Top 5 : Quand les Espagnols dominent le monde
Par Tournois Live
dansDe Carlos Mortensen à Ramon Colillas en passant par Adrián Mateos, découvrez notre Hall of Fame du poker ibérique.
Depuis l'avènement de Carlos Mortensen au début du siècle, quantité de joueurs ibériques ont réussi à hisser haut le Rojigualda, le drapeau rouge et or, dans de nombreux événements live dans le monde. Nos collègues de Winamax.es vous ont dressé leur équipe-type de ces gars sûrs, propres à semer la terreur sur le circuit pro. ¡A por ellos!
Carlos Mortensen : à jamais le premier
Né en Amérique du Sud il y a 48 ans d'une mère espagnole et d'un père danois, c’est lui qui a montré le chemin : Carlos Mortensen a été le premier ibérique (et le seul jusqu'à aujourd'hui) à remporter le Main Event des World Series of Poker, en 2001. Logiquement, El Matador restera à jamais le premier grand nom du poker espagnol, même s'il n'a pas immédiatement été prophète en son pays : en Espagne, le poker était encore une affaire confidentielle à cette époque, cantonné aux parties entre amis et donc sans réelle visibilité médiatique.Mortensen voit donc le jour en Équateur, à Ambato plus exactement, puis débarque à Madrid à 15 ans pour y vivre avec sa famille. Il y découvre le poker par hasard, dans le bar où il travaillait comme serveur : on l'invite à rejoindre un cash game, et il y perd l'équivalent d’une soixantaine d’euros. Pas grave : Carlos est mordu. Alors en 1997, avec en poche un visa de trois mois et 15 000 $ en cash, Mortensen prend un avion direction les États-Unis, pour tenter de braquer les casinos d'Atlantic City. Grâce à un style de jeu très loose et hyper-agressif intimidant pour ses adversaires, il y gagne son surnom d'El Matador et devient une terreur des tables au pays du poker serré. Il se taille aussi une petite réputation pour son incroyable talent de "sculpteur" de jetons, montant de véritable œuvres d’art avec ses chips pour passer le temps entre deux mains.
En 2000, Mortensen décide de s'installer définitivement aux États-Unis et y dispute rapidement ses premières tables finales. La consécration arrivera très vite : en juillet 2001, le voilà donc Champion du Monde, remportant 1,5 million de dollars face aux 613 participants du Main Event, après avoir éliminé au passage des pontes tels que Phil Hellmuth, Daniel Negreanu ou Mike Sexton. L’histoire retient la main finale contre Dewey Tomko, qui perd avec deux As quand Mortensen lui passe devant sur la river en rentrant un monster draw avec son KQ, gratifiant l'assistance d'un convaincu "¡Viva España!". Depuis, aucun Espagnol n'a su rééditer l’exploit sur le Big One (même si quelques-uns se sont faufilés en finale, on y reviendra plus bas). De nos jours, Mortensen se fait rare en tournois live : ses dernières places payées remontent à 2017. Ce qui ne l'empêche pas de rester numéro deux sur la All-Time Money List espagnole, avec plus de 12 millions de dollars de gains cumulés, loin derrière son successeur désigné, héros du paragraphe suivant. - David S.
Adrián Mateos : le génie précoce
Juan Maceiras Jr., Juan Manuel Pastor, Diego Gómez, Javier Gómez, Guillem Usero, Dragan Kostic, Pablo Gordillo ... Au début des années 2010, les joueurs espagnols collectionnent les deep runs sur les Main Events de l'European Poker Tour... sans pour autant réussir à conclure. Mais c'était avant que ne débarque un certain Adrián Mateos Diaz. Le natif de San Martín de la Vega (banlieue de Madrid) déboule dans le monde du poker en 2012, lorsqu’il remporte un premier tournoi à Madrid (il n'a que 18 ans), puis l'Estrellas Poker Tour Madrid peu de temps après. Le jeunot enchaîne les titres jusqu'en octobre 2013, où il gagne son premier million d'euros et son premier bracelet WSOP au Main Event des WSOP-Europe d’Enghien-les-Bains, qui sera suivi de deux autres en 2016 et 2017 : Mateos devient alors le plus jeune joueur de l'histoire à posséder trois bracelets WSOP !
