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[Blog] Mon courrier des lecteurs

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Davidi Kitai
Vous êtes nombreux à me contacter sur les réseaux sociaux. Je m’efforce de répondre à la majorité de vos questions, mais je manque parfois de temps (et parfois j’oublie !). Certaines de vos questions reviennent assez fréquemment. Plutôt que de faire un copié-collé, je me suis dit que je pourrais me servir du blog pour adresser une réponse groupée. Comme ça, la prochaine fois que l’une de ces questions reviendra, je n’aurai qu’à partager cet article. Qui sait, cela pourra peut-être aider aussi ceux qui n’avaient pas encore osé m’envoyer un message mais se posaient les mêmes questions !

Avant de commencer, un petit avertissement : tout ce qui suit ne constitue que mon opinion personnelle, basée sur mon expérience et mon ressenti. Ne prenez pas mes conseils pour des vérités absolues ! D’ailleurs, si un jour vous m’avez envoyé une question et que je l’ai laissée en « vu », c’est peut-être simplement que je ne pensais pas être la personne la plus qualifiée pour apporter une réponse…

Je débute dans le poker, comment faire pour progresser ?

Voilà l’exemple typique de question qui me fait galérer ! Que répondre ? Quand j’ai commencé à jouer au poker – c’était il y a une éternité  – il y avait très peu d’outils ou de documentation facilement accessibles et permettant de travailler son jeu. Je pense que vous êtes nombreux à le savoir : je suis un joueur « old school », un autodidacte du poker. J’ai appris à force de jouer, jouer et encore jouer, à force de commettre des erreurs, à force de m’efforcer de les détecter et de ne plus les reproduire. Mais en 2020, il serait impensable de ne pas utiliser les outils qui se sont multipliés au fil des années, tant ils peuvent faciliter notre progression. D’ailleurs, mon coéquipier Adrien Delmas, un des grands techniciens de la nouvelle génération, a déjà évoqué le sujet sur le blog du Team.

De nos jours, pas mal de joueurs passent du temps sur PioSolver, un logiciel permettant d’assimiler le jeu « GTO » et de construire des ranges équilibrées, dans le but de devenir un joueur inexploitable – grosso modo, un joueur impossible à lire. Mais il est important de savoir ensuite dévier de cette stratégie, afin d’exploiter les faiblesses de vos adversaires. Ce style « exploitant » est selon moi la clé pour maximiser vos gains, en particulier aux petites limites, où les erreurs adverses sont beaucoup plus fréquentes. J’en suis convaincu : malgré l’émergence des tendances GTO ces dernières années, en low-stakes le style exploitant reste le plus profitable.

Davidi et Stéphane
Dans tous les cas, il est impératif de bien vous connaître, de déterminer quel est votre profil. Disposez-vous d’un cerveau « analytique », capable d’emmagasiner un grand nombre d’informations et de concepts théoriques ? Dans ce cas, je vous conseillerai de bosser sur les solvers et logiciels en tout genre. Si, à l’inverse, vous êtes un esprit volontiers plus « créatif », dont le cerveau s’oxygène par la pratique, dans ce cas-là je vous dirigerai plutôt vers les vidéos d’apprentissage. Toutes sortes de contenus sont disponibles en ligne, régulièrement actualisés : les vidéos et streamings live du Team Winamax par exemple, souvent très qualitatifs pour les débutants. Les vidéos de la chaîne Kill Tilt ont aussi très bonne réputation.

Que dire à propos du coaching ? Pouvoir échanger de vive voix avec un joueur expérimenté, c’est évidemment un très bon moyen de progresser plus rapidement. Bien sûr, comme pour n’importe quelle autre discipline, s’attacher les services d’un professeur représente un coût certain, mais si vous êtes capable de bien apprendre vos leçons, vous serez probablement à même de récupérer votre investissement. Ce ne sont pas les coaches qui manquent en France : le tout sera de choisir le bon. Quelqu’un qui a fait ses preuves, quelqu’un faisant preuve de pédagogie, à même de vous faire évoluer et réaliser à la fois votre potentiel et vos objectifs.

J’aimerais arrêter mon boulot/mes études et me lancer comme joueur de poker pro, des conseils ?

Devenir pro, ce n’est pas quelque chose de facile, loin de là. On entend plus souvent parler des belles histoires que des échecs cuisants, mais la vérité c’est qu’il y a beaucoup plus de gens qui se sont plantés que de gens qui ont réussi. C’est pareil que dans le football de haut niveau, la musique, la cuisine, bref tous ces domaines de passionnés : il y a beaucoup d’appelés mais très peu d’élus !

Avant de tout quitter pour tenter de vivre du poker, je vois au minimum deux conditions à remplir au préalable :

Disposer d’une bankroll solide pour pouvoir se permettre de tout quitter. Votre capital doit obligatoirement inclure une somme suffisante pour vos dépenses courantes sur un horizon de plusieurs mois (le loyer, les courses, bref votre train de vie), et un montant suffisant pour jouer et faire face à la variance au quotidien. Le tout en respectant les notions de base du « bankroll management », bien sûr !

Avoir fait ses preuves. C’est-à-dire : avoir des résultats positifs sur un grand (voire très grand) échantillon de mains. Par exemple, en MTT, 1 000 tournois joués me semblent être le strict minimum pour pouvoir estimer correctement votre niveau. TOUS les joueurs de poker subissent des « downswings », des périodes (parfois longues) où les pertes s’accumulent… mais les joueurs gagnants vont tout de même afficher une tendance « haussière » sur le long terme. Si vous avez eu la chance de gagner un gros « one time » lors d’un festival mais que vous êtes perdant le reste du temps, je ne vous recommanderai pas de vous lancer dans l’aventure pro !

