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Top 5 : Les deuxièmes places inoubliables

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Ils sont passés tout près de la victoire mais cela ne les a pas empêché de marquer les esprits, pour des raisons bien différentes. Retour sur cinq runner-ups gravés dans nos mémoires.

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On dit souvent que l'on ne se souvient que des vainqueurs, et qu'un heads-up, comme une finale, ça ne se joue pas : ça se gagne. Ne nous voilons pas la face : dans 99% des cas, c'est le cas. Ce qui reste, ce sont les trophées, les photos de vainqueurs, prises alors que le vaincu a depuis bien longtemps quitté la salle du tournoi... s'il n'est pas déjà reparti au bureau des inscriptions afin de prendre son ticket pour l'épreuve suivante. Pourtant, il reste bien 1%. 1% de perdants magnifiques, de récidivistes, d'histoires improbables, de chouchous qui trébuchent à une marche du sacre. Deux semaines après la disparition de Raymond Poulidor, rendons hommage à toutes ces deuxièmes places entrées dans la légende.

[NB : Tapis_Volant ayant déjà bien dégagé le terrain en juin dernier avec une enquête très complète sur les runner-ups tricolores aux WSOP, nous sommes allés piocher les nôtres ailleurs. Ne soyez donc pas étonnés de ne pas trouver dans les lignes suivantes Romain Lewis ou un certain été 2015...]

La plus fréquente : Phil Hellmuth

Phil Hellmuth

"Même pour être deuxième, je suis premier. Hop, c'est tweeté."

Avant de parler émotions fortes, tragédie et folle intensité, ouvrons avec une réalité brute : celle des chiffres. Ils ne sont trompent jamais parait-il. Recordman du nombre de bracelets accrochés à ses poignets avec quinze unités (loin devant le trio Phil Ivey, Johnny Chan et Doyle Brunson, bloqué à dix), Phil Hellmuth tient aussi le haut du pavé d'un classement beaucoup moins médiatisé, et pour cause : celui du plus grand nombre de deuxièmes places aux World Series of Poker. Alors que Daniel Negreanu était revenu à sa hauteur l'été dernier avec deux places de runner-up de plus pour porter son total à dix, le grand Phil est repassé seul en tête à Rozvadov, en s'inclinant contre Besim Hot sur le Mixed Games Championship à 25 500 € des WSOP-Europe.

Onze médailles d'argent collectées entre 1992 et 2019, preuve supplémentaire de sa longévité au haut niveau, pour quinze d'or : les fans du Poker Brat peuvent toujours se consoler en se disant que leur champion remporte son heads-up final plus d'une fois sur deux. Si l'on ne devait en choisir qu'une, ce serait probablement celle du Poker Players Championship de 2011, à un million de dollars, sa seule place payée d'ailleurs sur ce tournoi si prestigieux. Cette année-là, Phil avait même "confirmé", en terminant ensuite deuxième du Stud Hi-Lo Championship et du Deuce to Seven Triple Draw Championship. Sans nul doute en lâchant plus d'un nom d'oiseau...

La plus célèbre : Erik Seidel

"Erik Seidel cannot win this hand and yet he doesn't know it!" On a tous vu cette main. On l'a tous regardée en boucle en se demandant si Seidel pouvait faire autre chose que d'envoyer cette ultime salve river dont il ne sait pas encore qu'elle est suicidaire, et en appréciant le slowplay turn de Johnny Chan et son attitude globalement désinteressée. Nous ne sommes d'ailleurs pas les seuls. Plus de dix ans après les faits, dans son petit appartement new-yorkais, un certain Mike McDermott aimait aussi passer et repasser la cassette de ce duel devenu mythique dans le tout aussi culte Les Joueurs, achevant de la faire passer à la postérité.

Sauf qu'à l'époque, le sujet numéro 1, c'est Johnny, lui qui réalise alors l'exploit de remporter pour la deuxième année consécutive le Main Event des WSOP. Au sein de cette histoire, Seidel, c'est l'autre, le perdant, l'inconnu sans charisme venu de la cote est avec sa casquette de trader, qui se fait hameçonner par le Champion du Monde en titre. Une image qu'il conservera et continue de conserver trois décennies plus tard, même avec plus de 37 millions de dollars accumulés entre temps, un siège confortable dans les hauteurs de la All-Time Money List et un statut de légende indéboulonnable, sur qui l'épreuve du temps n'a que peu d'emprise. Le plus beau des losers et en même temps l'un des plus grands champions.

