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Top 5 : les folds WTF ?!

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Vous pensiez réussir le fold d'une vie en passant votre brelan avec aplomb ? Ne vous emballez pas : c'était peut-être une très mauvaise idée…

Folds WTF
Non, cette fois, nous n'allons pas parler de bluffs épiques ou de games de légende : dans cet article, nous allons nous focaliser sur des mains s'étant achevées par des folds pas forcément très inspirés, qui méritent bien un papier à eux seuls. Parce que bon, qui n'a jamais passé la meilleure main au Texas Hold'em ? Clairement, personne : chaque joueur de poker dans le monde s'est fourvoyé plus d'une fois dans sa vie, car nous sommes bien dans un jeu d'information incomplètes où il est impossible de prendre 100% de bonnes décisions. Le vrai problème survient quand ces coups foireux coûtent de grosses sommes d'argent et que les caméras sont là pour les immortaliser. Parlez-en à Johnny Lodden...

Si vous continuez votre lecture, ne vous attendez pas à retrouver le célèbre mec qui a foldé des paires d'As pré-flop contre Jason Mercier et Phil Laak parce que quelque chose l'a fait flipper : là, c'était juste n'importe quoi. Non, ce que vous allez lire, ce sont quelques-unes des erreurs les plus coûteuses depuis que Phil Hellmuth a été humilié au Big Game par Tony G. il y a des années, ou depuis que Mikalai Pobal a checké les nuts en heads-up du Main Event de l'EPT Barcelone en 2012. Et pour analyser ces coups de "génie", nous avons fait appel à un membre du Team Winamax, Volatile38 en l'occurrence... Vous aimez les folds improbables ? Vous allez être servis.

Dennis Baltz vs Greg Raymer : l'effet Main Event
Main Event des WSOP (2009)

La 40e édition des WSOP a eu lieu en 2009, l'année notamment où Leo Margets, future Team Pro Winamax, termina à la 27e place du Main Event, empochant un peu plus de 350 000 $ et le titre de Last Woman Standing. 2009, c'est aussi l'année ou Antoine Saout a terminé 3e du Big One suite à un horrible bad beat contre le futur vainqueur Joe Cada...

Lors de cette édition légendaire, on a assisté à des mains toutes plus folles les unes que les autres, dont celle qui nous intéresse (vidéo ci-dessus) : ce bon vieux Greg Raymer, avec ses lunettes tout droit sorties des années 70, y a probablement effectué le 4-bet le plus rentable de sa vie... Retour en arrière : nous sommes au Day 2 du tournoi, en table télévisée, et "Fossilman" relance avec JJ. Le mythique cash gamer télévisé Jason Alexander, à sa gauche, paye avant que Dennis Baltz, ne découvre KK en petite blinde et décide de 3-bet. L'action revient sur Raymer, qui, sans trop réfléchir, envoie un bon gros 4-bet des familles. Alexander se couche et Baltz, après nous avoir gratifié de l'expression la plus effrayée que l'on ai jamais vue après une relance au Jour 2, se couche également. "What, he only plays pocket quads?!" s'étrangle Norman Chad aux commentaires, se moquant sans pitié de ce gars dont on se souviendra toujours comme celui qui a foldé les Rois pré-flop dans notre tournoi préféré.

L'avis de Volatile38 : "Hem ... Mais c'est quoi cette main ? Le fold est dû, je suppose, au "Main Event Effect" car le gars ne veut pas risquer son tapis si tôt dans le tournoi. De plus, il fait face à Greg Raymer, qui est le prototype du joueur US plutôt serré ... En réalité, il n'y a pas de cas où il est censé 4-bet une paire de Valets. Mais bon, on ne fold jamais les Rois !"

