Winamax

Top 5 : Las Vegas au cinéma

Par dans

On célèbre le retour des qualifs pour les WSOP avec notre sélection des meilleurs films tournés dans la Ville du Vice.

Top 5 : Las Vegas au cinéma
Avec ses millions de néons de toutes les couleurs, ses buildings et casinos toujours plus démesurés, son look en perpétuel renouvellement, existe-il une ville plus photogénique que Las Vegas ? Hollywood ne s'y est pas trompé : les décors extravagants de la clinquante Ville du Vice sont régulièrement la toile de fond de ses blockbusters. Comédie, tragédie, saga épique : on peut tout faire à Las Vegas. En attendant de choper votre package pour les WSOP, en voici la preuve avec notre Top 5 personnel des meilleurs films jamais tournés au milieu du désert du Nevada.Attention : un peu de spoilers (mais pas trop non plus)

Las Vegas Parano
Las Vegas Parano (Terry Gilliam, 1998)

Titre original : Fear and Loathing in Las Vegas

« On était aux environs de Barstow. On attaquait le désert quand les drogues ont commencé à faire effet. Je me rappelle avoir dit un truc du style "Ça monte, ça y est je décolle. Vaut mieux que tu conduises." Soudain il y eut un énorme grondement autour de nous et le ciel fut rempli de ce qui semblait être d’énormes chauves-souris qui voltigeaient et criaient et voletaient autour de la voiture, et une voix a crié : "Doux-Jésus, c’est quoi ces putains de bestioles ?" »

Ainsi débute l’un des romans les plus emblématiques de la contre-culture américaine, ayant fait naitre quantité de vocations et de pâles imitateurs. Publié en 1971 dans le magazine Rolling Stone par le journaliste Hunter S. Thompson, déjà célébré pour ses travaux sur les Hells Angels de Californie, Fear and Loathing in Las Vegas fut longtemps réputé comme inadaptable sur grand écran : des pointures telles qu’Oliver Stone et Martin Scorsese s’y sont cassés les dents au fil des années. Difficile, en effet, de mettre en images la trame brinquebalante du bouquin, que l’on pourrait résumer comme un long road trip halluciné dans Sin City où les deux (anti) héros semblent avoir pour unique but de consommer la plus grande quantité possible de drogues diverses et variées tout en offensant un maximum de braves gens. À la base, Thompson était censé rédiger deux reportages successifs à Las Vegas, l’un sur une course de voitures, l’autre sur une convention de flics anti-drogue. Mais, fatigué par les méthodes traditionnelles de reportage (et sans doute un peu fainéant aussi), il finira par mettre de côté le journalisme (ou plutôt en inventer une nouvelle forme : le "Gonzo journalisme"), délirant complètement sur sa machine à écrire en se mettant au centre de l’histoire et en inventant ou exagérant les péripéties. Heureusement pour lui d’ailleurs, car les moult crimes et délits commis dans le livre par Raoul Duke (l’alter ego de Thompson) et son comparse les auraient aisément emmené en prison pour plusieurs centaines d’années dans la vraie vie. L'ouvrage transformera Thompson en un personnage mythologique, mais dont il aura malheureusement bien du mal à se défaire, l'incarnant de plus en plus au détriment de sa production littéraire.
 