La plus rageante : Julien Martini

Julien Martini PSPC
Enfin, nous y sommes. Plus d'un an après avoir été annoncé en grandes pompes lors du PS Championship de Prague, le PS Players Championship est sur le point de livrer son verdict. Durant toute l'année 2018, la room au pique rouge a dépensé sans compter, distribuant à tour de bras des Platinum Pass pour faire de ce tournoi à 25 000 $ l'événement pokeristique de l'année. De fait, le "PSPC" a tout du franc succès, avec plus de 1 000 entrées au compteur, dans un savoureux mélange d'amateurs invités et de professionnels avides de chair fraîche, ayant flairé le bon coup. À droite de la table, Ramon Colillas représente la première catégorie. Routier des tournois mid stakes d'Espagne, il n'est pas non plus le premier débutant venu, mais son palmarès fait pâle figure à côté de celui de Julien Martini, champion WSOP depuis six mois, et joueur régulier de cash game high stakes en Asie du sud-est.

Plus expérimenté, plus habitué à jouer pour de grosses sommes, le Corse apparaît donc comme le favori naturel pour le titre et les 5,1 millions de dollars promis au vainqueur, d'autant plus avec un tapis plus de deux fois supérieur à son dernier adversaire espagnol (84 blindes contre 39). Face à tant de signaux encourageants, toute la France du poker se prend à rêver de ce qui serait le plus bel exploit de l'histoire de notre pays, devant les deux troisièmes places de Ben Pollak et Antoine Saout sur le Main Event des WSOP. Mais le sort, sous la forme d'une rencontre couleur floppée contre full runner-runner, et un Ramon Colillas bien plus solide qu'escompté en décident autrement. Si elle ne laisse à Julien "aucune amertume," cette deuxième place reste forcément entâchée d'un goût d'inachevé. On ne saura jamais si les deux millions supplémentaires qu'aurait engrangé le Français l'auraient effectivement convaincu à prendre sa retraite, ou s'il aurait parcouru le globe en tant que nouvel ambassadeur de notre jeu favori. Au moins cette deuxième place nous aura-t-elle rappelé, comme l'écrivait Benjo à l'époque, qu'au poker, rien n'est jamais écrit.

On avait aussi pensé à lui : Adrien Allainrunner-up malchanceux de l'EPT Grand Final de Monte-Carlo en 2016.

La plus hollywoodienne : Tony Miles

Tony Miles
Vous connaissez l'histoire par coeur. Vous avez même pu en lire un long récit en quatre épisodes sur le blog du Team Winamax et vivre son dénouement de l'intérieur en vidéo. Pourtant, rien à faire, on ne s'en lasse pas. L'histoire de Tony Miles, c'est celle du rêve américain qui rencontre le plus grand tournoi de poker de la planète, celui capable de changer des vies. Alors quand en plus elle s'entremêle avec le parcours du plus entier et du plus imprévisible de nos W rouges, Pierre Calamusa, tous les ingrédients sont réunis pour en faire un blockbuster épique.

Allez, pour le plaisir, on vous refait le scénario en accéléré : une rencontre impromptue sur un tournoi du Planet Hollywood, un "coup de foudre" amical et une confiance mutuelle immédiate, un parcours dantesque et presque sans heurts sur le Big One qui lui ouvre les portes de la table finale, de longues heures de coaching pour préparer au mieux cet événement crucial, un one time qui se poursuit jusqu'à la toute dernière journée et enfin un heads-up long de dix heures... perdu face à John Cynn. À l'instar d'un Rocky Balboa, Tony Miles est sorti perdant du combat de sa vie, mais a énormément gagné en retour. Cinq millions de dollars, tout d'abord - une somme non négligeable, vous en conviendrez -, une amitié indéfectible avec l'un des mecs les plus chouettes du circuit et la sympathie d'une large part des observateurs, des deux côtés de l'Atlantique. Lui l'ancien paria, l'ancien addict, revenu de l'enfer pour grimper au sommet du poker mondial. Ou du moins le toucher du bout du doigt. Ce qui est déjà beaucoup. Aujourd'hui, quand on veut évoquer le Main Event des WSOP 2018, on ne parle pas de celui de John Cynn, mais celui de Tony Miles.

