Les chances françaises reposent sur les solides épaules de deux jeunes pros. Amis depuis leurs premières parties online pour une poignée d'euros, ils n'ont plus que 11 adversaires à affronter pour aller chercher le premier prix de 890 000 €.
PokerStars European Poker Tour presented by Monte-Carlo Casino®️
Main Event 5 300 € (Fin du Day 4)
Il y a une dizaine d’années, les deux joueurs se découvraient sur les rooms online, affirmant jouer les mêmes tournois à 3 €. Demain, ils reviendront tous deux pour jouer une demi-finale sur l’un des plus prestigieux tournois du monde, à 13 restants de 890 000 €.
« Ca fait longtemps qu’on se connait. C’est énorme de partager ça. Maintenant, on va être lié à vie, déclare Arnaud, qui partage l’interview de fin de journée avec son acolyte. On s’est écrit nos premiers messages sur les tables online. Déjà quand j’ai vu qu’il était chipleader à la fin du Day 1, j’étais très content pour lui, poursuit le Bordelais. Il va peut être gêné que je dise ça devant lui, mais Samy c’est le gars que tout le monde aime sur le circuit. Je serai à fond derrière lui aussi demain, même s’il n'y aura pas de cadeaux à table ».
Cette semaine, les deux amis ont vécu un parcours assez comparable. Naviguant dans les hauteurs du chipcount depuis le début du tournoi, Samy Boujmala confesse avoir étoffé son tapis en « tricotant ». « Je n’ai pas joué un seul gros coup de la journée. L’average est assez haut, les mecs sont bons mais ils peuvent être un peu spewtards. J’attends les erreurs et je tricote ».
Comme son collègue Arnaud, après cinq jours de combat, il n’a toujours pas joué un coup à tapis couvert. Enselme est tout de même redescendu par moment autour de la moyenne, mais il trouvait toujours le spot lui permettant de respirer, pour à son tour grappiller les blindes pour rester dans le haut du panier. « J’ai eu ce rush ce matin et notamment cette paire de 7 contre Aleksandr Shylko. C’est un flip crucial. Pendant que le croupier déroulait le board, je me répétais dans ma tête "Il a déjà gagné le PSPC, il a déjà gagné le PSPC, il a déjà gagné le PSPC." ».
Une pensée signifiant que le Biélorusse a déjà eu sa chance et connu son heure de gloire. Arnaud a aussi vécu bien des succès dans sa jeune carrière, mais lui cherche encore sa perf' sur un grand tournoi international. Et elle ne pourrait pas mieux tomber que sur cet EPT Monte-Carlo.
« C’est une rêve que j’ai depuis que j’ai commencé à m’intéresser au poker. Le circuit EPT c’est le plus prestigieux, pour moi y’a pas photo. Même si les WSOP c’est beau, les EPT c’est ce qu’il y a de plus dur. C’est là qu’il y a les meilleurs joueurs du monde. Je me rends compte surtout de la chance que j’ai d’être encore dans le tournoi et d’être pas si loin de toucher du doigt mon rêve. En plus, il y a ma copine qui est là pour moi et qui m’aide de fou. Un truc tout con, mais hier, elle m’a fait une petite séance d’hypnose pour que je chasse les mauvaises pensées après un coup où j’avais très mal joué. De l’avoir avec moi, je sens que c’est un énorme plus ».
Comme son collègue bordelais, Samy savoure ce parcours remarquable sur l’un des plus prestigieux tournois du monde… Mais en termes d’expérience, de palmarès, de roll, les deux hommes n’en sont pas au même niveau. Qualifié pour 1 050 €, Boujmala nous disait déjà hier à quel point ce tournoi pouvait changer la donne. Un jour plus tard, la pression est encore montée d’un cran, mais le joueur ne s’affole pas, bien au contraire.« En vrai, c’était ma plus grosse crainte [la gestion des émotions, NDLR]. Et aujourd’hui, je me suis vraiment senti comme un poisson dans l’eau. Encore mieux que sur les 1 000 € que j'ai l'habitude de jouer à Cannes, explique Samy. C’est la folie, j’ai joué mon poker parfaitement et j’ai vraiment bien géré mes émotions. C’était mon premier objectif. Depuis le début, je ne focus que ça, et c’est aujourd’hui que j’y suis le mieux arrivé. Et bizarrement, plus j’avance dans le tournoi, plus je me sens à l’aise ».
