Passé par la case prison pendant tout le Day 1B et une partie du Day 2, Andrea Caizzi parvient à rallier les places payées pour son premier Main Event EPT.
Main Event 5 300 € (Day 3)
Parmi les histoires les plus folles de l'EPT, celle d'Andrea Caizzi peut facilement rentrer dans un top 5. L'histoire commence dimanche avec la qualification du Franco-italien sur un satellite live, pour disputer le premier Main Event de sa vie. Régulier du Circus Casino de Namur, Andrea est un joueur de petites limites, habitué à jouer des tournois entre 80 € et 500 € de buy-in. Autant dire qu'il est très heureux d'avoir décroché son précieux sésame pour le plus gros tournoi de sa vie. Engrainé par son pote Jérôme Sgorrano, il rejoint des potes dans une boîte du coin, un peu à contrecœur. "Je voulais être un peu sérieux, c'est mon premier EPT", me raconte-il. Tellement heureux, il arrive dans la boîte en mode célébration, exhibant son ticket sur son front, coincé sous sa casquette. Les potes qu'ils rejoignent sont déjà bien éméchés, tout comme Jérôme, qui sortait de la Player's Party PokerStars. La soirée continue, les bouteilles se vident, et au moment de quitter les lieux, une serveuse vient réclamer l'addition. Jérôme Sgorrano constate que ses amis sont déjà partis sans payer la note et on lui réclame plus de 2 000 €. Vives protestations, l'alcool aidant, ça se bouscule, le ton monte, personne ne veut payer et la police est appelée par la sécurité. Andrea Caizzi essaye de calmer le jeu, seul à parler espagnol. Finalement, on met les menottes à Jérôme, direction le poste de police. Andrea pense y échapper, mais il est sommé de suivre son pote au poste.
S'ensuit plus de 30 heures dans une cellule "entre deux Albanais et un gitan", des conditions épouvantables (je vous passe les détails racontés par Andrea et Jérôme, mais disons que quand on a vu quelques films, on commence à imaginer). Pendant ce temps-là, le Day 1B se déroule... sans Andrea, complètement dégoûté de rater ce spot magnifique, lui qui était pourtant en plein run good sur Barcelone, avec déjà un ITM sur l'Estrellas Main Event et sur la Cup. Durant trente heures, personne ne vient leur adresser un mot. Le lendemain, ils sont encore là, jusqu'à ce que la délivrance arrive en début d'après-midi sous la forme d'une libération.
Ni une ni deux, Andrea Caizzi file au Casino de Barcelone espérant avoir encore une chance de rallier le tournoi. Les inscriptions sont terminées et, comme on pouvait s'inscrire en late reg au Day 2, on lui apprend que la règle, c'est que le stack tourne depuis le début de la journée, et qu'on lui prélève un tour de blindes toutes les 20 minutes. Il lui reste 8 000 jetons quand il rejoint sa table et il est de big blinde ante à 2 000. Il passe et tombe à 4 000. Puis 3 000. Avant de connaître un rush en trois coups. Il passe d'abord 10
7 contre As-8, puis As-6 suité contre 9-5 et Roi-10 où il fait un 6, avant de mettre le bad beat d'une vie, quand sa paire de 9 passe devant la paire d'As de son adversaire sur la rivière alors que tout l'argent est parti sur le flop Valet-5-3. Remonté à 50 000, Andrea Caizzi finira la journée avec 26 000.
En faisant les comptes à la table avec Sonny Franco ce midi, Andrea découvre que s'il fold tout, il peut tenir une quinzaine de mains, ce qu'il fera pour s'assurer un ITM inespéré. Passé par la case prison pendant tout le Day 1 et le début du Day 2, Andrea Caizzi s'assure déjà son deuxième plus gros gain ever en carrière avec 8 700 €, pour son tout premier Main Event EPT. Il sera finalement le deuxième joueur à sortir une fois l'ITM atteint.
La morale de cette histoire, c'est à vous de la trouver. Je pencherai bien sur l'idée d'éviter Jérôme Sgorrano la veille de votre plus gros tournoi ever, ou alors sur le fait de toujours y croire, même quand vous êtes en train d'essayer de dormir entre les cafards dans une cellule barcelonaise pendant que le Day 1 a lieu quelques centaines de mètres plus loin.
