Minuit. La proverbiale heure du crime. A Deauville, c’est surtout l’heure pour un peu plus de 200 joueurs de pousser un grand soupir de soulagement collectif : ils viennent de franchir le Day 1B du Main Event de l’European Poker Tour. Tout en emballant leurs jetons dans des sacs en plastique et signant les reçus tendus par les croupiers et superviseurs, ils bavardent et plaisantent avec la légèreté de ceux qui viennent ont survécu à une journée de travail longue et intense.
Certains sont moins joyeux : ils sont déjà dans l’escalier remontant vers la sortie du centre de conférences, ayant perdu leurs jetons durant les ultimes minutes de la journée. C'est le cas de Sylvain Loosli, qui s'est éclipsé après avoir vu ses vingt dernières blindes s'envoler avec top pair top kicker, contre une overpair chez l'un des revenants du poker hexagonal - Cyril Bensoussan, pas croisé sur un gros tournoi depuis un paquet d’années.
Quelques instants plus tard, le November Nine est rejoint sur le rail par un autre coéquipier : Ludovic Riehl. « J’ai joué cinq coups au retour du dîner », explique le doyen des Top Shark. « As-Dame, As-Dame, deux Dames, Roi-Dame, Valet-5 - j’étais de blinde ! - je n’ai pas réussi à gagner une fois. » Mikedou a joué ses derniers jetons avec As-5 : « La petite blinde me met à tapis pour 7,000, je paie, il a Dame-5. Board : K-10-8-As-Valet. » Avec cinq éliminés sur huit (Bruno Lopes, Michel Abécassis et Davidi Kitai ont précédé Sylvain et Ludovic au bal des sortants), le Team Winamax dresse un premier bilan plus que mitigé en cette fin de première journée.
Autre éliminé de dernière minute : Jean-Louis Aubert. C’est avec délice que l’on a découvert l’ancien leader de Téléphone dans un rôle inattendu aujourd’hui : celui de fan de poker 100% mordu, reconnaissant Sylvain Loosli dans les couloirs du casino, avouant à Guillaume Diaz et Ludovic Riehl qu’il ne loupe pas une de leurs vidéos stratégiques sur Winamax.fr, et se fondant avec joie au milieu des pros du Team au complet durant la pause-dîner. Hélas, comme son ex-camarade de scène Louis Bertignac il y a deux ans, Aubert chutera durant les dernières minutes du Day 1B.
Du côté des satisfaits, Guillaume Darcourt est celui qui affiche le sourire le plus large. Pour son retour sur le circuit Français après un long exil partagé entre Marrakech et les Amériques, le Boa à la crinière d’or s’offre rien de moins que le poste de chip-leader avec 167,000 unités.
Autre crinière dorée, autre come-back : celui du voyageur perpétuel ElkY. Exilé des podiums depuis un moment, la super-star termine la journée avec un tapis sur-gonflé.
Guillaume Diaz se qualifie avec un tapis honnête : 69,800. Significativement plus que la moyenne, qui tourne aux alentours de 46,000. Mais le Top Shark n’est pas du genre a verser dans l’auto-satisfaction, n’ayant pas fait d’étincelles à une table très difficile (Soulier, Quelain, Tureniec…) « J’ai été obligé de rester calme. Très peu de spots… Partie dure et pénible ! » Gaëlle Baumann est encore moins à la fête, puisqu’elle entamera le Day 2 avec moins de vingt blindes, ayant notamment joué un gros pot contre Damien Lhommeau en fin de journée : « Je paie deux barrels avec hauteur As… Il a hauteur As en mieux ! »
Un cauchemar pour certains, cette journée, mais un conte de fée pour d'autres. Comme pour le Top Shark Adrien Guyon, qui faisait aujourd'hui ses tous premiers pas avec le Team Winamax. Seulement à moitié novie sur le circuit professionnel, avec tout de même deux EPT et quelques épreuves WSOP (notamment grâce à sa victoire dans la dernière édition du KING5) dans les bagages, Shakkkiraa n'a pourtant eu aucun mal à rentrer dans le vif du sujet. Incisif, impliqué, et parfois intrépide, le Poitevin a été étincelant sous ses nouvelles couleurs. On l'a notamment vu remporter au showdown deux pots cruciaux avec de simples hauteurs. Ce n'est sans doute pas par hasard si Adrien avait confié au départ de la Top Shark que Davidi était le joueur auquel il s'identifiait le plus. « Je suis content de mon jeu » commente d'ailleurs à chaud Adrien qui a terminé avec 58 700 jetons sans jamais ne mettre son tapis en jeu aujourd'hui. « Je suis serein, et le serai encore demain » ajoute-t-il. Vu sa détermination, on peut lui faire confiance.
A la même table qu'Adrien durant la deuxième moitié de la journée, un autre joueur estampillé Winamax s'est démarqué, le WIP Moundir : la star de la télé-réalité a une nouvelle fois prouvé qu'il était aussi doué pour jouer au poker que pour survivre sur des îles désertes aux noms exotiques. Le régulier du Cercle Clichy-Montmartre a atteint la fin du premier round avec 42,500.
Ils sont eux aussi qualifiés pour le Day 2, en vrac et dans le désordre : Jérôme Zerbib, David Vamplew, Candido Goncalves, Aurélie Quellain, Michel Cohen, Christophe Benzimra, Olivier Douce, Brian Benhamou, Alexandre Amiel, Alexandre Réard, Jean-Francois Rial, David Jaoui, Jean-Philippe Rohr, Fabrice Soulier, Gabriel Nassif… On fera un point plus complet sur les survivants lorsque les listes officielles nous seront parvenues.
Pour eux, l’aventure s’est arrêtée aujourd’hui : Pierre Neuville, Mesbah Guerfi, Angelo Besnainou, Jonathan Sitbon, Bruno Fitoussi, Michiel Brummelhuis, Sofia Lovgren…
Mardi, place au Day 2, avec grosso modo 250 joueurs restants. Avec moins de 600 inscrits au total, nous avons là affaire à l’EPT Français le moins populaire auprès des joueurs depuis 2006. Pas une raison pour bouder notre plaisir : les meilleurs parmi ceux qui ont fait le déplacement vont tout de même se partager trois millions d’euros.
Rendez-vous en fin de matinée pour le classement officiel : bonne nuit à tous !
Benjo & Kinshu