Maintenant, comment préparer ce qui peut être le jour de poker le plus important de sa carrière ? Sommeil, méditation et routines sportives, n’est-ce pas ? « Routines sportives, calme toi ! Déjà j’essaie de me lever pour aller au petit dej', c’est déjà bien », coupe Arnaud, qui prévoit surtout de dîner avec sa chérie et de se coucher tôt.
Samy, lui, ne serait pas contre un peu de sueur. « Ça fait deux, trois jours que je n'arrive pas trop à dormir. J'ai cumulé pas mal de fatigue. Je me disais que j’allais me lessiver à la salle pour être crevé ce soir et dormir tôt. Donc bon resto, grosse séance de sport et au lit.
- Ce n'est pas dans l’autre sens normalement ? s’interroge très justement Arnaud.
- Ah, et on va débriefer avec Virgile [Turchi, plus connu sur notre room sous le nom de KKJBET]. C’est mon pote, et il me coach depuis quelques mois. Tous les soirs on discute bien et c’est en grande partie grâce à lui que je suis là. Je dois beaucoup à lui et à un autre mec pas connu. Hedi Boussetta. Un mec qui grind dans l’ombre et avec qui j’ai beaucoup bossé mon jeu depuis le début. »
Qui sont les adversaires de nos poulains ?
Nom | Pays | Jetons | BB |
---|---|---|---|
Joachim Haraldstad | Norvège | 5 635 000 | 141 |
Arunas Sapitavicius | Lituanie | 4 520 000 | 113 |
Leo Worthington-Leese | UK | 3 135 000 | 78 |
Leonard Maue | Allemand | 2 920 000 | 73 |
Jason Wheeler | USA | 2 815 000 | 70 |
Maduka Meragal | Canada | 2 795 000 | 70 |
Samy Boujmala | France | 2 275 000 | 57 |
Mike Watson | Canada | 2 020 000 | 50 |
Arnaud Enselme | France | 1 945 000 | 49 |
Ori Hasson | Israël | 1 605 000 | 40 |
Nicola Grieco | Italie | 1 455 000 | 36 |
Kenan Taylor | UK | 1 135 000 | 28 |
Oleg Vasylchenko | Ukraine | 625 000 | 16 |
Joachim Haraldstad, un autre joueur inconnu de nos services. Lui est bien recensé par la base de données Hendon Mob, avec 616 000 $ cumulés depuis 2013. Ses deux high scores ont été réalisés sur les WSOP. Côté online : une 6e place sur un "bracelet GG" en 2021 pour 276 000 $. Côté live : une cinquième place sur le PLO à 10 000 $ de l'édition 2022. Avec 141 blindes, son début de Day 5 ne devrait pas être trop stressant.
Rassurez-vous, les demi-finales du plus gros EPT de l'année ne sont pas uniquement composées de pros inconnus au bataillon. Les spectateurs assidus n'auront aucun mal à reconnaître Jason Wheeler. En 2017, l'Américain bardé de titres (237 résultats sur Hendon Mob depuis 2009, 4,5 millions de gains de carrière) n'avait pas réussi à faire plier Kalidou Sow lors du HU final de l'EPT Prague. Depuis, il s'est relocalisé en Europe pour en poncer le circuit, sans pour autant faire l'impasse sur les WSOP (un bracelet sur un DeepStack à 800 $ en 2021). Avec ses 70 blindes, Wheeler sera évidemment l'un des hommes à abattre des demi-finales.
