Winamax

Un petit village d'irréductibles Gaulois

- 1 février 2015 - Par Benjo DiMeo


Si on vous ressort la même photo chaque année, c'est parce que le décor ne change jamais


Vent glacial, crachin insistant, rues glissantes et désertes, nuages lourds et gris rasant les toits des villas cossues de style angais, russe, et hollandais : chaque hiver, le comité d’accueil que réserve Deauville aux joueurs de poker de France et d’Europe est identiquement glacial. Et comme chaque année, les centaines de joueurs en question vont tâcher de sortir la cité balnéaire Normande de sa torpeur deux semaines durant, le temps de disputer quelques cinquante épreuves au sein de l’historique casino cher à Hercule Poirot, Coco Chanel et Jacques Mesrine.

Alors que nous autres reporters arrivons en ville juste à temps pour assister au lancement du tournoi principal de la quinzaine (5,300€ l’entrée), le festival a débuté depuis quelque jours déjà, avec notamment le Main Event des France Poker Series (1,100€) qui a battu tous les records de participation et se terminera aujourd’hui : on vous en reparle dans un prochain article.

Le coup d’envoi du Main Event de l’European Poker Tour sera donné aujourd’hui aux alentours de midi. Comme d’ordinaire, les joueurs ont le choix entre deux journées de départ (1A et 1B), et comme d’ordinaire, c’est comme un seul homme que le Team Winamax se présentera au complet au départ du Day 1B, à l’exception notable de Patrick Bruel, qui n’a pour une fois pas fait le déplacement en terres Normandes. Que les fans du boss se rassurent cependant : P14B sera très vite de retour sur le circuit.

Plus de deux ans après que le Partouche Poker Tour se soit fait hara-kiri, et alors que le poker Parisien ploie sous les coups de pression de la justice hexagonale, l’European Poker Tour Deauville fait figure de survivant. De facto le plus ancien des festivals de poker encore en activité en France, présent au programme de l’EPT chaque année ou presque depuis la création du circuit en 2004, on y retrouvera logiquement un panorama exhaustif de ce qu’est le poker Français de haut niveau aujourd'hui : un mélange de réguliers des gros tournois, de pros sponsorisés, de jeunes grinders aux dents longues, de VIP passionnés, d’amateurs éclairés et de talents en devenir, et nombre de semi-retraités sortant de leur tanière pour participer à ce rendez-vous incontournable.

Un panorama que nous allons tenter de décrire dans toute son étendue tout au long de la semaine : tous les jours, nous serons sur le pont pour vous raconter le festival de A à Z, depuis les escarmouches des premiers jours jusqu’aux épiques joutes de la table finale du Main Event, d’où plusieurs joueurs repartiront enrichis de quelques centaines de milliers d’euros.

Buy-in : 5 300€
Joueurs du Team Winamax présents : Davidi Kitai, Sylvain Loosli, Michel Abécassis, Kool Shen, Gaëlle Baumann, Ludovic Riehl, Guillaume Diaz et le Top Shark Adrien Guyon.

Programme
Dimanche 1er février : Day 1A
Lundi 2 février : Day 1B
Mardi 3 février : Day 2
Mercredi 4 février : Day 3
Jeudi 5 février : Day 4
Vendredi 6 février : Day 5
Samedi 7 février : Table finale

Des tournois en veux-tu en voilà

- 1 février 2015 - Par Benjo DiMeo

Je reviens de ma première visite à l’intérieur de la salle de tournoi (qui est située, non pas à l’intérieur du casino comme ce fut le cas lors des premières éditions de l’EPT Français, mais de l’autre côté de la route, au sein du Centre International, où la place disponible est beaucoup plus importante). Quatre épreuves battent leur plein en ce début d’après-midi (et d’autres viendront s’ajouter plus tard), voici le menu :

Main Event 5 300€ - European Poker Tour (Day 1A)
Démarrage en douceur pour le tournoi phare de la quinzaine : 90 minutes après le coup d’envoi, seulement 175 joueurs sont assis. Ce chiffre va continuer d’augmenter tout au long de la journée, puisque les inscriptions vont rester ouvertes jusqu’à la pause-dîner, mais on peut supposer que, sauf Day 1B mastodonte, la participation totale sera similaire, sinon inférieure à celle de l'édition 2014 (671 joueurs), une affluence elle-même en déca des audiences des beaux jours (ils étaient près de 900 au départ des éditions 2011 et 2012 du tournoi).

