Top 5 : les meilleurs ennemis

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Au poker, on aime les duels, même s'ils ne se déroulent pas toujours dans le plus pur esprit coubertin. On vous présente les rivalités les plus marquantes.

Top 5 Les Meilleurs Ennemis Facebook
Comme toute activité (sport, si vous voulez) disputée à haut, voire très haut niveau, le poker est une terre de rivalités, d'égos. Ce n'est pas pour rien que, lors du premier Main Event des WSOP en 1970, qui consistait en fait en une longue partie de cash game, au moment de voter pour le meilleur joueur à la table, chacun des sept participants a voté pour... lui-même ! Si les clashes dignes de ce nom se font aujourd'hui de plus en plus rares, la majorité des joueurs pros apprenant à garder leur sang-froid et préserver leurs nerfs pour se concentrer davantage sur eux que sur leurs adversaires, parfois la cocotte-minute déborde et les réactions fusent. En direct à la table ou a posteriori par vidéos ou textes interposés. Les raisons varient (du tilt passager au désaccord de fond), les conséquences aussi (de la petite brouille au règlement de comptes pur et simple) mais quelles qu'elles soient, ces inimitiés font partie de la petite et de la grande histoire de notre jeu. Et puis, avouons-le aussi, elles offrent leur lot de spectacle à tous les observateurs et commentateurs de la communauté, dont nous faisons évidemment partie. La liste était évidemment plus longue, mais voici cinq confrontations comptant pour nous parmi les plus mémorables.

Julien Martini Vs Yoh_Viral : le duel des coaches

Julien Martini - Yoh_Viral
Juillet 2019. Alors que les WSOP sont encore dans toutes les têtes avec un excellent bilan côté tricolore, la France du poker sort de sa torpeur estivale pour se préparer à un choc de titans entre deux poids lourds, prévu pour la rentrée : un heads-up retransmis en direct avec cartes dévoilées entre Julien Martini et Johan Guilbert alias Yoh_Viral. Même si le premier vient de réaliser un Vegas décevant, il reste sur une excellente année qui l'a vu décrocher son premier bracelet WSOP avant de terminer runner-up du plus gros tournoi de l'année, le PSPC à 25 000 $. Quant au second, passé à un cheveu d'un titre de Champion du Monde, il est l'un des joueurs français les plus actifs du circuit, entretenant une communauté toujours grandissante à coups de stories, vidéos Youtube et autres sessions de coaching. Depuis peu, Yoh a même ajouté une corde à son arc d'hyperactif, en défiant régulièrement des joueurs dans son fief du casino de Namur sur des parties de cash game streamées s'étalant sur plusieurs jours. Une belle opposition de style en perspective, attendue avec impatience par une bonne partie de la communauté. Elle n'aura jamais lieu.

Via une courte vidéo sur Twitter et un petit texte cinglant, Julien nous fait savoir que Johan a annulé leur rencontre, sans donner plus de détails. Mais surtout, et c'est ce qui passe le plus mal, en passant par un tiers, un employé du casino. Les premières précisions arriveront moins de 24 heures plus tard, par l'intermédiaire de deux nouvelles vidéos, toujours sur Twitter, cette fois signées Yoh_Viral. Le vice-champion du monde explique que leur arrangement date du WPT Barcelone de mars dernier. À ce moment-là, lui est prêt pour organiser le duel lors des semaines suivantes mais Julien repousse à septembre, préférant passer son printemps aux WSOP-Circuit de Cannes puis à l'EPT Monte-Carlo. Aucune date précise n'est fixée mais, selon Yoh, qui est revenu sur l'affaire en octobre dans le RMC Poker Show, Julien lui demande tout de même une preuve écrite de la tenue du match.

