Les chances françaises sont bonnes

- 14 décembre 2015 - Par Benjo DiMeo

Ils étaient quatre français au départ du Day 4 parmi 67 compétiteurs. Plusieurs dizaines de coups de cartes plus tard, ils sont encore trois parmi les 23 derniers prétendants au titre : c'est un chiffre dont on peut se féliciter, tant nos joueurs ont été plongés dans nombre de situations difficiles tout au long d'une journée où la moindre erreur se payait cash, et où le bad beat n'était jamais bien loin. Avant de passer en revue le moral des troupes, ayont une pensée pour l'épatant Sonny Franco, éliminé à une frustrante 41ème place : le joueur installé au Maroc boucle une géniale année 2015 (trois titres, plein de finales) par un dernier ITM d'une valeur de 16,200 euros.

Jusqu'au bout, Olivier Ferrero aura joué sa partie à fond. Jusqu'au bout, Olivier Ferrero se sera battu pour s'imposer. Quitte à se brûler les ailes : si ce n'avait été pour l'avant-dernier coup du Day 4, joué de manière un peu trop agressive Olivier aurait pu terminer en bien meilleure position au classement. Alors que les joueurs des deux autres tables étaient déjà occupés à ranger leurs jetons, Olivier a fait face à un 3-bet de Gavin O'Rourke depuis les blindes (Permettez moi une digression tout à fait indispensable : avant de débuter son Day 4 ce matin, O'Rourke s'est tranquillement lancé un tournoi Spin'N'Go, la copie des Expresso made in PokerStars, et est tombé en toute détente sur la table giga jackpot à 1 million de dollars ! Mais il n'a pas gagné, se contenant de la seconde place pour "seulement" 100 000 dollars. Enorme, non ?). Muni d'une paire de Valets, Olivier décide de payer ce 3-bet et voit tomber un flop 865. Son adversaire irlandais c-bet à 200,000, et c'est après une longue réflexion qu'Olivier décidera d'envoyer tapis. O'Rourke est couvert, est n'est guère rassuré en payant avec les Rois. De fait, il est largement devant et doublera sans problème après un turn T et une rivière A. La déception sur le visage d'Olivier était lisible : le français s'en veut de cette erreur de jugement qui fait chuter son tapis à 589,000 (20BB), et vient ternir une journée gérée de manière admirable. Allez, c'est le moment d'oublier ce faux pas, et d'espérer un double up rapide demain : tout reste possible.

Tel un boxeur expérimenté, Kool Shen encaisse les coups sans broncher, se revelant de tous les pains qu'on peut essayer de lui coller. C'est l'impression qu'il me donne au sortir d'une journée où ses adversaires ne lui ont épargné aucun coup bas : on l'a bluffé, on l'a "rivierisé", on l'a "calling-stationisé", on l'a relancé et sur-relancé, mais il ne s'est jamais effondré, demeurant imperturbable, prenant les gnons avec le sourire, en renvoyant quelques-uns dès que ses adversaires baissaient leur garde, tout en gardant le style solide qui a défini sa carrière dans le poker. Parti avec un petit tapis, Bruno a trouvé un double up rapide en table télévisée, remportant un coin flip crucial pour le remettre en selle et lui permettre de se remettre à jouer. Dans les cordes à la fin de la journée, il doublera à nouveau son tapis, et gagnera quelques pots par-ci par là pour terminer le Day 4 avec 984,000, soit 33BB. Largement de quoi aborder le prochain combat avec des espoirs intacts.

Le benjamin du clan Français aurait très bien pu terminer la journée en position de chip-leader : tout au long du Day 4, Ivan Deyra a imposé sa cadence sur ses adversaires, martelant son rythme à coup de 3-bets, 4-bets, et 3-barrels, pas toujours avec un jeu béton, mais lorsqu'il avait un jeu béton, on l'a payé plus souvent que jamais, résultant en l'élimination de plusieurs adversaires. Cette marche triomphante vers le sommet a malheureusement subi un coup d'arrêt durant le dernier niveau de la journée, avec un coin-flip perdu et quelques tentatives d'agression rencontrant de la résistance. Cependant, avec 1,164 million d'unités (39BB), le joueur de 21 ans qui dispute son premier tournoi EPT après en avoir tant regardés sur son écran d'ordinateur reste une menace considérable dans ce tournoi, et offre plus que jamais le profil idéal du candidat à la finale... Voir plus si affinités.