Parmi les joueurs en course : des têtes connues et reconnues comme celles de Ronan Monfort, Steven Moreau, Franck Kalfon, des vieux briscards tels que Jan Boubli, champion EPT à Barcelone durant la deuxième saison de l’EPT, des collègues Winamax comme Guignol ou JP (un petit nouveau qui s’occupe des paris sportifs mais qui touche bien sa bille au poker aussi), et au moins un joueur qualifié via les satellites Winamax : Pierre Fehner, que vous connaissiez auparavant sous le pseudonyme d’indypandas, mais il a changé depuis.



Main Event 1 100€ - France Poker Series (Day 4)

L’épreuve de tous les records (1 355 inscrits, sans possibilité de re-entry), elle se terminera aujourd’hui : 22 joueurs étaient au départ du Day 4 à midi, il ne sont plus que 16 une heure plus tard, parmi lesquels Anthony Picault (photo) en mode short-stack. Un peu plus de la moitié des joueurs restants sont Français, mais je dois admettre que je ne reconnais pas la plupart d’entre eux. Quoi qu’il en soit, le vainqueur empochera près de 200 000 euros.

High-Roller 2 200€ - France Poker Series (Day 2)
De 415 joueurs au départ hier (suffisant pour créer une cagnotte de 830 000€), ils ne sont plus qu’une centaine à revenir pour le coup d’envoi du Day 2. Pas mal de têtes connues autour des tables : Alexandre Amiel, Paul Testud, Matthieu « sixcoups » Lamagnère, le rubgyman David Susigan, Benjamin Pollak, Gabriel Nassif… Et le pro du Team Winamax Sylvain Loosli, qui partage une table avec un certain ElkY.

La structure prévoit de payer 55 joueurs, qui empocheront une récompense comprise en 3 900 et 141 000 euros.

Seniors 550€ (Day 1)
Une petite centaine de joueurs (tous âgés de 50 ans au moins, c’est la règle) ont pris le départ de cette épreuve.

Est-ce le dernier EPT organisé à Deauville ?

- 1 février 2015 - Par Benjo DiMeo



La question est sur toutes les lèvres, le téléphone arabe marche à plein tube, certains enlèvent même le point d’interrogation de la question car ils en sont persuadés : entre Deauville et l’European Poker Tour, le divorce est consommé, et le Main Event qui vient de débuter aujourd’hui sera bel et bien le dernier organisé dans la station balnéaire Normande, dix ans après la tenue de sa première édition.

Qu'en est-il vraiment ?

Ces rumeurs et affirmations se basent principalement sur les déclarations d’un des responsables de l’organisation des évènements live de PokerStars, Cédric Billot, des déclarations faites au site d'informations PokerNews France :

« Aujourd'hui, il y a très peu de chances de voir un second EPT en France, parce que la France n'est pas le marché le plus dynamique en terme de poker, soyons réalistes. »

Si l’on considère, pour simplifier, que la Grande Finale de l’EPT à Monte Carlo est un EPT Français, et que cette dernière n’est pas menacée, prestige oblige, nul besoin de faire preuve d’une grande imagination pour interpréter cette déclaration de Cédric comme annonciatrice de la fin de l’EPT Deauville.

Croisé en salle de presse cet après-midi, Cédric a quelque peu démenti cette déduction, m’affirmant que ses propos avaient été déformées par PokerNews pour les rendre plus alarmistes qu'ils ne sont. Tout en admettant qu’effectivement, le contrat passé en PokerStars et le groupe casinotier Barrière, hôte de l’EPT Normand, arrivait à son terme en 2015, et que le renouvellement du dit contrat était encore en suspens. On peut donc supposer que l’affluence aux différentes épreuves du festival, en premier lieu celle du Main Event, vont peser dans la décision de PokerStars… Tandis que ce festival a débuté par une polémique à caractère équestre dont les pontes de Barrière se seraient sans doute bien passés (on vous en reparle un peu plus tard).

Concernant les rumeurs d’un futur EPT Enghien ou EPT Cannes : malgré qu'elles soient reprises argent comptant par nombre de sites et joueurs, elles ne se basent que sur l’imagination débordante d’un pseudo-Nostradamus.

Deauville Cup : Moundir à l'attaque

- 1 février 2015 - Par Benjo DiMeo

Sylvain Loosli a quitté le High-Roller du FPS après un coin-flip perdu (77 contre As-8) alors qu’il lui restait moins de dix blindes, mais tout n’est pas perdu aujourd’hui pour les porteurs du logo au W rouge…

Car en troisième journée de la Deauville Poker Cup (un tournoi à 330€ dont je viens de remarquer les tables, car il a commencé un poil plus tard que les autres épreuves du jour), un certain Moundir est en train de faire des étincelles.

