[Poker Face] Virgile Turchi, l'éclosion d’un futur champion
Par Tournois Live
dansDe serial perfeur sur Winamax à grand espoir de la scène live, on vous raconte l'ascension fulgurante de Virgile "KKJBet" Turchi dans le deuxième opus de notre rubrique "Poker Face".
28 avril 2024, 15 heures. Devant un rail plein à craquer de joueurs français venus l’encourager, Virgile Turchi termine runner-up du Main Event FPS Monte-Carlo pour 189 220 €. Son histoire retrace celle d'un jeune homme aussi doué qu'animé d'une passion précoce pour les cartes. Itinéraire d'un compétiteur né avec l'envie de tout rafler.
L'esprit de compétition dès son plus jeune âge
Le parcours de Virgile Turchi est celui d’un jeune homme doué dans tout ce qu’il entreprend. Originaire de Montpellier, c’est dans un petit village de l’Hérault que le petit Virgile fait ses premiers pas. Au cours de son enfance, il s'essaye comme bon nombre de ses camarades au sport et aux jeux vidéo. Au tennis et au football comme sur Call of Duty et Dofus, Virgile n'a aucun mal à “mettre les heures" pour progresser. Et à l’école, Virgile est épargné par les problèmes : doté d'un esprit "logique" et de facilités dans toutes les matières scientifiques, il n’a pas besoin de se donner à fond pour empiler les bonnes notes.
"Dès que je me prenais de passion pour un jeu ou un sport, je donnais tout ce que j'avais pour aller le plus loin possible."
Mais ça, c’était avant de faire la découverte du poker en Terminale. Nous sommes en 2016 et pour Virgile, se concentrer sur ses révisions du bac devient de plus en plus difficile. Pas de quoi lui faire peur cependant sûr de ses forces, il est persuadé d'y arriver. Les trois derniers mois de sa scolarité, il les passe en bonne partie à se goinfrer de vidéos de poker sur Youtube.
"À ce moment-là, je suis encore mineur, mais je peux le dire, car je ne jouais pas encore [rires]."
Pris de passion pour le poker, il remplit un classeur avec tout ce qu'il faut savoir sur le sujet. Termes importants, stratégies de bases : tout est passé au crible et Virgile travaille le jeu avant même de l’avoir réellement découvert. Rien ne lui échappe, pas même le bac, qu'il obtient quelques mois plus tard, juste avant d'atteindre la majorité.Des premiers pas remarqués
Le moment tant attendu arrive alors : Virgile crée son compte sur Winamax et lance ses premiers tournois, sous le pseudo qui fera sa notoriété : KKJBet. En un rien de temps, il devient le joueur gagnant que tout amateur passionné rêve d'être. Les montants glanés sont loin d'être astronomiques, mais lui permettent au fil des semaines de se construire une petite bankroll. Toutefois conscient qu’il n’est pas près de vivre du poker, Virgile décide de poursuivre sa scolarité et rejoint une école de commerce. Là encore, il se montre à son aise et va jusqu’à terminer deuxième de sa promo. Impressionnant... surtout pour quelqu’un qui joue au poker au moins quatre soirs par semaine.
Au sortir de sa deuxième année d'école, après 18 mois consécutifs passés dans le vert et un volume de jeu de plus en plus élevé, sa bankroll atteint les cinq chiffres. Entré dans une autre sphère, le sudiste profite d’une année de césure imposée par son cursus pour se focaliser à 100% sur le poker. Une aubaine pour ce jeune tryhardeur, qui ne demande qu'à en découdre. Les six premiers mois passent et Virgile obtient des résultats satisfaisants, à défaut d'être excellents. Pas de quoi s'affoler pour autant. Arrive alors le premier trimestre 2020 et un événement qui va secouer la planète entière : le fameux Covid. Le premier confinement ne tarde pas, sans que les journées de Virgile s'en trouvent bouleversées. Du moins à première vue. Car très vite, les tables se remplissent de nouveaux arrivants... et de nouvelles opportunités.