Et c'est alors que ressortent des vieux dossiers avec, en premier lieu, une proposition de coaching faite au début de sa carrière par Julien qui, pour se vendre auprès de futurs éventuels clients, aurait utilisé les courbes de gains online d'un autre joueur français. Une erreur que l'intéressé a reconnu dans de nombreuses interviews et pour laquelle il affirme avoir payé le prix. Johan remet également en cause la probité de Julien, qui se servirait de ce heads-up et de l'aura de son adversaire pour assurer en parallèle la promotion de son futur site de coaching, dont la sortie est, à ce moment-là, prévue pour septembre (il n'est toujours pas opérationnel à l'heure d'écrire ces lignes). En d'autre termes, Julien aurait accepté ce deal pour utiliser le statut de poids lourd médiatique mais de "poids léger" pokeristique de Yoh pour s'assurer une victoire facile sous le feu des caméras.

Des allégations dont s'est à son tour défendu Julien avec un nouveau tweet publié quelques jours plus tard, qu'il conclut ainsi : "Ton argument de promo gratuite ne tient pas car j'ai beaucoup plus à perdre que toi (la combinaison de mauvais WSOP et de perdre contre un Youtubeur peut m'être très dommageable). Je pense que tu as simplement manqué de courage et c'est dommage. À la place d'offrir un excellent spectacle pour le public français (...), tu as mis en avant le poker business que tu es bien le seul à soutenir." Si Julien a avoué entre temps, notamment au micro de Club Poker Radio, avoir agi de manière un peu trop impulsive et un tantinet immature, les rapports ne se sont pas détendus entre les deux hommes pour autant. "On s'est vu à l'EPT Barcelone, on s'est dit bonjour mais on ne s'est pas serré la main," avouait Martini, toujours dans CP Radio. Le Corse aurait même été spotté en juillet dernier chez le Twitcheur Math, en train de lancer quelques punchlines à l'encontre de son meilleur ennemi. Une situation d'autant plus cocasse quand on sait que Math est en partie soutenu par... Yoh_Viral. Deux joueurs qui ne devraient donc pas de sitôt partir en vacances ensemble. - Flegmatic

Wild Bill Hickok contre Jake McCall : la main de l’homme mort

DeadwoodAoût 1876. Très exactement cent ans après la signature de la fameuse Déclaration d’Indépendance à Philadelphie, les États-Unis restent une nation en chantier. Certes, la sanglante Guerre de Sécession (1861-1865), où les unionistes du nord ont fini par avoir le dessus sur les sécessionnistes du sud, a permis d’entériner le principe d’une nation unie et indivisible. Mais la bannière étoilée qui sert de drapeau aux USA ne compte encore que 37 étoiles, représentant autant d’États. Hors de ces territoires réglementés subsistent de vastes zones sauvages soumises à des gouvernements et lois à géométrie variable, où tout reste à faire et souvent, tout reste à explorer. Le Dakota est l’un de ces territoires de peu de foi et de loi. Au sein des communautés qui y poussent comme des champignons depuis que l’on y a découvert de l’or deux ans plus tôt s’y croisent et s’y affrontent chercheurs d’or, prospecteurs, commerçants, éleveurs, bâtisseurs, négociateurs et importateurs de tout poil, mais aussi des prostituées, trafiquants, arnaqueurs à la petite semaine et bandits de grand chemin, sous l’œil hostile des tribus indiennes natives, et d’autorités locales au pouvoir modeste et qui se retrouvent souvent dépassées par les évènements.

