Winamax

Razvan, comment raser proprement

- 26 février 2023 - Par Benjo DiMeo

Rien n'est venu remettre en question la première victoire roumaine sur l'European Poker Tour
Formé en ligne, un pro de 34 ans devient millionnaire dès son premier sacre en live
Razvan Belea remporte l'EPT Paris (1 170 000 €)
Main Event - 5 300 € (Day 6 - Finale)


Razvan Belea
Une chevauchée implacable. Un tout droit express vers le titre et un magot de plus d'un million d'euros. Personne n'a pu arrêter Razvan Belea au cours des 48 dernières heures dans sa course folle vers la victoire sur la toute première édition de l'European Poker Tour à Paris. Inconnu une semaine plus tôt, mais doté de solides compétences affinées en ligne, le pro de 34 ans est devenu ce dimanche soir le premier joueur roumain à soulever un trophée EPT. Chip-leader depuis la constitution des demi-finales vendredi soir, Belea n'a ensuite jamais vu sa domination remise en question. Il a touché de belles mains, et a su les rentabiliser. Mais il a aussi su se montrer créatif avec des combinaisons marginales. À tout moment, il s'est montré ultra-agressif.

Razvan Belea
"Je remercie toute la communauté roumaine qui m'a soutenu tout au long du tournoi", a-t-il réagi entre deux pluies de confettis devant les micros tendus vers lui. "J'ai toujours regardé les streamings de l'EPT : c'est incroyable d'être là aujourd'hui. J'ai suivi mes rêves, j'ai beaucoup bossé. Comme quoi, tout est possible ! C'est incroyable d'être le premier vainqueur de Roumanie. C'est le second plus beau jour de ma vie après mon mariage l'an passé."

L'ancien barman était déjà millionnaire en gains de carrière au moment d'entamer le tournoi, ayant accumulé une solide collection de perfs en ligne au cours des dernières années. Ce soir, c'est en une seule fois qu'il ramasse une somme à sept chiffres, et inscrit son nom en lettres d'or dans le grand livre du poker européen. Avec ses gains, il aidera ses parents à acheter une maison. Mais pour l'heure, en se tenant sur la terrasse surélevée de l'hôtel Hyatt Regency, il peut contempler au loin la Tour Eiffel. Fièrement dressé sur les toits de Paris, il en est le Roi d'un soir.

EPT Main Event - 1 606 inscriptions
5 300 € l'entrée - Prizepool 1 988 160 €

Razvan Belea

Rang Joueur Pays Prix
Vainqueur Razvan Belea Roumanie 1 170 000 €
Runner-up Peter Jorgne Suède 780 100 €
3e Fabrice Bigot France 535 850 €
4e Brian Delaney UK 412 200 €
5e Henri Kasper Estonie 317 050 €
6e Konstantin Held Allemagne 244 000 €
7e Denzel Spekman Pays-Bas 187 650 €
8e Johan Schultz-Pedersen Danemark 144 300 €
9e Mehdi Chaoui Maroc 111 000 €

Malgré les polémiques, une vraie réussite

Razvan Belea
C'est vrai : la première visite de l'EPT à Paris ne fut pas exemple de couacs. On vous a raconté les soucis logistiques qui ont entaché les premières journées du festival, et l'organisation ne s'en est pas cachée non plus. Mais on a envie de croire que ces pépins seront vite oubliés, et que très vite s'installera le souvenir durable d'un festival bouillonnant, riche en grosses dotations, beaux vainqueurs et petites histoires. En tout cas, des histoires, on a pris plaisir à vous en raconter par dizaines, depuis la présence de Neymar Jr qui a fait tant jaser jusqu'à la quasi-consécration de Fabrice Bigot. Entre deux, on s'est réjoui que Paris devienne enfin une vraie terre d'accueil pour les joueurs high rollers, on a applaudi les scores du Main Event (1 606 inscrits, le plus EPT de l'histoire en dehors de Barcelone !), on a salué une nouvelle victoire live du Team Winamax, on a accueilli les débuts des Top Sharks 2023 sur le circuit pro, et on a chroniqué nombre de succès tricolores : Alan Goasdoue sur le Main Event FPS, Mohamed Mokrani sur le High Roller FPS, ou encore Bruno Fitoussi en PLO (avec un come-back d'Antony Lellouche, rien que ça). On peut aussi mentionner de chouettes rencontres (Malo, primé sur le Main Event quelques jours après sa victoire sur la Million Week sur Winamax) et retrouvailles (Grégoire Auzoux, dernier arrivé en date dans la petite famille high roller, et 5e sur le tournoi le plus cher du festival). Bref, onze journées bien remplies... et ce sans quitter la maison. Dormir dans son lit tous les soirs après la fin du reportage : c'est un autre truc qu'on a fort apprécié sur cet EPT Paris... et une raison suffisante qui justifie de remettre le couvert en 2024. Organisateurs, ne nous décevez pas !

