Winamax

Un Top Shark se jette à l'eau

Par dans

Laisser tomber la routine du quotidien pour naviguer à travers les océans les plus lointains : c'est le rêve fou de Yann Del Rey, vainqueur de la Top Shark Academy en 2013. Il nous raconte.

Le réveil qui sonne toujours trop tôt. Les transports en commun toujours bondés dès le matin. Le boulot où il faut pointer à l’heure. La boîte mail qui ne se vide jamais. La pause-déjeuner toujours trop courte. La pluie qui rend les passants aussi maussades que le ciel. Ce téléphone qu’il faut toujours recharger. Les transports en commun aussi bondés le soir que dix heures plus tôt. La boîte aux lettres où ne s’entassent que des mauvaises nouvelles. Le ménage, le repassage et la vaisselles qui s’accumulent dans la minuscule boîte qui nous sert d’habitation. Les vacances bien délimitées, cinq semaines par an, pas une de plus. La télévision et son flot constant de mauvaises nouvelles et de programmes ineptes. En un mot : la routine. Un schéma identifié depuis des lustres (« metro-boulot-dodo »), qu’on supporte plus que l’on accepte. Un mal de vie plutôt qu’un mode de vie.

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Cette routine, qui n’a jamais eu envie de l’envoyer balader ? Tout jeter par-dessus bord, mettre les voiles, laisser sa vie derrière, partir à l’aventure, le plus loin possible, vers l’inconnu et l’imprévisible ? Le cinéma et la littérature sont remplis de ces histoires, vécues ou imaginées, d’hommes et femmes qui ont tiré un trait sur la société moderne, ses cases bien délimitées et son quotidien sans surprises pour partir, avec rien de plus qu’un sac sur le dos et des rêves plein la tête. Into The Wild, La Vie Rêvée de Walter Mitty, La Plage… Nous avons tous, à un moment ou un autre, imaginé que nous pourrions faire comme eux plaquer nos vies bien rangées.

Ce rêve fou, un joueur de poker que vous avez bien connu il y a quelques années s’est mis en tête de le réaliser. Pas du jour au lendemain ni sur un coup de tête mais, comme tous les bons joueurs de poker, avec méthode et préparation.

Au moment où nous le joignons par téléphone à la fin du mois d’avril, Yann Del Rey est à la veille du grand départ et d’un changement de vie radical. « Ça y est, l’appartement est vide », explique l’ancien membre du Team Winamax. « L’équipe de nettoyage est passée. On vient de donner les dernières fringues qui restaient. On est sur le point de rendre les clés. On va passer notre dernière nuit à Londres chez Ludovic Lacay. Demain, on sera partis ! Ça fait tout drôle, de se dire qu’on vient de prendre sa retraite. »

La destination de Yann et son épouse Cécile ? Brisbane, Australie, où les attendent leur nouvelle maison. Une maison qui ne restera jamais bien longtemps en place, et pour cause : il s’agit d’un catamaran de douze mètres baptisé « Take it easy », avec lequel ils vont naviguer au gré de leurs envies, sans se presser et avec un minimum de contraintes. Take it easy. En français : relax ! Prends ton temps ! Un nom qui pourrait aussi servir de slogan à la nouvelle vie de Yann. « Le premier objectif, c’est d’atteindre la Grande Barrière de Corail. On va y passer trois mois, histoire de se faire la main, prendre nos aises, se familiariser avec notre nouvelle vie. Après, on verra : la Nouvelle Calédonie, les îles Fidji, la Nouvelle Zélande… On a beaucoup d’endroits où on veut aller. »

Mais au fait, comment on en arrive à l’idée d’un life reboot aussi monumental ? « Cela remonte à deux ans, pendant notre lune de miel, rembobine Yann. On est partis en Indonésie pour 15 jours de croisière. On s’est retrouvés à faire de la plongée non-stop. » Une expérience suffisamment marquante pour que le programmeur se pose la question : et si… et si on arrêtait tout ? Et si on changeait de logiciel ? Et si notre vie, désormais, c’était ça : le large, le voyage, la mer, rien que la mer, sans agenda ni obligations ?

La graine était plantée. Pour la faire germer, Yann a du faire appel à ses talents de persuasion auprès de sa moitié. « Quand j’en ai parlé à Cécile la première fois, elle a rigolé. ‘Mais arrête de rêver, on n’a aucune idée de comment se servir d’un bateau !’ Je me suis documenté, j’ai cherché des infos un peu partout, je lui ai montré des vidéos, des articles. J’ai monté un projet, pour lui montrer que c’était quelque chose de réalisable. A partir du moment où elle a dit ‘OK, en fait c’est faisable’, on s’y est consacrés à 100%. »

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Avec le Team Winamax en 2013

Première étape indispensable une fois la décision prise : obtenir les permis nécessaires pour devenir un vrai marin. « On a passé un certificat de voile en Australie l’été dernier. Cinq jours de théorie suivis de dix jours de pratique. » C’est là qu’ils ont, en janvier, fait l’acquisition de leur nouvelle maison. Avant d’intégrer le Team Winamax en 2013 suite à sa victoire sur le concours Top Shark, Yann "DaProd" Del Rey développait des applications pour tablettes et mobiles. Une vie professionnelle bien installée qu’il a retrouvée intacte à la fin de son « CDD poker » d’un an, et qui fut cruciale pour boucler le volet financier de son projet. « Après avoir pris notre décision, je me suis mis à mon compte. J’ai recrée une boîte et j’ai enchaîné les boulots freelance pendant un an. » Une hyper-activité qui lui permet, à la veille du grand départ, d’avoir de l’avance sur le futur, par exemple en ce qui concerne les inévitables imprévus. « On a le budget pour vivre pendant deux, voire trois ans. La maintenance et les réparations du bateau - il y en aura forcément ! - sont incluses dans nos plans. »

