Top 5 : les années Bleu Blanc Rouge aux WSOP

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Quand le poker français cartonne à Las Vegas... Revivez les cinq étés les plus mémorables du clan tricolore.

FCK TOP5 BLEUS

Deux bracelets WSOP, plusieurs places de runner-up, des finales en pagaille… Pas mal pour un seul été, non ? On l'affirme : l'édition 2023 des Championnats du Monde restera comme un bon cru pour le poker français. Un bon cru... mais pas un grand millésime ! Car, malgré cette belle moisson de médailles, 2023 n'a pas été exactement au même niveau que les récoltes les plus prolifiques de la faction bleue.

Pour vous le prouver, on a sélectionné cinq campagnes WSOP ayant encore davantage réussi aux joueurs français, classées par ordre chronologique et sans tenir compte des éditions non-américaines des WSOP (Londres, Cannes, Rozvadov, etc). Un classement qui fait la part belle aux années 2010. Forcément : avant le boom du poker au milieu des années 2000, les bracelets tricolores se comptaient sur les doigts d'une main. Alors ajustez votre rétro, et régalez-vous : on vous sert dans ce nouveau Top 5 la crème des meilleures années françaises aux Championnats du Monde.

2011 : deux stars, un rookie et un livetard

ElkySi vous demandez à un Français, fan de poker de longue date évidemment, ce que lui évoque l'édition 2011 des WSOP, il y a fort à parier que vous verrez quelques étoiles briller dans ses yeux. Car oui, la première édition des WSOP organisée après la régulation du marché online en France (l'ère dite du ".FR" a débuté en 2010) reste une cuvée à part dans l'histoire du poker tricolore. Si cet été béni n’a pas été le plus prolifique de l'Hexagone en terme de bracelets remportés (on a fait mieux ensuite), il a incontestablement marqué un tournant pour la crédibilité du poker francophone. Et ce pour plusieurs raisons.

Pour commencer, le nombre de bracelets, bien sûr. Quatre breloques en un été : peu de pays peuvent se prévaloir d’un tel déploiement de force en si peu de temps. D’autant qu’à l’époque, les WSOP ne comptaient que 58 tournois à leur calendrier. Un ratio de très haut niveau donc… Ensuite, c'est l’identité des vainqueurs qui a marqué les esprits : Bertrand "ElkY" Grospellier, déjà numéro un de la All-Time Money List française, y remporte ainsi son premier (et à ce jour unique) bracelet WSOP, validant une fantastique Triple Crown WPT/EPT/WSOP. Ensuite, nous avons pu compter sur Fabrice Soulier, qui avait déjà bien roulé sa bosse à Las Vegas et était devenu l’un des joueurs les plus reconnus du poker français : il gagne également son premier titre aux World Series sur le H.O.R.S.E. Championship. Antonin Teisseire, lui, était l’un des meilleurs représentants des purs joueurs de live français, apprécié et soutenu par toute une communauté. Enfin, il y eut l’inconnu(e) Elie Payan, un joueur de club orléanais.

SoulierMais le plus fou dans cette année dingue, c’est probablement le contexte autour de chacune de ces victoires. ElkY, l’un des meilleurs spécialistes du monde en Texas Hold’em à l’époque, jouait ainsi son premier tournoi de Stud, pour un buy-in "Championship" de 10 000 $ qui plus est... Son intuition et son génie finiront par compenser son inexpérience, devant les meilleurs spécialistes américains. Les variantes, Fabrice Soulier les connaissait bien, lui : après la seconde place de Bruno Fitoussi sur le Poker Players Championship en 2007, c’était bien la première fois qu’un Français remportait un event de "Mixed Games". Le tout sous les yeux d'une belle colonie de supporters sur le plateau télévisé, dont sa compagne Claire Renaut, qui avait fait l'aller-retour en vitesse depuis l'Europe... Une perf' confirmant également une bonne polyvalence chez les Bleus, après le bracelet de David Benyamine en Pot Limit Omaha Hi-Lo en 2008.

Un constat confirmé par le bracelet d’Elie Payan : inconnu total, l'Orléanais avait prévalu sur un tournoi de PLO à la surprise générale, le lendemain du sacre d’ElkY, s’imposant les années suivantes comme une référence française dans la variante. Enfin, il reste Antonin Teisseire : une grande gueule du Sud, un joueur populaire et respecté, et un homme pas épargné par les aléas de la vie. Tout le monde se souvient encore de son sprint bras levés vers le rail français et son pote Kool Shen, éliminé un peu plus tôt, juste après le dévoilement de la dernière carte du tournoi. Un Bruno Lopes qui nous gratifiera pour l'occasion de quelques pas de breakdance sur le plateau TV... En tout cas, une belle revanche sur la vie pour Tonin. Bref, 2023 a coché toutes les cases : surprises, stars, révélation, émotion, et a définitivement rangé le moqueur frenchfish de nos amis anglophones au placard. Ou comment gagner le respect de toute une communauté en quelques semaines.

