Top 5 : les tells online
Par dans Tournois Online
Les tells ne sont pas l'apanage du live ! Sur votre écran, les signaux à interpréter sont légion... mais bien différents. On les répertorie, aidés par notre spécialiste Davidi Kitai.
Mais quid du poker online ? Impossible de scruter le visage des autres joueurs, cachés comme vous derrière un écran. Et pourtant : les tells existent bel et bien en ligne. Différents, certes, plus subtils, et parfois assimilés à du profiling... mais tout aussi précieux pour vous faire une idée de qui vous avez en face de vous.
Pour nous aider à traquer les tells online, on a fait appel à un spécialiste mondialement reconnu : Davidi Kitai. Au cours de sa carrière, le Belge a gagné des millions en auscultant ses adversaires avant de claquer un hero call de légende. Sur Winamax, c'est un petit jeu qu'il pratique aussi avec plaisir.
Un avertissement, toutefois : comme n'importe quel tell live, aucun des tells en ligne que nous listons dans ce nouveau Top 5 n'est fiable à 100 %. Restez prudents, et soyez flexibles. Bonne chance !
Le choix du pseudo
“Gerardmendujeu”, “Amandinedu38”, “jaimelesqueeze” *... Comment décrypter l'identité poker de votre adversaire ? En premier lieu, on a envie d'asséner un mot : méfiance ! Souvent, des tops regs choisissent un pseudo complètement basique, afin de faire croire qu’il a été créé à la va-vite, par manque d’inspiration avant de lancer un tournoi, pour rigoler.
Ceci étant, les pseudos faisant appel au jargon du poker peuvent être de bons indicateurs sur le niveau adverse. Un bon exemple est “Charles3bet”, l’un des meilleurs joueurs de MTT de notre room, ou “FoldGuys” : un joueur qui connait bien les termes peut nous laisser supposer que nous n’avons pas affaire à des rookies du Texas Hold’em. Mais attention, le second degré est partout : un joueur nommé “GTO-fan” pourrait bien en réalité dissimuler un grinder au style de jeu exploitant, voire fantasque.
De façon plus pragmatique, n'hésitez pas à chercher les pseudos des adversaires qui vous posent problème, sur Google, ou des sites spécialisés : vous pourrez ainsi vous faire une idée de la fréquence à laquelle votre opposant joue en ligne, et du niveau dont il peut s'enorgueillir, en fonction de ses résultats aux tables.
L’avis de Davidi Kitai : Quand on joue online, il faut obtenir des informations le plus rapidement possible, et le pseudo peut être un bon indicateur. Les regs étrangers, par exemple, essaient souvent de choisir des pseudos un peu français, mais qui n’ont pas trop de sens : un “bon appétit”, mais avec une faute d’orthographe, des petites erreurs, comme “bon chance”. Très vite, on peut donc les repérer. Il y aussi la photo de profil : s’il y a un drapeau d’un club de foot par exemple, c’est plutôt bon signe selon mon expérience.
* Toute ressemblance avec des pseudos anciens ou existants serait purement fortuite…
Le temps de réaction
Le temps pris par vos adversaires à table constitue un tell à double tranchant… “L’instant check”, ou le fait de checker automatiquement en cochant la case correspondante, peut ainsi donner lieu à diverses interprétations : ou il s’agit d’un top reg jouant tellement de tables en simultané qu’il est bien obligé d’abandonner une grosse part de son thinking process, ou c'est au contraire un joueur récréatif qui a visiblement d'autres soucis en tête. Dans tous les cas, il s’agit probablement d’une décision facile à prendre pour notre héros.
Dans le même ordre d’idées, “l’instant call” peut avoir une signification similaire : on peut imaginer que si votre adversaire ne réfléchit pas avant de payer votre mise, c’est parce que le call est justement évident avec sa main…Toutefois, attention au slowplay. À la rivière, il est aussi admis qu’une relance rapide est l’apanage d’une main forte. Mais prudence également face aux moves désespérés, plus fréquents qu’on ne le croit.
Bien entendu, au poker on a parfois besoin de temps pour prendre une vraie décision : les time banks sont là pour ça. Quand c’est le cas, red flag automatique : il est davantage probable que votre adversaire possède du jeu, encore plus s’il choisit finalement de relancer, car il ne veut surtout pas vous faire folder et doit donc trouver le bon sizing… Les bluffs, par nature, sont plus rares : on peut considérer que si votre adversaire n’a pas une bonne main, il va réfléchir moins longtemps avant de folder ou suivre, à moins qu’il ne décide finalement que c'est un bon spot pour bluffer. En revanche, si vous avez déjà identifié que votre adversaire est un adepte du multitabling, attention encore : s’il prend du temps, c’est peut-être qu’il est juste en train de réfléchir à une décision plus importante sur une autre table.
L’avis de Davidi Kitai : Les timings tells sont un élément à prendre en compte. Mais il faut s’en méfier, car beaucoup de joueurs multitablent, ce qui fausse notre jugement. De manière générale, si un joueur hésite longtemps, c’est qu’il doit prendre une vraie décision. Surtout online, si on a deux As et 12 tables, on va jouer la main plus rapidement que si on a une main un peu plus hésitante, comme As-10 dépareillés. Il y a aussi des gens qui jouent très vite à chaque décision… Sur le moment, il faut le sentir par rapport à l’action et aux habitudes du joueur. Par exemple si un joueur vient de perdre un gros coup et derrière prend très vite ses décisions, on pourra déduire qu’il est un peu en tilt, et plus enclin à faire un gros bluff vu la vitesse de ses actions.
