Winamax

Brewer, c'est carré

- 21 février 2023 - Par Flegmatic

Christopher Brewer s'impose devant Jules Dickerson
L'Américain remporte son deuxième High Roller... du festival !
Super High Roller - 50 000 € (Day 3 et Finale)

Chris Brewer

Une quarantaine de blindes de chaque côté. Au moment de remettre les pieds dans la salle de tournoi, nous ne nous doutions pas que le heads-up de ce Super High Roller n'allait durer devant nos yeux qu'une poignée de minutes. Et pourtant. Sur le tapis, cinq cartes sont étalées : 98858. Face à Christopher Brewer, un triangle noir avec inscrit "All-in" a été déployé. Jules Dickerson remet au croupier l'intégralité de ses derniers cartons "Time Bank" avant d'appuyer sur le bouton "Call". L'Américain retourne ses cartes : A8, pour un brelan floppé transformé en carré sur la rivière. Il n'avait même pas besoin d'en faire autant. En face, le pote de Jimmy Guerrero avait payé avec un simple bluff catcher, en l'occurrence, une paire de 6. Il ne reste plus à Jules qu'une seule blinde après ce coup, qui file du côté de Brewer sur une dernière main anecdotique.

Pour sa première incursion sur un Event aussi cher, le dernier francophone de ce tournoi empoche la bagatelle de 623 800 €. Régulier des épreuves de ce genre depuis la reprise du circuit post-Covid, Chris Brewer signe lui le plus gros gain de sa carrière live. Une première place à 959 520 €, qui intervient... quatre jours après sa précédente victoire. Vendredi dernier, sur l'Event #7 à 25 000 €, le natif de l'Oregon avait triomphé face à 32 autres entrants, pour un sympathique billet de 357 180 €. En clair, à cinq jours de la fin du festival, Christopher Brewer est assuré de repartir avec un plus gros chèque que le futur vainqueur du Main Event. Est-ce qu'on ne tiendrait pas déjà le MVP de cette quinzaine parisienne ?

Nick Petrangelo

Avant ce heads-up expédié en un rien de temps, les jetons étaient passés d'une main à l'autre à quatre, puis à trois joueurs restants. Nick Petrangelo en est le parfait exemple, swinguant de short stack à chipleader en quelques minutes grâce à l'élimination du Portugais Pedro Marques. Un vilain deux outer river avec deux 9 contre la paire de 2 de Jules Dickerson précipitera sa chute sur la troisième marche du podium.

Super High Roller - 68 entrées
50 000 € l'entrée - Prizepool 3 198 720 €

# Joueur Gains
Vainqueur Christopher Brewer (USA) 959 520 €
2e Jules Dickerson (UK) 623 800 €
3e Nick Petrangelo (USA) 443 000 €
4e Pedro Marques (Portugal) 340 700 €
5e Grégoire Auzoux (France) 262 300 €
6e Dimitar Danchev (Bulgare) 201 500 €
7e Steve O'Dwyer (Irlande) 155 100 €
8e Thomas Muehloecker (Autriche) 120 000 €
9e Juan Pardo (Espagne) 92 800 €

Une bonne leçon

- 21 février 2023 - Par Rootsah

Grégoire Auzoux sort en 5e place sur un bad beat
Il signe son second gain à six chiffres en live (262 300 €)
Super High Roller 50 000 € (Finale)

Auzoux
Il l'a dit lui-même : Grégoire Auzoux est là pour apprendre dans les tournois Highrollers. Alors oui, il y a certainement beaucoup de choses à retenir de ce 50k, après avoir passé deux jours et demi à croiser le fer avec la fine fleur des joueurs de tournois high-stakes. Mais pour gagner des beaux MTT, il faut aussi une bonne part de réussite, et ça nul doute que Grégoire le savait déjà : il en a malheureusement eu la confirmation en milieu d'après-midi.

