Winamax

Un heads-up épique conclut le centième EPT

- 28 août 2014 - Par Benjo DiMeo



Certes, nous n’avons pas atteint les longueurs de la dernière Grande Finale Monégasque d’avril dernier, qui avait tenu en haleine quelques rares spectateurs jusqu’au level du soleil… Mais l’ultime duel de cette première étape de la saison 11 de l’European Poker Tour (et la centième au total) a tout de même duré six heures et presque 300 mains, se concluant peu après quatre heures du matin par la victoire d’Andre Lettau. Professionnel habitué des tables d’Internet et coach réputé, l’Allemand de 27 ans disputait là son tout premier EPT, et est parvenu à battre Samuel Phillips sur la dernière ligne droite - l’Américain était considéré par la majorité comme le meilleur joueur de la table finale.

En dépit d’un deal conclu alors qu’il restait trois joueurs, ne laissant que 90 000€ en jeu, les proverbiales fortunes ont changé de main à de nombreuses reprises durant ce tête à tête final, qui s’est étiré si tard qu’il a menacé de se prendre de plein fouet la fermeture du casino, forçant les organisateurs à recourir à une mesure extrême : raccourcir progressivement la durée des niveaux ! Ils passèrent d'abord de 90 à 60 minutes, puis 45 minutes, pour finalement tomber à 30 minutes. C’est seulement une fois que la grosse blinde avait atteint un palier sans précédent - 1,2 millions (!), donnant aux joueurs 19 blindes de tapis moyen, que s’est jouée la dernière main.

Homme de peu de mots, Lettau était clairement le plus heureux des joueurs au terme du marathon, mais semblait déterminé à esquiver les traditionnelles interviews de fin de tournoi, répétant à plusieurs reprises "Je veux rentrer à la maison" (vu l’heure, on ne lui reprochera pas). Pressé de dire quelques mots, il lâchera, sans que l’on sache trop s’il était sérieux, qu’il prenait officiellement sa retraite des EPT (après un seul tournoi joué, donc) et qu’on ne le reverra plus jamais sur le circuit. Etant donné l’important turn-over propre à l'EPT, je ne suis pas sur que sa disparition à venir sera remarquée.

Mais qu’importe : le centième EPT apparition désormais à l’histoire. Félicitations à tous les finalistes, en particulier les deux derniers joueurs qui se sont battus comme des lions pour accrocher le titre ! Il ne nous reste plus qu'à tenter de fêter cette belle semaine dans l'une des boîtes de nuit encore ouvertes sur la plage, si l'on veut bien me laisser rentrer avec mon t-shirt moite et mes yeux hagards.

J’espère que ces huit jours de reportage à forte teneur nostalgique vous ont plu. Merci en tout cas de m’avoir suivi. On se retrouve très vite pour le prochain reportage - probablement le Winamax Poker Open, qui revient à Dublin à la fin du mois de septembre pour notre plus grand plaisir. La première tournée est pour moi !

Benjo

Résultats

EPT Barcelone - Numéro 100 !!!
1 496 participants - 5 300€ l’entrée

Vainqueur : Andre Lettau (Allemange) 794 058 (après deal)
Runner-up : Samuel Phillips (USA) 1 021 275€ (après deal)
3e : Hossein Ensan (Allemagne) 652 667€ (après deal)
4e : Andrea Dato (Italie) 362,000€
5e : Andrey Shatilov (Russie) 286 000€
6e : Kiryl Radzivonau (Biélorussie) 224 500€
7e : Ji Zhang (Allemagne) 171 600€
8e : Slaven Popov (Bulgarie) 121 300€

Meilleur Français : Benjamin Nicolas-Teboul (40 200€)
Meilleur joueur du Team Winamax : Davidi Kitai (20 300€)

High-Roller : victoire d'un nouveau venu

- 28 août 2014 - Par Benjo DiMeo


Photo : Neil Stoddart / PokerStars

Le plus gros tournoi High-Roller de l’histoire de l’European Poker Tour a vu consacré un joueur Biélorusse nommé Ihar Soika. Excellent sur Internet, Soika était encore à la recherche de son premier titre en live, et l’a décroché après une brève bataille en tête à tête contre un joueur qui, il y a six ans de cela, était dans la même position que lui avant de faire une entrée fracassante sur le circuit à San Remo : Jason Mercier.