Le montant des mises
Le montant misé par votre adversaire ("sizing" en VO) peut être un excellent indicateur de son niveau, et de la force de sa main. Les joueurs les plus expérimentés ont généralement des sizings bien adaptés à chaque situation, alors que les joueurs amateurs ont tendance à faire des mises plus "grossières", prévisibles. Une relance préflop de 2 BB en bataille de blindes, par exemple, est souvent le signe d’un joueur récréatif. Un bon reg ajuste toujours son sizing en fonction de la position de son adversaire, de son stack et du contexte. De même, postflop, une mise trop faible ou trop conséquente par rapport à la taille du pot peut parfois trahir un manque de compréhension des concepts GTO. Un joueur qui overbet sans raison apparente ou qui fait systématiquement des mises demi-pot pourrait bien ne pas maîtriser toutes les subtilités du jeu… Sinon, le limp préflop (quand vous suivez la BB sans augmenter les enchères) est un autre signe révélateur : s’il est encore utilisé par certains regs dans des situations bien précises (depuis la SB, au bouton pour induire des all-ins ou dans les tournois non-deepstack), il reste majoritairement employé par des joueurs récréatifs, qui n'ont pas compris que l'agression est la clé d'un poker gagnant.
Autre tell courant : le "click-back", c’est-à-dire une sur-relance au strict minimum du montant autorisé, appelée ainsi car on la pratique en cliquant sur le bouton "relance", sans prendre la peine de définir un montant manuellement. Exemple : un joueur ouvre à 2 BB, et un autre surrelance à 3 BB. Dans cette situation, le second joueur démontre probablement sa méconnaissance des standards modernes du jeu, où les 3-bets sont généralement bien plus chers. Ce genre de sizing est souvent synonyme d’une main très forte qui cherche à garder l’adversaire dans le coup, ou au contraire d’un joueur qui n’a pas de réelle stratégie de mise. Attention, toutefois : certains regs expérimentés utilisent volontairement des sizings inhabituels pour induire leurs adversaires en erreur. Il est donc essentiel d’analyser les tendances sur plusieurs mains avant d’en tirer des conclusions définitives. - VictorP
L’avis de Davidi Kitai : Avec les sizings, on peut très vite se rendre compte si l’on a affaire à un bon reg. C’est la meilleure façon de faire la différence entre les bons et les mauvais joueurs. Si un joueur relance à 3 BB dans un pot non ouvert par exemple, c’est suffisant pour se dire que c’est sans doute un joueur amateur. Si on voit quelqu’un faire un très bon sizing dans une situation adéquate, par exemple un quart du pot, on peut supposer qu’il s’agit d’un reg.
La fenêtre de tchat
Franchement, lorsqu'on est vraiment concentré sur une partie de poker en ligne, va-t-on vraiment s'amuser à raconter sa vie dans le tchat de la table ? La réponse est dans la question. Donc oui, si un joueur a tendance à trop s’épancher, vous pouvez considérer qu’il n’est pas assez focus sur le jeu… Et aussi qu’il n’a donc pas le mindset nécessaire pour tenter un bluff compliqué à ce moment. Le tchat peut d’ailleurs être un bon indicateur du niveau d'expérience de son adversaire : si un joueur passe son temps à se plaindre des bad beats, ou décide soudainement de vous insulter après un hero call qu’il estime injustifié, vous pouvez sans prendre trop de risques le pastiller comme "fish"… Et surtout prendre note qu’il est en tilt, ce dont vous seriez bien avisés de profiter !
En revanche, un joueur qui félicite son adversaire après un coup rondement mené sera plus souvent que jamais un compétiteur expérimenté. En fin de partie, celui qui propose le deal en premier sera plus généralement un amateur, surtout s'il joue son one time face à des adversaires plus expérimentés... mais à ce stade de la partie, vous l'aurez probablement déjà compris. Attention également aux joueurs toujours prompts à analyser la main qui vient de se jouer : ils sont a minima interessés par les subtilités techniques de notre jeu préféré, donc méfiance. En revanche, l’emploi dans une discussion de certains termes “qui font pro” (exemple : "variance"), nous donnent plutôt envie de penser que le joueur en question n’est pas si fort qu’il veut en avoir l’air...
L’avis de Davidi Kitai : Personnellement, on m’envoie des cœurs, des "Shots", on me parle sur le tchat. Je peux donc deviner que ce sont des amateurs qui me connaissent. J’adapte mon jeu en conséquence !
Des petits trucs à surveiller
En cash game, le montant avec lequel le joueur arrive à la table est un indicateur : si, par exemple, il cave 6,89 € sur une NL10, on peut assez facilement le catégoriser comme un joueur amateur, car les pros vont la plupart du temps poser le maximum autorisé, ou un montant plus standard (100 BB tout rond). En fin de tournoi, gare à ceux qui s'impliquent le plus dans la négociation d'un deal : souvent, les joueurs les plus forts n'hésitent pas à refuser, car leur expérience leur fait dire que l'accord ne leur est pas favorable.
D’autres comportements peuvent vous donner du grain à moudre : un joueur qui a tendance à montrer trop souvent ses cartes à la fin d’un coup n’a visiblement pas compris qu’il lâchait ainsi de trop précieuses informations. À moins évidemment qu’il le fasse pour se construire une image particulière… De même, un joueur qui abuse des Shots ou des Moods pourrait facilement être considéré comme un joueur récréatif qui gamble pour le fun.
Enfin, n'oubliez pas de surveiller le tracker (HUD) intégré à Winamax, pratique pour garder en mémoire les tendances de vos adversaires, et dont (scoop !) une nouvelle version est en préparation.
Pour aller plus loin : notre Guide du profiling online
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