Top 5 : les reconversions détonnantes

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Ils ont fait une belle carrière dans le poker, avant de bifurquer... parfois de façon très surprenante. On vous les présente.

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Dans le monde du poker, il y a ceux qui ne s'arrêtent jamais de gambler, consacrant leur vie entière au jeu, parfois jusqu'à leur dernier souffle. Ceux-là, vous les connaissez bien : les Doyle Brunson, Daniel Negreanu, Phil Hellmuth et consorts, que l'on a du mal à imaginer faire un jour autre chose de leurs dix doigts. Et puis il y a ceux qui finissent par laisser les tapis verts de côté, mettant fin à de longues et fructueuses carrières professionnelles. Mais attention, pas pour se dorer la pilule en profitant de leurs gains, non ! (Même si on en connait quelques-uns.) Non, eux continuent de bosser... mais au service d'une autre passion. Découvrez notre sélection des reconversions les plus surprenantes.

Betting, poker et foot

VoulgarisPoker, paris sportifs, gaming. Si vous suivez l’actualité de ces milieux, vous connaissez certainement le nom d’Haralabos Voulgaris. Devenu célèbre en tant que (très) gros parieur sportif sur la NBA, et par la suite pour son hyperactif compte X, le Canadien a également eu l’occasion de mener une belle carrière de joueur de poker : son prime a eu lieu durant les années 2000, avec pléthore de perfs sur le circuit World Poker Tour, lui permettant d’amasser à ce jour 5 millions de dollars de gains en tournois live. À l'automne 2024, le gambler a aussi brillé sur le festival Triton monégasque, et on l’a également vu en action sur de grosses parties de cash game télévisées… sans oublier un poste de directeur de la recherche quantitative et du développement chez la franchise des Dallas Mavericks. Mais depuis quelques temps, le nom d’Haralabos Voulgaris est aussi désormais connu des fans de… football espagnol ! Homme d’affaires réputé donc, le Gréco-Canadien a racheté à l’été 2022 le CD Castellón, club banal qui végétait alors au troisième échelon national. Son ambition ? Amener l'entité en coupe d’Europe, après être monté en seconde division à l'issue de la saison 2023/2024. Pour cela, "Bob" compte s’inspirer des méthodes statistiques qui ont fait sa fortune dans les paris sportifs, comme il l'expliquait à nos confrères de L’Équipe, même si cette saison 2024/25 ne sera pas une réussite (le maintien du club n'est pas encore assuré à l'heure où nous tapons ces lignes). Apparemment apprécié de ses employés dans son rôle de président, Haralabos parviendra t-il à atteindre son objectif ?

BloomLui aussi a fait fortune dans les paris sportifs. Lui aussi a vécu une belle carrière de joueur de poker, gagnant notamment les Aussie Millions en 2004. Et lui aussi a racheté un club de foot ! Cette copie conforme de "Bob" Voulgaris, c’est Tony Bloom. Précurseur sur cette idée, l’ex-joueur britannique a ainsi acquis en 2009 le club anglais de Brighton and Hove Albion (l'emblème de sa ville natale), avant de signer le doublé en 2018 avec l’acquisition de l’Union Saint-Gilloise, en Belgique. Dans la même veine que Voulgaris, “le Lézard”, son surnom hérité de ses années poker, mise sur les statistiques pour réussir son entreprise : il fut l’un des précurseurs de l’utilisation de la data dans le scouting et le recrutement de joueurs. Sous son égide, ses deux clubs ont bien grandi (il a depuis revendu ses parts belges), Brighton en particulier, devenu un solide 11 dans le plus difficile championnat du monde, la Premier League. De quoi offrir à Tony le titre de meilleur président de club de football d'Europe en 2023. Sa principale qualité, selon le créateur d’un podcast sur les "Seagulls", interrogé par L’Équipe ? “Il donne l'impression de garder son calme en toutes circonstances, C'est une qualité qu'il a sans doute développée quand il jouait au poker, tout comme son sens de l'anticipation.” Et peut-être aussi que la gestion de bankroll inhérente à notre jeu préféré a fait des petits, Brighton ayant enregistré des profits records (et rares dans le football de haut niveau) en 2023. Go Seagulls!

Star tech

LacayIl fut un joueur phare de la génération de pros français née de l’explosion du poker post-Moneymaker. Vainqueur EPT à San Remo en 2012, runner-up WSOP-E l’année suivante, Ludovic Lacay a sans aucun doute marqué l’histoire du poker tricolore, et du Team Winamax, dont il a été membre dès la formation de l'équipe en 2007. Mais à l’instar de quelques-uns de ses coéquipiers, "Sir Cuts", qui a toujours eu un tempérament de fonceur, a décidé de passer à autre chose, pour démarrer une belle carrière dans la vie “normale.” “J’avais 29 ans, se souvient le Tarbais. Si je continuais, c’était un choix de vie, et plus une expérience de jeunesse. Et à 35 ans, c’est beaucoup plus dur de changer de carrière. J’avais envie d’une vie plus simple.” Outre ses années Wina, sa page LinkedIn raconte ainsi un brillant parcours : trois ans et demi passés chez Tictrac, une plateforme d’assurance où il a atteint le grade de "Chief Product Officier". Puis trois ans chez Facebook à Londres, où il contribué à la monétisation du réseau social. “En fait, c’était un retour aux sources. Avant le poker, je passais mon temps sur l’ordi à créer des sites web. Si je n'avais pas trouvé le poker, j’aurais probablement été ingénieur. La tech m’a toujours passionné, il était naturel pour moi de faire carrière là-dedans. Ce qui me plaisait aussi, c'était résoudre des problèmes."

