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Top 5 : Les moves audacieux

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Top 5 : Les moves audacieux

Doyle Brunson l'a dit le premier : pour gagner au poker, il faut savoir se mettre en danger. Découvrez notre sélection de moves inhabituels à tenter en No-Limit... et les conseils des pros pour les contrer.

À l'ère du jeu GTO et des solvers, le Texas Hold'em joué en No-Limit a tendance à s’uniformiser, et les années aidant, la majorité des joueurs s’intéressant un tant soit peu à la technique connaissent maintenant les moves basiques permettant de faire la différence sur les débutants : c-bet, squeeze, blocking bet, limp au bouton ou en bataille de blindes, etc.

Avec cet article, nous vous proposons de sortir des sentiers battus en explorant une palette de moves que l'on rencontre moins souvent mais dont les joueurs aguerris raffolent. Pour les utiliser, il faudra faire preuve de courage, d'imagination ou de roublardise... voire des trois à la fois ! Avec l'aide du Team Winamax, voyons un peu comment créer des moves surprises... et comment les contrer.

L’overbet

Viktor BlomAttention, danger ! L’overbet est un move à haute variance. Pour preuve : c'est sur les tables de cash-game online les plus chères qu'il a été popularisé à la fin des années 2000, par un certain Viktor "Isildur1" Blom (photo), peut-être le joueur le plus dingue jamais croisé sur ces tables very high stakes (on parle de parties se jouant parfois avec des blindes à quatre chiffres). Du fait de la hausse du niveau de jeu global observée en No Limit depuis 15 ans, l'overbet s'est ensuite propagé à toutes les limites, ou presque.

Mais au fait, c'est quoi exactement, un overbet ? Écoutons Adrien Delmas, notre Top Shark 2018 : "Il s’agit de toute mise qui dépasse la taille du pot. Si le pot fait 100 et que vous misez 101, c’est un overbet." La définition pourrait inclure les mises avant le flop, mais dans le langage commun, elles sont simplement considérées comme des relances. Quoi qu’il en soit, l’overbet figure parmi les moves les plus efficaces et les plus imprévisibles du NLHE.

Pourquoi et comment utiliser l'overbet ?

Ragnarok235 : "Généralement, c’est un move utilisé pour mettre la pression sur l’éventail de mains de notre adversaire, car la range de ce dernier se retrouvera souvent cappée, ce qui veut dire qu’elle ne contient pas de nuts ou de mains fortes. Notre range de mains est significativement plus forte que celle de notre adversaire, ce qui fait qu’une mise supérieure à la taille du pot va le mettre dans l’embarras avec beaucoup des mains qu’il est censé posséder, notamment ses paires faibles ou ses paires avec gutshot."

Comment contrer l'overbet ?

Delmas"C’est un move très difficile à contrer, même pour la plupart des joueurs de high stakes. L’important est déjà de savoir comment l’utiliser, et donc d’observer les spots sur lesquels les joueurs s'en servent. À partir de là, il faut réfléchir un peu à notre range de mains, pour définir avec quelles mains on va défendre contre ces grosses mises, afin de ne pas overfold ou overcall. Si on lance un spot contenant des overbets sur Pio Solver (un logiciel de solver GTO), c’est quand même intéressant de voir la stratégie d’overbet, mais aussi de voir ce que le joueur défend. Néanmoins il faut aussi garder en tête que dans la majorité des spots d’overbet, les joueurs ne vont pas bluffer assez, donc dans la réalité il faut peut-être folder encore un peu plus que ce que dirait un logiciel."

D’autres membres du Team Winamax se sont déjà intéressés à l’overbet par le passé, comme notre ami Sylvain Loosli dans un instructif blog publié en 2017. Gaëlle Baumann avait également consacré une vidéo spécialement dédiée à l’overbet river, à visionner ci-dessous. Si plus de deux ans se sont écoulés et que la stratégie a peut-être légèrement évolué, cela ne rend pas ces contenus moins enrichissants.

Gaëlle Baumann, aidée par le logiciel Pio Solver, vous dévoile les secrets de l'overbet river en cash game.