Tobias Reinkemeier vs Scott Seiver : Tobias n'aime pas ses As
Big One for One Drop (2014)

Dans l'un des tournois les plus chers de l'histoire, le Big One for One Drop 2014, nous avons également eu l'occasion de voir des folds qui nous ont laissé bouche bée. Avec un droit d'entrée d'un million de dollars (dont 111 111 $ directement reversés à la fondation One Drop de Guy Laliberté), la majorité des meilleurs joueurs du monde composait logiquement le field de ce tournoi dantesque qu'Antonio Esfandiari avait remporté deux ans auparavant, avant Dan Colman en 2014 donc et Justin Bonomo en 2018.

Lors de la seconde édition, c'est Tobias Reinkemeier (l'un des plus gros joueurs de tournois High-Rollers de l'époque) et Scott Seiver (détenteur de trois bracelets WSOP) qui ont décidé de nous donner du grain à moudre, avec une de ces mains qui restera dans les archives télévisuelles du poker non pas à cause de sa complexité ou de la maîtrise technique dont ont fait preuve les protagonistes, mais bien à cause d'un thinking process de l'Allemand que personne n'a encore compris aujourd'hui. Nous sommes en table finale, il reste 7 joueurs et Seiver ouvre UTG avec K10. Tobias, légèrement short stack, se contente de défendre sa big blind avec AA pour trap. Il check-call le flop hauteur Dame pour voir le turn ou Seiver, après avoir tripoté ses jetons pendant quelques secondes, envoie son tapis pour environ la taille du pot (près de 6,8 millions de jetons) ! Reinkemeier avale sa salive, enlève ses lunettes de soleil bleues et se met à parler à Seiver : "Je pensais t'attraper..." commence-t-il en secouant la tête. L'Américain, qui semblait au premier abord froid comme l'acier, se réjouit et répond : "Tout le monde connaît ta main, tu as K-Q ou A-Q." Ce à quoi Tobias répond : "Tu as tort, mec. J'ai mieux que ça." Le plus drôle, c'est que le raisonnement de l'Allemand est bon : "Tu n'as pas A-Q, je ne pense pas que tu ais K-Q, tu pourrais avoir K-9 ou K-10, bien sûr... Mais tu ne m'a pas mis sur les As, évidemment." On aurait pu y passer une heure, mais Daniel Negreanu, également assis à table, demande le time pour Reinkemeier. Et comme on dit, le reste appartient à l'histoire.

L'avis de Volatile38 : "Je ne comprends vraiment pas comment Tobias joue ce coup : il check le flop pour attraper Seiver et pourtant quand ce dernier shove all-in pour le montant du pot au turn, il n'a presque jamais la couleur. Donc les mains possibles de Seiver ici sont 109, K10, A-10 avec l'A, A-J avec l'A ou des choses comme ça. Si Reinkemeier avait l'A, il pourrait tout de même envisager de se coucher, même s'il a trouvé plus d'équité, car basiquement Seiver pourrait bluffer s'il possédait cet As. Mais non, Tobias ne peut pas se coucher. Dans cette situation, c'est vraiment sick."

Douche écossaise pour Maria Ho
Main Event des WSOP Europe (2017)

Même si ces derniers temps nous sommes plus habitués à voir Maria Ho raconter des parties qu'à en jouer, l'Américaine affiche tout de même un solide CV, ayant terminé Last Woman Standing deux fois aux WSOP (2007 et 2014) et une fois aux WSOPE (2011). Elle a gagné plus de 4 000 000 $ en tournois live et il fut un temps où elle était partie prenante de tous les tournois majeurs.

Cependant, ce fold dans le Main Event des WSOPE qui s'est tenu à Rozvadov (République tchèque) en novembre 2017 symbolise très bien le fameux rapport risk/reward qui intervient souvent dans notre jeu favori. Pour la main qui nous intéresse, nous sommes au Day 4 de la compétition, dans l'argent et avec quelques très gros tapis : dans un pot 3-bet par Niall Farell depuis la petite blinde avec AK, ils sont 5 pour voir le flop 107J. L'Écossais, qui parle en premier, overbet à tapis, obligeant tous les joueurs de la main à se coucher ! Tous ? Oui, même Maria Ho, qui possède pourtant un très beau brelan de Dix !  "Ce n'était pas un bon flop pour les As", commente un spectateur en arrière-plan, alors que le visage de Niall s'éclaire comme s'il venait de bluffer Phil Ivey lui-même... 