Lacay CEOEnsuite, Ludovic décide de voler à nouveau de ses propres ailes, en fondant Napo Pet Insurance, une société d’assurance pour animaux domestiques. “C’était l’idée de mon cofondateur. Après trois ans chez Facebook, la meilleure boîte de tech du monde, je voulais appliquer ce que j’avais appris dans ma propre entreprise, en partant de zéro. J’avais envie d’un challenge, j’avais envie d’apprendre, même si cétait plus risqué sur le plan financier. Et moi, j’ai grandi à la campagne avec des chiens, des poulets. Le monde des start-ups me permet d’appliquer mon expertise à des secteurs différents, et d’avoir une famille." Pendant quatre ans, Ludo a ainsi développé son entreprise, sans oublier de suivre ses investissements dans des startups.

Mais aujourd'hui, le Tarbais compte changer de contexte. Encore. “J’ai été content de faire ça pendant quatre ans. Là on a fait la dernière levée de fonds qui va nous permettre d’arriver à un état profitable. Je me suis dit que c’était le moment. On avait résolu 90% des problèmes avec nos investissements dans l’intelligence artificielle. On était limités au marché anglais, on n'allait pas avoir une croissance démentielle d’un point de vue tech. J’ai eu envie de sortir de ma zone de confort et de prendre un job un peu différent." Avec un leitmotiv : “Ce qui m’a toujours plu, c’est d’apprendre et créer de la valeur. J’ai un nouveau challenge qui a démarré récemment. Je vais continuer mon périple dans la tech. Si les gens sont intéressés, qu’ils me suivent sur LinkedIn ou Twitter...”

Dans la tête des autres

Lodden“Je n’avais pas joué depuis l’EPT Barcelone en 2022 !” Oui, Johnny Lodden, recordman de places payées sur les Main Events EPT (un record derrière lequel court toujours Davidi Kitai), a laissé le poker pro derrière lui depuis quelques années déjà, comme il l’a confié à PokerNews, durant des vacances à Chypre. L’occasion également de parler de sa reconversion : pas en tant que prof, comme le Norvégien l’avait envisagé, mais en tant que thérapeute environnemental auprès d’enfants. “J’adore ça”, a t-il affirmé, lui qui pratique ce métier depuis quatre ans. Quezaco ? Sa page Instagram, où il prend la pose en compagnie de quelques bambins au milieu de paysages paradisiaques, apporte un début de réponse. Toujours selon l’article, il s’agit de favoriser le bien-être de personnes grâce à un contact prolongé avec un milieu naturel. Pas la même ambiance qu’aux tables.

ReinkemeierMais Johnny n’est pas le seul à s’être reconverti dans le secteur du bien-être mental. L’un des plus gros joueurs de tournois high-stakes des années 2010 a également suivi cette voie : Tobias Reinkemeier. L’Allemand, qui a disparu des radars après avoir amassé plus de 11 millions de dollars en tournois live (son dernier résultat date de 2017) et remporté le High Roller de l’EPT Monte-Carlo en 2010 (on se souvient aussi de son fold au Big One for One Drop), a lui décidé de devenir psychothérapeute, spécialisé dans la psychothérapie intégrative. Si l'on se fie au CV déroulé sur sa fiche de présentation, l’Allemand a visiblement décidé de reprendre ses études après sa carrière de joueur, et a au bout de cinq ans validé une formation au Metanoia Institute de Londres, ville où il est basé, obtenant une Maîtrise en psychothérapie intégrative, ainsi que deux autres diplômes. Si vous décidez de prendre rendez-vous avec lui, dans son cabinet Homa basé juste à côté de King’s Cross, il vous en coûtera 90 £ la séance. Quand on se rappelle qu'il jouait des tournois de poker à six chiffres il y a quelques années... En voilà un qui a su garder les pieds sur terre. Tobias, qui explique pratiquer son nouveau métier depuis 2018, promet ainsi de soigner vos divers maux de tête et améliorer votre bien-être émotionnel. Si vous êtes un joueur basé à Londres, vous savez à qui vous adresser en cas de coup de mou…