Le 4-bet light

Top 5 Aladin ReskallahC’était une tactique éprouvée depuis la nuit des temps : avant le boom du poker au milieu des années 2000 (et l’apparition d'une nouvelle génération de fins techniciens formés en ligne), les surrelances préflop présumaient d’une main très forte chez leur utilisateur. Si vous avez lu la première édition du Super System de Doyle Brunson, publiée en 1978, vous savez de quoi on parle… "La légende raconte que face à un 4-bet avant le flop, les premiers livres de poker conseillaient de tout folder, même une paire de Rois !" précise Aladin Reskallah. Mais les choses ont bien changé depuis : le mot "sur-relance" n'est plus assez précis, et a été remplacé dans le langage courant par 3-bet, 4-bet ou même 5-bet.

Mais outre l'évolution sémantique, l'usage des sur-relances a lui aussi subi de profondes transformations : de nos jours, il est courant de 3-bet ou 4-bet "light", c'est à dire avec des mains marginales. Là aussi, c'est l’émergence du poker online qui a entraîné la popularisation de ce move, avant que les grinders ne l’amènent sur les tables de tournois live. "Nous avons vu l'apogée de l'agression pré-flop vers la fin des années 2000, avec les jeunes Allemands, Scandinaves et j'en passe rivalisant de sur-relances avant le flop, se souvient Aladarrrrr. J’ai par exemple en tête le vainqueur du Main Event des WSOP 2011, Pius Heinz, adoptant une stratégie très agressive à mesure de son deep run."

Vanessa SelbstIntéressons-nous plus particulièrement au 4-bet light. Vanessa Sebst en fut l'une des grandes spécialistes, comme le soulignait Davidi Kitai il y a trois dans un épisode de Dans la Tête d'un Pro. Mais de nos jours ce move agressif se fait plus rare : "Depuis l'avènement de la GTO et des solvers, le 4-bet light, move quelque peu flamboyant, a perdu un peu de sa superbe, confirme Aladin. Mais il n'en reste pas moins efficace dans des situations bien précises." Aujourd’hui, le 4-bet light semble donc être devenu un move "champagne",  reservé pour les grandes occasions. "On le comprend encore mal, notamment en ce qui concerne les combos de mains à choisir pour le réaliser, et les côtes du pot adaptées, précise Aladin, avant de nous donnés quelques clés de lecture sur cette technique à ne pas mettre entre toutes les mains.

Pourquoi et comment utiliser le 4-bet light ?

Aladin distingue quatre conditions à respecter pour effectuer un bon 4-bet light :

1/ Le profilage de l'adversaire :  "Cela va de soi, mais il faut l'utiliser contre un adversaire que vous pensez capable de 3-bet light. Aucun intérêt contre Jean-Michel Barre de Fer qui a toujours AA ou KK quand il 3-bet, et qui de ce fait ne va jamais se coucher."

2/ La position à table : "Au Hold'em et dans quasiment toutes les variantes, l'avantage de la position est énorme. Il permet d'avoir une vision sur ce que va effectuer l'adversaire, vu que l'on parle après lui. Ainsi, autant que faire se peut, il faut préférer le 4-bet light lorsque l'on va jouer le coup en position, d'autant plus quand la profondeur de notre stack va permettre le déroulement d'un coup post-flop. Ce qui nous amène naturellement au critère suivant…"

3/ La profondeur de tapis : "Lorsque vous '4-bettez' light (oui, c’est carrément devenu un verbe), il faut s'assurer d'avoir de la place pour folder derrière sans être ce que l'on appelle "pot commited" : cela signifie que l'on a investi une trop grosse partie de notre tapis et que les côtes du pot nous obligent à payer, car n'importe quelle main a suffisamment d'équité."

4/ Les bloqueurs : "Il faut bien choisir les combinaisons de mains les plus efficaces pour 4-bet light. Cela sera souvent des mains qui contiendront un As ou un Roi et qui de ce fait diminuent la probabilité que l'adversaire détienne une main premium comme AA, KK ou AK."

Aladin ReskallahComment contrer le 4-bet light ?

Aladin, toujours : "Pour contrer le 4-bet light une fois que l'adversaire l'a effectué, vous n'avez pas 36 solutions : il faut 5-bet all-in ou call le 4-bet. Lorsque vous '5-bettez', vous aurez donc une premium en value et vous utiliserez le même concept de bloqueurs en bluff. Lorsque vous paierez, vous utiliserez une main qui a une bonne jouabilité post-flop, donc souvent une main suitée et pas trop dominée par la range adverse de value, ou alors une main qui domine la range de 3-bet light adverse.