Resultats

High-Roller EPT Barcelone
393 participants (Re-Entry) - 10 300 € l’entrée

Vainqueur : Ihar Soika (Biélorussie) 747 200€
Runner-up : Jason Mercier (USA) 473 500€
3e : Ismail Erkenov (Russie) 342 400€
4e : Ami Barer (Canada) 276 900€
5e : Benjamin Pollak (France) 219 000€
6e : Marc-Andre Ladouceur (Canada) 168 600€
7e : Stephen Chidwick (UK) 125 600€
8e : Carlos Chadha (Canada) 90 900€
9e : Maxim Panyak (Russie) 73 600€

EPT Best-of #17 - Et le reste…

- 28 août 2014 - Par Benjo DiMeo

Il reste encore tant de moments que je n’ai évoqué qu’en passant, où alors pas du tout. La victoire de Christophe Benzimra à Varsovie. La double finale Winamax, encore à Varsovie, avec Arnaud Mattern et Ludovic Lacay côte à côte autour de la dernière table. Ce joueur complètement fou à Dortmund, sortant une pièce de sa poche et la jetant en l’air pour prendre sa décision, jouant donc littéralement son tournoi sur un coin-flip. Le tête à tête entre Antonio Buonanno et Jack Salter à Monte Carlo cette année, tenant en haleine quelques rares insomniaques jusqu’au lever du soleil, explosant tous les records de durée établis jusque là. La troisième place de Nicolas Levi à Prague en 2011. Toutes ces credit card roulettes gagnées, toutes ces credits card roulettes perdues. Ma victoire au tournoi médias de l’EPT San Remo. Les cash-games dans les chambres d’hôtel avec les autres couvreurs. Toutes les fois où il faisait déjà jour au moment d’aller se coucher. Et tous les moments que j’ai oubliés.







EPT Best-of #16 - Berlin, 2010 : quand les braqueurs font irruption à l'EPT

- 28 août 2014 - Par Benjo DiMeo

Le moment fut bref. Deux minutes à peine. Mais deux minutes que n’oublieront jamais tous ceux qui étaient là, deux minutes durant lesquelles une équipe d’hommes masqués et armés (machettes, pistolets) ont fait irruption dans l’hôtel Hyatt où se tenait l’étape EPT de Berlin, la toute première jamais organisée dans la capitale Allemande. Deux minutes durant lesquelles l’équipe de malfaiteurs a eu le temps de dérober le contenu des coffres de l’EPT, se battre avec quelques courageux agents de sécurité, et s’enfuir avec le butin.


Un agent de sécurité maitrise un braqueur (avant qu'il ne parvienne à s'enfuir, un complice étant venu à la rescousse)

Pas de bobos graves, pas de coups de feu, mais un moment de peur glaçante, et une cohue incontrôlable dans la salle de tournoi transformée en deux trois mouvement en champ de bataille : ces deux minutes ont paru deux heures.

Il suffit de relire nos articles écrits sur le vif, et les témoignages des joueurs pour s’en convaincre :

Harper : «  D'un coup, un bruit sourd raisonne à ma gauche : je me retourne et voit une dizaine de personnes détaler à travers les tables, en en renversant deux ou trois au passage. Des centaines de scénarios passent à travers ma tête mais le plus plausible selon moi est qu'un feu vient de se déclarer, ou qu'une bombe va exploser, et qu'il faut absolument quitter la pièce. J'ai alors ce réflexe, non réfléchi mais totalement humain, de faire comme tout le monde : courir. La nature humaine est ce qu'elle est : à cet instant, c'était du chacun pour soi. Bousculades, piétinements... J'ai vu Michelle Orpe littéralement se faire renverser sans que personne ne l'aide à se relever. »