En rétrospective, l’ex Monty Python Terry Gilliam, déjà connu pour quantité d’œuvres visuellement riches et complètement barrées (Brazil, Les Aventures du baron de Münchhausen, L’Armée des 12 Singes) était probablement le candidat idéal pour adapter cet ouvrage culte, avec devant la caméra Johnny Depp et un Benicio Del Toro engrossi de 20 kilos pour l’occasion. Qu’on aime ou pas le résultat final (le cabotinage y est de mise et le scénario brille par son absence), il est indéniable qu’il s’agit du cas d’école d’une adaptation réussie : les sketchs s’enchaînent à rythme frénétique, on flippe, on plane de concert avec nos anti-héros lorsqu’ils plongent dans des bad trips glauques magnifiquement mis en scène, et la description de Las Vegas comme symbole ultime d’un rêve américain consumériste ayant perdu la boule est plus que jamais d’actualité. Boudé à sa sortie, le film est par la suite devenu presque aussi culte que le bouquin, et inspire quantité de costumes d’Halloween et de comportements bizarres dans les casinos de Vegas : aujourd’hui encore, il nous est difficile de passer près d’une table de roulette sans avoir envie de sniffer une rasade d’éther et de hurler "On peut pas rester ici ! C’est le pays des chauves-souris !"

L’anecdote qui tue : Lors d’un flashback dans le San Francisco des années 60, Raoul Duke/Johnny Depp s’écrie, à la vue d’un homme âgé portant l’emblématique veste de chasseur et casquette de croupier, "Sainte Mère de Dieu ! C’est moi !" En effet : cet homme n’est autre qu’Hunter S. Thompson, l’auteur du livre original, âgé de 61 à la sortie du film et qui avait d’ailleurs prêté nombre d’éléments de sa garde-robe à Depp pour le tournage, de même que l’emblématique Chevrolet Impala décapotable. Thompson mettra fin à ses jours sept ans plus tard, au terme d’une vie menée, c’est peu de le dire, fastueusement.

La réplique mythique : "On avait 2 sacs bourrés d'herbe, 75 plaquettes de mescaline, 5 feuilles complètes d'acide en buvards, une salière à moitié pleine de cocaïne, une galaxie multicolore de remontants, sédatifs, hilarants, larmoyants, criants, en plus une bouteille de tequila, une bouteille de rhum, une caisse de bière, un demi litre d'éther pur, et deux douzaines de poppers. Non qu'on ait eu besoin de tout ça pour le voyage, mais quand on démarre un plan drogue, la tendance, c'est de repousser toute limite."

Ocean's 11
Ocean’s Eleven (Steven Soderbergh, 2001)

Début des années 2000 à Hollywood. Les gros studios n'ont qu'un seul nom à la bouche : Steven Soderbergh. Après avoir révolutionné le monde du cinéma indépendant américain et décroché la Palme d'Or en 1989 pour son premier film Sexe, Mensonges et Vidéo, l'ami Steevy a un peu de mal à confirmer lors des années 90 mais s'est vu confier deux énormes projets bientôt oscarisés, Erin Brokovich et Traffic. Autant dire que lorsque Warner Bros. cherche à produire un remake d'Ocean's Eleven, film de braquage sorti chez nous en 1961 sous le titre L'Inconnu de Las Vegas - et que, soyons honnêtes, nous n'avons pas vu - le réalisateur est tout désigné. Histoire de tenir la dragée haute au film original, dont les rôles principaux étaient tenus par les membres du Rat Pack, Frank Sinatra, Dean Martin et Sammy David Jr. en tête, Warner va chercher du lourd, du très très lourd. George Clooney, Brad Pitt, Julia Roberts, Andy Garcia, Matt Damon, Don Cheadle, Casey Affleck - pour ne citer que ceux-là : le casting atteint un niveau de glamour hors du commun. Ne reste plus qu'à placer toutes ces stars au centre de la ville la plus clinquante et tape à l'oeil qui soit, Las Vegas.