Mais le meilleur moyen de le contrer est de faire attention aux situations où vous effectuerez un 3-bet light. Il faut attaquer les stacks qui ne peuvent pas 4-bet et folder ensuite, car ils seront pot-commited. Souvent ce sont les stacks d'une trentaine de blindes qui se retrouvent alors coincés du fait de leur profondeur de tapis."

Pierre Calamusa nous a également donné quelques tips sur les sur-relances light, les blockers et les ranges de main dans ce blog publié en 2016.

Le floating 

Pierre CalamusaPour un joueur de poker débutant, voilà un mot qui ne signifie généralement pas grand-chose. Car le float (en VF : flotter, tout simplement), malgré son ancienneté - on en parlait déjà il y a plus de dix ans - reste plutôt l'apanage des joueurs d’un niveau avancé, qui ont déjà passé le stade "check/raise" ou "continuation bet" dans leur apprentissage.

Mais en quoi consiste t-il exactement ? "C'est quand tu paies une mise au flop - ou au turn - avec rien. On le fait hors position afin de pouvoir bluffer la river, ou en position pour pouvoir bluffer le turn ou la river", explique Pierre Calamusa. Un move simple, donc - on se contente de faire la "calling station" - mais qui ne sert pas uniquement à préparer un bluff turn ou rivière. Forcément : quand on paie le flop avec rien, on peut parfois trouver un turn et/ou une rivière miraculeuses... Pierre, toujours : "Je me rapelle d'un tweet de Lucille Cailly qui expliquait en rigolant que le concept de floating a été inventé par les pros pour leur permettre d'aller chercher leurs gutshots sur la rivière sans se faire traiter d'énorme fish. C'est un peu ça !"

Pourquoi et comment utiliser le floating ?

"Il y a vraiment deux types de floating différents, poursuit Pierre : le floating avec rien, et celui avec deux overcards. En fait, on s’est rendu compte que généralement les joueurs foldaient trop sur les check/raise et donc qu'ils ne foldaient pas assez avec deux overcards. Exemple : on raise As-Valet, la grosse blinde défend, ça vient 5-6-2, on c-bet, on se fait check-raise. En fait, souvent il faudra payer et défendre sur ce spot. Les floatings sont aussi une arme utilisée par les solvers pour être équilibré et ne pas overfold dans certaines situations. Le floating est surtout utilisé en position contre des joueurs qui c-bet trop puis abandonnent sur le turn : voilà le but premier du floating, punir ces joueurs-là."

DeyraIvan Deyra : "Le floating est intéressant contre des adversaires qui c-bet énormément (quasi 100%). Lorsque l'on en main des backdoors (flush draw et straight draw), on pourra bluffer plus tard. Sur beaucoup de runouts (ie. les cartes qui tombent turn et rivière), nos bluffs seront plus durs à détecter, et on pourra faire folder des top paires ou des mains équivalentes. Le floating nous permet de jouer jusqu'à la river avec plus d’infos sur la range de notre adversaire, et nous permet aussi de faire de gros bluffs, sur la rivière notamment."

Comment contrer le floating ?

Pierre Calamusa : "Pour contrer un joueur qui float souvent, on va généralement c-bet beaucoup plus nos bonnes mains. On va c-bet beaucoup moins nos 'airs' et c-bet plus souvent nos top paires, nos middle-paires, nos gros draws, et ensuite on va checker les turns pour laisser notre adversaire miser avec rien…"

Le double check/raise

Les règles du Hold'em sont formelles : on ne peut pas check/raise plus de trois fois au cours d'une main... Et rares sont ceux qui peuvent se vanter d'avoir tenté (ou juste observé) ce genre d'acrobatie qu'est le triple check/raise. Comme nous le confirme Pierre Calamusa, pourtant pas le dernier pour lancer des moves de folies, le triple check/raise est un move à ranger dans la catégorie des mythes, du genre qu’on raconte à nos petits-enfants au coin du feu. "Le triple check/raise extrêmement rare. C'est un move qu'on va peut-être tenter une fois sur un million..."  C'est en partie dû au fait que ce move implique une certaine coopération de la part de l'adversaire : impossible de check/raise si le joueur en face ne mise pas ! Et les rares fois où les conditions sont réunies, on peut parfois assister à une véritable catastrophe industrielle, comme par exemple sauter dès la première main du Main Event des WSOP....