La voix et la plume

MoreauOn connait les passerelles entre le poker et le sport, deux mondes qui se sont toujours cotoyés de près. On en connaît beaucoup qui sont arrivés au poker en provenance du sport. Il y en a quelques-uns qui ont réussi l'inverse. Exemple avec l’un des plus célèbres grinders français des années 2010, Steven Moreau, alias "Gloub94". Après avoir stoppé son activité de joueur pro en 2014, le Parisien s’est lancé dans l’immobilier en tant que gestionnaire de patrimoine. Mais surtout, le Francilien est depuis devenu commentateur pour la Fédération française de football, spécialisé dans le futsal. “Je commente la Division 1 de futsal depuis cinq ans, et les matches des équipes de France masculines et féminines, ainsi que ceux des jeunes. Je suis aussi responsable éditorial du site Futsal Zone," explique Gloub. La suite logique d’une activité débutée à la fin de sa carrière de joueur. “J’ai toujours aimé commenter durant ma carrière, surtout à la fin, notamment les EPT. Je suis un grand fan de sport, et surtout de football. J’avais cette idée de commenter un jour du sport. J’ai eu un petit coup de chance, on m'avait taggué sur une offre : j'ai fait un essai, et dix jours après je commentais un match de l’équipe de France. C’était énorme pour moi. Je commente deux matches chaque week-end. Le futsal a pris une part importante dans ma vie de fan de sport."

Moreau futsalDevenu une référence dans son petit milieu, Gloub tente ainsi de contribuer au développement de son sport, encore loin de la médiatisation du football à 11 contre 11. En 2022, il confiait que cela lui rappelait les débuts des réseaux sociaux dans le poker… “Il y a de plus en plus de licenciés, l’équipe de France a fait un super parcours à la Coupe du Monde… Il y a de plus en plus de clubs pros, on a des matches qui se déroulent parfois devant 3 000 personnes. On pourrait aller encore plus vite, mais il ne faut pas brûler les étapes.” Niveau poker, Steven continue aussi de commenter les DSO, et travaille pour le casino de Marrakech. “Cela me fait toujours plaisir, ce sont mes premiers amours. Quand on me propose, j’accepte avec plaisir. Mon premier, c’était un WPO à Dublin en 2011. On avait fait un duo avec ManuB !” Ce qu’il préfère dans ce métier ? “Faire vivre des émotions, partager des belles histoires, avoir une pointe d’humour et être le plus pédagogue possible." Niveau cartes, ce père de famille s’autorise un petit live de temps en temps, comme la Grande Finale du WiPT qu’il a disputé en 2022 et 2023, ainsi que du cash game en PLO : “Je manque de temps pour jouer. Le live, j’aimerais bien…Même si à l’heure où je te parle [propos recueillis fin mars], je vais jouer le DSO Pornic.” On ne serait pas étonné de le recroiser bientôt sur un event Winamax...

MonfortEn bonus, un petit clin d'oeil à un confrère qui aime les allers-et-retour : Ronan Monfort, passé de "couvreur" poker à joueur pro, avant de reprendre calepin et stylo il y a quelques années. Après avoir fait connaître sa plume chez Partouche et sur le ClubPoker au début des années 2010, "Roro" a tenté de vivre des cartes. “Je me suis dit que j’allais essayer de capitaliser sur ce que j’avais vécu dans le poker," expliquait Roroflush dans une interview à Claedeus. Aujourd’hui, c’est lui qui tient le blog et effectue les coverages en français d’une célèbre marque au pique rouge.

Chef maquilleuse

ObrestadAnnette_15 a fait du chemin… Apparue dès le milieu des années 2000 sous ce pseudo devenu légendaire sur les tournois en ligne, Annette Obrestad gagne très rapidement le Main Event des WSOP-Europe en 2007, devenant le plus jeune joueur à gagner un bracelet WSOP. Avant de signer quelques autres coups d’éclats, comme ce Sit&Go à 180 joueurs glané en ligne sans regarder ses cartes ou une seconde place à l’EPT Dublin 2007. La prodige termine sa carrière en 2019, forte de 3,9 millions de dollars amassés en tournois live - et sans doute un beau profit online -, pour se consacrer à une autre de ses passions : le maquillage.

Elle crée ainsi en 2019 sa chaine YouTube consacrée au sujet, Annette’s Makeup Corner, à une époque où elle avait troqué la chevelure rouge de ses débuts... pour du vert. Aujourd’hui, la Norvégienne a publié plus de 1 000 vidéos, et compte plus de 48 000 abonnés. Si l’on en croit les commentaires, elle continue de pimper la qualité de ses vidéos - régulièrement publiées -, au grand bonheur de sa communauté. La YouTube money semble donc constituer la nouvelle bankroll d'Annette...

Ils auraient mérité de figurer dans cet article...

Tony G., devenu député européen en Lituanie
Luca Pagano et Eugene Katchalov, fondateurs d’une entreprise européenne d'e-sport
Rui Cao, fondateur d’une équipe d'e-sport
James Akenhead (9e des Main Events WSOP et WSOPE en 2009), aujourd'hui talent sourcer
Sam Holden (9e du ME WSOP 2011), qui a été gérant d’un pub en Angleterre
Adrien Allain, gérant d’un bar-restaurant à Rennes

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Crédits photo
Ludovic Lacay : Business Insider et PokerStars
Steven Moreau en interview : @llusionrealisme
Tony Bloom : Belga
Le reste : Winamax

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