Et là, miracle, la magie opère. Bien entendu, la distribution reste le principal point fort de ce Ocean's Eleven du XXIe siècle. Non content de dégager un charisme et un sex appeal monstre, chaque acteur incarne un personnage racontant une facette différente de Sin City. Le duo d'escrocs complètement possédés par le démon du jeu et qui cherche toujours un plus gros shot, le néo-croupier au passé peu enviable qui tente de se racheter une conduite, l'ancien propriétaire de casino excentrique - qui assiste impuissant à l'explosion de son établissement, symbole du renouveau constant de la ville - en contraste avec le nouveau boss de la ville, froid, calculateur, prêt à tout, les deux frères complètement paumés laissés sur le bas-côté du rêve américain, etc. Et puis il y a bien sûr Las Vegas, personnage à part entière magnifié par une réalisation exemplaire. Si elle prend parfois de la hauteur pour resituer l'action et apporter de la perspective, la caméra de Soderbergh reste le plus souvent à hauteur des personnages, comme si eux-mêmes suffisaient à raconter la ville mieux que ses immeubles en toc.
 


Mais si Ocean's Eleven est devenu ce pur produit de divertissement qu'on continue de se savourer avec plaisir, c'est grâce à un rythme qui ne faiblit jamais, des dialogues ciselés et un pitch simple, captivant et surtout démesuré, Vegas oblige : le braquage de non pas un, pas deux, mais trois casinos en simultané, à savoir le Mirage, le MGM Grand et le Bellagio. Rarement d'ailleurs la façade et les fontaines iconiques de ce dernier auront été aussi bien filmées, le temps d'une grandiose scène d'adieux muette, rendue ô combien touchante par la sympathie qu'ont su nous inspirer les personnages pendant près de deux heures. Le plan s'est déroulé sans accroc, les gentils gagnent à la fin et repartent les poches pleines de billets verts - oups, spoiler -, George Clooney et Julia Roberts sont sublimes : bienvenue dans un monde parfait.

L'anecdote qui tue : la démolition du casino entrevue au début du film est tout ce qu'il y a de plus réelle, puisque c'est en fait celle du Desert Inn, établissement qui avait notamment servi de décor au tournage de... Ocean's Eleven premier du nom. L'art de boucler la boucle.

La réplique mythique : "- Ils m'ont dit que j'avais payé ma dette à la société.
- Bizarre, je n'ai jamais reçu le chèque.
"

Very Bad Trip
Very Bad Trip (Todd Phillips, 2009)

Titre original : The Hangover

Formé à l’école du documentaire avant de bifurquer vers la comédie, Todd Phillips s'est fait connaître avec les réussis Road Trip et Old School avant de passer à la vitesse supérieure et de réaliser son chef d’œuvre ultime : The Hangover (en français : "La gueule de bois", même si les distributeurs hexagonaux ont fait le choix quelque peu ridicule de remplacer le titre original par une autre expression en anglais n’ayant pas grand-chose à voir avec la choucroute). Le génie des scénaristes Jon Lucas et Scott Moore ? Partir d’un sujet de base ultra-cliché - quatre potes se rendent à Vegas pour un enterrement de vie de garçon - pour immédiatement faire machine arrière : la beuverie dont il est question n’est jamais montrée à l’écran, le film ne commençant réellement qu’au réveil des protagonistes au lendemain de la fête. Leur suite ultra-luxueuse du Caesars Palace est complètement dévastée, plusieurs animaux y ont élu domicile, de même qu’un… nourrisson. Autre petit souci : le futur marié est aux abonnés absents, à 24 heures de la cérémonie. Les trois qui restent vont donc passer le film à chercher leur pote, tout en tentant de déterminer ce qui a bien pu se passer la nuit précédente : un prétexte pour emmener le trio (Ed Helms, Bradley Cooper et surtout Zach Galifianakis, dévastateur dans son premier grand rôle) en quête d’indices dans une virée à travers Las Vegas ponctuée d’incidents et de rencontres avec, pêle-mêle, le crime organisé, les flics, une strip-teaseuse au grand cœur et même Mike Tyson.
 