Après sa victoire en France, Mateos passe directement du statut de "star en devenir" à professionnel redouté, qui à seulement 19 ans est déjà capable de perfer au plus haut niveau. Adrián part alors vivre à Londres avec son ami Sergio Aido pour raser les sites du .com et les casinos locaux, exemptés des sévères réglementations du poker en Espagne. S’il est d’un tempérament timide et réservé dans la vie, Amadi_17 se transforme en prédateur dès qu'il s'assoit à une table de poker, capable d'exécuter des moves hyper-agressifs et de mettre en place des thinking process très poussés.
Seulement deux ans après son premier bracelet, celui qui est déjà un visage familier des plus gros festivals du circuit (il remporte notamment deux tournois le même jour à l'EPT Deauville !) débarque en conquérant à Monte-Carlo pour la Grande Finale EPT. Quelques jours plus tard, il devient le premier Espagnol à remporter un Main Event EPT après avoir battu des sharks comme Ole Schemion ou Johnny Lodden en table finale. Ce dernier ne s'est d'ailleurs toujours pas remis d'un bluff magistral du Madrilène, qui a immédiatement trouvé sa place dans les annales de l'histoire du poker. Il s'agit du deuxième million qu'Amadi remporte en live, trônant bien sûr en bonne place au cœur d'un impressionnant palmarès : 17 titres depuis 2012 et plus de 21 millions d'euros récoltés sur les tables du monde entier, dont son doublé à la Caribbean Poker Party des Bahamas immortalisé par les caméras de Dans la Tête d'un Pro. Aujourd'hui, comme le reste de la planète poker, celui qui a rejoint le Team Winamax en 2017 se contente de jouer online (toujours avec succès), mais une chose est certaine : Adrian sera parmi les premiers à remettre le couvert en live dès que cela sera possible... - David S.
Ramon Colillas : sorti de nulle part
L'histoire de Ramón Colillas pourrait facilement être adaptée au cinéma : celle d'un gars simple et discret qui connait soudainement son quart d’heure de gloire. Surnommé "M. Boxes" aux tables online, il reste à ce jour l'Espagnol ayant remporté la plus grosse cagnotte sur un seul tournoi : 5,1 millions de dollars, collectés sur le PokerStars Players Championship de janvier 2019, à ce jour le plus gros tournoi à 25 000 $ jamais organisé. Qualifié gratuitement pour cet événement via le Campeonato de España de Poker, un championnat freeroll organisé un peu partout, il jouait en ligne depuis quelques années mais restait alors un parfait inconnu au-delà de la péninsule ibérique.
Cela lui permit d'arriver aux Bahamas dans la peau d’un outsider peut-être sous-estimé, ses rivaux le considérant comme un de ces joueurs semi-recréatifs facilement exploitables - ils étaient très nombreux sur la ligne de départ. Mais M. Boxes leur donna tort en disputant notamment un heads-up exemplaire contre Julien Martini, après avoir longtemps marché sur la ligne jaune des 10 blindes... Un facteur qui ne l’inquiéta pas outre mesure car Colillas était habitué au format Expresso en ligne.
Gagner le PSPC a changé la vie de Ramón, faisant passer ce grand timide (c'est lui qui le dit) de l'anonymat le plus total aux pubs TV du Team Pro PokerStars. Pourtant, le champion a assuré plus d'une fois que l'argent n'avait pas changé sa façon d'être et qu'il continuait de "regarder les prix sur les étiquettes" en allant faire ses courses. - David S.Le club des high rollers : à la conquête du monde
La dernière décennie a vu l'avènement de l'ère Highroller, celle des tournois très chers rassemblant le petit cercle des meilleurs joueurs du monde, mélangés à une poignée de riches amateurs. Pour le plus grand plaisir des railbirds espagnols, les ibériques ont pris l’habitude d'y briller, ce que nous n'aurions pas imaginé il y a quelques années pour un pays dépourvu d’une longue histoire pokeristique. L'un d'entre eux se démarque particulièrement : Sergio Aido.