L'avis de Volatile38 : "C'est fou, je ne sais pas comment Maria peut folder ça. Il est clair qu'avoir deux joueurs à parler derrière elle peut lui faire penser qu'elle pourrait se faire trap, mais je pense que Farrell ne va jamais shove avec une couleur max, et qu'il y a peu de mains comprenant deux coeurs dans son range de 3-bet. Maria peut ensuite clairement perdre contre l'une des mains que Farrell pourrait avoir, des mains comme AK ou AA avec l'A; mais je pense qu'elle aurait dû suivre, même sur un overbet, car elle ne sera quasiment jamais derrière."

John Juanda vs. Sergey Lebedev : la tête au carré
SHR Triton Poker Series (2019)

Pour cette main, on se retrouve au Super High Roller Triton Poker Series 2019, qui s'est tenu à Budva au Monténégro. Un festival de tournois dont l'événement le moins cher était à 10 900 € de buy-in, et qui réunissait donc la crème de la crème du poker mondial. L'action se déroule lors de la table finale de l'Event 6, un tournoi de Short Deck au buy-in de 250 000 $ HK (environ 27 250 €). Rappelons que dans cette variante toujours plus populaire dans les parties High-Stakes, le deck habituel de 52 cartes est réduit à 36, puisque tous les Deux, Trois, Quatre et Cinq sont sortis du paquet.

Nous commençons avec John Juanda (5 bracelets WSOP dont un Main Event WSOPE, vainqueur de l'EPT Barcelone en 2015), qui entre dans la danse avec 66 dans une main limpée par Daniel Dvoress en position UTG et auquel 5 des 6 joueurs restants participent : Sergey Lebedev, Daniel Cates, Juanda, Dvoress et Yong Wai Kin. Et Juanda est plutôt bien parti, floppant un full sur le flop AA6, puis trouvant un carré sur la river 6 après un turn A  alors que seul Lebedev est encore dans le coup. Le Russe, qui ne joue pas mieux que le board avec son KJ, décide alors de miser 1/4 du pot et fait visiblement réfléchir l'Indonésien, qui s'exclame à haute voix "Quelle main folle !" avec un sourire qui en dit long... Car comme le soulignent les commentateurs, il ne détient finalement qu'un bluff catcher sur un éventuel carré d'As ! Au bout du compte, John rend ses cartes au croupier, comme s'il n'en voulait plus. "Oh... Je fold un monstre," confirme-t-il laconiquement. Pas grave : c'est lui qui remportera finalement le tournoi...

L'avis de Volatile38 : "C'est du Short Deck et je ne sais pas comment jouer à cette variante, mais je pense que ce fold est normal. Personne n'est censé bluffer ces spots et l'agresseur pourrait avoir un As relativement couramment. Donc je suppose que c'est un fold facile, car vous savez que peu de gens vont bluffer dans ce spot."

Francisco vs Big John : action men
Live at the Bike (2018)

Depuis quelques années maintenant, les cash games du Live at the Bike qui se déroulent au Bicycle Hotel & Casino de Los Angeles attirent toutes sortes de joueurs, amateurs ou requins venus pour gagner de l'argent sous le feu des projecteurs et prêts à pratiquer un poker extrêmement agressif.