Côté têtes de série, Mike Watson se pose là aussi : 18,5 millions engrangés depuis 2006, un titre World Poker Tour (Bellagio, 2008), un EPT (Bahamas, 2016) et plusieurs victoires sur des High Rollers à 50 000 balles l'entrée. "SirWatts" est de loin le prétendant le plus titré de ce qu'il reste du field, et avec ses 50 blindes, le Canadien n'aura besoin que d'un double up pour immédiatement prendre la première place au hit parade des favoris. La chose n'a évidemment pas échappé à Arnaud Enselme : "Un mec que je crains vraiment, c’est SirWatson. Il a tout le temps la même gueule quand il est dans un coup. Il joue trop bien, faut dire ce qu’il est." Samy Boujmala entrevoit cependant un contre-sort potentiel : "À un moment il a open 33 UTG +1. Je pense qu’il sait que c’est pas un open. S’il le fait c’est qu’il considère qu’il est meilleur que nous. Il va surement pas mal overplay et ca peut jouer en notre faveur."
Soyons honnêtes : dans l'ensemble, ce field est composé de joueurs dont la notoriété poker est en train de se construire devant nos yeux. Maduka Meragal (photo) n'affiche que 100 000 $ de gains seulement, et aucune finale majeure à son actif. Son style de jeu et sa posture à table ne laissent que peu de place au doute : nous avons affaire à un amateur qui joue vite, traite ses jetons "time bank" comme s'ils étaient radioactifs, et ne veut pas entendre parler du GTO. Son stack de 70 blindes laisse entrevoir de beaux affrontements contre ses adversaires plus capés que lui. L'Anglais Leo Worthington-Leese (78 BB) cumule 541 000 $ de gains, et deux grosses finales (Battle of Malta en 2019 et WPT Nottingham la même année). Nicolas Grieco (36 BB) semble ne vouloir perfer qu'à Monaco, qu'il lui est facile de rejoindre depuis son Italie natale, de fait il est le seul des prétendants ayant déjà joué la finale du tournoi : il a terminé cinquième en 2019, avant de quasiment rééditer l'exploit en 2022 (17e). Il s'est aussi chauffé sur un 25K en 2018 (7e). Fausto voit en Kenan Taylor la "nouvelle génération de grinders Britanniques" : après seulement trois EPT, le nouveau venu au live pourrait bien déjà accrocher une finale majeure. Mais avant d'y arriver, il lui faudra remonter un stack de 28 BB.
Si vous vous rappelez d'Oleg Vasylchenko (photo), félicitations : vous êtes un vrai geek du poker. L'Ukrainien s'est fait connaître en 2016 en remportant l'étape World Poker Tour de Prague, une performance qui compte pour la moitié de ses 302 000 $ gains de carrière en live - mais il a aussi gagné gros sur une déclinaison online du WPT en 2020. Les Allemands ont un peu moins la cote sur le circuit depuis quelques années. Et le dernier en course cette semaine, vous ne le connaissez pas, même s'il a accumulé 2,1 millions de dollars depuis 2013. Leonard Maue (73 BB) a commencé sur des 80 balles à Rozvadov : aujourd'hui, il joue un peu plus cher mais sans pour autant disputer tous les high rollers. Son meilleur score est cependant une victoire sur un 25K à Barcelone, il n'y a même pas un an. Terminons ce tour d'horizon avec Ori Hasson (40 BB) : l'Israélien n'est plus tout à fait un random pour nous puisque nous vous l'avons brièvement présenté lors du Day 3. Fêtant cette année le dixième anniversaire de sa première ligne Hendon Mob (il en compte aujourd'hui plus de 100), l'Israëlien compte bien faire de son quatrième ITM sur un tournoi à 5 000 $ ou plus le plus beau de tous.
Si vous ne savez pas trop quoi penser de ce casting, écoutez l'avis de Samy Boujmala... "Il reste quand même 2-3 fishes. Et les regs, c’est des bons regs, des bons joueurs de cartes... mais pas forcément des bons joueurs de tournoi. Je suis pas sûr qu’ils vont trop respecter l’ICM. C’est relevé, c'est sûr, mais en vrai y'a grave de la place !" On vérifiera ça vendredi à midi, heure du coup d'envoi du Day 5.
Benjo & Fausto
Les prix restants
Rang | Prix |
---|---|
1 | 890 000 € |
2 | 556 600 € |
3 | 397 450 € |
4 | 305 750 € |
5 | 235 150 € |
6 | 180 900 € |
7 | 139 150 € |
8 | 107 050 € |
9 | 82 350 € |
10e & 11e | 63 300 € |
12e & 13e | 52 750 € |