Winamax

Wild Wild West

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17 juillet. Je suis à l'aéroport de Newark. En route pour l'Alsace après une nuit blanche durant laquelle des émotions violentes et variées se sont succédées : euphorie, frustration, sentiment d'inachevé, culpabilité... Et pourtant, j'ai bel et bien réalisé la meilleure performance de ma carrière de joueuse il y a quelques heures à peine : dixième sur 6 598 lors du plus gros tournoi de poker du monde, le Main Event des World Series of Poker. Mais revenons un peu en arrière...

20 mai. Je décolle pour les States. Cette année, j'ai décidé de profiter de mon séjour à Sin City pour visiter les alentours. Notamment les parcs nationaux du Nevada, de l'Arizona et de l'Utah... avant de me diriger vers la Californie, sa côte océanique et sa mythique autoroute, la Pacific Highway 1. En ligne droite avec la mer comme compagnon de route à ma droite, de San Francisco à San Diego. Un vrai road trip dans l'Ouest américain, à la Jack Kerouac, histoire de se mettre en jambes pour les WSOP, et prendre un grand bol d'air avant de se lancer à l'assaut des tables. Un mois de déconnexion totale avec les cartes et les jetons. 6 000 kilomètres de routes désertiques et de décors de cinéma : quoi de mieux pour arriver aux championnats du monde gonflée à bloc ? En parcourant ces paysages à couper le souffle, en marchant des dizaines de kilomètres au milieu de la nature, on se sent en phase avec elle, on relativise pas mal, et on réfléchit à ce qui compte vraiment. On remet les pieds sur terre, la Terre.

Ainsi je ne saurais que trop vous conseiller, si vous en avez l'occasion, de visiter quelques-uns de ces parcs nationaux américains. J'ai particulièrement apprécié Bryce Canyon et ses hoodos, formations géologiques coniques et orangées qui s'étendent à perte de vue devant le regard du visiteur. Yosémite aussi, au cœur de la Sierra Nevada, somptueux avec ses roches de granite, ses cascades vertigineuses et ses forêts peuplées d'ours de noirs. On ne peut qu'être subjugué par l'immensité et la beauté de ces panoramas.

Bryce Canyon

Mais revenons à nos moutons. Ou plutôt à nos poissons. 24 juin : après les coyotes, big horns, ours et autres chiens de prairie, me voici confrontée à une tout autre espèce : la faune aquatique qui peuple les tables des championnats du monde. Je m'apprête à jouer mon premier tour de l'été, une épreuve de No-Limit à 2,500 dollars. Confiante, je parviens à tripler mon tapis de départ assez facilement en début de journée, mais ma table se corse rapidement avec les arrivées successives de Vanessa Selbst, et Andre Akkari, qui sera ensuite remplacé par Fabrizio « SixthSenSe19 » Gonzalez, excellent joueur de MTT en ligne.

Après avoir perdu plusieurs mains contre Selbst (que je voyais prendre des décisions assez étranges), je ne me sentais plus très à l'aise, ayant la désagréable sensation de m'être fait marcher dessus et d'avoir jeté des mains par peur de spew mon tournoi. Sans doute que j'ai été frappée par ce syndrome, très courant, qui veut qu'un joueur fraîchement sponsorisé soit un peu timide durant ses premières épreuves...

Au final, je termine la journée en perdant la moitié de mon stack sur la toute dernière main, suite à un mauvais call contre le Gonzalez sus-cité. Du coup, je n'emballe que dix blindes après la conclusion de la partie, en m'en voulant d'avoir encore mal joué, et de ne pas avoir eu le courage de faire confiance à mes reads. Ceci dit, l'expérience est positive : c'est en s'affrontant aux meilleurs que l'on peut apprendre.

Consciente qu'avec 10 blindes seulement, je ne suis pas en très bonne posture pour atteindre les places payées, c'est complètement relâchée et sans pression que j'entame le Day 2. Advienne que pourra : avec mon short-stack, je n'aurai pas de décisions difficiles à prendre, et je suis prête à sauter. Mais en fin de compte, les Dieux du poker vont se montrer indulgents. Après avoir doublé une fois, puis perdu avec deux Dames contre deux Valets pour un pot de 50 blindes, j'ai la chance de toucher un de mes outs dans une confrontation 99/AA, juste avant la bulle. Me voilà bientôt ITM, en toute détente ! Peu après, je sortirai néanmoins, mes 23 blindes partant en fumée avec As-Roi contre le As-10 de mon adversaire. Aucune frustration : je suis simplement heureuse d'avoir atteint l'argent pour la première fois aux WSOP.

Quelques jours plus tard, je pars à la conquête de l'épreuve Ladies. Un tournoi intéressant, avec son field généralement assez faible. Et comme prévu, j'ai bénéficié de belles tables au cours du Day 1. Il y avait bien un excellent joueur, habitué des tables de cash-game high-stakes - oui, j'ai bien UN joueur, en l'occurrence un joueur se surnommant « WCGRider », familier des limites 25$/50$ et plus. Merci à lui pour ses jetons ! Je monte rapidement un gros tapis, sans jamais me mettre en difficulté - rien à voir avec les tables du tournoi précédent. Je gagne pratiquement tous les coups dans lesquels je suis impliquée, avec ou sans showdown, ne rencontrant aucune résistance de la part de mes adversaires. Et je joue beaucoup de coups ! A la pause-dîner, je possède déjà cinq fois la moyenne : je suis chip-leader. Ne comptant pas m'arrêter en si bon chemin, je poursuis sur ma lancée et maintiens mon écart pour finir la journée à la même position. La sensation est plaisante, mais les attentes sont d'autant plus élevées !

A l'inverse de l'épreuve précédente dans laquelle j'avais entamé le Day 2 avec très peu de jetons, et donc sereine car sans trop d'ambitions, j'attaque la deuxième journée du Ladies avec de grands espoirs, et une pression du même ordre. Malheureusement, cette journée sera loin d'être aussi tranquille que celle de la veille. Malgré plusieurs coups à 70/30 et une tripotée de coin flips perdus, je parviens tout de même à me hisser en demi-finales.

La suite est classique : je retombe sous la moyenne, et je me fais rattraper par la structure pour au final perdre le coin-flip décisif avec deux Valets contre As-Roi. Un gros qui aurait pu me faire remonter au-dessus de l'average...Me voilà donc OUT en quinzième position. Un peu déçue sur le coup, mais sans regrets, contente du jeu produit, et en pleine confiance, hyper motivée pour aborder le Main Event.

A suivre...


O RLY

Une des premières vraies terreurs au féminin de la nouvelle génération. Un talent fou de choc et de charme !

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