On aurait pu aussi vous parler de...

Stephen Chidwick
Stephen Chidwick, vainqueur du dernier High Roller à 25 000 euros du festival, devant un certain... Adrian Mateos ! L'Anglais collecte 324 500 euros tandis que le pro du Team Winamax rembourse une semaine où il fut "IN dans tout", avec un second prix valant 211 700 euros.

Gilbert Diaz
Un High Roller à 10 300 euros décevant pour les Français : la meilleure perf tricolore est signée Gilbert Diaz, éliminé en 20e place. La table est en cours à l'heure où nous publions cer article : y figure Martin Jacobson, entre autres pros européens.

Thomas Eychenne
La deuxième place de Thomas Eychenne sur l'un des derniers tournois du festival, le Deep Stack à 2 200 euros. Le finaliste du PPC ajoute 75 000 euros à un palmarès 2023 déjà surchargé.

Corentin Ropert
La victoire de Corentin Ropert sur le Mystery Bounty à 1 650 euros. Sans compter les enveloppes qu'il a tirées tout au long de son deep run, le grinder empoche 86 840 euros et signe sa deuxième victoire sur un festival PS, quatre ans après avoir ship un High Roller à Prague.

Cap sur la Grande Finale !

Winamax Poker TourAinsi s'achève un périple de onze jours en terres PokerStarsiennes. L'EPT Paris s'achève ce soir au Hyatt Regency... mais chez Winamax, on ne va pas bouger de la porte Maillot. Dans seulement trois jours, on vous retrouve au Palais des Congrès pour notre gros évènement d'hiver à nous : la Grande Finale du Winamax Poker Tour. On nous souhaite d'être aussi solides que les équipes de PS pour faire face à ce qui s'annonce comme un nouveau raz-de-marée de joueurs, prêts à en découdre six jours durant sur un Main Event à 500 euros, plus une tripotée de side-events. Rendez-vous est pris mercredi dès 10 heures. À très vite !

Benjo

Peter l'amateur a failli tout péter

- 26 février 2023 - Par Benjo DiMeo

Peter Jorgne éliminé en deuxième place (780 100 €)
Main Event - 5 300 € (Day 6 - Finale)


De deal, il n'y a pas eu avant le dernier duel de l'EPT Paris. D'une part car la manœuvre est interdite sous la règlementation française. Et d'autre part parce qu'avec un tapis deux fois supérieur à celui de l'amateur qui lui faisait face, le pro Razvan Belea entamait le heads-up final avec toutes les chances de son côté. Et c'est avec un rapport de force identique (2 contre 1) que s'est jouée la dernière main du tournoi, après cent minutes où les jetons n'ont que peu bougé de part et d'autre de la table.

Peter Jorgne
Au bouton, Belea min-raise à 800 000 avec 76. Peter Jorgne défend sa BB avec 106. Il ne s'en doute pas forcément, mais il possède la meilleure main à ce stade. Et c'est encore le cas après la sortie d'un flop 1053.

Muni de sa top paire, Jorgne check/raise le c-bet de Belea, faisant grimper les enchères de 600 000 à 1,5 million. Une gutshot, ça peut parfois se tenter. En heads-up, ça doit se tenter : Belea reste là.

Il a bien fait : le turn lui apporte un miraculeux 4. Jorgne n'a cependant aucun moyen de deviner ce qui l'attend : il continue de miser sa top paire, envoyant 2,6 millions. Belea dégaine son plus jeu d'acteur, utilisant deux "time bank" avant de min-raise à 5,6 millions. Jorgne en utilise une, mais son hésitation à lui n'est probablement pas de l'acting. Il paie la mise. La rivière est tournée :

Un 4 apportant une doublette. Peter Jorgne se tâte quelques instants. Puis il appuie sur la détente. Tapis !

Le Suédois est couvert, comme il l'a toujours été depuis le début du duel. Razvan Belea a donc le pouvoir de terminer le tournoi ici et maintenant. Le public est debout, et se rapproche autant que possible pour l'entendre dire...

"Je ne crois pas pouvoir la fold, celle-là."