Arnaud Mattern : « J'ai vu Jeff Sarwer se saisir de sa veste et partir avant tout le monde. Comme ce garçon est un génie qui pense plus rapidement que les autres, je me suis dit que ce serait peut-être une bonne idée de le suivre... Cela ne loupe pas : l'affolement survient juste après et nous avons une longueur d'avance. »

Samuel Chartier : « C'est Johannes Strassman qui a lancé la panique. Il est arrivé en déboulant dans la salle du tournoi en brayant en allemand. J'ai eu peur et j'ai également couru. »

Michel Abecassis : « C'était inhumain... Des cris, des gens qui courent dans tous les sens, qui se piétinent... »

Moi, j’étais dans la régie de l’EPT live en train de commenter le tournoi en direct, à une bonne centaine de mètres de distance du braquage : je n’ai rien vu, si ce n’est quelques joueurs paniqués s’enfuyant de la table télévisée. Puis les caméras se sont éteintes. La confusion était totale au micro, j'étais littéralement sans voix :

Pour autant que je sache, tous les braqueurs (qui s’étaient enfuis avec au bas mot 250,000 euros) ont été arrêtés dans les semaines qui ont suivi, et ont tous été condamnés à de belles peines de prison. La légende raconte qu’ils avaient déjeuné au McDonalds en face de l'hôtel avant de commettre leur méfait, à visage découvert et sous les yeux des caméras de sécurité, permettant à la police des les identifier rapidement en comparant les images avec celles prises à l'intérieur de l'hôtel par les médias poker. Un premier braqueur a été arrêté, et n’a pas mis longtemps à se mettre à table.

Et vous ne serez pas surpris que ce fut l’une des rares fois où l’EPT a fait la une des médias généralistes, en Allemagne, en France, en Angleterre et jusqu’aux Etats-Unis, car les médias n’aiment vraiment parler de notre jeu favori que lorsqu’il est associé à un scandale. Le tournoi, lui, a repris dans la journée, et s’est terminé le lendemain par la victoire de Kevin McPhee, qui fut le seul vainqueur EPT de l’histoire a être interrogé par la chaîne ABC News quelques minutes après son sacre. Les journalistes étaient bien entendu plus intéressés par le vol que par sa performance.

La une des journaux TV Allemands le soir même, avec des images du braquage proprement dit

Archives Winamax : Berlin 2010
Mon récit sur mon blog perso

Mon EPT préféré - Ilan Boujenah

- 27 août 2014 - Par Benjo DiMeo

Dernier volet de notre série de témoignages consacrés à dix années d'European Poker Tour !



« Mon premier EPT, c’était à Deauville en 2011, l’année de la victoire de Lucien Cohen contre Martin Jacobson. J’avais sauté très tôt, genre après trois ou quatre niveaux le premier jour. Je me rappelle surtout d’un gros traumatisant, je te la fais courte : flop As-6-2, j’ai deux As, en face As-Dame, je perds quand même le coup ! »

« Il y a eu plein de moments marquants. La finale de Lucille à Monte Carlo, ma finale à moi à Madrid, avec Nicolas Levi et Kool Shen. Et le plus mémorable pour moi : quand Polo [Paul Guichard] était en tête à tête contre Vadim Kursevich à Deauville, Polo l’a complètement démonté tout au long du heads-up, et finit par le mettre à tapis au turn avec brelan contre un tirage couleur et double ventrale. Sur la rivière, c’est la ventrale qui rentre, et personne dans le public ne l’a vue venir, on voulait juste ne pas voir de coeur tomber. Du coup, trois secondes où tout le monde crie et croit que Polo vient de gagner l’EPT, moi le premier, il n’y a que Clem [Clément Thumy] qui nous dit ‘Hé les gars, il a fait quinte !’ C’était traumatisant ! »

« Et bien sur, impossible d’oublier la victoire de Davidi à Berlin. On était là du début à la fin et malheureusement, j’ai loupé un petit 5% à cause d’une histoire de SMS non parvenu. Car il faut savoir  que Davidi a 1500 SMS non lus sur son téléphone, alors forcément, il passe à côté de trucs parfois [rires] ! »