Les demi-finales débuteront mardi à midi. Bonne soirée à tous, et à très vite pour la suite du dernier tournoi de l'année !

23 joueurs seront au Day 5

- 14 décembre 2015 - Par Benjo DiMeo

Des 67 joueurs inscrits sur la feuille de match de l’EPT Prague au départ du Day 4 à midi, seuls 23 possèdent encore des jetons une douzaine d’heures plus tard. Nombre de têtes de série ont rendu les armes au cours d’une journée passionnante, riche en bad beats douloureux et coups de poker fumants : le libanais Jeffrey Hakim, la chinoise Kitty Kuo qui réussissait là son troisième deep-run consécutif à l’EPT, le canadien Andrew Chen, le vainqueur de l’EPT Malte Niall Farrell, l’excellent québécois Samuel Chartier

A l’exception des trois survivants français, dont nous vous avons abondamment parlé aujourd’hui (et donc on reparlera encore une dernière fois ce soir, dans le prochain article), vous ne reconnaitrez probablement pas grand monde dans la liste des prétendants à la finale, recopiée ci-dessous. Les lecteurs ayant suivi notre dernier reportage en date n’auront pas oublié Javiez Gomez, jeune espagnol lancé en orbite après sa victoire sur l’étape World Poker Tour de Prague, qui a précédé de quelques jours ce festival EPT.

Les fins connaisseurs du circuit reconnaitront peut-être le chip-leader : Marc Macdonnel, deuxième d’une épreuve WSOP cet été et par ailleurs quatrième de notre Winamax Poker Open à Dublin en 2012 - l’irlandais jouait à domicile au milieu des amateurs français. Derrière, il y a Gleb Tremzin, très régulier sur cet EPT puisque le russe était déjà au sommet du classement à la fin du Day 2.

Le reste du field est composé en majorité de scandinaves et joueurs de l’Est sur lesquels nous ne savons pas grand chose : des russes, des bulgares, des macédoniens, des finlandais, des norvégiens… Un seul joueur du continent américain subsiste (Abbas Moradi du Canada), tandis que les deux nations les plus représentées sont l’Allemagne (quatre joueurs) et la France (trois joueurs). C’était déjà le cas au début du tournoi il y a quatre jours.

« Joueur peu connu » ne signifie absolument pas « Mauvais joueur » (et inversement) : c’est donc avec un intérêt absolument pas entamé, et avec la perspective réjouissante de faire connaissance avec de nouveaux talents que nous nous donnons rendez-vous mardi dès midi pour suivre les demi-finales de cet EPT Prague.

Voici les positions :

Marc Macdonnel (Irlande) 3 600 000
Gleb Tremzin (Russie) 3 535 000
Benjamin Lamprecht (Autriche) 3 190 000
Javier Gomez (Espagne) 2 282 000
Samuel Vousden (Finlande) 2 039 000

Enio Bozzano (Brésil) 1 963 000
Ilkin Amirov (Azerbaïdjan) 1 932 000
Slaven Popov (Bulgarie) 1 760 000
Gavin O’Rourke (Irlande) 1 746 000
Ivan Deyra (Qualifié Winamax, France) 1 164 000

Vlado Banicevic (Macédoine) 1 090 000
Bruno Lopes (Team Winamax, France)  984 000
Thomas Butzhammer (Allemagne) 977 000
Sebastian Gohr (Allemagne) 756 000
Hossein Ensan (Allemagne) 700 000

Onur Unsal (Turquie) 654 000
Chris Walker (UK) 608 000
Olivier Ferrero (France) 589 000
Abbas Moradi (Canada) 484 000
Henri Jaakkola (Finlande) 411 000

Dominik Paus (Allemagne) 395 000
Preben Stokkan (Norvège) 336 000
Tomas Pleticha (Russie) 171 000

Tableau de bord
23 joueurs restants (sur 1 044 au départ)
Blindes : 15 000/30 000 ante 4 000
Tapis moyen : 1,36 million
Prix minimum : 30 730 euros

Kool Shen double, la fin de journée est proche

- 14 décembre 2015 - Par Benjo DiMeo

J’ai passé 45 minutes à observer les quatre dernières tables du Main Event, et la seule chose à peu près intéressante que j’ai observée s’est produite dès le début du niveau : le double-up de Kool Shen avec un Dame-10 poussé en fin de parole pour 392,000 après une relance de son voisin de droite, qui paie avec As-Roi.