Alors qu'il restait encore cinq joueurs en lice dans ce Super High Roller, le joueur de 38 ans, tombé à 14 blindes, voit le nouveau chipleader Pedro Marques relancer à 200 000 jetons au bouton, sur 50 000 / 100 000. Muni de AQ en grosse blinde, le Français trouve un spot parfait pour 3-bet shove, et le Portugais effectue le call avec une main dominée : A8. De quoi espérer revenir un peu dans la partie pour Grégoire... mais le flop n'est pas à son avantage : 578. Le turn est un 5 et Grégoire ne touche pas de Dame pour le sauver sur la river 10.

Après avoir démarré la table finale à 9 joueurs en troisième position au chipcount, Grégoire Auzoux termine donc 5e du Super High Roller de l'EPT Paris, après avoir vécu une table finale agitée : rapidement tombé shortstack à huit joueurs restants après avoir perdu plusieurs coups consécutifs (il n'avait plus que 760 000 aux blindes 30 000/60 000), l'ancien runner-up du WiPT avait tout de même réussi à se refaire avec deux double-ups pour revenir à 35 blindes. Mais l'embellie n'a pas duré... Grégoire aura tout de même gagné deux paliers dans l'affaire, après les éliminations de Steve O'Dwyer (7e pour 155 100 €) et Dimitar Danchev (6e pour 201 500 €) : il repart avec un ticket de paiement à 262 300 €, le second gain à six chiffres de sa carrière après sa seconde place à Chypre l'an passé pour 600 000 $.

Si à chaud, Grégoire conservait le sourire, il confiait être un peu "sous le choc", pressé d'aller fumer une cigarette pour évacuer une déception qu'on imagine tout de même bien présente. "Mais bon, c'est cool évidemment", nous a t-il lâché en quittant la salle de tournoi. On tâchera d'aller lui demander ses impressions à froid, lui qui s'est d'ores et déjà inscrit au Main Event : 45 minutes après sa sortie, son siège demeurait vide en table 22. Fini les joueurs high-rollers : désormais, il devra batailler avec de vieux briscards du poker parisien, comme Franck Kalfon.

Dickerson
Grégoire laisse ainsi Jules Dickerson et son passeport anglais en tant que seul francophone dans cette table finale. Lui peut espérer se mêler à la lutte pour le titre : à la pause après le level 22 vers 17h30, il possèdait un stack quasi identique à celui de Chris Brewer, un peu en retrait de Pedro Marques, mais plus du double de celui du shortstack Nick Petrangelo. On l'a d'ailleurs vu en plein mal de crâne à la river contre l'Américain : Jules complète sa small blind, attaque pour 100 000 sur un flop K36, et check-call 250 000 sur le turn 10. Nick lui demande en revanche beaucoup plus sur un 3 : 1 300 000. Suffisant pour que Dickerson utilise sept time banks de 30 secondes, avant de passer... 

Nous avons tenté de lui arracher quelques mots, mais il s'est directement éclipsé dans sa chambre d'hôtel. "Il est dans sa bulle", l'excuse Matthieu Rabalison, présent dans le rail en compagnie de Jimmy Guerrero notamment. On le comprend, lui qui joue très peu de tournois live... "Il n'en a pas fait plus de trois ou quatre", nous confiait d'ailleurs Jimmy. "Promis, en fin de journée, je te l'amène !" Merci Matthieu, en espérant tout de même que nous puissions réaliser une interview de vainqueur...

Position Gains
Vainqueur 959 520 €
2e 623 800 €
3e 443 000 €
4e 340 700 €
5e : Grégoire Auzoux  262 300 €
6e : Dimitar Danchev 201 500 €
7e : Steve O'Dwyer 155 100 €
8e : Thomas Muehloecker  120 000 €
9e : Juan Pardo 92 800 €

Neuf pour un million

- 21 février 2023 - Par Flegmatic

La table finale est avancée
Jules Dickerson est large chipleader, Greg Auzoux est en embuscade

Super High Roller - 50 000 € (Day 3 et Finale)

Grégoire Auzoux

Quinze minutes. C'est le temps qu'il a fallu pour connaître les neuf finalistes de ce Super High Roller. Et autant dire que ce Day 3 ne restera pas dans les annales du poker canadien. Revenus aujourd'hui avec respectivement 14 et 11 blindes, Sam Greenwood et Timothy Adams n'ont pas réussi à trouver le double up espéré pour s'inviter à la fois dans les places payées et autour de la TF. Le premier a vu son A7 se heurter au AQ de Jules Dickerson tandis que le second s'est pris les deux As de Thomas Muehloecker (photo) alors qu'il avait envoyé la boîte avec... deux Rois. Ce sera donc un package bubble boys pour Sam et Tim, partis se consoler sur le 25K du jour, comptant pour l'instant une vingtaine de joueurs.