Davidi Meme
En dehors de l’aspect financier, le quotidien d’un pro constitue un choix de vie loin d'être toujours évident. Les avantages sont réels : l’indépendance financière, la liberté que cela procure, le fait de ne devoir rendre de comptes à personne. Mais les inconvénients sont tout aussi réels, comme le risque de désocialisation (en particulier chez les joueurs online) et les swings importants qui peuvent grandement affecter le moral, même chez les joueurs les plus blindés psychologiquement.

Pour beaucoup de jeunes, les études peuvent sembler être une perte de temps. Mais l’obtention d’un diplôme reste une sécurité pour votre avenir, en plus de permettre l’apprentissage de nouvelles choses qui pourront se révéler très utiles un jour. Et puis, ne négligeons pas tout ce que les études peuvent avoir de divertissant : les rencontres, le travail de groupe, les fêtes, les bandes de potes, les sorties le week-end…

De même, dans le monde du travail, j’en connais pas mal qui ont fini par se lasser d’un boulot répétitif, exécuté au service d’un boss qui les exploite et demeure le principal bénéficiaire de leur labeur. Un travail « standard » et la routine qui va avec, cela peut devenir ennuyeux, c’est vrai. Mais là encore il ne faut pas négliger la sécurité que ce boulot apporte : un salaire fixe, l’accès à des crédits… sans oublier le côté moral. Car même si votre job est banal, au moins il apporte quelque chose à la société !

Mon conseil, dans ce contexte, serait d’essayer de jouer sur les deux tableaux, au moins dans un premier temps : continuer d’étudier ou de bosser, tout en travaillant votre poker durant votre temps libre. En progressant, vous pourrez peut-être vous constituer un supplément de salaire régulier, sans forcément avoir à tout quitter. Cela ne serait déjà pas mal. Et puis, plus tard, le choix viendra naturellement à vous. Si vous vous retrouvez un jour avec des gains importants et réguliers et que votre passion reste intacte, votre choix de vie sera beaucoup plus facile à faire !

Comment tu gères un bad beat, particulièrement quand tu joues sur plusieurs tables ? Comment faire pour ne pas tilter sur les autres tables ?

Là-dessus ma réponse sera brève et simple : au poker, on ne peut pas contrôler le facteur chance et la variance. C’est comme ça. Tout le monde se prend des bad beats, cela fait partie intégrante du jeu. Dès lors, le but est de parvenir à faire abstraction de tout ce qu’on ne peut contrôler. Focalisez-vous uniquement sur votre stratégie à l’instant T. Votre seul souci doit être de savoir si vous avez bien joué le coup ou non ! Cela demande un vrai travail mental. Admettre que les bad beats font partie du quotidien d'un joueur vous permettra de les accepter plus facilement.

Comment fais-tu pour concilier le poker avec ta vie de famille ?

Davidi FamilleSujet compliqué ! C’est vrai : ce n’est pas toujours évident à gérer. Avoir un bébé qui se réveille en pleine nuit au milieu de votre session, le manque de sommeil, le temps qui passe beaucoup plus vite au moment où il faudrait travailler son jeu… Autant de choses qui peuvent freiner la progression normale d’un joueur pro. J’ai une chance immense : avoir à mes côtés une épouse compréhensive. Elle sait qu’une fois ma session commencée, il est important que je sois concentré à 100 %. En revanche, dans les moments où je ne joue pas, je me dois de redoubler d’efforts dans mon rôle de père.

Cela demande certes de l’organisation (et beaucoup le savent : ce n’est pas mon fort !), mais j’ai petit à petit appris à faire s’entendre ma vie privée et ma vie professionnelle. Je dirais même plus : aujourd’hui, je considère ma situation familiale comme un vrai avantage pour mon métier, dans le sens où j’ai des objectifs plus concrets sur l’avenir. Je ne dois plus juste gagner pour ma satisfaction personnelle : je le fais pour ma famille. C’est une motivation beaucoup plus stimulante !

Ma famille (ma femme, ma copine, mes parents) ne veut pas que je joue au poker, comment leur expliquer ?

Même si le poker s’est beaucoup démocratisé ces dernières années, il souffre encore d’une mauvaise image. Parfois à tort (beaucoup le considèrent encore comme un pur jeu de hasard, le mettant dans le même sac qu’un jeu à gratter ou une machine à sous), souvent à raison (le danger, bien réel, de l’addiction).

Si votre engouement pour le poker passe mal auprès de vos proches, il faut tenter de leur expliquer ce qui le sépare des jeux qu’on trouve au casino ou au bureau de tabac. Il comporte une part de chance, bien sûr, mais sa profondeur stratégique est sans commune mesure ! Si vous êtes passionné de poker, défendez-le comme vous le feriez pour n’importe quel autre loisir : un cinéphile, un collectionneur de BD, un skieur, un gastronome investit une certaine somme pour kiffer sa passion. Quelle différence avec le poker ? C’est là qu’il faut séparer la recherche du gain de la pratique du poker en elle-même. Si vos proches s’inquiètent pour vous, c’est avant tout parce qu’ils souhaitent votre bien-être. Si vous parvenez à leur démontrer que votre passion ne met pas en danger votre santé et vos finances, ils finiront par comprendre et accepter.

Faut-il toujours jouer Dame-Ouitre ?

Non, ça ne marche que pour moi !

Voilà, j’espère avoir été clair. Surtout n’hésitez pas à me contacter en MP sur les réseaux sociaux (links ci-dessous) si vous avez d’autres questions. On fait comme on aaaaaa dit, allez saluuuuuut !

Davidi Kitai


KitBul

EPT, WPT, WSOP : pas un circuit majeur n’a résisté à l’appétit de victoire du Belge du Team Winamax, qui n’est pas pour autant rassasié.

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