Top 5 : Le guide du profiling online
Par Tournois Online
dansPas toujours facile de différencier un joueur chevronné d'un récréatif aux tables en ligne. Nos pros éclairent votre lanterne pour faire de vous un véritable profiler des parties online.
On ne le dira jamais assez : le poker live nous manque. Défier ses adversaires les yeux dans les yeux. Essayer de détecter les pulsations de leur coeur à travers leur tee-shirt ou au niveau de leur carotide. Voir leurs mains trembler en saisissant leurs jetons ou leur voix tressaillir au moment de prononcer les mots "all-in". La recherche de tells et le jeu qui peut s'installer entre deux protagonistes d'une même main, transformés par certains en véritable spécialité : voilà ce qui fait le sel de ces parties en dur aujourd'hui en voix d'extinction et qui marque l'une des, sinon la principale différence entre le poker live et online.
Doit-on pour autant en conclure l'absence de tout profiling aux tables en ligne ? Bien sûr que non et c'est là tout l'enjeu de cet article ! Même sans pouvoir observer le regard ou les moindres mouvements de vos voisins de table, des alternatives existent pour tenter de lire en eux et en apprendre davantage sur qui vous avez affaire. Avec l'aide de nos pros, tentons de lever le voile sur ces micro-indices qui peuvent faire toute la différence.
Fouillez le web
Avant même de rentrer dans la partie technique et purement pokeristique, commençons par votre plus fidèle allié au quotidien : Internet. Plusieurs sites bien pratiques peuvent vous permettre d'aller fouiner dans le passé de vos adversaires, à commencer par celui sur lequel vous lisez cet article. "Lisez les compte-rendus de tournois sur Winamax, certains pseudos sont bien connus," avance Aladin Reskallah, en bon VRP. Une rapide recherche Google "Pseudo + Winamax" peut également vous offrir un échantillon représentatif des hauts faits du joueur en question. Dans le cas où vous craignez de faire face à ce que l'on appelle dans le jargon un "top reg", un coup d'oeil au Grand Prix, devenu classement annuel s'étalant sur les 52 dernières semaines courantes, peut également s'avérer utile. "Sharkscope et Pokerprolabs sont aussi des outils indispensables" poursuit Aladar, à côté desquels votre serviteur se permet d'ajouter Playerscope, pour l'utiliser régulièrement. "Vous avez le droit à cinq recherches gratuites sur Sharkscope, abonde de son côté Pierre Calamusa, ce qui est assez cool quand on deep run."
Car oui, c'est sans doute en fin de tournoi que ces recherches prennent le plus de sens, lorsque vous avez grand besoin de connaître les profils adverses avec un peu plus de précision. Léo Lombardozzi abonde en ce sens : "Regarder le buy-in moyen sur Sharkscope est très intéressant. Si un joueur se retrouve sur un 100 balles mais affiche un average buy-in de 2 €, il y a de fortes chances qu'il se soit qualifié sur un satellite et va probablement moins bluffer et être plus 'scary'. Du moins c'est le cas en général." Comprenez par là que malgré cette avalanche de données, vous devrez en tirer vous-même vos propres suppositions. Au risque de les voir contredites par la réalité à la table. Mais vous savez vous adapter, pas vrai ? - Flegmatic
Chopez des infos d'entrée
Si en live, il est possible de trouver une foultitude d’informations simplement en restant focus sur ses adversaires de chair et d'os ainsi que sur le déroulement du jeu, on peut aussi glaner de nombreux renseignements lorsqu’on joue online. Et ce, dès le début de la partie : une fois que vous avez pris votre siège, commencez déjà par checker les nicknames de vos compagnons de table, comme le conseille Léo Lombardozzi : "Je connais des regs d’un niveau très élevé en MTT qui arrivent à analyser si les joueurs sont faibles ou non en fonction du pseudo ! Par exemple, s’il y a beaucoup de majuscules ou s'il y a le mot poker dans le pseudonyme, il parait qu'on peut partir facilement sur un profil de joueur récréatif." Et méfiez-vous des apparences : sous des alias tout droit sortis d'une messagerie Caramail (du style Gerarddu69 ou loanafan) se cachent parfois de redoutables sharks, qui essaient de se donner une image de joueur amateur pour mieux piéger le poisson. Au contraire, certains pros mettent carrément tout ou une partie de leur patronyme en guise de pseudo (comme Romain Lewis et son alias rLewis), mais ici ce serait plutôt pour effrayer l'amateur averti connaissant les têtes d'affiches de notre jeu préféré. (Petit aparté : pour cet article, on a jeté un coup d'œil ici. Allez-y, ça vaut le détour...)