Formé en ligne, le natif de la principauté des Asturies (c'est tout au nord) est petit à petit devenu un vrai globe-trotter du circuit, toujours à la recherche des plus beaux (et gros) tournois live. Son premier gain à sept chiffres, il l'atteint en février 2017 à Manille, camp de base des Triton Poker Super High Roller Series, atteignant la table finale d'un Main Event au buy-in très costaud : 130 000 $. Il y croise des stars comme Bryn Kenney et Daniel Cates. Même si Koray Aldemir s'adjuge le trophée, c'est bien Sergio qui repart avec la plus grosse somme à l'issue du deal : 1 337 019 $.
Le point culminant de la carrière de Sergio surviendra deux ans plus tard à Monte-Carlo, siège du plus glamour des European Poker Tour. Nous sommes au printemps 2019 et le poker espagnol vit des heures de gloire sans précédent : deux représentants ibériques se retrouvent ainsi pour le heads-up final du célèbre tournoi à 100 000 €, avec un Jesús Cortés ressuscité (il avait disparu pendant un an avant de refaire surface aux Bahamas) affrontant un Sergio au top. Ce dernier finira par gagner le tournoi et un gain de 1 589 190 €, laissant les 1 279 300 € réservés à la deuxième place au natif de Saragosse.
Organisée trois mois plus tard, l'édition 2019 de l'EPT Barcelone constituera une sorte d'apogée pour le poker ibérique. Une quinzaine historique qui débute avec Juan Pardo, joueur de Malaga qui avait déjà réalisé des perfs' très importantes à Las Vegas tout au long de l'été en remportant trois High Rollers à l'Aria en quelques jours seulement. Le 26 août, il décroche la victoire dans le gros High Roller à 25 000 €, en battant en heads-up le footballeur (et assassin de la Coupe Davis, mais c'est un autre sujet) Gérard Piqué. Une expérience qu'il n'est certainement pas près d'oublier, tous comme les 491 600 € empochés ce jour-là. Loin d'être rassasié, il était de retour 24 heures plus tard pour gagner à nouveau, cette fois dans le High Roller à 50 000 €, encaissant 1 013 860 €. Faites le calcul : cela fait plus d'un million et demi d'euros glanés en 24 heures de folie.
En pleine extase (et en pleine gueule de bois aussi), on se précipite pour aller applaudir d'autres joueurs du cru sur le tournoi le plus cher du festival : le Super High Roller à 100 000 €. Et nous sommes nombreux : peu d'acteurs de la communauté du poker espagnol recueillent autant l'admiration et le respect que Sergi Reixach, empereur indéboulonnable des Sit&Go les plus relevés du Net. Mais LA grosse perf' live que Sergi méritait s'était toujours refusée à lui, et il gardait encore en travers de la gorge le bad beat subi à l'été 2019 à Las Vegas, lorsqu'il avait sauté de la finale du High Roller à 100 000 $ des WSOP avec deux As contre deux Rois. Barcelone effaça ce mauvais souvenir : Sergi obtint son diplôme avec mention très bien en dominant un field de 64 entrées, partageant l’affiche en table finale avec Steve O'Dwyer, Luc Greenwood, Kahle Burns et enfin Sam Grafton, vaincu à l'issue d'un heads-up que Sergi avait pourtant très mal commencé. Une victoire bonne pour 1 816 210 €, une récompense mille fois méritée. - Álex
WSOP : des automnes bénis...