Jules Dickerson

Une fois la finale à neuf démarrée, le rythme s'est logiquement ralenti, malgré la présence des deux short stacks Pedro Marques et Nick Petrangelo. Pendant que le Portugais et l'Américain luttaient pour leur survie, Jules Dickerson a mis en route sa machine à aspirer les jetons. Durant la grosse demi-heure d'observation effectuée autour de la table, nous avons vu le Franco-Anglais remporter la majorité des pots dans lesquels il était impliqué, faisant grimper son total jusqu'à sept millions, soit 40% des jetons en circulation.

Steve O'Dwyer

Mais ça, c'était avant de se frotter à Steve O'Dwyer. L'Irlandais ouvre depuis le low-jack et voit Jules défendre sa grosse blinde. Continuation bet de circonstance à hauteur de 175 000 sur le flop KQT, avant que le T turn ne soit checké. Le 3 river est une brique totale, sur laquelle Dickerson demande à O'Dwyer ses 835 000 jetons restants. Steve ne pouvait pas payer plus vite et pour cause : sa paire de 10 a trouvé le turn parfait pour battre le Valet-9 de Jules, qui avait lui floppé la quinte ! Un double up en bonne et due forme pour le Champion irlandais, le propulsant directement en deuxième place, devant un Grégoire Auzoux pour l'instant assez discret. Il faut dire que le Français n'a pas été gâté par le seat draw, qui l'a placé directement à la droite de Jules Dickerson. Mais on le sait, Greg' n'est pas du genre à avoir peur et est avant tout là pour apprendre et prendre du plaisir aux tables de ces Highrollers qu'il continue de découvrir. Alors s'il peut y avoir un petit million d'euros à la clé pour épicer le tout...

Juan Pardo

Cette table finale a en revanche tourné au cauchemar pour Juan Pardo. Le protégé de mon collègue espagnol Álex a d'abord perdu un flip contre Pedro Marques avant de faire doubler Dimitar Danchev sur un bad beat As-Dame contre Roi-Dame. Le Portugais a fini par lui infliger le coup de grâce avec une paire de 6 restant devant son A5. Tout le monde est maintenant assuré d'un gain à six chiffres.

Le plan de table au départ de la finale

Pedro Marques

Pedro Marques

Siège Joueur Stack
1 Juan Pardo (Espagne) 2 435 000 (49 BB)
2 Grégoire Auzoux (France) 2 410 000 (48 BB)
3 Jules Dickerson (UK) 4 490 000 (90 BB)
4 Nick Petrangelo (USA) 1 000 000 (20 BB)
5 Pedro Marques (Portugal) 640 000 (13 BB)
6 Thomas Muehloecker (Autriche) 1 815 000 (36 BB)
7 Stephen O'Dwyer (Irlande) 1 410 000 (28 BB)
8 Christopher Brewer (USA) 1 640 000 (33 BB)
9 Dimitar Danchev (Bulgarie) 1 135 000 (23 BB)

L'échelle des gains

Thomas Muehloecker

Thomas Muehloecker

# Gains
Vainqueur 959 520 €
2e 623 800 €
3e 443 000 €
4e 340 700 €
5e 262 300 €
6e 201 500 €
7e 155 100 €
8e 120 000 €
9e 92 800 €

Chris Brewer

Chris Brewer

'J'apprends directement à table !'