La réponse de Jorgne sera la plus succinte et digne qui soit.

"Félicitations."

EPT Paris


EPT Paris


EPT Paris


Peter Jorgne
Une deuxième place qui vaut 780 000 euros, ça se fête quand même, non ?

Richissime retraité de la tech après avoir vendu son business en 2018, Peter Jorgne s'était lancé un défi après avoir découvert le Texas Hold'em : devenir un vrai, bon joueur de poker. Coaché par deux pros depuis l'été dernier seulement, le quinquagénaire insère déjà à son palmarès une ronflante deuxième place sur l'un des plus gros tournois EPT de l'histoire. "J'avais prévu de ne faire que ça pendant un an, avec comme objectif d'atteindre une table finale sur les WSOP ou l'EPT." Sept mois plus tard, l'objectif est accompli.

Bigot a manqué de tempo

- 26 février 2023 - Par Benjo DiMeo

Fabrice Bigot éliminé en troisième place (535 850 €)
Main Event - 5 300 € (Day 6 - Finale)


Fabrice Bigot
Le poker est aussi une affaire de rythmique. Et plus souvent que jamais aujourd'hui, Fabrice Bigot se sera retrouvé à battre la mesure à contre-temps de ses partenaires de jeu, faute de recevoir de bonnes cartes lui permettant de suivre à la lettre une partition de vainqueur. Pour compenser le manque de jeu, on l'a vu tenter des bluffs... mais la plupart du temps ses adversaires étaient bien armés, prêts à le sur-relancer en se léchant les babines. Et on l'a aussi vu rendre les armes, appuyant sur le bouton "fold'" alors qu'en face ils étaient démunis, et auraient détesté se faire payer.

Un problème de tempo, donc : voilà ce dont a souffert Bigot sur la dernière ligne droite, et voilà ce qui a en définitive causé son élimination en troisième place. On vous a déjà raconté un peu plus tôt comment le Français avait rendu au croupier le meilleur jeu face à un Peter Jorgne quittant un instant son costume de joueur serré pour se lancer dans un gros bluff avec une hauteur As moins bonne... Comme tous les spectateurs du stream "'cards up", Fabrice s'est vu révéler les secrets de cette main 30 minutes plus tard. C'est sans doute pourquoi notre héros, lorsqu'il fut plongé un peu plus tard dans un spot similaire, a voulu cette fois prendre la décision inverse. Elle lui coûtera la majeure partie de ses jetons.

Muni de 65, Fabrice relance au bouton et voit Peter 3-bet depuis la SB. C'est payé. Fabrice trouve la deuxième paire sur le flop 496 et paie le c-bet de Peter. Là encore, tout va se jouer sur le turn : direct, Peter envoie l'intégralité de son tapis. Le compte est demandé : il y a 5 millions. Bigot en possède à peine 2 de plus. Décision cruciale, bien entendu. Le Français révèle à voix haute son raisonnement : "Je pense que c'est comme tout à l'heure, quand tu as fait tapis avec As-Valet. Tu peux avoir Roi-Dame, As-Dame, As-Roi..." Suffisamment de combos que Fabrice domine sur le turn : il fait donc le choix de payer.

Sauf que cette fois, Peter n'est pas en bluff : son KJ a trouvé la top paire. Une main qui reste en tête après l'apparition d'un A rivière.

Voilà Fabrice Bigot réduit à moins de 10 blindes. Pour la première fois en 24 heures, le Français se retrouve short-stack, obligé de jouer à quitte ou double. Ce qu'il fera quelques mains plus tard après avoir trouvé AQ. De BB, Razvan Belea n'est pas haut avec son 75. Mais son statut de chip-leader l'autoriser à tenter l'estocade. Le all-in de 8 BB est payé.

Le flop KK6 laisse entrevoir à Bigot la possibilité d'un come-back. Le 8 sur le turn est de mauvais augure. La rivière 9 est fatale.

Fabrice Bigot
Pour sa première apparition en finale d'un EPT, Fabrice Bigot se contente du podium, et d'un prix de moitié inférieur à celui de la victoire. Plus d'un demi-million d'euros, tout de même : ce n'est pas rien. Et après sa victoire sur l'étape parisienne du WPT Prime il y a seulement trois semaines, cela confirme les excellentes dispositions de celui qui, il y a tout juste 5 ans, commençait son apprentissage sur les freerolls. Comme il nous l'a confié à chaud après sa sortie, son objectif à court terme reste le même : aller titiller les meilleurs joueurs sur les tournois High Roller. Et vite !

