amis. Il faut savoir gérer ses émotions, l’intensité du tournoi, d’autant qu’il dure 6 ou sept jours. Je suis davantage habitué à des tournois de deux trois jours. J’ai un énorme respect pour ces joueurs qui font régulièrement des deep run dans ce genre de tournoi. Cela demande d’être en forme physique, d’avoir une routine saine ».

Le marathon éprouvant qu’il a vécu ne lui a pas empêché de garder le sourire. Le Letton a montré une très belle attitude, partageant sa bonne humeur tout le long de la semaine, même au moment de son élimination.

« J’ai loupé tellement de beaux tournois à cause de ce deep run, il fallait bien que j’apprécie celui-là » plaisante Aleksejs Ponakovs. Son deep run de six jours a en effet boulversé son programme, qui comportait comme d’habitude toute une série de tournois aux montants exorbitants.

Ponakovs

Hormis un High Roller en début de séjour, le Letton n’aura investi que 5 000 € dans ce festival pour un gain de 574 850 €. Un retour sur investissement intéressant… Qui ne représente que sa 9e meilleure perf en Live. En à peine 4 ans de circuit, Ponakovs a en effet terrassé les plateaux High Stakes, avec notamment sa victoire sur le 100 000 $ WSOP, ou encore ses multiples perfs à six ou sept chiffres sur le circuit Triton. « Il y a encore de nombreux titres que j’aimerais gagner. L’EPT en fait partie à vrai dire. Je n’ai pas encore de titres sur les Triton non plus. J’aimerais aussi voir mes élèves gagner. Je coach un certain nombre de très bons joueurs, de Letonnie et d’ailleurs. J’espère être bientôt du côté du rail à mon tour ».

Dorénavant, place au heads-up final. David Kaufmann revient légèrement aux affaires avec 16 775 000, soit deux fois moins que Barny Boatman, impérial depuis le début de la journée. La légende et le revenant. Faites vos jeux.

Un High Roller au goût de chou blanc

- 25 février 2024 - Par Fausto

Après l’hécatombe sur le Main Event, les Français nous refont le coup sur le High Roller. Après une fin de Day 2 prometteuse, les Bleus se font éjecter en à peine trois heures… Tout comme Joao Vieira, pourtant parti gros stack. A 15 left, nous n’avons plus personne en course.

10 300 € High Roller (Day 3)

Joao Vieira

Une journée en enfer pour le clan bleu. Une de plus sur cet EPT Paris. Après l’échec cuisant du Main Event, où nous n’avions plus un représentant à 22 left, les Français refont le coup sur le High Roller. Résumé de cette Bérézina.

Alex Réard sort rapidement sur un set-up avec deux huit contre les deux Dames de Timothy Adams. Quelques secondes plus tard, Mikael Guenni abandonnait enfin ses cinq dernières blindes, sans que je ne puisse voir comment.

Badr Douch et Cédric Schwaederle se maintiennent quelques orbites de plus, sans plus d’étincelles. Qualifié sur un satellite pour son premier 10k, le Parisien réalise tout de même un superbe run, achevé sur un méchant bad beat. Parti à tapis pour ses 7 dernières blindes avec JJhc, Badr trouve un client en la personne de Luca Marki et son A3. Une main bien dominée, qui trouvera un joli flop 542 pour repasser devant. Pas de miracle back-door et Badr sort en 20e position pour 41 500 €.

Cédric Schwaederle

Dernier français en lice, Cédric Schwaederle a réussi à tenir sans voir de cartes. Son stack, déjà maigrichon en début de journée, est devenu peau de chagrin et ses cinq dernières blindes partiront sur un duel A3 contre A9 chez Carlos Ribeiro.

“CrazyDonkey” se contente de la 16e place, pour tout de même 47 750 €. L’un des héros français du dernier WPT signe une nouvelle belle ligne sur le plateau High Roller. Il conclut de cette manière un bon festival, une semaine après sa 23e place sur le FPS High Roller.

Dodd Mode désactivé

- 25 février 2024 - Par Fausto

Une heure quinze de jeu et déjà une 3e élimination. Pour son premier Main Event EPT, Owen Dodd échoue au pied du podium, pour 442 150 €.

Main Event - 5 300 € (Finale)

Owen Dodd

Ce Final Day tient un rythme d’enfer. En une heure quinze, les trois shortstacks passent à la trappe. Avec 7 blindes, soit 50 BB de retard sur le 3e au chipcount, Owen Dodd savait qu’il devait prendre des risques. En BvB, le Britannique trouve 22 et envoie la sauce. David Kaufmann soulève A10 et n’avait pas besoin d’aussi fort pour payer.

Ca tient sur le board K967… River A. Owen Dodd prend la 4e place de ce Main Event, pour 442 150 €.

Owen Dodd

Un résultat exceptionnel pour un joueur qui cumulait jusque là deux lignes Hendon Mob, pour 21 832 $ de gains. Une fiche trompeuse, puisqu’Owen est en réalité un habitué des Cash Game High Stakes. Il vient d’ailleurs très régulièrement sur les étapes du circuit EPT, pour jouer les plus grosses tables en argent réel. Parmi ses partenaires de crimes, un certain Ian Hamilton et Carl Shaw, respectivement vainqueur EPT et médaille de bronze, pas plus tard que la saison dernière. Les deux copains ont poussé Owen a se mettre au MTT, avec un premier essai sur ce Main Event parisien. La belle idée ! Owen Dodd confirme ses prédispositions pour le format avec une perf tonitruante. Je parie qu’il retentera l’aventure un de ces quatre.

Les trois derniers survivants de ce Main Event sont assurés d’un demi-million. Ils jouent désormais pour 700 patates de plus, avec des stacks profonds. Les niveaux sont désormais réduits à 45 minutes, alors qu'on est entré sur le niveau 150 000 - 300 000.

Barny Boatman Aleksejs Ponakovs David Kaufmann

Joueur Nationalité Jetons
David Kaufmann Allemagne 21 475 000
Aleksejs Ponakovs Lettonie 15 780 000
Barny Boatman UK 15 150 000