Un confinement triomphant
Une effervescence qui n’est pas pour lui déplaire. Virgile profite de l'arrivée de nombreux joueurs récréatifs pour monter de limites sans encombres. Puis, après trois années passées à jouer entouré de ses tableaux, seul dans son coin, le Montpelliérain estime qu’il est temps de s'entourer. Confinement oblige, c'est d'abord online qu'il rencontre et se lie d'amitié avec d'autres jeunes grinders comme Éwen Trévidy et son coloc Alexandre Sigaud, Victor Salinier ou encore celui qui deviendra plus tard membre du Winamax Stream Gang Léandry Ainonkpo. Virgile continue de grinder chaque soir, mais ses sessions s'accompagnent désormais de visios sur Skype avec ses nouveaux amis, sans oublier de bosser son jeu. Les jours passent, les perfs s’enchaînent, l’été arrive et avec lui, un choix : tout plaquer pour se lancer dans une carrière de joueur professionnel de poker ou boucler ses études avec une dernière année.La décision ne vous surprendra pas : il opte pour la première option. "La classique", selon ses mots. Il n'aura pas à le regretter. L’argent continue de rentrer, rassurant des parents forcément inquiets quant à la viabilité du projet. Alors, accompagné d'Éwen et Alexandre, Virgile passe au niveau supérieur et part rejoindre Léandry à Liverpool, en Angleterre. Et soudain, c'est le drame : Virgile enchaîne les contre-performances et doit aussitôt redescendre de limites. Vous y avez cru ? Rien qu’en l’écrivant, ça sonnait faux. Bien entendu, et comme attendu, le résultat est sans appel, en quelques semaines seulement : deux victoires sur feu l’XTREM, trois sur l’XTASE, et le voilà lancé sur les bons rails.
C'est en pleine confiance qu'il aborde les Winamax Series d’avril 2021. Une fois de plus, Virgile ne déçoit pas. Mieux : il gagne le Marathon Championship à 250 € pour 46 458 €. Sa plus belle victoire, son plus gros gain. Une première consécration... suivie d'une première désillusion, le passage obligé pour tout joueur de poker : l’inévitable période de bad run. Un retour de bâton que Virgile n'a toutefois pas trop de mal à encaisser. Il fait le dos rond et revient encore plus fort pour les Winamax Series de janvier 2022, et pas sur n’importe quel tournoi : amoureux des structures bien deep, Virgile s'illustre sur le Super Championship KO à 500 €, pour 54 000 €. Le plus dur est passé, Virgile peut souffler un bon coup."C’est vraiment des cycles, et c’est aussi pour cela que je trouve que le poker est un jeu incroyable. D’un mois à l’autre, tu peux passer de ton pire mois aux tables à ton meilleur mois ever."
Mais notre héros ne s'arrête pas là. Virgile veut franchir un cap et se focalise alors sur des aspects qu’il a négligés lors des deux premières années de sa carrière : la macro-économie et l’hygiène de vie. Il diminue son volume de jeu et retourne à la salle de sport. Le résultat est sans appel : il perd les 20 kilos pris au cours des deux années précédentes. C'est le moment de se fixer un nouveau défi : s'installer sur le circuit live.
De La Grande-Motte à Las Vegas
Après de premiers essais concluants pré-Covid à La Grande-Motte et au SISMIX Costa Brava (trois places payées pour trois podiums), Virgile fait son retour en live au printemps 2022. La première perf' à cinq chiffres arrive en un rien de temps. Accompagné de son très bon pote Éwen Trévidy, il se rend aux WSOP-Circuit de Cannes et transforme l'essai par le biais d’une très belle cinquième place sur le Highroller à 2 500 €. Sur sa lancée, Virgile part à Monte-Carlo pour jouer le premier EPT de sa jeune carrière. Là encore, les chiffres parlent pour lui. En à peine dix jours et cinq tournois joués, le jeune Français signe deux tables finales, terminant quatrième d’un 2 200 € Freezeout pour un peu plus de 30 000 €, avant de rempiler deux jours plus tard sur un 6-Max à 2 200 € pour près de 26 000 €. Avec de tels résultats, Virgile revoit ses ambitions à la hausse et accomplit le rêve de tout joueur de poker : direction Las Vegas pour ses premiers WSOP.