- 21 février 2023 - Par Benjo DiMeo

Rencontre avec l'amateur Grégoire Auzoux, dernière adoption au sein de la petite famille des high rollers
Le Français est aux portes de la finale dans le tournoi le plus cher de l'EPT Paris
Son objectif : prendre un max de plaisir... et pourquoi pas un titre
Super High Roller 50 000 € (Fin du Day 2)


Grégoire Auzoux
Minuit et demie. En position de grosse blinde, Grégoire Auzoux est coincé entre une horloge et un pro américain pesant près de 7 millions de dollars de gains. D'un côté, le compteur est tombé à zéro, le gong a sonné, la journée est de facto terminée : le Français n'a qu'à jeter ses cartes pour s'assurer de faire partie des 11 joueurs qualifiés pour le Day 3 du tournoi le plus cher de l'EPT Paris. Mais d'un autre côté, Auzoux n'est pas tout à fait satisfait de la hauteur de ses piles de jetons. 24 blindes pour se défendre face aux poids lourds du circuit aux portes d'une finale avec un million à gagner, ça ne pèsera pas des masses. Et face à un joueur aussi agressif et retors que Chris Brewer, qui a relancé UTG, ses deux cartes - A3 - ont l'air de pouvoir se défendre. Allez, c'est payé. Voyons le flop !

A73. Auzoux tente de contenir son excitation. Il pouvait difficilement espérer meilleur flop : il bat maintenant la quasi-totalité des combos As-x de son adversaire. L'objectif est simple : faire gonfler le pot au maximum. Pour ce faire, le check/raise paraît approprié, suivi d'un donk-bet "commit" à l'apparition du J sur le turn. Ça mord : Brewer annonce "all-in". C'est payé dans la foulée, évidemment. Avec son AQ, Brewer n'aurait pas été difficile à convaincre dans tous les cas. Il ne reste plus à Auzoux qu'éviter une rivière traître. Un inoffensif 5 tombe en guise de happy end. Avec un sourire aussi large que le prizepool du tournoi, Grégoire Auzoux peut compter et emballer un tapis de 2,4 millions. Il vient de se propulser en troisième position au classement. Ses chances d'atteindre la table finale sont presque assurées. En attendant, il était temps de laisser retomber la pression.

"C'était dur de garder son calme. Il est cadeau, ce coup !" Ce genre de sensations fortes, c'est exactement ce que Grégoire Auzoux, 38 ans, recherche quand il s'installe à une table de poker. Il y a six mois, le résident chypriote ne s'était jamais approché à moins de dix mètres d'un tournoi highroller. Cette semaine à Paris, on l'a vu enchaîner en cinq jours et sans broncher le Mystery Bounty à 10 000 €, deux High Roller "one day" successifs à 25 000 €, et donc ce Super High Roller à 50 000 €, point culminant du volet high stakes de l'EPT parisien, en compagnie de tout le gratin mondain du milieu pro, les Mateos, Chidwick, Petrantelo et autres Adams. Un sacré "step up" pour celui avec qui on avait fait la connaissance il y a neuf ans sur un tournoi à 500 euros l'entrée, la seconde finale du Winamax Poker Tour : à l'époque marketeux chez Betlic et Everest, Auzoux s'était incliné sur la toute dernière marche face à Mathieu Philbert. Au cours des années suivantes, on ne l'a jamais vraiment perdu de vue... mais sans pour autant le voir se transformer en un "reg" en bonne et due forme du circuit, ni monter progressivement les limites. Mais ça, c'était avant. Avant cette incruste, aussi récente que surprenante, dans la petite famille des highroller.

Grégoire Auzoux & Benjo
Recette d'une interview détendue : s'offrir un double up juste avant

Alors, que s'est-il passé ? Comme le veut la formule consacrée, c'est une histoire de dur labeur qui rencontre une opportunité, et donne naissance à un coup de chance. Écoutons Auzoux : "Pendant le Covid, j'ai beaucoup progressé, je me suis fait coacher. J'ai vraiment eu l'impression de faire un grand pas en avant, de jouer vachement mieux." Avance rapide jusqu'en septembre 2022 : le Français voit arriver à côté de chez lui le festival highroller le plus populaire du moment, les Triton Series et ses épreuves en petit comité (mais à très gros buy-in). "J'avais trouvé un deal de stacking. Et là, sur le premier tournoi, le Omaha à 25 000 $, j'arrive en finale, direct. J'ai dit au stacker 'Bon, on arrête le deal, j'ai envie de tenter le coup en solo !' C'était un 'shot', clairement, mais maintenant que j'avais rentré un peu d'argent, c'était trop tentant de jouer pour 100% de mon action plutôt que 50%." Étape suivante du festival chypriote : le Main Event des Triton Series. Prix d'entrée : 100 000 $. Un tarif inédit pour Auzoux, évidemment. Mais loin d'être désarçonné, il s'y offre une sixième place bonne pour 600 000 $ de gains.