Nous sommes en 2018 au milieu de l'unes des nombreuses parties, et les blinds sont à 10 $/20 $ avec une option à 40 $ possible, comme le démontre Big John dans la main visible ci-dessus. En effet, l'Américain paie sans regarder en premier de parole - avant que les cartes ne lui soient distribuées donc - tandis qu'un joueur à l'improbable pseudo de rappeur, Luda Chris, ne relance à 160 $ ​​UTG+1 avec 86. Francisco, au bouton, possède 44, et paye aussi, alors que le reste des joueurs se retire jusqu'à Big John, qui découvre QJ et complète la somme demandée. À ce moment, il y a un peu plus de 500 $ au milieu, et le croupier sort un flop 6Q4 dans lequel Big John mise peu moins de la moitié du pot. Luda Chris et Francisco acceptent l'offre pour voir un turn 9. L'agresseur mise à nouveau, cette fois pour 1/3 du pot, et est à nouveau payé par Luda Chris mais pas par Francisco, qui a une autre idée en tête : il décide carrément d'envoyer un parpaing à 2 240 $ ! Big John, sans trop réfléchir, s'aligne alors que Luda Cris se couche, et ils ne sont plus que deux pour voir la river 5. Et une seconde à peine après que le croupier ait dévoilé la dernière carte, Big John fait tapis pour 3 190 $ avec sa paire de Dames ! Francisco va alors se mettre à réfléchir pendant plus de 3 minutes, jusqu'à folder finalement son brelan.

L'avis de Volatile38 : "Mais c'est quoi ce bordel ? Cette main est une blague... En fait, je pense que c'est le pire fold de tous. L'adversaire de Francisco, je ne sais pas ce qu'il pourrait avoir pour le battre : il ne représente rien, il n’a jamais 7-8 ici, ça n’aurait pas de sens, donc bon, tu dois payer et fermer les yeux... Il n'a pas non plus de bluffs clairs. Dans cette main, tu ne peux pas folder un brelan vu la texture du board et l'action avant la rivière."

Bonus : Jenny aurait-elle foldé son full ?

Non, la dernière main que nous ajouterons à ce Top 5 n'est pas un fold. Mais si l'on retient les commentaires de Jennifer Tilly à la fin de l'action et si ce bon vieux Patrik Antonius avait misé sur la rivière, elle ferait probablement partie de notre classement... Ce coup s'est déroulé dans l'émission mythique du milieu des années 2000, Poker After Dark, diffusée par le réseau américain NBC pendant quatre ans jusqu'au Black Friday en avril 2011. Depuis 2017, PokerGO a repris la série, qui en est déjà à sa onzième saison.

Mais l'histoire du show est le cadet des soucis de Patrik Antonius et Jennifer Tilly, plus occupés à jouer une énième main : l'Américaine relance du bouton avec JJ et Antonius se borne à suivre depuis la petite blinde avec 108. Sur un flop multicolore sur lequel Tilly frappe un brelan de Valets - 10J7 -, elle mise un peu plus des 2/3 du pot et Antonius suit après un instant de réflexion. Et c'est là que l'action prend fin dans cette main, car ni le turn K ni la rivière K ne verront les deux joueurs investir plus d'argent au milieu. Pourtant, Jenny a bien un full... "Full house ?", s'étonne Antonius lorsque l'actrice lui montre sa main. Pendant ce temps, la caméra se dirige sur Phil Ivey, qui ne peut pas croire ce qu'il vient de voir. "Je pensais que tu avais une paire de Rois ...", sourit la pauvre Jennifer, qui ne sait plus trop où se mettre après que toute la table l'ait vue folder avec une "maison pleine" qui faisait figure de main énorme mais qu'elle aurait finalement peut-être foldé sur une mise adverse. "Presque, presque," dit Antonius, incapable de se retenir de rire...

Texte original de David Sarabia publié sur Winamax.es
Traduction : Rootsah

Et vous, avez-vous fait des folds que vous pensiez épiques mais qui se sont avérés ridicules ? Confiez-nous votre désarroi sur nos réseaux !

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David S.

Je pensais que mon truc était le journalisme, pas le poker. Mais finalement, j'ai choisi le poker et j'ai fini par faire les deux.

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