Beaucoup de gags de The Hangover sont lourdingues, la vulgarité est omniprésente (et la misogynie aussi), mais il n’en reste pas moins que nous avons affaire à une partie de Cluedo déjantée parfaitement rythmée, scriptée au millimètre, où les rires jaillissent avec la régularité d’une horloge suisse, provoqués par un trio de comédiens au sommet de leur forme. Se marier dans une chapelle à 20 dollars, compter les cartes au black jack, faire coucou aux lions du zoo, se payer une lap dance au Rhino : la check list de Las Vegas est respectée, mais jamais de façon prévisible. Film de bros par excellence, The Hangover est le passe-temps idéal pour occuper la dernière nuit avant le départ pour Las Vegas avec les potes (rares sont les avions en partance pour McCarran ne le proposant pas au catalogue de l’in-flight entertainement). Car forcément, la réputation de Sin City comme d’un temple de la débauche, où tout est possible y compris (et surtout) le pire n’est absolument pas démentie dans le film. Le public ne s’y est pas trompé : dix ans après avoir engrangé un demi-milliard de dollars de recettes au box-office mondial, la boutique de souvenirs du Caesars Palace continue d’écouler quantité de gadgets liés au film, et le personnel du comptoir de check-in ne fait désormais plus attention à vous lorsque vous leur sortez une réplique du film ("César a vraiment vécu ici ?"). Forcément, cela a motivé les producteurs à tourner deux suites, elles aussi dirigées par Todd Phillips : celles-ci sont malheureusement tout à fait oubliables.

Ma première vision de The Hangover est sans aucun doute ma plus mémorable expérience de cinéma en salle... Le film est sorti en juin 2009, au beau milieu des WSOP : nous y avons foncé en compagnie d’une bonne partie du Team Winamax de l’époque. Au bout de deux heures de rires aux larmes dans une salle pleine à craquer qui en faisait autant, nous n’avions qu’une envie : nous mettre minables dans le premier casino venu, et foutre un bordel monstre sur le Strip. Peut-être pas au point de se prendre une droite par Mike Tyson, cependant.

L’anecdote qui tue : Mike Tyson joue son propre rôle dans le film, et a révélé avoir accepté d’y figurer afin de pouvoir financer sa consommation de cocaïne, ajoutant qu’il était sous l’emprise de la substance au moment de tourner ses scènes. Cette expérience le convaincra cependant de changer quelque peu son train de vie.

La réplique mythique : "Tout ce qui se passe à Vegas reste à Vegas. Sauf la syphilis : cette merde te suivra toute ta vie."

Leaving Las Vegas
Leaving Las Vegas (Mike Figgis, 1995)

Ben Sanderson est un scénariste de Hollywood en bout de course. Son penchant pour la bouteille lui a fait tout perdre : sa famille, ses amis, son boulot, sa dignité. Arrivé au point de non-retour, muni de rondelettes indemnités de licenciement, il remplit son coffre de voiture de liqueurs de toutes les couleurs et prend l’autoroute pour Las Vegas avec un unique et ultime projet : en finir. Méthodiquement, verre par verre.

Parce qu’il ne faudra jamais oublier que Las Vegas n’est pas uniquement un Disneyland pour adultes mais aussi (surtout ?) un lieu dangereux, terrain idéal pour la perdition, il fallait bien dans cette liste un film authentiquement noir, brutalement honnête et jusqu’au-boutiste dans son pessimisme : Leaving Las Vegas.
 


Mais nous avons affaire à un chef d’œuvre absolu, une tragédie à sens unique tournée avec trois bouts de ficelle par un Mike Figgis déversant sa déprime sur pellicule (après l’échec de l’incompris Mr. Jones), adaptation d’un roman semi-autobiographique de John O’Brien (souffrant de bipolarité, ce dernier a mis fin à ses jours peu après avoir appris que son œuvre serait portée à l’écran !). Le budget était tellement serré que Figgis, trompettiste de formation, s’est occupé lui-même de la BO. Bien lui en a pris : ses mélopées jazz intimistes restent à l’intérieur du spectateur longtemps après le choc du film. Un choc provoqué par un duo d’acteurs éblouissant : Nicolas Cage (souvent à l’aise dans l’exagération, il n’en fait pas des caisses ici, rendant son addiction encore plus criante de vérité) et Elisabeth Sue, déchirante dans le rôle de la sauveuse tentant vainement d'empêcher la descente aux enfers. Des prestations qui vaudront au premier son unique Oscar, et à la seconde une carrière hélas en demi-teinte.

