Vainqueur d’un 20 000 € il y a trois jours, le High Staker norvégien récidive en s’adjugeant le Super High Roller à 100 000 €… qu’il avait déjà remporté l’année dernière

Super High Roller 100 000 € (Fin)

Comment retourner une table de Super High Roller, par Kayhan Mokri. Le Norvégien a fourni devant les projecteurs de la table télévisée une leçon de patience, avant de réaliser un come-back prodigieux au nez et à la barbe de ses concurrents américains.

La situation de début de course est facile à imager : deux shortstacks, Santosh Suvarna et Patrik Antonius, qui sortiront rapidement. Deux middle-stack, Mokri et Jesse Lonis, et deux meneurs, avec Sean Winter et Seth Davies dans le rôle de copilotes.

"Le début de partie était dur, surtout mentalement, raconte Kahyan. Je n’ai fait que folder, j’ai dû faire preuve de patience et puis, j’ai trouvé deux double-up coups sur coups. Le poker se passe comme ça parfois et tout peut se retourner en un instant".

Distancé par Winter et Davies au moment du 3-max, Mokri double une première fois contre Winter, sur un flip des plus standards avec 88 contre AK. Main suivante, Seth Davies open-shove pour un peu moins de trente blindes effectives sur la blinde de Mokri, qui snap-call avec… 88 encore. Le 70-30 tient contre le A2 adverse et voilà Mokri de retour aux affaires.

Le Norvégien manœuvrera parfaitement pour augmenter lentement, mais surement son avance. Un superbe hero-call de Seth Davies contre son compatriote Sean Winter ouvrira la voie du heads-up, qui sera réglé en quelques minutes.

Limp Davies, iso Mokri, payé et le flop vient J89. C-bet petit, payé et voilà la turn 5. Je vous donne les mains dès maintenant : J9 chez l’Américain qui a trouvé deux paires floppés et 55 chez Mokri, qui a frappé le brelan turn. Kahyan optera alors pour un check/raise tapis sournois. Seth snap-call en pensant être devant, mais il ne joue plus que 4 outs. La river 8 parachève la victoire de Mokri, qui réalise donc un improbable back-to-back, sur le plus princier des tournois de l’EPT Barcelone.

"Je ne réalise pas encore l’exploit que c’est. Je sais que c’est un bel accomplissement, puisque ce sont sur ces plateaux que se retrouvent les meilleurs joueurs, mais je ne vais pas fanfaronner ou dire que je les ai “own”. J’ai eu beaucoup de chance et je suis très reconnaissant de ce résultat", commentera humblement le Norvégien.

Souvent décrit par ses pairs comme un joueur à part, Kahyan Mokri confirme son installation sur les hauts plateaux du jeu. "J’aime les gros buy-in, et j’aime les belles structures. Ce sont vraiment des points clefs pour moi. Parfois, ces tournois High Rollers se résument à des séries d’action préflop. Sur ces Super High Rollers, on a la place pour développer du jeu, tenter des choses différentes, et c’est pour ça que j’aime ces tournois". Mokri a ainsi pu dérouler son jeu mêlant technique aiguisée et moves fantaisistes pour remporter le plus gros gain de sa carrière : 1 372 420 €.

Un nouveau trophée sur les festivals EPT, trois jours après avoir pris un premier pique sur un 20 000 €, pour 259 646 €. Un rush formidable, venant célébrer son intronisation dans la Team Smardex. L’équipe, également représentée par Thomas Santerne, Maher Nouira et Enrico Camsoci prend doucement la lumière sur le circuit High Roller, en faisant déjà tomber les titres prestigieux. "C’était mon premier festival avec ce logo, informe Mokri. Peut-être que c’est mon porte-bonheur. J’en suis sûr en fait. Ce qui est sûr, c’est que je vais le garder".

EPT Barcelone 2024 - Super High Roller 100 000 €
41 entrées (re-entries inclus) - Prizepool 3 977 820 €

Crédits photos : PokerStars

Tandis que le Super High Roller prend forme, on déplore l’absence des grinders locaux, loin d’être souverains dans leur pays.

100 000 € Super High Roller (Day 1)

L’EPT Barcelone aurait pu être la grande fête du poker espagnol. Mais pour cela, il eut fallu qu’il y ait des Espagnols. Voyons donc du côté du Super High Roller. Une dizaine de nord-américains, deux Français, deux Norvégiens, un Suédois, un Irlandais… Des représentants du monde entier, mais pas un Espagnol. Une seule question : Porque ?

"C’est à cause de la nouvelle législation, expliquent nos confrères de Poker-Red. Il y a deux ans, le gouvernement a voté une loi assimilant les joueurs de poker à des sportifs professionnels. La nouvelle loi prévoit que les joueurs seront directement prélevés de 20% sur leurs gains en casino".

La règle s’applique théoriquement à tous les joueurs, sans distinction de nationalité. Mais dans les faits, ce prélèvement de 20% n’est pas réellement exécuté par les casinos. "Le gouvernement, qui ne comprend rien au jeu, a fait cette loi en pensant récupérer plus de taxes sur les joueurs de poker. Au contraire, il les a tous fait fuir, affirme notre confrère espagnol. Même si les casinos ne taxent pas les joueurs, beaucoup de joueurs espagnols refusent de venir sur les évènements nationaux. Des joueurs comme Adrian Mateos ou Juan Pardo, qui sont très médiatisés, seraient les premiers à éventuellement subir ces prélèvements. C’est pour cela qu’ils ne sont pas là. Ils auraient même aimé que les tournois High Roller ne se remplissent pas, pour que le boycott fasse plus de bruit".

Ni Adrian Mateos, ni Sergio Aido, ni Juan Pardo, ni Sergi Reixach… Seul Ramon Colillas est de la partie, légèrement obligé par son statut de Team Pro Pokerstars. Pour le reste, aucun des grands joueurs du pays ne participe au plus grand évènement du circuit espagnol. « Même sur les middle-buy-in ou sur le Main Event, de nombreux Espagnols ne viendront pas » prédit Poker-Red.

Pas d’Espagnols en Espagne, mais bien des Américains ! Déjà venus en nombre à Paris, les grinders des US se sont passés le mot et sont venus en groupe pour jouer les tournois les plus chers de cet EPT. Nick Petrangelo, Mike Watson, Seth Davies, Byron Kaverman,; Jesse Lonis, Justin Saliba, David Coleman, Sean Winter, Sam Greenwood… Près d’une dizaine de nord-américain ont déjà pris place dans le Super High Roller de ce samedi.

Vainqueur de ce même tournoi à Monte-Carlo, Patrick Antonius confirme son retour en force sur tous les formats possibles. Face à lui, mentionnons la présence de Vladimir Korzinin, un VIP au look de vieux sage, qui re-entry les buy-in à 100 000 € comme on re-entry le Sunday Surprise. Un grand sourire, même au moment de busto et une énergie solaire comme on en voit rarement aux tables de poker.

Le vétéran estonien a pris place aux côtés… Du vétéran Français. Jean-Noël Thorel est comme toujours le doyen du field, mais aussi le chipleader. Déjà trois stacks pour le vainqueur du Warm-up, qui n’en finit plus de marcher sur les High Stakers, qu’ils viennent d’Espagne ou d’ailleurs.