La plus haletante : Tom Dwan

Tom DwanSans doute la deuxième place qui a fait le plus d’heureux de toute l’histoire du poker. Et au passage celle où absolument personne ne se souvient du nom du mec qui a terminé en première place. Lorsqu’en mai 2010, à trois jours du lancement des World Series of Poker, Tom Dwan a lancé un défi public à la planète poker, peu nombreux sont ceux qui l’ont pris au sérieux. Pourtant, à 23 ans seulement, le gamin du New Jersey était à l’époque au sommet de la chaîne alimentaire des high stakes. Tous les jours, il disputait des pots à six ou sept chiffres sur les gros sites de l’époque, FullTilt en tête. Tous les jours, il défiait sans broncher ceux qui osaient remettre en question sa domination. Tous les jours, on ne parlait que de lui, et tous les jours on se connectait en espérant qu’il soit déjà assis sur 4 tables face à Patrik Antonius, Isildur1 ou Gus Hansen. Alors pourquoi, lorsque Tom Dwan a annoncé qu’il prenait TOUS les paris sur l’obtention d’un bracelet WSOP, toute la confrérie des pros a sauté sur l’occasion en ricanant, persuadée de faire une super affaire ? La réponse est simple : c’est en cash-game, et uniquement en cash-game, que Durrrr avait construit sa légende. Peu importe son talent sur les parties les plus chères, Dwan n’avait encore jamais fait ses preuves en tournoi, et encore moins en live.

Avance rapide deux semaines plus tard : la confrérie des pros ne rigole plus. Il ne reste plus qu’une vingtaine de joueurs sur 2 563 dans l’Event 11, une boucherie à 1 500 $, et le chip-leader s’appelle Tom Dwan. Phil Ivey, Mike Matusow, Eli Elezra, Howard Lederer, Sorel Mizzi et j’en passe : la quasi-totalité des pros ayant parié contre Dwan sont dans l’Amazon Room alors que Dwan accroît son chip-lead et se rapproche de la finale. Mais ce n’est pas le Day 1 de leur tournoi de Stud High-Low qui occupe leur esprit, mais bien les millions de dollars (dizaines de millions ? On ne saura jamais vraiment le montant exact) qu’ils ont mis en jeu contre ce gamin inconscient et, en définitive, pas si nul en MTT. Ce n’est que très tard dans la nuit, peu avant l’aube, après de multiples rebondissements à peine croyables, qu’ils pourront enfin souffler : grâce à un joueur australien nommé Simon Watt (depuis retombé dans l’anonymat), le braquage a été évité de justesse.

Tom Dwan - Benyamine

Presque dix ans plus tard, que nous reste-t-il de cette journée irréelle, gravée dans la mémoire de tous ceux qui l’ont vécue ? Avec le recul, ce qui semblait être le point de départ d’une brillante carrière en tournoi pour Tom Dwan fut en réalité son baroud d’honneur. Après être passé tout près de broke la planète high stakes, Durrrr n’a jamais retrouvé les cimes d’un gros tournoi live, et ses exploits en ligne ont été brutalement mis à l’arrêt par le Black Friday et la déchéance de son site préféré. De nos jours, Dwan n’est plus un personnage public : sa carrière se poursuit dans l’ombre d’obscures parties privées, et sa discrétion actuelle n’en finit pas de susciter les rumeurs les plus folles - et les plus invérifiables - chez ses fans. Tom Dwan reviendra-t-il un jour au sommet de la planète poker ? On ne va pas se mentir : c’est peu probable. Mais on ne va pas se risquer à prendre de pari pour autant !

Le jour où Tom Dwan a failli braquer les high stakes : (re)découvrez notre récit de l'époque.

Flegmatic & Benjo

Et vous, quelle est deuxième place vous a le plus marqué ?

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Adorateur de Cheick Diabaté. Goûteur semi-professionnel de reblochon. Enchaîne les tapis. Finit souvent carpette.

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