Double C/RBref, laissons de côté l'improbable triple CR, et parlons plutôt de son petit frère le double check/raise. Après avoir checké le flop, votre adversaire mise et vous le relancer. C'est payé, le turn est retourné : la logique communément admise voudrait que cela soit maintenant votre tour de miser. Sauf que vous checkez encore. Là, si votre adversaire mise encore, vous recommencez la manoeuvre. Bravo : vous venez de faire un double CR. Super, mais à quoi ça sert ?

Pourquoi et comment utiliser le double check/raise ?

On ne va pas se mentir : le multi check/raise est principalement utilisé par un joueur dans une optique de valorisation de sa main, pour faire grossir le pot quand un adversaire a misé et que l’on détient une belle combinaison, que l’on pense supérieure à celle de son opposant.



Le Finlandais Pasi Sormunen dégaine un double check/raise contre Kevin Vandersmissen sur le Main Event de l'EPT Barcelone en 2013... et les papiers sont en règle.

Le multi check/raise en bluff est beaucoup plus rare. En revanche, on peut imaginer check/raise au flop avec des tirages backdoors, et check/raise à nouveau le turn si on a gagné de l’équité.

Comment contrer le multi check/raise ?

Selon Pierre Calamusa, la meilleure réponse reste de floater les check/raise : "Les joueurs se sont mis à floater les check/raise pour contrer les check/raise en bluff. Du coup maintenant, les joueurs qui floataient se retrouvent à miser le turn ! C’est pour ça que le double/check-raise flop/turn est devenue une arme un peu plus répandue ces derniers temps."

Le donkbet pour 1 BB

Guillaume DiazAvouons-le, le donkbet de 1BB ne faisait pas partie de la liste des moves envisagés au moment de commencer l’écriture de cet article. Mais quand on a soumis l'idée à Guillaume Diaz, l'ami Volatar a snap call. Car il semblerait que ce move soit actuellement en vogue chez quelques membres du Team W…

Commençons par définir ce qu’est un donkbet. Exemple : après une relance du bouton, la BB défend. Si celle-ci mise directement le flop, sans laisser la parole au relanceur initial, elle fait alors un donkbet. On dit souvent que le donkbet est le move des fishs, comme peut le laisser entendre le nom en lui-même… Mais les appelations sont parfois trompeuses : si certains débutants, après avoir payé une relance ou limpé préflop, s’empressent de miser au flop dès qu’ils ont touché quelque chose, ce move est très largement utilisé par les joueurs gagnants.

Le donkbet 1 BB sera facile à décrire : il s'agit simplement d'un donkbet pour le montant minimum : 200 aux blindes 100/200, 2 € en NL 200, etc.. Un move un poil plus risqué, et donc moins répandu qu’un classique donkbet pour 50% du pot. On se souvient par exemple de ce coup sur le High-Roller du Winamax Poker Open 2019, où Romain Lewis avait utilisé le donk-bet 1 blinde à deux reprises dans une main de mutant contre son coéquipier Adrián Mateos

Pourquoi et comment utiliser le donkbet 1 BB ?

Guillaume Diaz : "On peut l’utiliser pour plein de raisons différentes, par exemple pour redonner la parole à notre adversaire quand on s’attend à ce qu’il check-back beaucoup après que nous ayons checké sur une street. A l’inverse, le donkbet 1 BB est utile pour commencer à faire grossir davantage le pot lorsqu’on a une bonne main, alors que nous aurions pu checker à notre tour de parole."

Comment contrer le donkbet 1 BB ?

Guillaume Diaz : "Il est très dur de le contrer efficacement, c'est pour cela que c'est un de mes moves préférés en ce moment ! En fait, ce sont des spots où personne ne se retrouve jamais. La plupart des joueurs vont jouer comme s’il faisaient face à un check, mais je ne crois pas que ce soit la bonne solution. Être capable d’établir à peu près correctement la range de mains de son adversaire lorsqu’il donkbet 1 big blind est clairement le point clé pour contrer cette line."

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