Wild Bill HickokLorsque James Butler Hickok arrive à dos de cheval à Deadwood, Dakota à l’été 1876, accompagné de ses comparses Calamity Jane et Charlie « Colorado » Utter, il vient de fêter ses 39 ans et sa réputation le précède. Célébré dans les gazettes de l’époque comme l’une des gâchettes les plus rapides de l’Ouest, avec des dizaines de duels gagnés à son actif, nombre d’eux entrés dans la légende américaine, « Wild Bill » Hickock a servi du côté des unionistes pendant la Guerre de Sécession avant de rejoindre le US Marshals Service, la police fédérale de l’époque, et de prendre un poste de shérif dans le Kansas. Mais ce bon Bill n’est pas venu à Deadwood pour faire la loi. Ce qui l’intéresse par-dessus tout, ce qui lui fait gagner son beurre aussi, c’est le jeu. En particulier le poker : son talent au Five Card Draw (le bon vieux poker fermé) et aux premières formes de Stud en vigueur à l’époque lui a permis de plus qu’arrondir ses fins de mois. Et à Deadwood comme dans tant d’autres camps de mineurs de l’époque, nombreux sont les saloons où l’on peut faire s’évaporer le fruit de son labeur dans le bourbon, les femmes et le gamble.

SaloonLes origines de la brouille entre Wild Bill Hickok et le dénommé Jack McCall, chasseur de bisons et pochtron notoire, se sont perdues dans les limbes de l’histoire… Selon McCall lui-même, il s'agissait de venger la mort de son frère, assassiné dit-il par Hickok... mais il n’a jamais été prouvé que McCall avait un frère. Une autre théorie, peut-être plus crédible : Jack McCall jouait très mal au poker quand il était ivre, et aurait perdu des sommes considérables face à Hickok au cours d’une nuit passée au #10 Saloon de Deadwood. La légende dit même que ce fish de McCall était tellement broke au sortir de la partie que Hickok lui a rendu un peu du blé qui avait été gagné à table, histoire qu’il puisse s’offrir son prochain repas. Un geste charitable qui, loin d’apaiser McCall, n’a fait que l’enrager un peu plus.
 


Quelle que soit la vérité sur les prémices de la bisbille, on sait à peu près ce qu’il s’est passé l’après-midi du 2 août 1876 : en arrivant au #10 Saloon, Wild Bill Hickok s’est dirigé vers sa table de poker habituelle. Sauf que son siège favori, celui faisant face à l’entrée de l’établissement et qui lui permettait de surveiller entrées et sorties, était déjà occupé par un autre joueur. Contre son gré, celui qui restait toujours sur ses gardes, s’étant fait tant d’ennemis durant sa carrière d’homme de loi, a donc dû s’assoir avec le dos tourné à la porte. Funeste faux-pas : en se pointant au saloon dans un état d’ébriété avancé, Jack McCall n’a eu qu’à tituber jusqu’à la table, pointer son .45 en direction de la nuque de Hickok, et appuyer sur la gâchette en criant « Damn you, take that ! ».

DécèsAprès avoir été acquitté à Deadwood lors d’un procès pipé (le Territoire du Dakota ne possédait pas de Cour de Justice établie), Jack McCall sera ratrappé par la patrouille dans le Wyoming voisin, et pendu dans la foulée. Pendant ce temps, les cartes que tenait en main Wild Bill Hickok au moment de s'écrouler sur la table de poker sont rentrées dans la culture populaire : si vous trouvez deux paires As-8, vous êtes bel et bien en possession de la Dead Man’s Hand - Benjo

Pour savourer une version romancée des derniers jours de Wild Bill Hickok (et bien d’autres histoires réelles ou inventées sur la conquête de l’Amérique), on ne peut que vous recommander les trois saisons (plus un long-métrage) de Deadwood, luxueuse série HBO disponible en streaming sur OCS. L’extrait ci-dessus en est tiré.

Roger Hairabedian vs les grinders FR : ça tire à balles réelles

BigRoger
Ah, sacré Roger Hairabedian : pas une année ne passe sans qu’il balance des piques bien salées au petit monde du poker en ligne (ce qui ne l’a pas empêché de nouer un partenariat avec une pokerroom online dans le passé). Mais celui qui s’est construit grâce au poker live a cependant une autre spécialité : trash-talker les jeunes grinders du Net, qu'il surnomme souvent les "poneys", usant pour cela de son mythique thread dédié sur le forum Club Poker (plus de dix ans d'activité) ou de son célèbre profil Facebook. En 2018, c’est même un ancien Team Pro Winamax, Adrien Guyon, qui a été la cible de Big Roger : le Top Shark 2015 expliquait notamment sur RMC que Roger lui avait tout fait avant la partie, entre "provocations" et "menaces". Au final, un Adrien plus amusé qu'exaspéré a fini par accepter un heads-up en live pour un montant de 10 000 €, joué au Casino de Namur en novembre de la même année : il remporta finalement le duel d’une courte tête à l’issue d’un mano a mano long de dix heures, emportant les félicitations d'un Roger somme toute fair-play.