Fabrice Bigot : réaction à chaud

Fabrice Bigot
Son bilan de la finale : "Il s'est passé ce qui risquait de se passer. Beaucoup de clics "au pif". Devant ça, j'avais le choix entre assurer pour être sûr de finir au moins quatrième, ou prendre des options pour la victoire. Hier soir, en allant me coucher, j'avais déjà choisi mon plan : jouer pour la win."

Sur le call turn avec 65 : "Je sais comment il joue, il est capable de bluff avec deux overs ou une gutshot, il va faire tapis turn avec toutes les mains. Je suis 100 % OK avec ma décision, je pensais avoir un bon read. C'est pas grave."

Sur le chip-leader Bela : "Il a run super good ! Il avait tout le temps les mains pour 4-bet quand j'étais light."

Des regrets ? "Je rejouerais la finale pareil. Pas de regrets ! Je suis content, c'est cool. Il va falloir que je bosse quelques situations où je n'étais pas très sûr. Des décisions par rapport aux types de ranges que les joueurs peuvent avoir. Comme quand je 3-bet K3 en bataille de blindes contre Belea [il avait les Rois, NDLR, et les avait aussi dans la même situation 5 mains plus tôt]. En fait ça dépend : soit il décide qu'il peut me mettre la pression parce que je viens de doubler, dans ce cas j'ai raison de 3-bet, ou soit il continue de se dire que je suis le seul qui peut être saoulant post-flop', et dans ce cas sa range reste sérrée et c'est pas ouf de 3-bet."

Fabrice Bigot
Son run en finale : "Globalement, j'ai été bien card dead. Avec Q3, j'ai eu de la chance, mais j'aime toujours ce spot, j'estimais que Delaney allait trop float le flop pour envoyer sur le turn avec toutes ses mains. C'était sûr. J9, J8, Q9, Q8, A9... Clairement, ça gagne de l'argent de shove. J'ai eu la chance de toucher. Mais je n'ai pas pu en profiter, derrière je n'ai pas eu de jeu."'

Quand Jorgne fait tapis As-Valet sur le turn et que Fabrice fold As-Dame : "Quand je vois sa main sur le stream, ça me conforte dans le fold, car ça veut dire que dans ce spot, il fait tapis aussi avec As-Roi. Il a trop de mains de value contre ma main : il faut fold."

Quand Belea le relance avec 66 sur un flop Roi-Dame-Valet off : "Globalement, ses sizings et ses ranges ne sont pas bonnes, mais il est dans un tel momentum, il gagne tous les coups, il peut se permettre. C'est pas de chance : dans ce spot je vais être très équilibré, je vais check des Rois, des As-X avec backdoor flush draw, etc. Mais je n'ai rien, et je bet. Je l'ai sans doute induce avec mon petit sizing, mais peu importe le montant, il aurait fait le play. Donc bravo à lui, il a pas eu peur, il a pris le spot. C'est cool."

Fabrice Bigot
La Shot Clock de 30 secondes : "Dans l'ensemble, elle me sert bien... mais contre les types de profil en finale, elle me désavantage. Ce sont des joueurs qui envoient tout le temps les jetons. Donc dans tous les spots compliqués, ils y vont rapidement. C'est dur de réagir quand on a peu de temps. D'un autre côté... le spot avec 65 de pique, même si j'ai 4 minutes pour réfléchir, je finis par call quand même."

La suite  ? "Dans l'ensemble, ça ne change rien à mes projets. Si je gagne un million, ça change un peu. 500K, ça ne change rien. Donc le plan, c'est de recommencer à étudier 4, 5 jours. Après, je pars au ski avec des potes, complètement off. Je vais continuer de faire ce que j'ai fait : étudier, et aller jouer le plus possible de tournois à 10K pour monter la roll. Mais avant ça, je vais décompresser, surtout. C'est très très intense, six jours comme ça. J'ai mal dormi tous les soirs. Et ça devient de plus en plus dingue au fur et à mesure, car il y a de moins en moins de joueurs, on joue de plus en plus de coups..."

Après Hugo Pingray à Monte Carlo (5e), Jimmy Guerrero à Barcelone (runner-up) et Antoine Saout à Prague (runner-up aussi), le clan français décroche une nouvelle place d'honneur sur l'European Poker. Cela fait maintenant 5 ans, depuis la victoire de Nicolas Dumont à Monaco, que l'on attend un nouveau titre. Mais avec Fabrice Bigot, c'est un prétendant ultra-déterminé sur lequel on va pouvoir compter lors des prochains rendez-vous.