Même s'il enchaîne les places payées (dix au total, principalement des min-cashes), il connait un été en dents de scie, alternant le bon et le moins bon. Mobilisé jusqu'au bout, il signe son meilleur résultat juste avant de reprendre l'avion, se classant 21e d'un tournoi à 2 500 $ l'entrée pour près de 17 000 $. Emballé par cette expérience qui le fait rapidement grandir, Virgile se rapproche de celui qui n'est pas encore Team Pro Winamax, Julien Sitbon, avec lequel il se lie d'une profonde amitié. Sur la même longueur d’onde, ils deviennent inséparables, travaillent main dans la main, à tel point qu'ils se rendent ensemble de festival en festival.
"Julien et moi, on est sur la même longueur d'onde. Lorsqu'on se retrouve en festival, on ne sort pas faire la fête et boire des coups. On essaye d'avoir un bon temps de sommeil et de rester concentrés sur la performance".
Monte-Carlo, comme à la maison
2022 se termine et 2023 lui ressemble beaucoup. Une belle régularité, de nombreuses places payées, avec notamment une belle quatrième place sur le High Roller des WSOP-C Cannes pour près de 28 000 €, mais sans parvenir à claquer LA perf'. Si cette dernière le fuit, on ne peut pas en dire autant de son ami Samy Boujmala. Coaché par Virgile les six premiers mois de l'année 2023, Samy décide de l'accompagner à Monte-Carlo pour un EPT qu'il s'apprête à jouer en freeroll grâce à un package remporté en ligne. Une fois sur place, Samy se lance sur un satellite pour tenter de décrocher son ticket pour le Main Event, et y parvient. La suite, tout le monde la connait, ou presque. Qualifié, le sudiste réalise la perf' de sa vie pour repartir avec la cinquième place et 235 150 €. Dans la foulée, Virgile connait un Vegas de son propre aveu "catastrophique", uniquement sauvé par un swap bien timé avec Julien Sitbon sur le tournoi online qui voit ce dernier remporter son premier bracelet.C'est à Monte-Carlo, terre de ses premiers exploits live, fin avril 2024, que les choses changent. Comme à l'accoutumée, Virgile s'aligne sur le traditionnel Main Event FPS d'ouverture à 1 100 €. Un tournoi démentiel, rassemblant plus de 2 000 entrants et promettant pas moins de 300 000 € à son futur vainqueur. Soutenu par un Julien Sitbon jamais loin de son poulain, le jeune Français connait un début de tournoi idéal, jusqu'à se glisser au Day 3 dans la peau du chipleader. Déjà assuré de réaliser sa plus belle perf’ en live, Virgile a alors une occasion en or de remporter le premier gain à six chiffres de sa jeune carrière s’il termine dans les quatre premiers. Arrivé en table finale avec un stack moyen, Virgile commence par assister avec joie aux éliminations successives de ses adversaires.
"Lorsque l'on s'est retrouvés à trois left, je ne pensais pas vraiment au titre. J'étais tellement loin du chipleader que l'objectif principal était surtout de finir deuxième. D'autant plus que j'avais conscience que le deuxième en stack pouvait faire de très grosses erreurs ICM, donc je prévoyais de faire de gros folds pour le laisser "spew". Et c'est exactement ce qu'il s'est passé."
Résultat : il se retrouve en heads-up. Problème : face à lui se dresse le Bulgare Atanas Malinov, large chipleader avec 95 blindes quand le Français en compte... 8. Deux double ups en début de duel entretiennent l'espoir, mais Virgile ne parvient pas à passer la troisième : il termine runner-up de ce Main Event FPS pour 189 220 €. Le trophée lui échappe, mais le Montpelliérain s'offre le meilleur résultat de sa jeune carrière et confirme qu'il faudra compter sur lui à l'avenir."C'est forcément frustrant car j'étais bien remonté dans ce heads-up qui est mon format de jeu préféré. Mais cette frustration n'a duré que quelques secondes, et je me suis rapidement senti très heureux. Fatigué, certes, mais très heureux, car cette perf' était vraiment très importante pour moi."
Le travail a donc fini par payer pour Virgile Turchi, plus que jamais considéré comme l'un des grands espoirs du poker français. Virgile Turchi : l'étoffe d'un futur champion qui n'a pas fini d'asseoir sa réputation.
Les pages à suivre