Si vous pensez deviner en Grégoire Auzoux un pro de l'ombre ayant décidé un beau jour de se jeter sous les feux des projecteurs, quitte à risque de se cramer, détrompez-vous. C'est bien parce qu'il n'est pas un pro du poker qu'Auzoux s'autorise aujourd'hui à aller affronter les plus forts. "J'ai 38 ans. Pendant dix, douze, quinze ans, le poker m'a offert un complètement de revenus. Je faisais attention à ce que je jouais, parce que mes revenus en dépendaient. C'était un objectif quotidien. Maintenant, ce n'est plus pareil. C'est du divertissement. J'ai monté une boîte avec un groupe d'investisseurs dans le secteur de la tech. On touche au gaming, à la banque, la crypto. Donc je n'ai pas trop de soucis de bankroll, ça aide ! Et comme je ne vais pas jouer souvent, autant aller jouer ces tournois-là, les Highrollers." Surprise, donc : si Auzoux fut bel et bien un grinder dans ses jeunes années, aujourd'hui son parcours le rapproche plus d'un Jean-Noël Thorel que d'un Julien Martini. Selon lui, les tournois les plus chers offrent une atmosphère et des conditions de jeu uniques, qu'on ne retrouve pas sur les autres compétitions. "Les Highrollers sont trente fois plus kiffants ! Ce n'est pas le même poker. Les tables sont très sympa, on rigole bien. Et le grand intérêt, c'est qu'on retrouve tout le temps les mêmes joueurs. Il y a un historique, un metagame qui se développe au long cours, sur plusieurs tournois de suite. Ce qui est impossible dans les tournois avec 1 000 ou 2 000 joueurs."

WiPT
Mars 2012, Winamax Poker Tour : l'époque des finales sur les tournois à 500 balles l'entrée "seulement"

Auzoux approche donc les Highrollers avec l'enthousiasme d'un fan de poker devenant acteur des tables télés qu'il regardait autrefois sur son ordi. Et lui faut désormais assurer lui même le spectacle, en prenant exemple directement sur ses voisins. "Sur chaque coup, ils te mettent la pression. 4 heures sur un High Roller, c'est aussi fatiguant que 12 heures de cash-game ! Du coup, t'es obligé de prendre les spots. Car eux, ils les prennent. Un joueur comme Ben Heath, il arrive à table et direct c'est : 3-bet, 3-bet, 4-bet, 4-bet. Moi, je n'ai pas 10 % de leur niveau, je sais que je ne les prends pas assez, les spots. Mais j'apprends directement à table ! Je reste concentré, je ne regarde pas mon téléphone, j'essaie de tout mémoriser : la taille des mises, ce qu'il se passe selon la texture des boards, etc. Il ne faut pas réfléchir en termes de prizepool ou de buy-in, sinon t'es mort. Il faut complètement oublier les sommes en jeu."

Si Auzoux ne joue pas au poker pour gagner sa vie, quel est son objectif ? Le challenge. L'idée de titiller les pros sur leur terrain lui plaît. "Clairement, l'objectif c'est de battre le field. Et de gagner un titre." Et en filigrane, on devine une autre envie : celle de pousser la martingale aussi loin que possible, de voir où ce shot tenté à Chypre va le mener. "Attention, hein, je ne vais pas devenir un reg ! Chypre, c'était en septembre. Derrière, j'ai break even à Prague en décembre. Et aujourd'hui je suis à Paris. Ça fait seulement 3 festivals en 6 mois. Le prochain, ça sera Vegas. Si tu me vois là, ça veut dire que je suis off, que je peux m'amuser. Mais quand le séjour est fini, je rentre à la maison, et je recommence à travailler."

