Sept français, quatre Winamax en demi-finales à Prague
A l'issue d'une journée rapide et riche en rebondissements et coups spectaculaires, ils ne sont plus que 24 encore en course à l'European Poker Tour à Prague.
Parmi eux, pas moins de sept joueurs français : de mémoire de reporter, on avait jamais vu un ratio élevé après trois jours de jeu Un résultat qui dépasse les attentes de bien des observateurs exigeants. A la veille des demi-finales, les chances d'avoir deux, voire trois de nos représentants en table finales sont excellentes.
Un mot d'abord pour ceux qui ne reviendront pas demain.
Jan Boubli et
Guillaume Darcourt furent les deux grands perdants du jour, n'ayant pas réussi à se glisser dans les places payées. Après l'éclatement de la bulle (une histoire vite réglée),
Arnaud Mattern allait être la première victime française. Une histoire de bluff... Un bon bluff, mais que l'israélien
Eyal Avitan a payé de manière magistrale (ce dernier terminera la journée en position de chip-leader)
Nicolas Levi,
Rui Cao et
Antonin Teisseire allaient ensuite sortir en succession. Beaucoup plus tard, Bruno Launais allait lui aussi prendre la porte de sortie, ayant passé le gros de la journée avec un tapis en dessous de la moyenne. Il serait le dernier éliminé français du Day 3.
Petit tour d'horizon des prétendants tricolores à la table finale...
Parmi les « randoms » que nous découvrons cette semaine à Prague, je vous présente
Paulo Gomes. Mon collègue Jooles du ClubPoker me souffle qu'il s'agit de l'un des douze parisiens qui s'étaient qualifiés lors du satellite organisé au cercle Haussman la semaine dernière. Je l'ai vu bénéficier d'un double-up chanceux en fin de journée, à tapis avant le flop avec AT contre JJ. A part ça, je n'ai pas encore vraiment pris le temps d'observer Paulo. Son petit stack de 241,000 (une quinzaine de blindes) fera de lui l'une une cible évidente en début de Day 4.
Toujours selon mon collègue du CP,
Sébastien Boyard est un autre régulier parisien, et partenaire de jeu de Jean Montury, avec lequel il partage ses gains. Yuestud nous souffle que Sébastien a été footballeur professionnel dans une autre vie, ayant occupé le post de gardien de but dans divers clubs de troisième division. Quoi qu'il en soit, Sébastien a livré un joli combat aujourd'hui, et son faible tapis final (258,000) ne reflète pas sa performance globale lors du Day 3. Sébastien a longtemps vivoté avec un petit stack, avant de se refaire une santé en très peu de temps durant la seconde partie de la journée. Je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé pour qu'il retombe ensuite, mais nul doute que nous garderons un œil sur lui demain.
J'ai passé la semaine à confondre
Yann Brossolo avec Brice Cournut, que ce soit physiquement, ou au niveau du style de jeu. Ce qui n'est d'ailleurs pas une coïncidence, me dit mon esprit parano. En effet, la disparition de Brice du circuit des tournois live a correspondu exactement à l'arrivée de Yann. Enlèvement par les aliens ? Complot des Chinois du FBI ? Exil style "L'homme au masque de fer" ? Je ne sais pas pour vous, mais moi, je dis qu'il y a anguille sous roche. Mais qu'importe. Yann Brossolo, c'est un style ultra-agressif a base de 3-bet et 4-bet systématiques hérité des tournois en ligne, où il excelle, parait-il, mais ne comptez pas sur moi pour vérifier. L'animal n'a pas froid aux yeux, et sa témérité a payé durant les deux dernières journées. Le voilà en demi-finales avec un tapis dans la moyenne. Je terminerai avec une citation signée du grand Davidi Kitai : « Merde, je l'ai stacké lors de ses deux derniers tournois, il n'a rien fait, et maintenant que je n'ai aucun pourcentage, il va gagner, l'enfoiré. »
Si ce n'est quelques mouvements de joie lors des quelques gros showdowns qu'il a remportés aujourd'hui,
Jerôme Zerbib ne s'est pas fait remarquer aujourd'hui, optant pour une calme progression. Typique chez ce joueur observateur, méticuleux et sur de lui. Un mec capable de bluffer tous ses jetons sans bouger un cil, elevé à la dure école des cercles parisiens, où il a remportés de nombreux succès ces cinq dernières années, que ce soit en cash-game ou en tournoi.
Après avoir perdu la moitié de son tapis d'entrée de jeu au cours d'une grosse coin-flip contre Juha Lauttamus, les observateurs les plus cyniques s'attendaient à une sortie rapide pour
Antony Lellouche. Malgré un palmarès quasiment inégalé à l'EPT (sept places payées, 100% de places dans le top 25) le français nous a habitués à des sorties hautement controversées qui font débat jusque dans les forums les plus reculés du microcosme poker. Pas cette fois-ci. Antony est resté patient, et à fait naviguer son petit tapis jusqu'à bénéficier d'un double-up facile en début de soirée contre Voitto Rintala. Revenu à un niveau confortable, Antony a pu faire redémarrer l'agression, et terminer le Day 3 avec un tapis dans la moyenne. Qui sait, si ca se trouve, Antony est peut-être plus à l'aise avec un faible tapis qu'avec une montagne de jetons. Une statistique qui fait peur : cela fait trois étapes EPT consécutives que le joueur du Team Winamax atteint les trois dernières tables. Varsovie, Vilamoura, Prague. Un seul objectif, maintenant : la finale (sa quatrième), et une victoire : la première.
Prague réussit bien à
Manuel Bevand. Sa première visite, il y a exactement une année, s'était soldée par une jolie 19ème place sur 570 joueurs. Le voici en position pour améliorer la performance. Parii avec un confortable tapis de 273,000, Manub a utilisé toutes les armes à sa disposition pour le faire fructifier, avec beaucoup de réussites, comme ces belles passes d'armes contre son coéquipier Antony Lellouche, et parfois quelques ratés, comme ce gros bluff manqué en milieu d'après-midi. A force d'obstination, et à l'aide de quelques bonnes mains, Manuel a repris les jetons perdus, et termine la journée avec un stack pile poil dans la moyenne.
Assis à une table de départ sportive en compagnie de Rui Cao et de deux jeunes joueurs agressifs,
Anthony Roux n'a pas perdu de temps avant de se servir de ses jetons. C'est simple, je ne l'avais jamais autant vu jouer (et gagner) de gros pots. Et pas seulement en floppant des brelans et des carrés, non : il y a eu aussi quelques très gros calls, et au moins un énorme bluff. Il faut dire que cet EPT de Prague représente un peu une libération pour ce joueur de cash-games : en deux ans sur le circuit pro, le double finaliste WSOP n'avait pour ainsi dire jamais réussi à se monter un gros tapis à l'EPT, et encore moins à atteindre les places payées. L'erreur est désormais réparée, et de fort belle manière : Anthony est définitivement l'un des favoris pour atteindre la finale parmi les 24 joueurs restants, avec un tapis de 903,000 qui le place parmi les chip-leaders.