Le qualifié Winamax remporte 770,000€
C'est un moment plein de fraîcheur que nous a offert Rémy Castaignon à Deauville aujourd'hui, cette fraîcheur dont le monde du poker professionnel français avait quelque peu oublié le goût ces derniers temps.
Le triomphe simple et modeste du joueur amateur de 29 ans lors de l'étape Française de l'European Poker Tour rappelle à notre bon souvenir le fait que le poker est avant tout un jeu. Et ce jeu, Rémi l'a magnifiquement joué une semaine durant, faisant preuve d'un calme et d'une maîtrise impressionnantes et bénéficiant du soupçon de réussite indispensable pour franchir les étapes clé de l'épreuve.
Venu du Gers, Rémi était arrivé en Normandie avec son ticket pour le tournoi déjà en poche, l'ayant remporté au cours d'un tournoi de qualification organisé sur Winamax en décembre dernier. Dans ses bagages, une expérience du milieu professionnel forte de participations à plusieurs tournois de marque aux quatre coins du monde, comme l'étape World Poker Tour de Venise ou le tournoi principale des championnats du monde - déjà en tant que qualifié Winamax – et une solide réputation en ligne sous le pseudonyme de 'lacaste32'. Un CV enviable, donc, mais ne comportant pas de résultat notable lors d'une grosse compétition. Du moins pas encore.
Cinq jours après avoir entamé la compétition dans une salle comble, au milieu de 781 joueurs, Rémi arrivait en finale avec plus de 40% des jetons, une situation rarissime dans une épreuve de ce calibre. Autour de lui, sept joueurs amateurs, comme lui, autre fait inhabituel dans un circuit où les professionnels ont plus ou moins toujours fait la loi.
8 finalistes, 8 amateurs, et un premier prix de 770,000 euros
En position de favori naturel, de part le talent démontré lors des journées précédentes et sa large avance numérique, Rémi allait pourtant faire immédiatement douter ceux qui, comme nous, ne le voyaient pas terminer à une autre place que la première. Tentant d'éliminer l'excellent joueur Allemand Enrico Rudelitz dès les premières minutes de la finale, le qualifié Winamax allait commettre une erreur cruciale en payant le tapis de son adversaire sur la rivière avec rien de mieux qu'une paire de 5. « J'estimais qu'il pouvait aussi bien avoir un jeu énorme qu'être en bluff complet », dira ensuite Rémi à propos de coup qui lui fit perdre d'entrée de jeu plus de la moitié de ses jetons.
Mais là où beaucoup de joueurs auraient perdu leurs moyens après cette décision désastreuse, Rémi resta au contraire confiant. Autour de lui, les éliminations se succédaient à rythme rapide, et très vite, en deux heures de jeu à peine, il ne restait plus que quatre joueurs autour de la table, après les éliminations des Libanais Jeffrey Hakim et Joseph El Khoury, le Belge Noël Gaens, et l'autre Français de cette finale, Franck Kalfon, sorti par Rémi lui-même.
Une nouvelle partie allait commencer, et cette fois, Rémi allait en être le meneur incontestable, faisant pression sur sa nemesis Rudelitz, puis sur le nouveau chip-leader Walid Bou-Habib. Patient et contrôlé dans ses décisions, Rémi allait définitivement faire basculer le tournoi en prenant sa revanche sur Rudelitz, l'éliminant en quatrième place avec une paire de Valets en main.
Le reste de cette courte finale – cinq heures à peine – ne fut qu'une formalité pour le Français, qui bénéficia d'une confrontation facile – deux As contre As-Roi - pour éliminer le Belge Robert Romeo. Et, après trente minutes d'un expéditif ultime duel à sens unique contre Walid Bou-Habib, la finale de Rémi se termina comme elle avait débuté : par un call gonflé avec une petite paire. Un call gagnant, cette fois, concluant de la plus belle des manières le parcours de Rémi dans le tournoi.
Victoire !
Peu habitué aux honneurs réservés d'ordinaire à des professionnels roués au jeu du cirque médiatique, c'est un Rémi Castaignon dans les nuages, presque sonné, qui a assisté, un sourire gêné aux lèvres, plus spectateur qu'acteur, au traditionnel ballet des fins de tournois : caméras qui se précipitent, flashes des appareils qui crépitent, interviews qui s'enchaînent dans toutes les langues, félicitations des organisateurs... De quoi donner le tournis après une victoire incontestable, acquise avec aplomb et confiance, sans jamais trembler ni douter.
Benjo
Rémi Castaignon remporte l'EPT Deauville 2013
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