C’est une journée de poker calme, très calme qui s’est achevée peu après minuit au sein du prestigieux écrin qu’est le centre de réception Grand Connaught Rooms au beau milieu des beaux quartiers de Londres.
Trop calme, oserait t-on dire ? Certes, des gros tapis se sont montés en ce Day 1B de l’EPT Britannique (11ème édition). Certes, des joueurs ont sauté, certes des brelans ont battu deux paires, des couleurs ont battu brelan, des fulls ont battu couleur, d’accord, certains se sont même pris de bons gros bad beats, mais tout de même, quelque chose a manqué. Un peu de piment. Un peu d’excitation, de nervosité Méditerranéens dans cette froide et pluvieuse capitale Britannique où tout le monde est tellement poli que cela en devient écoeurant pour tout bon Français qui se respecte, prompt au coups de sangs et aux coups de gueule qui font du bien par où il passe.
Disons le tout net : passer du Winamax Poker Open de Dublin, avec ses centaines d’amateurs Français braillards et joyeux, à l’EPT Londres, avec ses joueurs professionnels concentrés comme un jus d’orange de Floride, casque sur les oreilles, l’oeil ne quittant jamais l’iPad ou l’iPhone, n’ouvrant la bouche que pour bailler, voilà qui a tout d’un choc thermique prompt à donner un coup de froid au couvreur le mieux couvert.
Vous me rétorquerez que ces messieurs très sérieux ont payé l’équivalent de 5,000 euros pour s’assoir à ces tables feutrées, tandis que nos foutraques Dublin ont investi dix fois moins, pour la minorité n’ayant pas décroché sa qualification pour une poignée d’euros. Je vous répondrai que le sérieux, la concentration et les gros enjeux n’excluent pas tout à fait une dose, même infime, de fantaisie et de légèreté.
L’affluence est au rendez-vous, mais pas les têtes de séries
224 joueurs dimanche pour le Day 1A, 441 joueurs lundi pour le Day 1B, le compte est bon : avec 665 participants, les chiffres de l’édition 2013 ont été améliorés, et la dotation globale du tournoi va dépasser les 2,6 millions de livres sterling. Mais contrairement à la coutume en vigueur, nous ne connaissons pas encore la réparttion officielle des prix.
A l’international, les grands noms qui d’ordinaire répondaient présent à l’appel de Londres, ont cette fois boudé le tournoi. Il faut dire que la branche Australienne des World Series of Poker tombait pile-poil au même moment, attirant les chasseurs de bracelets invétérés du style Negreanu ou Hellmuth. Ce qui n’empêche pas, bien entendu, la présence de joueurs au niveau extrêmement relevé : Daniel Colman et Viktor Blom étaient là (avec cependant huit heures de retard, sans doute un move calculé de leur part), de même qu’Olivier Busquet, Benny Spindler, Theo Jorgensen, Marc-André Ladouceur, Stephen Chidwick, et j’en passe.
Côté Français, même problème de calendrier : les petits jeunes fêtards du circuit ont préféré aller jouer une étape World Poker Tour pas trop chère sous le soleil de Marrakech plutôt que de se ruiner contre les pros Internet de l’EPT Londres. Résultat, outre le Team Winamax, les Français ayant fait le déplacement à Londres sont plutôt des joueurs plus âgés et/ou aisés, ayant leurs habitudes ici, et/ou les moyens de s’offrir un gros tournoi : Paul Testud, Candido Goncalves, Christophe Benzimra, Edouard Mignot.. Sans oublier bien sur nos fiertés nationales sur la scène High Stakes : Alexandre Luneau et Cyril André, ainsi que ElkY, qui termine la journée en bonne position.
Team Winamax : à la maison, mais pas forcément chez eux
Huit des dix joueurs de l’équipe de poker la plus performante de l’univers étaient au départ du tournoi, la plupart d’entre eux à la maison en leur qualité d’expatriés Londoniens. On passera rapidement sur les contres-performances de Gaëlle Baumann (deux mauvais calls avant le dîner, puis un bad beat avec As-Dame qui perd contre un autre As-Dame, ça arrive), Sylvain Loosli (deux Rois contre deux Dames à tapis préflop, ça arrive aussi), Manuel Bevand (As-10 contre As-9, ça arrive, mais ça lui arrive un peu trop souvent quand même) et enfin Michel Abécassis, à quelques minutes de la fin de la journée (As-Valet contre Roi-10, devinez quoi ? Oui, ça arrive)
Pour l’autre moitié de nos pros en course aujourd'hui, le cap de la première journée a en revanche été passé. À commencer par Ludovic Riehl, qui vise une quatrième place payée consécutive sur un EPT. Avec un tapis de 74 000, il est le mieux placé de l’écurie Winamax. « Une fois cette difficile première heure passée, tout s’est bien déroulé » apprécie Mikedou, qui a doublé son tapis avec full contre couleur chez Olivier Busquet avant d’éliminer un joueur avec une paire de dames contre deux sept. Hyperactif tout au long de la journée, Davidi Kitai devra se contenter d’un tapis de 66 400 au day 2, lui qui a longtemps flirté avec la barre d’un tapis à six chiffres. « Qui fait le malin, tombe dans le ravin », conclue Davidi qui reconnait avoir joué avec le feu à plusieurs reprises. Bruno Lopes est lui satisfait de son tapis de 48 000. « J’ai été très sérieux toute la journée puis j’ai fait deux énormes bluffs en fin de journée. » Suffisant pour être proche de la moyenne. Guillaume Diaz ferme la marche du contingent Winamax avec 32 000. « Je ne suis pas très content de moi » soupire le Top Shark. « Je n’ai pas très bien joué quelques mains et j’ai perdu deux flips contre Luca Pagano. » Il disposera tout de même de quarante blindes pour attaquer la seconde journée.
Day 2 : 380 joueurs environ au rendez-vous
On se retrouve à midi, heure locale (13h en France) pour la suite des hostilités, avec un deuxième tour qui devrait être autrement plus intéressant que le premier : le rythme des éliminations sera très élevé, les décisions plus tendues, récompensant les plus audacieux, et les erreurs plus dévastatrices !
En direct de Londres, rendez-vous mardi pour un nouveau épisode de « Les Français parlent aux Français »
Tableau de bord
380 joueurs restants (sur 665 au départ)
Blindes 400/800, ante 100
Tapis moyen : 52,500
Benjo et Harper