 

Le poissard Delaney

- 26 février 2023 - Par Benjo DiMeo

Deux bad beats stoppent net le parcours de Brian Delaney
Pour son premier résultat à l'EPT, l'Anglais atteint la quatrième place (412 200 €)
Main Event - 5 300 € (Day 6 - Finale)


Brian Delaney
Depuis le bouton, Brian Delaney ouvre pour un peu plus que le montant minimum. De grosse blinde, Razvan Belea considère un moment ses choix, avant d'opter pour le plus agressif d'entre eux : tapis !

Delaney paie dans la seconde - avec moins de 20 blindes et AK, sa décision est automatique. Et il est largement devant le KQ joué comme un bourrin par le chip-leader... jusqu'à que soit retourné un catastrophique board Q10688.

Voilà pour l'élimination de Brian Delaney : une quatrième place probablement frustrante, même si elle rapporte à l'Anglais plus de 400 000 euros...

... Mais l'histoire serait incomplète si on ne mentionne pas cet autre bad-beat survenu quelques minutes plus tôt. Un coup du sort qui a sauvé Fabrice Bigot de l'élimination, et provoqué à la chute de Delaney à 20 blindes.

La main débute avec une relance UTG de Delaney muni de A10. De BB, Bigot défend avec Q3, et trouve un petit quelque chose sur le flop 736. C'est assez pour le motiver à donk-bet. Delaney ne bouge pas, et est récompensé par un 10 sur le turn : le voilà muni d'une top paire. C'est là que le coup dérape : Bigot check... mais c'est pour mieux envoyer son tapis en semi-bluff après la mise de Delaney ! Secoué, l'Anglais réfléchit... avant de prendre la bonne décision, comme il l'a si souvent faire au cours de la finale. Il paie et retourne sa top-paire : elle est pour le moment en tête.

EPT Paris finale
"Pour le moment", en effet. Car avec 14 outs (tous les trèfles, les Dames, les 3) et 32 % de chances de s'améliorer, Bigot n'est pas si mal. La rivière le fera passer à 100 % : un 7 envoyant dans sa direction un pot de 13 millions, et sortant celui qui participait pour la première fois à un Main Event de l'European Poker Tour - d'ordinaire, Brian Delaney préfère le cash-game sur Internet, en Omaha plutôt qu'en Hold'em.

EPT Paris finale


EPT Paris finale


EPT Paris finale


Ils ne sont plus que 3 joueurs sur le podium télé : comme le stipule le règlement, les blindes vont désormais augmenter toutes les 45 minutes, doublant de facto le rythme de la partie.

La value qu'on prend, la value qu'on perd

- 26 février 2023 - Par Benjo DiMeo

Main Event - 5 300 € (Day 6 - Finale)

Fabrice Bigot
Fabrice Bigot gagne. Fabrice Bigot perd. Fabrice Bigot ne nous ennuie pas en table finale.

Bataille de blinde contre le chip-leader : Razvan Belea limpe sa BB avec 42, halte-là dit Fabrice, qui relance avec AJ. C'est payé. Pas d'action sur J72, c'est le turn que ça s'agite, avec un c-bet décalé de Fabrice et... un check/raise de Belea ! Hors de question pour Fabrice de s'en aller : le Français paie pour voir la rivière, un 10 plutôt anodin. Belea tente le blocking bet sous la forme d'une toute petite mise, mais Fabrice ausculte correctement la situation et relance sa top-paire en value. De la value, il en obtient : Belea paie avec sa micro-paire... et affiche une frustration visible en voyant la main de Fabrice, qui reprend des couleurs et repasse devant Peter Jorgne au classement.

Peter Jorgne, justement : l'amateur a surpris son monde en montrant qu'il était capable d'utiliser à son avantage son image de joueur sérré. La preuve avec ce 3-bet de petite blinde avec As-Valet. Bigot, qui avait relancé UTG, décide de payer avec AQ. Sur le flop 354, Jorgne continue de miser et Bigot reste en place avec sa hauteur pour voir tomber un 3 sur le turn. C'est là que Peter Jorgne décide de créer un vrai coup de poker : il envoie son tapis. Au vu de ce qu'il a montré depuis le début de la finale, Fabrice Bigot n'a d'autre choix que de croire son adversaire suédois : il abandonne la meilleure main, s'inclinant devant la soudaine audace retrouvée de Jorgne.