2017 : notre meilleur Main Event à ce jour

Saout PollakAvant 2017, seuls trois Français avaient atteint la finale du Main Event des WSOP, en 48 éditions des Championnats du Monde : Marc Brochard, 8e en 2008, Antoine Saout, 3e en 2008, et Sylvain Loosli, 4e en 2013. Déjà un exploit en soi. Alors deux Français en finale sur un même Main Event… C’était quasiment inimaginable. Sauf qu’en 2017, les Bleus avaient visiblement décidé de faire du Big One leur jardin.

Après les éliminations d’Alexandre Reard et Valentin Messina en demi-finales (16e et 15e) pour deux deeps runs déjà mémorables, le clan bleu-blanc-rouge va donc placer deux joueurs en finale : Antoine Saout, encore (un back-to-back rarissime dans le poker moderne) et Benjamin Pollak. Une occasion unique de remporter le trophée le plus convoité du poker mondial. "MagicDeal" possède ainsi le 3e tapis des finalistes, et s'est déjà imposé comme un des meilleurs joueurs français de l’époque et une valeur sûre à l'échelle européenne. Quant à Antoine Saout, il n’est plus l’inconnu qualifié sur Internet ayant vécu son one time en 2008, mais un pro expérimenté et respecté, ayant le rare avantage d’avoir déjà vécu une finale sur ce tournoi. Sans oublier une motivation au max pour effacer définitivement des tablettes ce terrible bad beat infligé par Joe Cada neuf ans auparavant.

Saout Pollak 2Et nos Bleus vont nous donner de nouvelles raisons d’espérer : à cinq joueurs restants, ils restent tous les deux en course, notamment un Ben Pollak dans la zone ayant réussi LE fold de la table finale. Malheureusement, la belle histoire ne connaîtra pas la plus heureuse des fins. Ainsi, Antoine Saout ne pourra pas revenir dans la course au titre et échouera en cinquième place, encaissant 2 millions de dollars tout de même, après être passé à une carte de l’élimination lors du Day 4. La déception sera encore plus grande chez Pollak : considéré par les observateurs comme le meilleur joueur de la finale mais pas en réussite sur les confrontations à tapis, il trébuchera à deux petites marches de la consécration (troisième pour 3,5M$). Bref, un spot au goût finalement doux-amer pour le poker français, qui connaît donc le meilleur Main Event de son histoire mais fait une nouvelle fois chou blanc dans la quête du titre suprême. Comme un symbole des perfs tricolores dans ces WSOP 2017, qui ont livré une nouvelle démonstration du syndrôme "Poulidor" avec plusieurs finales - dont la superbe mais frustrante seconde place d’ElkY sur le High-Roller One Drop pour 2,2 millions de dollars -, mais aucun titre. Ce ne sera que partie remise…

2019 : les grinders à l’honneur

SaderneSi des joueurs expérimentés du poker live s’étaient taillés la part du lion les années précédentes, 2019 voit l’émergence aux tables en dur de la dernière génération de joueurs online. En commençant par l’inconnu Thomas Cazayous : l'ancien candidat Top Shark n’avait encore jamais connu son one time après quelques petites années de tentatives en live. Ce sera le cas au Rio à la mi-juin, avec la win de l’Event #31, un 3 000 $ 6-Handed en forme de spot de rêve pour les grinders de Winamax qui mangent du poker en 6-max toute l’année sur nos tables. Autre jeune loup s’étant forgé une petite réputation à Londres et n’ayant découvert la scène du poker live que quelques mois auparavant, le vainqueur du Winamax Poker Tour Jeremy Saderne (photo) suivra deux semaines plus tard : il s’imposera sur le Mini Main Event à 1 000 $ pour une énorme perf' à 628 624 $, après un heads-up dans la bonne humeur contre la sympathique Lucia Taylor.

ChauveLe tryptique de l’année sera bouclé moins de dix jours plus tard. Devant les caméras de Dans la Tête d'un Pro, Ivan Deyra s’impose sur le 3 000 $ full ring après avoir dominé un field costaud, et ramène un nouveau trophée américain à la meilleure équipe d’Europe, alors que son acolyte Romain Lewis terminera 60e et meilleur Français du Main Event. Au total, les Bleus auront compilé pas moins de dix tables finales en 2019, Vincent Chauve manquant également le bracelet d’un cheveu en terminant runner-up du Monster Stack.