Super High Roller : les 11 prétendants

Ils seront onze à retrouver les tables mardi à 12h30. L'autre Français encore en course, Jules Dickerson, est parvenu à se construire le stack du chip-lead, juste devant Grégoire et Sam Greenwood. Premier objectif de la troupe : sécuriser une place payée - il n'y en aura que 9. Derrière commencera la table finale et la bataille pour le million de dollars de la première place.
 

Nom Pays Tapis Table Siège
Jules Dickerson UK 3 790 000 1 1
Sam Greenwood Canada 700 000 1 2
Gregoire Auzoux France 2 410 000 1 4
Chris Brewer USA 1 640 000 1 6
Thomas Muehloecker Autriche 1 280 000 1 8
Steve O'Dwyer Irlande 1 410 000 4 2
Timothy Adams Canada 535 000 4 3
Pedro Marques Portugal 640 000 4 4
Dimitar Danchev Bulgarie 1 155 000 4 5
Juan Pardo Espagne 2 435 000 4 7
Nick Petrangelo USA 1 000 000 4 8

Le Day 3 débutera aux blindes 25 000 / 50 000, BB ante 50 000.

Joao Vieira & Ben Heath
Joao Vieira et Ben Heath furent les derniers éliminés du Day 2, en 13e et 12e place

Jules s'égare

- 20 février 2023 - Par Flegmatic

Super High Roller 50 000 € (Day 2)

Jules Dickerson

Un prénom bien de chez nous, un tapis de 821 000 jetons le plaçant en quatrième place provisoire à la reprise ce midi, et surtout un joueur jamais croisé sur de pareilles limites lors d'un festival EPT : le début de Day 2 sur ce Super High Roller à 50 000 € était propice pour partir à la rencontre de Jules Dickerson. Qui es-tu ? D'où viens-tu ? Que fais-tu là ? "J'ai 26 ans, j'ai grandi en France, mais je suis né à Londres, se présente notre ex-homme mystère. D'ailleurs, je suis officiellement Anglais, je n'ai même pas de passeport français." Ce qui ne l'empêche pas d'avoir noué une très bonne relation avec la capitale.

"J'ai beaucoup d'amis ici, notamment Roger [Taieb, qui dispute la finale du Main Event FPS sur la table d'à côté de la sienne, NDLR] ou encore Matthieu [Rabalison]. Cet EPT, c'était aussi l'occasion de revenir en France. Après ça, je descends pour aller skier. Cela fait 2-3 ans que je suis "en vacances", je vis en Thaïlande avec ma copine, on bouge beaucoup." Autant dire que quand Jules se déplace pour jouer au poker, ce n'est pas pour rien. "J'ai joué un tournoi Triton une fois, je crois que c'était un 50K aussi. J'avais bust en une heure." Rien à voir donc pour l'instant avec sa prestation parisienne. Lors de notre passage à sa table, Jules planait au-dessus du million de jetons, soit plus de deux fois le tapis moyen.

Hugo Pingray

Il était alors assis en face d'Hugo Pingray, un visage beaucoup plus connu... sauf pour Jules. "C'est mon premier tournoi, plaisante le vainqueur du Monster Stack 2014 , qui se contente aujourd'hui de petites incursions sporadiques sur le circuit. On s'était joué une fois, sans doute sur un 5K 6-max," ajoute-t-il. Malheureusement pour cette fois, leur confrontation a tourné court : short stack après deux niveaux, le finaliste du dernier EPT Monte-Carlo a fini par flancher.

Adrián Mateos

Quelques minutes plus tard, le Français a été rejoint dans le rail par Adrián Mateos. Le Madrilène laisse donc seul João Vieira défendre les couleurs du Team Winamax sur ce Super High Roller. À noter que dix inscriptions supplémentaires ont été recensées aujourd'hui, pour porter le total à 68 entrées. Une excellente affluence, supérieure à celles des 50K de Londres, Prague et même Barcelone. De quoi faire culminer le prizepool à 3,2 millions d'euros, qui seront partagés entre les neuf finalistes comme suit :

L'échelle des gains
Vainqueur : 959 520 €
2e : 623 800 €
3e : 443 000 €
4e : 340 700 €
5e : 262 300 €
6e : 201 500 €
7e : 155 100 €
8e : 120 000 €
9e : 92 800 €