High Roller 10 300 €
Crédit photo : René Velli / PokerNews.
Il a parfaitement lancé le festival monégasque du Team Winamax en s'adjugeant samedi soir le High Roller à 10 300 €, décrochant au passage son cinquième titre en live et près de 200 000 € de gains. Quelques heures, deux ou trois verres de vin et une bonne nuit de sommeil plus tard, Sylvain Loosli se présentait avec un sourire grand comme ça sur la terrasse ensoleillée du Monte-Carlo Bay, juste avant de repartir au turbin direction la Salle des Étoiles.
"Difficile de rêver mieux pour démarrer le séjour !, avoue d'emblée le Toulonnais. C'est toujours une satisfaction de terminer le travail. Même en jouant beaucoup de tournois, c'est rare d'aller jusqu'au bout. On peut faire quelques finales mais il y au final assez peu de victoires. Il fallait évidemment run good mais je suis très content de voir que le travail paie." Une victoire princière qui intervient qui plus est après une année 2018 relativement pauvres en grosses perfs live, malgré une très belle 18e place sur le Main Event des WSOP. "J'aurais signé tout de suite avant le tournoi pour un tel résultat, mais en même temps, il manquait un petit quelque chose pour être pleinement satisfait. Toute une année sans finale, quand tu envoies un certain volume, cela reste long et assez difficile à gérer."
Quel meilleur endroit donc que Monte-Carlo pour retrouver le goût de la victoire, dans la foulée d'un séminaire qui agit toujours comme un gros coup de fouet. "Ce n'est pas un hasard si à chaque fois on arrive ici boostés à 150%. C'est indéniablement un de nos atouts, d'avoir cette équipe, cet encadrement, de pouvoir échanger aussi bien sur le poker que le mental, avec tous ces excellents joueurs aux profils très différents. On a eu des débats très intéressants pendants ces quelques jours et j'ai appris plein de choses."
Les intervenants ont également joué leur rôle, à commencer par l'immense Stéphane Diagana - Champion du Monde et d'Europe du 400m haies pour les profanes -, venu parler à nos pros du difficile chemin vers l'excellence. "Il va me falloir un peu de temps pour digérer tout ce qu'il nous a dit, enchaîne Sylvain, mais là tout de suite je retiens son discours sur la patience, sur l'idée de se fixer des objectifs sur le très long terme. En ce qui me concerne, je garde toujours les mêmes, à savoir de gagner un titre majeur sur le circuit. Ici, on peut dire que c'est un "semi-objectif" atteint, puisque c'était un très beau tournoi, avec une belle structure et un field relevé qui pourrait être celui d'un 25 ou d'un 50K."
Un niveau de jeu qui a justement soulevé quelques débats au sein du Team, au sujet de l'intérêt de jouer ou non ce 10K. "J'essaie évidemment de ne jouer que des tournois EV+, commente Sylvain, en pesant le buy-in, la structure et le niveau global. Mais à part les tournois Super High Rollers beaucoup plus chers où je ne crois pas avoir d'edge, je considère qu'il n'y a pas énormément de tournois où je ne pense pas gagner de l'argent."
Sur ce 10K, tout s'est globalement bien passé pour Sylvain, jusqu'à ce que la bulle se rapproche. "À 16 joueurs restants, j'avais 400 000 sur 2 000 / 5 000, et j'ai perdu un gros coin flip pour me retrouver à 25 blindes, dans une zone un peu plus rouge. À la vraie bulle, je faisais partie des deux plus petits tapis avec Philipp Gruissem, et s'est passé un coup bizarre où nous nous sommes retrouvés tous les deux de grosse blindes avec entre 3 et 5 BB. Je le vois défendre sur un open et, sur ma table, tout le monde fold jusqu'à Erik Seidel en SB qui me met à tapis alors que j'ai Roi-3 suité. J'utilise quatre time banks pour voir ce que fait Gruissem, qui finit par fold et je décide ensuite de payer. Je suis allé faire une simulation juste après pour des questions d'ICM et il se trouve que le bas de ma range de call ici serait Roi-4 suité. J'ai donc fait une erreur, peut-être par manque de lucidité... mais qui a payé puisque j'ai fait le Roi pour battre la paire de 5 de Seidel. Et Gruissem a sauté sur la main suivante."
Crédit photo : René Velli / PokerNews.
À neuf joueurs restants, Sylvain se retrouve avec un Charlie Carrel énorme chipleader - "Il est marrant à regarder, il joue beaucoup au feeling." - et notamment le Grec Georgios Kitsios (photo). "Je ne le connaissais pas, précise Sylvain. Je l'avais joué en tout début de Day 2 et j'avais noté qu'il jouait très vite. Je le pensais plutôt faible mais j'ai ensuite appris que c'est un gros joueur de Sit&Go Hyper Turbo. Heureusement il a quand même fait quelques erreurs contre moi."
Arrivé en début de Day 3 avec 15 blindes, Sylvain est alors plus dans une optique de gagner des paliers, mais reste confiant. "Je jouais quand même l'ICM, je n'allais pas prendre des risques inconsidérés, mais je me sentais super à l'aise. J'avais pas mal bossé mon jeu short stack, en Short Track et en Expresso notamment. La gagne s'est ensuite vraiment dessinée à trois left." Et encore plus lors d'un heads-up parfaitement maîtrisé, contre Kitsios justement. "Il a fait très peu d'erreurs, j'ai réussi à me faire payer quand j'avais des bonnes mains et j'ai passé un énorme bluff pour quasiment tous les jetons. À ce moment-là, c'était presque déjà gagné." Et de fait, quelques minutes plus tard, le trophée était sien.
Mais il n'y a pas de repos pour les braves : la suite, c'est tout de suite, avec le High Roller à 2 200 € de l'EPT National. "Viendra plus tard le Main Event et, si ça ne passe pas très bien, quelques Side Events, dont un très beau 25K sur lequel j'ai de grandes ambitions. Mais l'objectif reste de gagner le Main, ne nous y trompons pas !" On ne demande pas mieux et on sera évidemment là pour suivre et vous faire vivre tout cela. Encore bravo Sylvain !
Les impressions complètes de Sylvain Loosli seront à retrouver très bientôt en vidéo.