Un duel à couteaux tirés...

Trois mois plus tard, Yoh Viral (voir plus haut) a également été défié par Big Roger dans des conditions similaires (excepté des enjeux différents avec une cave à 3 000 € au départ du duel, renouvelable six fois chacun), s’en sortant là aussi avec un profit à l’issue d’une passe d’armes longue de 24 heures et quelques punchlines bien senties. Mais cela fait longtemps que Roger aime se friter avec les petits génies du Net : à la fin des années 2000, le double détenteur de bracelet WSOP avait déjà joué (et gagné de peu) un duel HU au cercle Clichy-Montmartre face à Basil Yaiche, l’un des tout meilleurs espoirs français de l’époque. Vers 2013, il avait également affronté (et battu) Alexandre Luneau avant de remettre le couvert en PLO face à Rui Cao à l'Aviation Club de France. Car oui, Big Roger n'a pas peur de se mesurer aux pointures du poker tricolore : dans un autre registre, il avait par exemple proposé à Bertrand "ElkY" Grospellier, plus gros gagnant français en tournois live et icône de toute une génération de grinders online, de lui verser 100 000 € s'il s'imposait au classement LivePoker 2012, après un premier titre en 2011. Roger avait tout donné dans la dernière ligne droite pour finalement l'emporter, le tout dans un esprit bon enfant.

RogerMalgré tout, il y a un duel dont on aurait bien voulu voir la couleur : celui contre Erwann Pécheux, qui subit sans presque sourciller les sarcasmes de Roger Hairabedian depuis de nombreuses années. Raison du courroux de Roger ? Sa propre non-sélection au Global Poker Masters en 2015 : "Des joueurs comme Erwann Pecheux ou Paul Tedeschi, j’en ai vu passer des centaines qui aujourd’hui sont tombés dans l’oubli," assurait Roger sur Eurosport il y a deux ans. Et sur ce coup-là, il n'a pas tout à fait tort, lui qui a encore réussi pas moins de 22 places payées sur le circuit live l'an passé, ce qui n'est pas le cas de certains prodiges. Une pensée pour l'un des grinders des années 2010 Ilan Boujenah, dont le dernier ITM en live remonte à 2017 qui avait un jour déclaré sur le fameux thread CP de Big Roger qu'il le surclasserait sans peine sur la All Time Money List... Une prédiction qui ne reste à l'heure actuelle qu'un doux rêve. - Rootsah
 

