Trois mousquetaires se font une place sur la table finale de ce FPS Monte-Carlo. Quentin Laugt Rubens Sellam et Adel Rahou s’extirpent d’un field monstre de 2 138 joueurs. Trois oiseaux aux styles bien différents mais partagent tous cette même chance : ils reviendront demain pour jouer la plus grande partie de poker de leur vie.
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Main Event FPS 1 100 € (Fin de Day 3)
Trois Français en demi-finale, trois Français en finale ! Nos trois voltigeurs ont prolongé le vol jusque sur l’ultime table, et ceux malgré de grosses turbulences. Certains ont même dû affronter une tornade aspirant tous leurs jetons, évitant le crash in extremis avant de reprendre leur trajectoire ascendante.
Rubens le phénix
Je pense notamment à Ruben Sellam. Planant au-dessus des nuages depuis la fin du Day 2, l’amateur marseillais s’est fait foudroyer en un set-up. Open UTG 240 000, 3-bet Tomas Patka CO 600 000 et la parole arrive sur le Cpiste en SB. « Re-raise » annoncé Rubens, qui envoie finalement 1,5 million. Snap-fold UTG mais dix secondes plus tard, tous les jetons des deux joueurs se retrouvent au milieu. Et pour cause, le Français tient deux Dames quand le Slovaque, lui, montre deux Barbus.
Le board ne sera d’aucune aide au Français. Après comptage, il couvre de peu son adversaire et se retrouve cripple à 355 000, juste avant la pause. Le run s’arrête brutalement… mais l’ami Cpiste n’a pas dit son dernier mot.
Une orbite plus tard, Rubens trouve le spot de l’espoir. Open UTG 320 000, shove 355 000 donc et au bouton, Inigo Naveiro envoie un gros raise pour isoler le Français. 9
9
chez l’Espagnol, en flip contre le A
K
de Sellam. T
J
4
au flop, une superbe Q
sur la turn et la river Q
valide le triple-up. Retour près des dix blindes !
Une orbite plus tard, open shove Baio Ding UTG pour ses dix dernières BB. Tout le monde fold jusqu’à Rubens, qui retourne ses deux cartes, puis s’empresse de call. Avec K
K
, il faudra tenir face au A
10
. Un board à suspens 9
8
3
J
… Et un beau 8
river : Rubens est de retour !
Après ce tour de montagnes russes, le joueur soufflera toute la fin de partie, perdant quelques blindes au passage, mais la patience lui assure une place sur une table finale FPS. Un exploit immense pour cet amateur, qualifié pour 5 €.
« J’essaie souvent de m’offrir de belles étapes en me qualifiant en ligne. Mais jamais je n’ai vraiment obtenu de résultat, » commente celui qui avouait « attendre ce moment depuis longtemps. Pendant la partie, je ne réalisais pas. J’étais même sonné, comme si j’avais pris un uppercut. Que ce soit lorsque j’ai les deux Dames ou lorsque je remonte. C’est incroyable. Maintenant, je vais jouer de mon expérience pour essayer de gratter les paliers et aller au bout s’il le faut. Je ne vais rien lâcher ! ».
Rubens le phénix pourra même compter demain sur le soutien des siens, puisque sa femme et son fils, qui jouait hier son premier tournoi sur la Cup, ont prévu de faire le déplacement de Marseille pour encourager le papa.
Quentin l’aigle
Dans la trajectoire comme dans le profil, Quentin Laugt est un peu l’opposé de Rubens. Plus jeune, plus technique, plus professionnel, le grinder a lui profité des demi-finales pour déployer ses ailes. Fusant tel un aigle en chasse, il surgit dans le ciel du tournoi en deux coups, face à une même proie : le Bulgare Stefan Dimitrov.
Open UTG Dimitri 320 000. La parole arrive sur Quentin qui défend avec son 4
5
. 2
3
9
sur le flop. C-bet 250 000 et Quentin riposte immédiatement : Check-raise 700 000, payé. Turn
, Laugt poursuit son histoire : 1,4 million pour suivre. Payé encore. River 8
, l’aigle accélère encore : 2 600 000. Cette fois, c’en est trop pour le Bulgare. Bluff splendide, Quentin passe les 10 millions de jetons.