2021 : en forme olympique

ReardC'est véritablement à la reprise post-pandémie que le poker français va vivre ses plus belles heures aux Championnats du Monde. Pour commencer, lors de WSOP 2021 décalées à l’automne, une fois le gros de la vague Covid passée. Pas le plus facile, pourtant : pour avoir l'autorisation de débarquer sur un territoire américain en accès encore restrictif fin 2021, il fallait d’abord effectuer quinze jours de quarantaine dans un pays autorisé pour avoir le droit d’aller jouer avec des masques à Vegas. Sinon, pour les résidents européens, il fallait attendre le début du Main Event un mois plus tard… les frontières n'ayant officiellement rouvert que début novembre, quatre semaines après le coup d'envoi de cette édition. Pas de quoi entamer l’enthousiasme de nos Bleus, assoiffés de live après l’annulation des WSOP 2020.

Lewis Et après un départ discret, les Tricolores vont passer la surmultipliée en fin de WSOP, en commençant par une consécration pour un joueur toujours plus fort d’année en année : Alexandre Reard sur le 5k 8-Handed, pour un premier bracelet et 428 694 $. Quelques jours plus tard, sur le Super Seniors réservé aux sexagénaires (et plus) c’est l'expérimenté (forcément) Jean-Luc Adam qui connaît son heure de gloire, avant que ses compatriotes remportent deux bracelets quasiment coup sur coup. Le passionné Mourad Amokrane fait honneur à la tradition française avec quatre cartes en main en s’imposant sur le 1 500 $ Pot-Limit Omaha Bounty. Et pour terminer, c’est Romain Lewis qui lance la fin d’été en fanfare du Team Winamax (3 bracelets) : le Bordelais remporte un 10 000 $ Bounty Turbo (le format qui lui réussit le mieux) et collecte sa première breloque après avoir échoué à trois reprises sur le podium les années précédentes. Mais le meilleur restait encore à venir.

2022 : confirmations et révélations

SomaNous sommes en 2022 : ça y est, les États-Unis daignent enfin laisser entrer davantage de monde sur leur territoire, et les WSOP 2022 retrouvent ainsi leur segment d’origine entre fin mai et la mi-juillet. De quoi visiblement transcender les joueurs français, qui vont récolter pas moins de cinq bracelets cette année-là, le record tricolore pour une campagne vegassienne : quatre en live, et un sur un événement online faisant partie intégrante du programme de l’été. On commence tout d’abord avec une révélation : Léo Soma, jeune pépite de la Team NutsR et inconnu du grand public, remporte son premier bracelet WSOP dès l’Event #14, un No Limit Hold’em joué en 6-max, pour près d’un demi-million de dollars, battant notamment en finale ce diable de Joe Cada. C’est ensuite un joueur un poil plus réputé jusqu’ici qui prend la relève près de deux semaines plus tard : Jonathan Pastore s'adjuge le très relevé 6-max à 5 000 $ pour un énorme cash à 771 765 $, s’affirmant comme une valeur sûre du poker français (il terminera runner-up du Main Event des WSOP-Europe quelques mois après).

MartiniEncore quinze jours plus tard, les Bleus décident de faire honneur à leur fête nationale… Avec pas moins de trois bracelets décrochés en deux jours ! Pour commencer, c’est online que l'armada tricolore agrandit sa collection de bracelets : Julien Pérouse, assez peu présent sur le circuit live mais très réputé dans le microcosme du poker en ligne, chope l’Event #10 online, un High-Roller 8-max à 3 200 $ pour un gain de 324 767 $. Le prochain bracelet sera en revanche celui de la confirmation : déjà détenteur de trois breloques, Julien Martini s’offre le Razz Championship pour 328 906 $, confortant son statut de joueur français référence au niveau des tournois de variantes, et de joueur référence tout court. Quant à l’inconnu Grégory Teboul, jusqu’ici aperçu à son avantage sur de petits tournois hors WSOP et régulier de Las Vegas, il signe la perf' de sa vie dans le Lucky 7’s, qui lui rapporte pas moins de 777 777 $. “Je savais que j’allais gagner”, commentait-il à chaud. Une année qui prouve en tout cas que le réservoir de bons joueurs français est de plus en plus fourni, et qui affirme davantage le statut de la France comme nation majeure du poker mondial.

Et vous, quelle campagne WSOP vous a le plus marquée ? Réagissez sur nos réseaux !

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