Mike Matusow vs Shawn Sheikan : quand The Mouth trouve à qui parler

MikeTheMouthNous sommes en juillet 2005, au Rio de Las Vegas. Mike Matusow, double détenteur de bracelet WSOP et connu pour sa grande gueule qui a déjà fait des étincelles sur le circuit – ce qui lui a valu le surnom de "The Mouth" -, est en train d’accomplir la perf' de sa vie, puisqu’il est chipleader en demi-finales du Main Event des WSOP. Assis deux crans à sa gauche, un certain Shahram Sheikan, double finaliste WSOP seulement, short stack et clairement pas de très bonne humeur. On ne sait pas si les deux joueurs avaient déjà eu maille à partir plus tôt dans le tournoi, mais il n’en faut pas plus à Mike pour titiller son adversaire, fredonnant un petit refrain provocateur tout en le fixant d'un air amusé… Sur le coup, "Shawn" ne réagit pas. Mais un peu plus tard, après avoir foldé préflop dans un coup opposant Matusow à Michael Kessler, l'Américain frappe la table à l’apparition du flop. The Mouth ne manque pas l’occasion d’en remettre une couche : "Tu sais que nous sommes au milieu de la main, nous avons besoin que tu la fermes." Réaction de "Sheiky" à un Mike toujours dans le coup : "Que viens-tu de dire ? Que viens-tu de dire ?" Résultat : le floor intervient rapidement et inflige dix minutes de pénalité aux deux joueurs pour mettre fin à ce clash improbable à un stade si avancé du plus gros tournoi au monde. Shawn accepte la sanction en silence, et Mike semble rigoler de la situation devant la caméra d'ESPN... Par la suite, le Californien, toujours muni d'un gros tapis, tentera de faire l’horreur à son adversaire en payant son all-in avec... 7-2, sans succès. Pour la petite histoire, Mike terminera 9e du Main, un peu mieux que Shawn, 11e.

Mais les centaines de milliers de dollars gagnés n’ont en tout cas pas suffi à réconcilier les deux hommes, dont la bisbille a carrément dégénéré quelques années plus tard, lors du tournage de l’émission High Stakes Poker : dans un épisode de la saison 3, on peut voir Sheikan casser volontairement les lunettes hors de prix de The Mouth ! Voilà un joueur qui semble n’avoir que peu de respect pour les légendes du poker, Doyle Brunson et Phil Hellmuth en ayant aussi pris pour leur grade dans d'autres shows TV, sans oublier une petite baston avec David "Viffer" Peat relayée par Erick Lindgren notamment. Depuis, l'affaire semble enterrée (même si un certain site d'infos parodiques a bien tenté de souffler sur les braises) et Shawn Sheikan a plus ou moins disparu des radars, malgré un top 10 sur un event WSOP il y a deux ans. Quant à Mike, hyperactif (et volontiers complotiste/Trumpiste) sur son compte Twitter, il est toujours présent aussi bien sur les tournois live qu'online. On n'a pas fini de l'entendre... - Rootsah

Doug Polk contre Daniel Negreanu : la guerre des influenceurs

Daniel NegreanuOn l’a appris il y a quelques semaines : après avoir passé une bonne partie des trois dernières années à se détester mutuellement par interviews et réseaux sociaux interposés, Daniel Negreanu et Doug Polk devraient finalement régler ça une bonne fois pour toutes, à la table de poker. Chic, s’exclament en cœur les fans : un HU4ROLZ entre deux grands noms du poker, cela n’arrive pas tous les jours. Mais au fait, à quand remonte le contentieux entre l’un des joueurs les plus titrés et appréciés de l’histoire et l’ex-pro reconverti en YouTubeur à succès ?

Il faut remonter à 2016. À l’époque, Negreanu est encore la tête de pont indéboulonnable de PokerStars, bénéficiant à ce titre du contrat de sponsoring le plus lucratif de l’histoire, complété avec des parts de la société à son nom. Alors quand son sponsor, qui vient récemment d’être racheté par le consortium canadien Amaya, se met à couper les budgets de son programme de fidélité (au revoir, le programme Supernova Elite) et augmenter le rake de certaines de ses tables, que fait la superstar canadienne ? Comme un bon soldat, elle va au front. Negreanu prend position, défend les décisions de PS, et se lance dans de longues explications comme quoi, dans certaines conditions, un rake plus élevé peut potentiellement être positif pour l’écosystème en chassant les pros des tables, laissant un peu d’air aux amateurs. Devant ces déclarations, on en trouve quelques-uns dans la communauté, pour dire que oui, peut-être, à la limite pourquoi pas, mais la majorité rigole et/ou est furieuse. Exemple avec Doug Polk, qui va rapidement prendre la tête de la fronde anti-KidPoker, à grand renforts de vidéos moqueuses et d’interviews remplies de punchlines.