De 1 120 joueurs au départ, ils ne sont plus que 20, est notre aventurier du poker préféré est en train d’empiler de très jolies tours de jetons après avoir éliminé Mathieu Philbert (à gaiche sur la photo ci-dessous), le vainqueur de la deuxième édition du Winamax Poker Tour en 2013.



Le coup est plus ou moins un setup, jugez plutôt :

Mathieu relance en début de parole et Moundir, assis deux crans derrière, complète.

Les deux joueurs sont en tête à tête pour voir tomber le flop J85.

Mathieu c-bet, Moundir paie à tempo.

Le turn est un 2, et tout se passe très vite : Mathieu mise à nouveau, Moundir annonce « tapis », et Mathieu paie dans la foulée. Les jeux sont retournés :

Une logique paire AA chez Mathieu, qui est couvert.

Un énorme tirage KJ pour Moundir : il peut constituer la meilleure main de 13 façons différentes (8 trèfles, 3 Rois, 2 Valets). Mais attention, cela ne représente qu'une chance sur quatre de gagner le coup.

Plutôt que de regarder la carte que retourne le croupier en guise de rivière, je me concentre sur le visage de Moundir.

Un instant passe, et je vois celui-ci se lever, et lancer un « OUI ! » bref et sonore. Le croupier lui a effectivement offert un 4 gagnant.

L’excitation retombée, Moundir serre la main de Mathieu Philbert, et se rassoit pour empiler ses jetons.

Notre WIP possède 1,2 millions (75BB, deux fois la moyenne), et la table finale n’est plus très loin... Avec plus de 62 000 euros à la gagne.

Barrière, tu nous fous les jetons

- 1 février 2015 - Par Benjo DiMeo

Entre Barrière et ce qu’on appelle dans le jargon des casinos la « jetonnerie », c’est pas le grand amour… La preuve en deux temps.

Voici le tapis de Moundir dans la Deauville Cup, suite à son gros coup remporté contre Mathieu Philbert (voir article précédent). On remarquera le nombre important de jetons qui compose ce stack de 1,2 millions : une vingtaine de piles, composées de vingt jetons chacune, soit un total de 400 jetons environ. De quoi remplir une mallette de jetons de chez Carrefour presque intégralement, mais en pratique, ce stack représente seulement 75 grosses blindes au moment où j’ai pris la photo, aux blindes 8,000/16,000, ante 2,000.

Le problème, c'est que seulement deux types de jetons sont utilisés : 1,000 et 5,000. Le tapis moyen est de 600,000, à ce stade de la partie on devrait déjà avoir des jetons de 25,000, voire 100,000, mais non. De fait, les stacks de tous les joueurs en course, du short-stack au chip-leader, ressemblent à des murs de fortifications. Dès qu’on veut 3-bet, il faut s’emparer de trois piles de 20, le foutoir complet.

Autre exemple... Voici un tapis selectionné au hasard, cette fois dans le Day 1A du Main Event à 5,300€. On remarquera plusieurs choses :

1/ Il ne s’agit pas des beaux jetons utilisés sur la plupart des EPT, mais des jetons de chez Barrière, vieux de plusieurs saisons et aux couleurs délavées qui rendent la lecture plutôt difficile à moins de 30cm de distance. Par exemple, sur cette photo, il y a des jetons de 25 (jaune), des jetons de 100 (turquoise), des jetons de 500 (rouge), des jetons de 1000 (vert), mais aussi… des jetons de 5000, presque invisibles au fond de la pile à gauche ! Ce qui la fout un peu mal puisque ce sont les jetons les plus chers, donc les plus importants.

2/ Ces jetons made in Barrière sont les mêmes que ceux utilisés lors des tournois à 570€ régulièrement organisés par le groupe casinotier (les Barrière Poker Tour) comme le font remarquer plusieurs pros dont Erwan Pecheux, pointant du doigt les abus rendus possibles par ce double-emploi :



Pour un festival de tournois aussi prestigieux, on est en droit de se dire que les joueurs pouvaient espérer un poil mieux.

MISE A JOUR (Quelques heures plus tard) : Au retour du dîner, discussion avec un superviseur en charge, entre autres, de la Deauville Cup, objet du premier paragraphe de cet article. Aparemment, j'aurais manqué de très peu le chip-race, qui a été effectué immédiatement après mon cliché du stack de Moundir (semble t-il un mauvais exemple pour fustiger la gestion des jetons dans ce tournoi, car notre WIP préféré possédait tous les jetons de 1,000 du tournoi, justement en préparation du chip-race). Des jetons de 20,000 et des plaques de 100,000 ont donc fait leur apparition au moment de la publication de cet article, donnant un peu d'air aux joueurs et aux croupiers. Une précision qui méritait d'être faite !

Après chip-race :