Entre 2008 et 2016, la table finale des World Series of Poker se déroulait en novembre, trois mois après la conclusion des phases préliminaires, histoire de laisser à la chaîne ESPN le temps de monter et diffuser les épisodes consacrés aux Day 1, Day 2, etc. Cette ère désormais révolue a vu le poker espagnol s'illustrer à deux reprises.
Crédit photo : Joe Giron / WSOP
2014, d'abord. Notre héros d'alors est un garçon timide, fan de l'Athletic Club de Bilbao, originaire d'Arrasate et qui jusque-là était plus connu pour ses succès en ligne que pour ses triomphes sur les tables en dur : Andoni Larrabe, alias "Pollopopeye". Votre serviteur a eu la chance de vivre de près le Main Event des WSOP cette année-là : je me souviens que les espoirs espagnols s'étaient rapidement réduits à Larrabe, aussitôt après l'élimination de Pablo Fernández en 399e place. Son style de jeu presque sans faille et son attitude décontractée n'avaient eu aucun mal à fédérer la communauté espagnole. Sa qualification pour la finale, Andoni la devra a un double up très tendu : quel stress que ce flop K-8-5 déroulé après qu'Andoni et Luis Velador aient retourné les As et As-Roi, respectivement ! Andoni Larrabe revint à Las Vegas en novembre avec le quatrième plus gros tapis, mais sa performance au Penn & Teller Theatre du Rio fut un peu trop courte : le premier November Nine espagnol s'inclinera en sixième position, se fracassant contre la muraille hollandaise Jorryt van Hoof.
Fort heureusement, il ne faudra attendre que deux ans et l'édition 2016 des WSOP pour revoir un Ibérique en finale du Main Event : le discret Fernando Pons. On en savait alors très peu à ce moment-là sur ce pur amateur, de retour à Vegas à l'automne avec le rêve de réaliser le même exploit que Chris Moneymaker en 2003. Car ce Majorquin, travailleur à plein temps dans une entreprise qui n'avait pas grand-chose à voir avec les cartes, était arrivé à Sin City en tant que qualifié via un satellite en ligne à 30 €. Couvé par des pointures comme Ka Kwan Lau alias "Kaju85 " et Sergi Reixach, Fernando s'incrusta finalement en TF du tournoi le plus important de la planète sans aucune expérience préalable, mais aussi sans montrer aucun signe de nervosité malgré les dizaines de caméras braquées sur lui. Durant cette table finale, il dû faire face à des noms comme Griffin Benger, Kenny Hallaert ou Gordon Vayo, mais c'est un autre anonyme, l'Américain Qui Nguyen, qui termina au panthéon cette année-là. Arrivé dernier en jetons, Fernando ne put déjouer la logique mathématique : il quitta le podium télévisé en premier. Mais sa neuvième place lui vaut de faire partie du groupe finalement assez restreint des Espagnols ayant remporté au moins un million de dollars dans un tournoi. Pas mal pour un pur récréatif !Depuis 2007, les WSOP c'est aussi une édition européenne, et une autre occasion pour les Espagnols de faire parler la poudre. Témoin Martí Roca, professeur de catalan qui s'était qualifié en ligne pour le Main Event à 10 000 € de l'édition 2017 organisée à Rozvadov. Joueur de cash game en mid-stakes à ses heures perdues, Martí sortit son meilleur poker pour l'occasion, en particulier au cours d'une finale qui accueillait le compatriote Luis "Turko_man" Rodríguez mais aussi Jack Salter, Maria Ho, Niall Farrell ou encore Robert Bickley. Certains essayèrent (sans succès) d'intimider celui qu'ils pensaient être le maillon faible de la table, compte-tenu de son passé inexistant dans les tournois de ce calibre, mais le Catalan s'avéra parfaitement capable de rivaliser jusqu'à battre en heads-up Gianluca Speranza, un grinder en ligne et joueur de live réputé, pour 1 115 207 €. - Alex
Article original de David Sarabia et Alex Hernando publié sur Winamax.es
Traduction : Rootsah
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