Doug Polk Daniel NegreanuCar pour Doug Polk, self-made man du poker (3 bracelets et des milliers d’heures de vol aux plus grosses tables de HU en ligne), cet autre self-made man qu’est Daniel Negreanu a commis un crime en prenant ces positions controversées. Lequel ? Quitter son rôle d’ambassadeur du poker pour devenir celui d’une marque. En un mot : devenir un « hypocrite », une « gêne » pour le monde du poker. Polk réussira à attribuer à Negreanu des mots qu’il n’a jamais prononcé verbatim mais qui feront mouche : « More Rake is Better ». Il ira même jusqu’à se payer un panneau publicitaire au bord du Strip de Las Vegas pour afficher cette formule, et la portera sur son t-shirt à l’occasion d’une table TV où il s’était retrouvé assis à côté de son nouvel ennemi ! Cet activisme contribuera largement à faire de Polk un héros auprès des grinders, et un nouveau porte-parole des intérêts des joueurs, au grand dam de Negreanu qui s’était depuis longtemps attribué le titre pour lui tout seul !

Avance rapide jusqu’à l’été 2020 : même s’il est désormais retraité du poker, et partage son contenu YouTube entre des éditoriaux sur les cryptomonnaies, l’actu internationale et les petits et gros scandales du poker, Doug Polk continue de secouer de temps à autre le cocotier de Daniel Negreanu. Ce dernier ne passe pas un été de rêve : en quête d’un bracelet WSOP devant son ordinateur, ses sessions Twitch sont régulièrement émaillées de pétages de plomb en direct suite à une déconnection ou d’un message de hater dans le chat, provoquant même son bannissement de la plate-forme. C’est là que Joe Ingram, autre grand influenceur du poker, intervient : et si vous régliez ça en heads-up ? Le tweet circule, Doug Polk se dit chaud patate, les retweets pleuvent et surprise : Daniel Negreanu accepte, donnant son accord sur le principe pour 10 000 ou 25 000 mains de NLHE en ligne, aux blindes 200 $/400 $ sur deux tables en simultané. Avec cependant une pointe de défaitisme, comme il l’avoue entre les lignes sur son blog : « C’était peut-être son intention dès le début. M’attaquer sans relâche, montrer les muscles, se moquer de moi, dans l’espoir de me faire accepter un duel high stakes. Si c’est le cas, bien joué. Tu as obtenu ce que tu voulais. » On a connu des déclarations de guerre plus enthousiastes !

Doug PolkIl faut dire que dans ce duel à venir, malgré ses 6 bracelets WSOP et sa 3e place sur la All Time Money List (42 millions de dollars !), Negreanu ne part pas favori, et il le sait : le No-Limit en HU est LA grande spécialité de Doug Polk. Le bougre a même battu à plate couture Claudico, la première mouture de la célèbre intelligence artificielle Libratus ! Mais Doug Polk se protège aussi d’une éventuelle défaite, expliquant qu’il n’a pas sérieusement joué au poker depuis des années, et surtout pas au plus haut niveau. Récemment, on l’a vu sur le podcast vidéo de Joe Ingram exhiber les courbes de son tracker depuis la reprise de son entraînement : « Je me fais défoncer ! » Du côté des bookmakers, PokerShares a clairement choisi son camp : Negreanu est l’underdog avec 3,8 contre 1, tandis que Polk tourne autour de 1,3. Quoi qu’il en soit, si les deux ne nous font pas le coup de Booba et Kaaris (il reste encore quelques points de négociation, comme le site qui accueillera le match), le combat sera dans tous les cas passionnant à suivre. Car au-delà des sommes impliquées, ces deux influenceurs du poker risquent quelque chose de peut-être plus important : leur crédibilité. - Benjo

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Adorateur de Cheick Diabaté. Goûteur semi-professionnel de reblochon. Enchaîne les tapis. Finit souvent carpette.

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