Tourné principalement de nuit, loin des néons et du glamour du Strip, noyé dans un désespoir aussi opaque que le fond des verres enquillés par Nicolas Cage, Leaving Las Vegas est un joyau noir, désespérément lucide mais avant tout humain, trop humain, dont la vision ne laissera personne indemne.

L’anecdote qui tue : Afin de se préparer au mieux pour son rôle, Nicolas Cage est parti à Dublin où il a passé deux semaines non-stop à se biturer, tandis qu’un ami le filmait au caméscope. Cela lui a permis d’étudier comment sa diction et son langage corporel étaient affectés par l’alcool. Un vrai pro !

La réplique mythique : "- Je suis venu ici pour me saoûler jusqu'à la mort.
- Combien de temps ça va te prendre ?
- Deux ou trois semaines, à vue de nez
."

Casino
Casino (Martin Scorsese, 1995)

Avec Casino, certains esprits chagrins ont reproché à Martin Scorsese de s'auto-parodier : ne serait-ce pas un peu une resucée des Affranchis ? À ceux-là, on a envie de sortir une réplique bien enervée du personnage joué par Joe Pesci, du genre : "Go fuck yourself, you fat fuck !" Alors oui, Casino partage pas mal d'éléments avec son prédécesseur sorti quatre ans plus tôt : la doublette fétiche Pesci/De Niro, un scénariste s'inspirant de faits rééls (l'expert en crime organisé Nicholas Pileggi, aussi responsable des excellentes adaptations littéraires des deux films), une bande son classic rock de très bon goût (le Gimme Shelter des Stones reprend du service), une violence ominiprésente, la narration en voix-off, et une motivation identique, à savoir de nous faire découvrir l'envers du décor de la mafia italo-américaine. Non plus à New York, mais à Las Vegas, centre névralgique des activités des Parrains chers à MIK.22 durant une bonne partie du XXe siècle.

Mais loin d'être une pâle copie des Affranchis, Casino va encore plus loin dans ses ambitions : avec 178 minutes au compteur, le terme "épique" n'est pas galvaudé. Mais trois heures n'étaient pas de trop pour nous conter l'ascension (et la chute, évidemment) de Sam "Ace" Rothstein (Robert de Niro), génie des paris sportifs qui grimpe les échelons pour devenir patron de trois casinos de Vegas et enrichir les familles mafieuses de Chicago et du Kansas, épaulé par son ami d'enfance Nicky Santoro (Pesci), homme de main de la pègre au tempérament explosif et aux ambitions démesurées qui deviendra bientôt son rival. Entre les deux, dans le rôle de la sublime michetonneuse attirée par tout ce qui brille : Sharon Stone, dont le talent explose au visage du spectateur dans chaque scène, au point de parfois eclipser ses deux acolytes - pas un mince exploit, vous en conviendrez.
 