Et la réaction des proches ? Du côté de la famille de Yann, la nouvelle n’a pas été accueillie avec une réelle surprise : « Entre le jour où je leur ai annoncé que je voulais devenir joueur de poker professionnel et la création de ma première boîte, ils ont l’habitude des chamboulements avec moi ! Pour les parents de ma femme, cela a été un peu plus compliqué de les convaincre… » Pourtant, à la veille du grand départ, aucun doute perceptible chez Yann. « 90% des gens qui ont ce genre de rêve finissent par laisser tomber. On s’est lancés à fond. Au début, je me disais qu’il y avait une part de gamble dans ce projet. Maintenant, je peux le dire : c’est à 100% ce qu’on veut. »

Lorsque l’ont dit adieu à la routine des villes, on laisse forcément beaucoup de choses derrière. « Ce qui va me manquer ? Ne plus être connecté 24h/24, cela va forcément nous faire tout drôle. Mais c’est surtout les soirées et les restos entre copains qui vont nous manquer. Notre vie va être plus calme, c’est sûr… Mais c’est exactement ce que l’on recherche : une vie moins stressante. » Et puis, Yann et Cécile ne vont pas tout le temps voyager en solitaire, loin de là : « Sur le catamaran, on a deux chambres doubles. Donc on a la place pour naviguer à huit relativement confortablement. Entre les parents, les beaux-parents et les copains, on va avoir de la visite tout le temps, deux semaines par-ci, un mois par-là… Le planning de ‘l’hôtel’ est déjà sold out [rires] ! »

Larguer les amarres, cela signifie aussi voyager léger. Hors de question pour Yann et Cécile d’emporter d’encombrants bouquins, par exemple. Un disque dur de 4 téra-octets sera largement suffisant pour stocker une vie entière de distractions. « Je l’ai rempli de livres, de séries et de musique. » Le couple a fait table rase du reste : « ça fait deux mois que l’on vend toutes nos affaires sur le Net. Il ne nous reste plus rien. C’était important, symboliquement, de tout lâcher. On voulait perdre toutes nos attaches, afin de n’avoir aucune excuse qui nous ferait revenir. » Une seule exception à cette grande brocante : « Je collectionne les bons alcools. Le stock a été divisé entre mes parents et Ludovic. »

En l’écoutant nous détailler son rêve, à la veille de sa concrétisation, les questions nous viennent par dizaines. Comme si l’on avait envie de s’assurer que notre vieux pote du Team Winamax n’avait pas pété un plomb tandis que nous avions le dos tourné. Mais, sûr de lui, Yann répond à toutes nos interrogations les unes après les autres sans se démonter. Combien de temps peuvent-ils tenir en mer, loin des côtes ? « Entre sept et dix jours, le catamaran a pas mal d’autonomie, quelque chose comme 1 500 kilomètres. » Et le ravitaillement ? « On s’arrêtera au port quand il le faudra, mais on prévoit de pêcher pas mal. Au harpon, principalement. » Le courant ? « On a acheté 5 panneaux solaires : 500 watts, plus une éolienne, c’est largement suffisant. » Et le futur, Yann le voit comment ? « On se donne deux ou trois ans, et après on verra. Peut-être retrouver la ville, j’ai San Francisco en tête, mais d’ici là, on sera peut-être blasés. L’objectif, ça serait de travailler dans le tourisme ou l’environnement. Il y a une chose qu’on prévoit de mettre en avant durant notre voyage, c’est l’importance du recyclage. »

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« Mettre en avant » : le mot est lâché, Yann et Cécile ne comptent pas déconnecter complètement. Avouez que cela serait dommage de partir dans une telle aventure sans nous la raconter ? « On a acheté une bonne caméra et un drone. Le compte Instagram est déjà lancé, il porte le nom du bateau : sailingtakeiteasy. La chaîne YouTube va suivre. » Et pour nous, spectateurs de Winamax TV, une petite exclusivité : nous recevrons régulièrement des images des voyages de Yann et Cécile, que nous diffuserons le dimanche lors du Multiplex Poker. Inutile de dire que nous avons hâte d’avoir de leurs nouvelles, et que nous sommes à la fois jaloux, anxieux et excités de recevoir les premières images. Bon vent, les amis !

De : Benjo
mer. 29/05/2019 10:16
À : Yann Del Rey


Hey Yann ! J’espère que tout se passe bien pour toi. On va publier l’article demain. Comme ça fait plus d’un mois qu’on s’est parlé au tel, ça serait cool d’avoir quelques nouvelles en guise de conclusion à l’article.

De : Yann Del Rey
mer. 29/05/2019 13:22
À : Benjo


Salut Benjo, super ! En 2 semaines en Australien on a acheté l’équipement manquant (harpon, matériel de plongée, habits…) Puis on a enfin mis les voiles, direction le nord. On a fait nos premières nuits seuls en jetant l’ancre. Personne à portée de vue. Puis après deux semaines de navigation acharnée, on arrive enfin sur la barrière de corail ! C’était la galère, entre les vents et tous les petits pépins quotidiens. Il y a un truc qui casse tous les jours sur le bateau, on est en mode Mac Gyver. Mais c’est la vie de marin qu’on a choisie :)
PS : pour notre notre chaîne Youtube, c’est pareil qu’Instragram : sailingtakeiteasy.


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Benjo DiMeo

Triple vainqueur VSOP à Cognac.

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