Sur Winamax, pensez également à examiner les éventuelles pastilles affichées par vos adversaires, exposées à côté de leur avatar à table : si l’un d’entre eux arbore par exemple un logo WS, réservé aux détenteurs d'un titre Winamax Series, il y a fort à parier qu’il ne se débrouille pas trop mal en MTT…Au contraire, si vous voyez un petit téléphone portable à côté du pseudo, vous pouvez vous frotter les mains : votre adversaire joue sur mobile, souvent l'apanage des fishs selon l'un de nos pros. Et peut-être votre opposant ne joue t-il pas dans des conditions optimales... Une photo ou l'absence d'image pour l'avatar peuvent aussi être interprétés : un joueur n’ayant aucun visuel personnel sera facilement rangé dans la case « nouvel inscrit » sur Wina, n'ayant pas encore eu le temps de trouver sa vignette signature. Mais là encore, attention, il pourrait bien s’agir d’un top reg qui vient de profiter de l’option « changement de pseudo ». Alors notez l'info dans un coin de votre tête mais soyez vigilants pour la suite de la partie ! - Rootsah
Soyez attentifs à table
Une fois les présentations faites, place au jeu. Et là encore, il convient de faire attention à tout, tout le temps : "Le plus important pour profiler les joueurs c’est de les observer le plus possible, même quand on n’est pas impliqué dans la main," affirme ainsi Aladin Reskallah. En commençant par les habitudes de relance (ou pas) : "Quand on joue en low et mid-stakes, nos adversaires se mettent souvent à jouer trop de mains et à limper, explique Pierre Calamusa. C’est généralement un bon indicateur que votre opposant est un mauvais joueur." Et outre les outils d'analyse disponibles (lire plus bas), vous vous rendrez vite compte du style de vos adversaires en fonction de leur activité à table, notamment s’ils sont plus adeptes du 3-barrel all-in à toutes les mains où s'ils sont de vraies calling stations des familles. Autre point important : ne pas relâcher votre attention avant la fin de la main : "On peut se rendre compte du niveau d’un adversaire en observant au maximum les showdowns," justifie Aladin Reskallah. "Les showdowns vont être super intéressant, pas seulement contre nous, poursuit Léo Lombardozzi. En 6-max notamment, il y a beaucoup plus de coups joués par rapport au full ring. On peut se retrouver au showdown dans une main où tout le monde va checker river, et par exemple voir une main illégitime chez son adversaire, qu’il n’aurait pas dû jouer préflop. Cela permet de se rendre compte de son style, de voir s’il est capable d’énormes bluffs. Les gens ne regardent pas assez ce genre de choses." Et même si vous avez raté l’épilogue d’un coup important, n’hésitez pas à faire un petit tour dans l’historique des mains.
Mais on le sait : il n’y a pas que les cartes pour profiler un adversaire, il y a aussi son comportement. Et même si contrairement au live les tells physiques sont inexistants online, il existe des tells bien spécifiques au poker en ligne, à commencer par les « timings tells » : selon le temps passé par votre adversaire pour prendre une décision, il est possible de deviner la force de sa main, entre autres : "On peut aussi définir son niveau de concentration en regardant ses timing tells, voir combien de tables il joue en même temps," propose par exemple Aladin Reskallah (une information facile à vérifier grâce à l’outil Recherche de joueur sur le logiciel Winamax, la petite loupe en haut à gauche de la page d'accueil). Un adversaire qui prend du temps pour chaque décision pourrait donc être en plein multitabling, et ne sera pas forcément concentré sur votre table (sauf s'il s'agit d'une des plus importantes de sa session). À moins qu'il ne subisse une connexion défaillante ou qu'il se laisse distraire par des éléments extérieurs (à ce propos, lisez donc notre Top 5 sur les mauvaises habitudes online, si ce n'est pas déjà fait). Les éventuels commentaires laissés dans le tchat par votre concurrent peuvent aussi vous indiquer son état d’esprit à l’instant T : les mots sortis du clavier montreront bien si vous avez affaire à un joueur calme où un joueur en plein tilt. Et on peut supposer que des pros mentalement blindés aux bad beats auront évidemment moins tendance à tilter que les joueurs occasionnels… Bref, tel un Phil Ivey du poker online, baladez vos yeux partout ! - Rootsah
Profitez des logiciels
Contrairement au poker en live, où le mieux que vous puissiez faire est sans doute de checker les all-in ranges sur l’appli Snapshove de votre smartphone au moment de tout envoyer au milieu, le poker online et ses fortes accointances avec le monde de l’informatique propose un catalogue d’outils bien plus fourni. Et ce même si certains ont souvent mauvaise réputation chez des opérateurs ou joueurs, accusés de donner un edge trop important à leurs utilisateurs. À ce niveau, nos pros pensent immédiatement aux trackers, une vraie mine d'or qu'ils utilisent presque tous, en vrac PokerTracker, Hold'em Manager ou Xeester."Le tracker nous donne des infos lorsque l'on joue plein de tables, contrairement au live où on focus plus facilement vu qu'on n'a qu'une seule table," confirme Léo Lombardozzi. Et à ce propos, on a une grande nouvelle pour vous : pas besoin d’investir, puisque le nouveau logiciel de Winamax sera livré avec un tracker intégré ! "Il incluera les facteurs assez simples qui donneront de très bonnes indications sur le niveau de son adversaire, dévoile Pierre Calamusa. Cela permettra aussi de les catégoriser sur un style de jeu particulier : les joueurs extrêmements passifs auront par exemple un taux de « raise préflop » très bas et « VPIP » très élevé (pourcentage de mains jouées), alors que les joueurs agressifs auront un PF raise et un VPIP très importants et concordants." "Si c’est un joueur passif, on sait déjà qu’il ne gagne pas d’argent", précise de son côté Ya 2 ecoles.