Le flop apporte une Dame et c’est un Bruno au sourire penaud qui empile un stack tout frais de plus de 830,000. « Je suis vengé », sourit-il, faisant référence à la main racontée précédemment où le même adversaire avait été récompensé en jouant les calling stations avec une paire de 7.

Peu après, l'un des favoris de l'épreuve est éliminé en 27ème place :  Samuel Chartier, suivi quelques minutes plus tard par l’isréalien Ori Miller, qui avait perdu durant le niveau précédent le pot du chip-lead avec deux As contre deux Dames. Ouch.

De son côté, Ivan Deyra manque de peu une élimination supplémentaire lors sa paire de 7 est battue sur la toute dernière carte par le As-Roi de l’allemand Dominik Paus. Un coup qui ne lui fait perdre que dix blindes : pas grave.

Arrive ensuite l’une des premières grosses mains franco-françaises de la journée : Kool Shen ouvre en début de parole, Olivier Ferrero 3-bet au bouton (135,000), et Kool Shen annonce « All-in » une fois la parole revenue à lui : Olivier se tâte, demande le compte (708,000 au total), et abandonne.

Sur ce coup-là, Bruno n’aurait pas objecté à être payé : il montre les As à toute la table. « Si je 4-bet sans faire tapis, tu paies ? » Olivier répond par la négative.

Dernier développement en date : la sortie du suédois Christopher Andler en table télé, des mains d’un espagnol du nous de Javier Gomez. Encore un coin-flip.

Résultat : on tombe à 24 joueurs restants, ce qui provoque une petite pause le temps de tirer au sort les sièges autour des trois dernières tables du tournoi. Il restera un peu plus de trente minutes à jouer ensuite...

27 joueurs, et 90 minutes à jouer

- 14 décembre 2015 - Par Benjo DiMeo

Ivan Deyra a éliminé un joueur de plus juste avant la pause, trouvant une nouvelle fois un jeu béton, en fait le plus béton de tous, les As, pour payer le tapis de Foeke Deinum, un short-stack muni de As-Dame. « Ca fait du bien » sourit le qualifié Winamax en dégustant une assiette de fruits frais. « Je me suis un peu enflammé tout à l’heure », dit-il à propos du 3-barrel avec Q6. « Pas grave, je lui dis, l’intention était bonne. »

De son côté, Olivier Ferrero fait lui aussi le travail, se débarrassant de l’ukrainien Anton Sulymka avec une paire de 9 restant en tête contre AT.

Voici les positions de nos français à l’entame du niveau 12,000/24,000 ante 3,000 :

Ivan Deyra (Qualifié Winamax) 2,2 millions
Olivier Ferrero 1,5 million
Kool Shen (Team Winamax) 400 000

A titre de comparaison, le chip-leader possède 3 millions, il s’agit du russe Gleb Tremzin.
 

Ivan Deyra (au premier plan) mettant fin aux espoirs de Foeke Deinum

On lui a mis la fièvre

- 14 décembre 2015 - Par Benjo DiMeo

C’est un Kool Shen passablement remonté que nous avons retrouvé lors de la dernière pause du Day 4. Le compteur est tombé à 28 joueurs restants, les blindes vont passer à 12,000/24,000 (ante 3,000) et notre rappeur préféré est tombé à moins de 400,000 suite à deux coups joués contre des adversaires que l’on pourrait qualifier de… collants.

Je n’ai pas vu le premier coup, dont Bruno me fait le récit : « Je suis de BB, le mec en SB limpe avec une paire de 7, je relance avec une paire de 9. Payé. Flop Dame-Valet-x. Je c-bet, il paie, bon, déjà, je pige pas trop. Turn : un 9 qui donne un troisième trèfle. Je mise et il me paie encore ! Rivière : un trèfle. Check/check, évidemment il a le 7 de trèfle... »

Peu après, Bruno paie au bouton une relance du cut-off, muni d’un A6 à potentiel. Flop 532. Le CO ne mise pas, du coup Bruno mise, se fait payer, et continue d’agresser, voulant chasser son adversaire sur le tournant 9 et la rivière T. Peine perdue : son adversaire ne veut pas jeter son A9.

C’est donc dans une situation fort compliquée, avec 17BB, que Bruno va reprendre la partie : il va lui falloir tenir 90 minutes, en espérant doubler d’ici là, pour se qualifier pour les demi-finales.