Plus expérimenté, plus technique et plus doté en jetons que ses adversaires, Mike Watson a assumé son statut de favori pour aller chercher la victoire sur cet EPT Monte-Carlo, devant Leonard Mauer. Il remporte, après deal 749 425 €, mais surtout, un deuxième titre EPT, sept ans après le PCA Bahamas. Un accomplissement qui le fait entrer dans l’histoire, puisqu’il est seulement le troisième joueur à accomplir cet exploit.
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Main Event 5 300 € (Finale)
La cérémonie est toujours aussi diffuse et lancinante. Le ballet des caméras, les répétitions des présentateurs, les mises en scène des photographes et les applaudissements forcés, entrecoupés de longues minutes d’attente... On sent que Mike Watson goute peu à ce spectacle. Mais bon, il tient quand même un trophée EPT entre les mains. Un deuxième à ajouter à sa large galerie. Et puis, il faut bien marquer le coup après cet exploit historique : en domptant le féroce Leonard Mauer lors du heads-up, le Canadien devient le troisième joueur à remporter deux Main Event EPT.
C’est l’hypothèse dont tout le monde parlait depuis hier soir. Si Mike Watson gagne, il inscrira son nom à la liste, très courte, des doubles-vainqueurs, avec Victoria Coren (Londres 2006 et San Remo 2014), et Mikalai Pobal (Barcelone 2012 et Prague 2019). Et bien c'est fait !
Un double couronnement qui fait plaisir, même si Mike Watson n’en faisait pas une fixette. « C’est un accomplissement formidable. La deuxième fois, la saveur est encore plus douce. Et ça rend la chose encore plus significative » commentait sobrement le joueur, à l’heure de la traditionnelle interview post-victoire.
Favori des bookmakers, "SirWatts" est allé chercher ce titre avec la manière. Pour commencer, un coup rondement mené pour attraper Arnaud Enselme dans ses filets, une gestion de finale impeccable et un splendide hero-call pour finir.
Après une première balle de match ratée sur un duel KQ contre A4, Mike Watson recommence le travail et se remet à grinder son opposant.Lle coriace Leonard Mauer ne trouve pas la clef pour bouger le Canadien. Quarante minutes plus tard, Mike s’engage encore dans un coup de haute voltige, mais cette fois, tout se passe post-flop.
Open 650 000 de Watson, défense de Maue et le flop vient 1075. C-bet 1 200 000 et check-raise de l’Allemand qui monte les enchères à 3 millions. Payé.
A turn, Leonard opte pour le check et Watson check sagement derrière afin de voir la river 7. Un petit "time-bank" utilisé chez Leonard et tapis annoncé, pour 7,5 millions de jetons.
Le jeu high-variance et plein d'audace de Leonard Maue a fait des ravages durant tout le tournoi. Mais lors du heads-up, Leonard n'a jamais trouvé la recette pour cuisiner Watson. Le pro allemand réalise tout de même la plus belle perf de sa vie, un an après sa victoire sur un High Roller à 25 000 € sur l'édition barcelonaise de l'EPT.
Le Canadien, lui, utilisera cinq "time-bank" avant de trouver un call avec 109. Deuxième paire, dans un pot de 130 blindes. Et c’est bon face à la hauteur 43 de Leonard, en pampa complète avec son double tirage raté. Un hero-call élémentaire pour Sir Watson.
« Il ne représente pas beaucoup de combos en value sur la river, affirme Mike. Au contraire, il y a beaucoup de combos en bluff qui ont blank river. Dans le tank, j’essayais de me figurer les mains fortes qu’il pouvait avoir. C’était une grosse décision, donc j’ai quand même pris mon temps ».
Un call élémentaire, seulement pour un joueur de ce calibre. Écumant le circuit high stakes depuis déjà de nombreuses années, glanant les perfs et les trophées partout sur le globe, Watson n’avait pas besoin de ce titre supplémentaire pour montrer le joueur exceptionnel qu’il est. Cette victoire à 750 briques ne constitue d’ailleurs “que” son 5e plus gros gains en carrière.
Le score est légèrement supérieur à son premier Main Event EPT de 2016. Mais plus que de comparer les titres et les scores, il faut plutôt souligner le chemin qui a été fait. Et le vainqueur le dit lui-même, il y a une grande différence entre le Mike Watson des Bahamas 2016 et celui qui prend son deuxième sacre, ce soir, à Monte-Carlo.
« Je ne suis pas le même joueur. J’ai beaucoup grandi depuis. J’ai mis beaucoup de travail dans les derniers 5-6 ans notamment. Quand je regarde en arrière, c’est juste extraordinaire de voir comment j’ai progressé. Il y a eu des bonnes et des mauvaises années, mais j’ai continué de travailler, de mettre les heures nécessaires et à la fin, ça paie ».
Bon, après plus de quinze ans de circuit, après avoir gagné les plus grands titres, parfois deux fois, on ne serait pas un peu lassé ? Mike Watson cherche-t-il encore à accomplir quelque chose ? Qu’est-ce qui le pousse à revenir encore et encore aux tables ? « Je ne cherche rien de spécifique. C’est juste que j’aime toujours ce jeu, j’aime toujours les tournois. Ça peut être stressant, frustrant parfois, on peut attendre longtemps entre deux victoires (dit le joueur qui en est déjà à sa troisième win de l’année). Mais c’est un jeu extraordinaire, et c’est ça qui compte ».