Cependant, il ne faut pas utiliser les trackers à outrance : "Attention, il faut savoir comment s’en servir parce que souvent l’échantillon de mains jouées contre notre adversaire n’est pas assez représentatif pour en tirer des conclusions qui sont fiables et non dues au hasard," alerte Aladin Reskallah, un postulat confirmé par Romain Lewis : "J’ai du mal à coller une étiquette à un joueur online par rapport à quelques mains disputées, ça peut induire en erreur." Un tracker serait donc davantage utile aux tables de cash-game, où l’on retrouve plus souvent les mêmes têtes à sa table. Léo a pris ses petites habitudes pour l'aider à être un joueur gagnant : "Pour moi en cash game le profiling va vraiment se faire sur « préflop raise », « fold to c-bet » ou « raise to c-bet ». On peut par exemple trouver les joueurs qui vont énormément float, être collants, qui vont overbluffer sur les streets suivantes." En revanche, "l’intéret d’un tracker est assez limité en tournois", complète Aladarrrrr, un double Top Shark qui sait de quoi il parle. Dans tous les cas, analyser les tendances adverses ne pourra être que bénéfique à votre jeu... - Rootsah
Faites le plein de notes
Vous l'avez compris à la lecture de ces quelques paragraphes : l'idée-maîtresse est d'utiliser tous les moyens à votre disposition. Or, contrairement au tracker, qui arrivera donc sur la prochaine version du logiciel Winamax, un autre outil existe déjà et peut se révéler d'une précieuse aide pour prendre la meilleure décision possible : la prise de notes et l'échantillonnage de vos adversaires. "Utilisez des pastilles correspondant à des styles de jeu que vous aurez défini au préalable, conseille ainsi Aladin Reskallah. Par exemple, un joueur qui fold beaucoup sur les 3-bet ou un autre qui mise beaucoup en réaction aux refus de c-bet pourront être placés dans telle ou telle case." Attention cependant à ne pas être trop catégorique trop vite ou d'agir sous le coup de la colère, au risque de coller la pastille "fish" à tout le monde !
Voilà pourquoi cette action toute sauf anodine doit s'accompagner de notes suffisamment précises. Aladin toujours : "Pour prendre une note efficace, il ne faut être ni trop vague (par exemple : ne pas le bluffer), ni trop spécifique (par exemple : c-bet 1/4 pot sur ATT avec KQ, ne barrel pas sur un 4 turn et tank river avant de bluff 76% pot sur un 3 de coeur). D'ailleurs, mieux vaut privilégier les instructions que l'on se donne à soi-même, du style "ne pas hero fold sur un blocking bet river." Si vous étiez un spectateur assidu du challenge Make Your Bankroll Great Again, vous savez que Pierre Calamusa aussi apporte une attention toute particulière à ses notes, au point de l'inscrire dans ses grandes lignes directrices qu'il consulte avant chaque nouvelle session et garde précieusement à côté de lui durant toute la soirée. Aucune information n'est inutile et même si vous ne jouez que deux ou trois mains contre un même joueur, vous serez content in fine d'avoir su tirer parti d'une situation difficile. C'est sans doute l'une des plus belles choses à propos de notre jeu : il existe mille et une façon de progresser et de se perfectionner. Au vu des longues soirées d'automne à la maison qui nous attendent, tous les conseils sont bons à prendre, non ? - Flegmatic
Et vous, quelles sont vos astuces de profiling online ? Venez nous le dire sur les réseaux !
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