Finies, les petites combines et les plans foireux des demi-sels de la cote est : dans Casino, Scorsese nous montre du pognon, une tonne de pognon, en nous dévoilant la mécanique bien huilée qui se cache sous les néons. Tous les petits secrets du Las Vegas des années 70 pour vous délester de votre argent jusqu'au dernier centime sont révélés, toutes les combines de la pègre sont disséquées, méthodiquement, aidées par une caméra et un montage tourbillonnants. Tandis que les richissimmes "baleines" sont courtisées grâce à de diaboliques stratagèmes (on leur affrète un jet privé, puis on prétexte une panne afin qu'ils reviennent aux tables de craps pour dégueuler leurs profits), les tricheurs sont violemment brutalisés dans les arrières-salles. Le jour, les usuriers prêtent de l'argent aux parieurs en deveine. La nuit, leurs hommes de main cambriolent à tour de bras, roudoient les mauvais payeurs, et exécutent les membres des bandes rivales attirées par le magot. Dans les salles des coffre-forts, on subtilise méthodiquement les profits, liasse par liasse, qui seront directement acheminés par avion aux bosses de tout le pays - ils n'ont pas besoin de bouger le cul de leur chaise pour s'en mettre plein les fouilles. Les morceaux de bravoure s'enchaînent, sans relâche, on peut se les repasser cent fois sans se lasser (et on peut aussi les parodier sur notre compte Twitter) : quand on tombe sur Casino au détour d'un zapping TV, on se surprend toujours à tout arrêter pour le revoir jusqu'au bout.

Ce que l'on devine dans cette saga ultra violente (conforme à 99% à des faits rééls) : c'est probablement à Las Vegas que le Far West s'est éteint. Pour la mafia italo-américaine, la ruée vers l'or s'est terminée quelque part au début des années 80, lorsque les parrains ont été chassés par le FBI, laissant place aux corporations et à la finance. Les casinos d'antan ont tous été détruits, laissant aussitôt place aux Pyramides, à la Tour Eiffel, aux bateaux pirates et à Venise. "Aujourd'hui ça ressemble à Disneyland. Pendant que les gosses font joujou avec leurs pirates en carton, Papa et Maman lâchent le plan d'épargne logement dans les machines à sous." La conclusion du baron déchu Sam Rothsein est pleine d'une amère ironie : "Les corporations ont détruit tous les vieux casinos. Et avec quoi ils ont financé la reconstruction des pyramides ? Des emprunts pourris." À malin, malin et demi.

L'anecdote qui tue : Le personnage de K.K. Ichikawa, le highroller japonais, est inspiré de la vie d'une vraie baleine : Akio Kashiwagi. Au cours des années 70 et 80, Kashiwagi était une figure connue des casinos de Las Vegas. Cependant, à la fin des 80's, Kashiwagi avait épuisé son crédit dans les casinos, et était endetté de plusieurs millions de dollars auprès de plusieurs figures de l'industrie, dont un certain Donald Trump. On l'a retrouvé mort en 1992 à son domicile de Tokyo, assassiné par une autre mafia tout aussi dangereuse : les yakuzas.

La réplique mythique : "A Vegas, au milieu des machines à sous tout le monde doit surveiller tout le monde. Comme les joueurs cherchent à battre le casino les croupiers surveillent les joueurs. Les chefs de table surveillent les croupiers. Les chefs de partie surveillent les chefs de table. Les directeurs de salle surveillent les chefs de partie. Les commissaires de jeu surveillent les directeurs de salle. Le gérant du casino surveille les commissaires de jeu. Je surveille le gérant du casino. Et l’oeil dans le ciel nous surveille tous."

On aurait aussi pu parler de : Rain Man (pour les scènes où Dustin Hoffman compte les cartes au black jack), Swingers (l'excitation qui jaillit lorsque l'on arrive pour la première fois à Vegas n'a jamais été aussi bien décrite que dans ce film), Les Diamants sont éternels (James Bond à Sin City !), Showgirls (chef d'oeuvre raté ou ratage magistral de Paul Verhoeven, on vous laisse décider), Viva Las Vegas (Elvis à la conquête de la Ville du Vice), Bugsy (biopic du mafieux Bugsy Siegel, l'un des pères fondateurs de la ville)...

Et vous, quel est votre Top 5 ? Réagissez sur Twitter, Facebook ou Wam-Poker !

Benjo & Flegmatic

Tous nos articles Top 5


Benjo DiMeo

Triple vainqueur VSOP à Cognac.

Suivez Benjo DiMeo sur Twitter