Une orbite plus tard, même configuration. Open UTG Dimitrov, défense de Laugt avec A
6
et cette fois, c’est le Bulgare qui attaque. Un 3-barrel bien pesé, pour 300 000, 1 million, puis 2,5 millions de jetons sur un board A
K
7
5
4
. Payé, payé, et payé encore, après quelques minutes de tank, tout de même. Valet-10 montré chez Stefan, une hauteur bien insuffisante, et Quentin met la main sur ce pot énorme. Le voilà chipleader, avec 17 millions.
En se prenant le bec avec le Japonais Daisuke Ogita, l’aigle perdra quelques plumes sur les deux dernières heures, abandonnant son titre de roi à Tomas Patka, mais Quentin assure sa place en finale avec un stack confortable de 10 725 000. Ça fera 43 blindes, et le troisième stack pour demain.
Adel le Pélican
Si les deux premières comparaisons aviaires semblaient toutes naturelles, la troisième est davantage tirée par les cheveux. Comprenez que le Pélican est un oiseau migrateur, capable de voler d’un continent à un autre pour satisfaire ses besoins. Adel Rahou, lui, a migré du cash game au tournoi. Une découverte qui lui réussit plutôt bien.
« Ce sont des amis qui m’ont dit que je devais essayer le tournoi. Je m’y suis mis depuis quelques mois, et j’aime bien. Les sensations sont vraiment différentes, surtout quand on arrive à ce stade de tournoi, tu sens vraiment la pression. Je pense que je comprends le jeu, j’arrive bien à lire mes adversaires, mais je n’ai aucune expérience » m’expliquait Rahou.
Sur ce Day 3, le joueur a pourtant montré qu’il avait toute la qualité de gestion nécessaire en late-game MTT. Il a su faire le dos rond pour maintenir son stack à flot et trouvé un hero-call couillu pour la quasi-totalité de ses jetons. On jouait alors les blindes 30 000 - 60 000.
Ouverture cut-off, défense de Rahou avec 9
8
et le flop vient Q
Q
10
. C-bet 100 000… Et check-raise 400 000 d’Adel, payé. Turn 8
, Rahou opte pour le check et son adversaire check-back. River brique, nouveau check d’Adel, qui se prend cette fois un parpaing. 800 000 pour suivre. Si Adel paie, il tombe à moins de dix blindes. Avec un maigre 8, la situation est loin de donner envie, mais le Français trouve le call et voit son adversaire retourner… As-Roi. Nice hand.
Plus tard, Adel éliminera l’un des joueurs les plus dangereux du tournoi, ce diable d’Inigo Naveiro. Open shove 1 600 000 (10BB) HJ de l’espagnol, re-jam de Rahou au CO pour isoler le joueur, et ça sera un 60-40 avec A
J
contre le K
9
du grinder basque. Un board 4
5
A
10
9
et Naveiro sort en 10e position.
Il faudra attendre près de deux heures pour connaitre l’identité du 9e, synonyme de bubble-boy TF. Au bout du suspense, c’est Maher Achour qui échoue aux portes de la finale, sur un coup bien frustrant. Open shove K
5
du chipleader Tomas Patka sur la blinde du Tunisien qui paie pour ses dix dernières blindes avec son A
9
. Le board 5
J
4
8
4
fait pencher la balance du côté du Slovaque, qui conforte son chiplead, tandis que Maher se contente d’un magnifique deep run, et d’une perf à 28 420 €.
Voilà pour cette fin de Day 2. L’un de nos oiseaux prolongera-t-il le vol jusqu’au titre FPS et ses 307 briques ? Réponse demain à partir de midi.
Seat Draw FPS - 1 100 € - 2 138 joueurs
S1 - Rubens Sellam : 2 150 000
S2 - Stefan Dimitrov (Bulgarie) : 3 525 000
S3 - Daisuke Ogita (Japon) : 13 725 000
S4 - Adel Rahou : 6 550 000
S5 - Maksym Mamon (Suisse) : 2 625 000
S6 - Quentin Laugt : 10 725 000
S7 - Anatoly Chen (Russie) : 8 525 000
S8 - Tomas Patka (Slovaquie) : 16 350 000
Blindes : 125 000 - 250 000 Ante 250 000
Rappel du Payout :
1er : 307 160 €
2e : 191 940 €
3e : 137 100 €
4e : 105 460 €
5e : 81 130 €
6e : 62 410 €
7e : 48 010 €
8e : 36 940 €




